Imam Husseini (as) et l'inspiration de la liberté de l'humanité
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  • Date de sortie: 9:21:50 4-9-1403

Imam Husseini (as) et l'inspiration de la liberté de l'humanité
Depuis une époque très éloignée de nôtre, une polémique aux conséquences incalculables sur l’homme a déversé et continue à déverser beaucoup d’encre. Il s’agit de l’épineux problème qui se pose avec acuité en ce qui concerne les actions de l’homme sur terre. Est-il, oui ou non, responsable de ses actes ? Cette question combien complexe, mais apparemment banale, résume la notion de la liberté ou de responsabilité ou irresponsabilité de l’homme.

Face à cette question, le monde s’est divisé en trois pôles : le premier pôle est constitué des partisans de la négation de la liberté d’action de l’homme, le deuxième pôle est fait des partisans qui croient à la liberté absolue de l’action de l’homme et enfin, le dernier pôle est constitué des partisans de la position médiane ; ni totalement libre, ni totalement contraint.

Ces trois tendances ont trouvé aussi des défenseurs même au sein de l’Islam. Dressons un panorama de la problématique.

1° Le déterminisme qui correspond au premier pôle est défendu à cor et à par cri l’école «Ashaarite».
Pour cette école musulmane, l’homme est un robot qui exécute certains actes mécaniques.

Les effets néfastes de cette école ont été magistralement soulignés par le penseur iranien Mojtaba Mousavi Lari dans son chef œuvre « Dieu et ses attributs ». Citons des extraits y relatifs : « Ils considèrent toutes choses comme l’effet immédiat et direct de la volonté divine, et disent que bien que l’homme dispose d’une part de pouvoir et de volonté, cela n’a aucun effet sur ses actes. Ces derniers ne sont pas le résultat du pouvoir et de la volonté des hommes mais de Dieu qui produit exclusivement tous les effets. L’homme ne peut donner une certaine coloration aux actes qu’il accomplit avec son intention, et son but, et cette coloration aboutit avec des actes qualifiés de bons ou mauvais… »

Les asharites disent aussi que si nous supposions que l’homme était doté du libre arbitre, nous aurions par là même réduit la sphère de la puissance et de la souveraineté de Dieu.

Le pouvoir créatif de Dieu exige qu’aucun homme ne peut s’opposer à lui comme un créateur, de même la croyance en l’unicité de Dieu compte tenue de la souveraineté absolue que nous lui admettons devrait signifier que tous les phénomènes créés, y compris les actes des hommes font partie intégrante de la sphère de la volonté de Dieu.

Si nous nions la souveraineté de Dieu sur la terre, ce qui est incompatible à son tour avec l’attribut divin de création, car la personne jouirait alors de la souveraineté totale dans le domaine des actes, et Dieu n’y aurait plus aucun rôle. Ainsi, la croyance dans le libre arbitre conduirait inéluctablement au polythéisme ou au dualisme (2).

Dans un discours profond, il stigmatise le fondement du déterminisme.

Il serait désespérant d’attendre du changement d’une personne dont tout acte est prédéterminé. Mais si l’homme est responsable aussi bien de son salut ou destruction, son choix façonne sa destinée, et une fois qu’il sait que tout acte qu’il entreprend a une conséquence, il choisira son chemin avec beaucoup de précaution… »

La connaissance de Dieu n’est pas la cause des faits des hommes.

2° Le libre arbitre absolu.
Dans ce deuxième pôle, l’accent est mis sur la liberté absolue et exclusive de l’homme : l’homme est indépendant de la volonté divine, c’est-à-dire, il y a l’incapacité de Dieu d’étendre sa souveraineté sur la volonté et les désirs de ces créatures et les actes de ces derniers sont exclus des limites de son pouvoir.

Témoignons encore notre reconnaissance au savant iranien en puisant dans sa source : « accepter l’idée de l’absolue liberté de l’homme serait de donner à l’homme la domination de tous les êtres, car nous lui attribuerons une souveraineté indiscutable dans la sphère de ses actifs volitifs. Aucun vrai croyant en dehors de celle de Dieu, même dans le domaine limite des actes de l’homme…Tout comme toutes les créatures du monde manquent d’indépendance dans leur essence, tout en étant dépendant de Dieu, elles manquent aussi d’indépendance dans la causation et dans la production des effets. Ainsi, nous avons la doctrine de l’unicité des actes, c’est-à-dire la perception du fait que le système entier de l’être avec ses causes et ses effets, ses lois et ses normes est le fait de Dieu et ne vient à l’exister que par sa volonté ; tout facteur et toute cause lui doit non seulement l’essence de son existence mais aussi sa capacité à agir et à produire des effets... »

3° Ecole du juste milieu.
Terminons avec notre penseur à ces propos :

Le point de vue du Chiisme, qui est tiré du Coran et des paroles des imams, est une troisième école, intermédiaire entre les déterministes et les partisans du libre arbitre absolu.

Il est évident que nos actes volontaires sont différents des mouvements du soleil, de la lune et de la terre, ou des mouvements des plantes et animaux. Le pouvoir de la volonté vient de nous-mêmes et nous rend capable de faire ou de ne pas faire un acte donné, nous donnant ainsi la liberté de choix. Notre capacité de choisir librement c’est commettre de bons ou de mauvais actes proviennent de notre capacité de discernement. Nous devons utiliser consciencieusement notre don du libre arbitre : nous devons d’abord réfléchir de façon mûre et posée, peser les choses avec précision, et ensuite faire un choix calculé. La volonté de Dieu est que nous devrons faire usage de notre liberté dans le monde qu’il a créé, d’un usage conscient et éveillé.

Tout ce que nous faisons est inclus dans la sphère de la volonté et de la connaissance antérieure de Dieu.

De plus, nous ne sommes en aucun instant libre de cette essence à laquelle nous sommes reliés, et l’usage de la puissance naturelle de notre être est impossible sans l’aide de Dieu.

Finalement, notre libre arbitre ne peut aller au-delà des limites de l’ordre établi par Dieu dans cette création, et il ne pose aucun problème par rapport à l’unité des actes de Dieu.

Tout en étant capable de créer des effets dans ce monde grâce à sa volonté, l’homme est lui-même soumis à toute une série de lois naturelles.

Ce n’est pas lui qui décide de venir au monde et deb n’est pas lui non plus qui décide de le quitter.

Il vient à ce monde sans son avis, et ferme ses yeux à ce monde sans aucun désir de le faire. La nature l’a pourvu d’instincts et de besoins. La liberté produit en lui une créativité qui lui permet de subjuguer la nature et de dominer son environnement.

L’Imam Jaafar es Sadiq - Que la paix soit sur lui- a dit : « Ni déterminisme, ni libre arbitre, la vérité est en fait entre les deux.

Il appuie ainsi le libre arbitre, mais il n’est pas total, car supposer une sphère à l’homme équivaudrait à attribuer à Dieu un partenaire dans ses actes.

IMAM HUSSEIN ET LE JOUR D’ACHOURA
Hussein Ibn Ali (as) de notre être est impossible sans l’aide de Dieu est issu d’une noble famille. Il est le fils de Ali Ibn Abi Tualib et de Fatima Zahra (as). Il existe un lien mystique très approfondi entre Imam Hussein et Ibn Ali et le Messager de l’Islam, Muhammad Ibn Abdallah ((s.a.w), qui a dit plusieurs paroles le concernant : « Hussein est de moi et moi je suis de Hussein », Hassan et Hussein sont les princes du Paradis »

LES CAUSES DU SOULEVEMENT DE HUSSEIN (AS)
La dynastie Omeyyade avec ses forces politiques et déviationnistes avait comme cheval de bataille la disparition du message monothéiste et libérateur de l’Islam, ainsi supprimer définitivement la vérité sur la surface de la terre.

D’aucun ne doute que le martyre de Hussein Ibn Ali a été annoncé des décennies par le Prophète et son père, Ali Ibn Abi Talib (as).

Informé du désir de Yazid de le forcer à lui prêter serment d’allégeance, Imam Hussein (as) refusa catégoriquement.
Ce refus cinglant était son désaveu d’un gouvernement injuste et tyrannique. Face à l’insistance de l’Imam, certains s’opposèrent à son voyage soulignant le danger qu’il comportait. Il répondit qu’il savait, où qu’il aille, il serait assassiné et qu’il quittait la Mecque pour que son sang n’y soit pas versé.

Dans un discours pathétique, il a donné les raisons de son soulèvement : « Je ne suis pas sorti à cause d’une insatisfaction ni par l’arrogance, ni pour le désordre et l’injustice, mais plutôt je suis sorti pour réformer la communauté de mon grand père, le Messager d’Allah (s.a.w). Je ne veux pas qu’ordonner le bien et interdire le mal, et suivre les pas de mon grand père et de mon père (as) ».

Le fondement de la révolution de l’imam Hussein avait un motif purement d’ordre moral et religieux, jamais une quelconque motivation politicienne ou une insatisfaction personnelle.

Reconnaître Yazid Ibn Mu’awiya n’était pas autre chose que démontrer publiquement du mépris pour l’Islam, chose impossible pour l’Imam Immaculé.

L’histoire a retenu que Yazid n’avait aucun respect pour l’Islam, au contraire, il foulait publiquement aux pieds ses lois et fondements sans la moindre pudeur.

L’ONDE DE CHOC DU MARTYR DE L’IMAM HUSSEIN
Le dixième jour du mois de Muharram, qui est le premier mois du calendrier lunaire islamique, Imam Hussein s’était soulevé, en 680 de l’ère chrétienne correspondant en l’an 61 de l’hégire, à Karbala, en Iraq, avec une armée d’une quatre vingtaine de personnes munies de la foi en Allah.

Son armée était composée des femmes, bébés et quelques hommes contre l’armée bien entraînée et équipée de Yazid, composée de près de trois mille personnes.

Après une lutte âpre entre les deux forces, Imam Hussein et ses 72 compagnons trouvèrent la mort sans avoir reconnu l’autorité politique de Yazid Ibn Mu’awiya.

L’action révolutionnaire de l’Imam Hussein s’était inscrite dans le long terme : le triomphe de la vérité sur le mensonge.

Comme une traînée de poudre, le martyre de l’Imam Hussein (as) a éveillé les opprimés de leur sommeil de par le monde.

Les opprimés, s’alignant sur la politique de Hussein, s’opposèrent vigoureusement à l’oppression dont ils étaient l’objet. Comme conséquence, le monde musulman était devenu l’objet d’un cycle d’agitation infernale. Il y eut révolte ça et là, entre autres nous citons :

- En 684, la révolte de Tawwaboune par les partisans d’Ali

- En 686, la révolte de mukhtar Thaqafi, elle fut déclenchée par les partisans de Muhammad Ibn Al Hanafiya

- En 740, la révolte de Yazid Ibn Ali ce descendant d’Ali se rebella contre les Omeyyades et fut comme son fils Yahyia troisième plus tard dans une autres révolte.

- En 758, la révolte de Muhammad Nafsi Zakiya.

LECON A TIRER DU MARTYRE DE L’IMAM HUSSEIN (AS)
Le sacrifice suprême de l’Imam Hussein était, et restera pour toujours le détonateur de la conscience des opprimés face aux oppresseurs et aux tyrans de tout bord. Imam Hussein n’a voulu enseigner, par ce geste suprême, qu’il n’était qu’un homme libre, soumis à Dieu, Allah.

La liberté, la vraie, s’acquiert au prix de grands sacrifices face aux despotes et grands de ce monde.
Il n’est pas question de se laisser impressionner par l’apparat se l’arsenal de coercition et de dissuasion de ces grands au prix d’aliéner sa liberté. Le martyre de l’Imam Hussein symbolise la victoire de la soumission totale à Dieu sur la servitude humiliante des hommes.

La compréhension de la démarche du maître des martyres et la clé de voûte dans la voie d’une autodétermination et de la libération totale des masses populaires déshéritées et opprimées, une libération des affres du mensonge, de l’oppression, de l’idolâtrie et du polythéisme.

Jamais on a libéré un peuple, mais les peuples se libèrent, dit-on en sociologie ou en sciences politiques.
Pour marquer le caractère indélébile de la révolution de son grand père, Imam Hussein, sur toute marche pour la liberté de l’homme ou de l’humanité, Imam Ja’far Sadiq a prononcé une parole limpide : « tous les mois sont des Muharram, tous les jours sont les Achoura ; et toutes les terres sont les Karbala.»

Ceci pour signifier que l’oppression, l’injustice, la corruption, la dépravation, le despotisme, l’exploitation et la servitude de l’homme par l’homme, existeront tous les mois, tous les jours et en tout lieu et la lutte et le martyre de l’homme pour les supprimer et établir la justice et la liberté doivent être perpétuels.

LE SACRIFICE DE HUSSEIN COMME IDEOLOGIE DE LIBERATION DES PEUPLES
Il ne fait aucun doute que l’homme est un animal idéologique. Si, comme J.Baechler, nous définissons l’idéologie comme étant « le sens que l’homme donne à l’ensemble de sa propre vie, et qui inspire toute action, c'est-à-dire il est question d’une conception de la vie, d’une vision du monde qui doit servir de cadre pour guider l’action, l’on comprendra aisément en quoi Imam Hussein a inspiré et inspirera la liberté pour l’humanité entière et pour tous les temps aussi longtemps que l’homme sera vivant sur terre. Comme idéologie, le sacrifice de l’Imam Hussein peut se ramener à :

- Un système d’idée, c'est-à-dire il contient des idées politiques, morales, philosophiques et religieuses dans le chef des opprimés qui y adhèrent ; ce système d’idée force reflète la vision séculière entre oppresseur et opprimé ;

Un système d’attitudes. Le sacrifice de l’Imam Hussein (as) a un contenu mobilisateur indéniable. Point n’est besoin de rappeler qu’en février 1979, se fondant sur le sacrifice de l’Imam Hussein (as), un octogénaire iranien, Ayatollah Khomeiny, a mobilisé le peuple iranien et renversé la monarchie perse deux fois et demi millénaires avec l’appui du peuple iranien musulman aux mains nues.

Cet exemple récent témoigne que la révolution de l’Imam Hussein (as) est inspiratrice et inductrice de pratiques sociales.

CONCLUSION
Même les cœurs les plus durs ne s’empêchent pas de s’émouvoir devant l’histoire du carnage de Karbala où le petit fils du Prophète de l’Islam a sacrifié sa vie et la vie des siens pour défendre la liberté.

Cette action héroïque n’a cessé depuis lors de résonner dans l‘esprit des opprimés, le récit est révoltant !

Hussein (as), l’Imam des musulmans et des hommes libres, a prêché par l’action. L’homme doit être réellement libre, débarrassé de tout ce qui n’est pas de Dieu.

Il faut chercher à défendre la liberté au prix de sa vie.