L'ASSISTANCE D'ALLAH DANS LA VIE DE L'HUMANITE
  • Titre: L'ASSISTANCE D'ALLAH DANS LA VIE DE L'HUMANITE
  • écrivain: Mortaza Motahary
  • Source:
  • Date de sortie: 19:10:47 5-10-1403

L'ASSISTANCE D'ALLAH DANS LA VIE DE L'HUMANITE
Mortaza Motahary
Traduit par Akil Sheikh Hussein
Publication de la Bibliothèque Ahl Elbeit (Paris)
Révisé et réédité par :
Abbas Ahmad al-Bostani
Au Nom de Dieu Clément et Miséricordieux
Louange à Dieu, Maître des Mondes et que bénédiction et paix soit sur notre Prophète Abul-Qâsim Muhammad et sur les membres purs de sa famille.

Ceux qui croient au Ghayb, qui font la prière et qui donnent de ce que Nous leu avons accordé... . (Coran, 2/3)

Tout d'abord, je me réjouis d'implorer la bénédiction de Dieu sur ce grand jour... jour de l'espérance... jour de la naissance du grand espoir de l'humanité en son avenir.

Je savais que le titre de notre sujet, à savoir, L'Assistance du Ghayb dans la vie de l'humanité, susciterait l'étonnement et les doutes de quelques naïfs pendant que je parlerais de spiritisme, de déchiffrement des talismans ou de quelques autres sujets légendaires.

Et il est certain que - face à ce titre - quelques-uns crieront à haute voix: Nous sommes au temps de la science, de l'expérience et de l'invasion du cosmos.

Aujourd'hui, tout est soumis aux sens de l'homme!! Quel rôle peut jouer l'assistance du Ghayb à notre époque? L'époque de la lumière où la recherche du Ghayb et de l'au-delà est dénuée de sens et d'utilité?

Bien sûr, je me rendais compte de ce genre de remarques, lorsque j'ai choisi ce titre qui, depuis toujours, n'a cessé de susciter interrogations et désapprobations.

Mais, je l ai retenu, quand même, car il attire une plus grande attention sur ce qui va être dit.

Je dois rappeler, avant tout, que le sujet en question est tout autre chose que doutes et croyances dont on l'affuble habituellement. Je dois rappeler et prétendre que parler du Ghayb ne peut avoir lieu à l'époque de la science et c'est une prétention tout à fait contraire à la science et à l'esprit scientifique. Il s'agit d'une ignorance et même d'une étape inférieure à celle de l'ignorance!

Existe-t-il une étape inférieure à celle de l'ignorance?

Oui! celle de rester figé à sa place ...

Dans le domaine financier et économique, il existe ce qui est au-dessous de la pauvreté: se confier aveuglément aux choses de ce monde et compter sur ce qu'on possède ou, en d'autres termes, croire que ce qu'on a nous dispense de la recherche et de la réflexion. Ceci est plus catastrophique et plus dangereux que la pauvreté.

L'ignorance est mauvaise, en ce qu'elle est néant et non-savoir. Pourtant, nombreux sont les ignorants qui ont pu, par la recherche et l'action, atteindre le niveau des savants; et nombreux sont les savants qui, atteints par la vanité et par l'illusion d'avoir assimilé toute la science, se sont mis à semer l'ignorance et les ténèbres dans le monde!!

Dans la balance de la vérité de cet univers, la connaissance humaine n'est pas pesante: elle est médiocre par rapport aux vérités qui ne sont pas encore connues.

De la connaissance, vous n'avez eu que très peu . (Coran, 17/85)

Le vrai savant est celui qui n'accepte rien sans preuve, mais aussi celui qui ne nie rien sans preuve.

Celui qui est borné et vaniteux n'est pas savant, et il en est ainsi de celui qui accepte et nie sans preuve. Ce dernier est semblable à une armoire dans laquelle sont entassées des connaissances et des formulations qui ne sont pas sélectionnées selon de bons critères quant à leur réfutation ou acceptation. Une personne pareille est, en d'autre terme, dépourvue d'esprit scientifique.

Si vous rencontrez un homme possédant des diplômes d'études dans les divers arts et sciences, mais qui admet et réfute sans preuves et sans arguments, sachez alors que cet homme n'est pas un vrai savant.

La science n'a pas comme propriété de rendre vaniteux celui qui en est le porteur. Bien au contraire, la science rend l'homme de plus en plus apte à se soumettre aux vérités, les admettre et adopter une attitude prudente et rigoureuse quand il s'agit d admettre ou de nier.

Inférieur à l'ignorance et plus bas encore, le figement de l'esprit est contraire à la rigueur et à la recherche scientifique. C'est lui qui prive les hommes de l'orientation sacrée vers la recherche et l'approfondissement de leurs connaissances.

Puisque le figement de l'esprit est pire que l'ignorance, celui qui se consacre à la recherche scientifique est supérieur à la science elle-même. La science n'est digne du respect et ne mérite d'être sacralisée que lorsqu'elle va de pair avec l'esprit de la véritable recherche scientifique. Le fondement de cet esprit est un oint à partir duquel l'homme commence à sentir que ses connaissances sont imparfaites.

On a sagement dit que le chemin de la connaissance passe par trois étapes: juste après être engagé dans la première, l'homme est sujet à la vanité et l'orgueil; il lui semble qu'il connaît tout. Lorsqu'il atteint la deuxième étape, il commence à manifester les signes de la modestie, après s'être rendu compte de la médiocrité de ce qu'il connaît, par rapport à ce qu'il ne connaît pas. Et lorsqu'il parvient à la troisième étape, il apprend qu il ne conna t rien, et que rien ne lui est encore clair.

Dans l'introduction aux conclusions philosophiques de sa théorie, sur le relativisme, Einstein - le plus grand parmi les mathématiciens et naturalistes de notre temps - dit que l homme peut prétendre, après sa grande progression dans le domaine des sciences physiques, avoir appris l'alphabet du grand livre de la nature, et rien de plus que l'alphabet.

Cela veut dire que l'homme d'aujourd'hui est semblable à un enfant qui vient d apprendre les lettres de l'écriture, et il faut une très longue duré pour que cet enfant puisse lire les livres scientifiques écrits avec ces lettres.

* * *

Il n'est pas dans mon intention de profiter de cette rencontre, pour vous imposer mes propres points de vue. Ce que je voudrais, c'est prendre l'attitude d'un religieux et jouer, dans ce lieu scientifique, le rôle que la religion jouait vis-à-vis de la science, lorsque la première guidait la seconde, vers la rigueur et la recherche du vrai.

William James dit: " . la religion nous parle de choses ne pouvant pas être connues par la raison et la science. Pourtant, les symboles dont la religion nous parle, ont poussé la raison à chercher, et par là , elle est arrivée à des résultats surprenants .

Les hommes de science sont tous d'accord sur le fait que la religion était la première à poser beaucoup de questions philosophiques que l'humanité aborde et résout actuellement.

QU'EST-CE QUE LE GHAYB?
Le Ghayb c'est ce qui est caché derrière un voile, c'est-à-dire, ce qui est absent par rapport à nos sens, et ce qui sort de la sphère de notre perception.

Le mot Ghayb figure plusieurs fois dans le Noble Coran. Tantôt, il figure tout seul, comme lorsque Dieu, le Très-Haut dit:

Ceux qui croient au Ghayb... sont les bien dirigés par leur Seigneur et ceux qui réussiront . (Coran, 2/3-5)

Ou lorsqu'Il dit:

Il (Dieu) possède les clés du Ghayb que Lui seul connaît parfaitement . (Coran, 6/59)

Et tantôt, il figure face au mot Shahâdat, comme lorsqu'IL dit:

Dieu connaît le ghayb (ce qui est caché) et le shahâdat (ce qui est apparent) .

(Coran 6/73)

Ces versets coraniques ont été d'une grande importance pour les philosophes musulmans qui ont désigné la nature matérielle par 'âlam ash-shahâdah (le monde apparent), et 'âlam al-ghayb (le monde caché ).

La littérature mystique a parlé du Ghayb, et cela avec un bonheur d'expression qui abonde dans la poésie de Hâfez, Khayyâm, Mawlawi et Sa'di...

La croyance à l'existence du monde apparent (âlam ash-shahâdat) repose sur nos sens. On n a pas donc besoin d'un guide pour apprendre à croire à ce monde. Le guide peut seulement expliquer les méthodes de recherche nécessaires à l'obtention d'une plus grande connaissance des vérités de ce monde.

On ne peut parvenir à la croyance au monde caché ('âlam al-ghayb) à partir de nos sens. Là où ceux-ci s arrêtent, la raison, prolongement du ghayb dans notre existence, commence à tenter la connaissance de ce monde inconnu. On peut même dire que cette tâche demanderait une faculté plus mystérieuse que la raison.

Les prophètes sont les guides qui nous dirigent vers la connaissance du monde caché. Ils sont envoyés pour appeler les humains à croire en ce monde, et en ce qui existe au-delà des apparences que nous présentent nos sens. Ils sont envoyés en tant que moyens de communication entre le monde caché et les humains: ils leur apportent l'assistance de ce monde, dans des conditions et des circonstances particulières...

Les prophètes ne se sont pas contentés d'appeler les humains à croire au monde caché. Ils ont essayé de les lier à ce monde, et c'est là que commence la relation pratique entre la vie humaine et le Ghayb.

LE VOILE DU GHAYB
Nous avons dit que le Ghayb est ce qui est caché ... derrière un voile.

Qu'est-ce que ce voile qui nous empêche de voir?

Est-il, en réalité, un voile qu'il faut enlever pour pouvoir voir et connaître?

S'agit-il d une métaphore à travers laquelle s expriment d'autres réalités?

En parlant de la Résurrection, le Noble Coran offre des synonymes du mot sitâr équivalant à des mots français tel que voile ou couverture.

Tu étais inattentif à cela1 : Nous avons été ton voile (ghitâ'), et voici qu'aujourd'hui ta vue perçante. (Coran, 50/22)

Le Commandeur des croyants, Ali - que la paix soit sur lui - dit dan l'un de ses discours:

Même si le voile (ghitâ') était enlevé devant moi, ma certitude n'augmenterait en rien. Ce voile n'est certainement pas une matière sensible: il marque la limite que notre perception ne peut pas franchir.

LIMITE ET ILLIMITE
D'après la classification rationnelle, les êtres se divisent en limités et illimités.

La définition des premiers suffit à elle seule, pour mettre en évidence les seconds.

Vous êtes assis maintenant, dans un endroit bien déterminé et vous occupez - dans le vide - un espace bien limité. Si vous voulez vous asseoir ailleurs, vous devez vous déplacer. Cela veut dire que vous ne pourriez pas occuper deux place en même temps; ainsi vous êtes limité, du point de vue de l'espace, à un endroit déterminé.

Il en va de même pour ce qui est du temps: nous existons maintenant et nous n'avons pas existence ni au passé ni dans l'avenir.

S'il est possible à un être d'être illimité dans le temps et l'espace, cet être existerait partout et toujours, en tout temps et tout lieu, et nos sens seraient incapables de le percevoir.

Nous pouvons voir l'être lorsqu'il est limité et placé dans un endroit bien déterminé , lorsqu'il a une forme bien définie, et lorsque nous pourrons le désigner par nos gestes. Mais s'il n'est pas limité, s'il n'a ni forme, ni place occupée dans l'espace, il nous est impossible de le voir.

Nous pourrons entendre un son parce qu'il existe pendant un moment et n'existe pas pendant un autre moment. Mais si le son se produisait continuellement et parvenait sans interruption à notre ou e, il nous serait 1 cela : la Résurrection; ce verset nous présente des paroles divines adressées, au Jour de la Résurrection, à l'homme qui centrait son attention su la seule vie de ce monde-ci ( 'âlam ash-shahâdat)

impossible de l'entendre.

Al-Gazâli dit: Nous percevons la lumière car tantôt elle existe et tantçot elle n'existe pas... car elle est présente à un endroit et absente à un autre. Si le monde était continuellement éclairé, d'une manière qui est toujours identique à elle-même, et s'il n'y avait pas l'ombre et l'obscurité, on ne pourrait plus percevoir la lumière qui est la chose la plus visible, et même la chose qui rend visible toute autre chose .

Nous percevons donc la lumière grâce à son contraire, l'obscurité. Et c'est par ce contraste que l'existence de la lumière devient évidente par rapport nous.

Les soufi et les mystiques disent que Dieu est invisible parce qu'Il est très visible. Et s'Il ne peut être perçu, c'est parce qu'Il ne disparaît pas et parce qu'aucun temps et aucun espace ne sont vides de Lui. Cela s'exprime bien dans cette invocation m ystique:

O Celui caché par l'abondance de Sa Lumière.

O Présent qui s'absente dans Sa Présence .

Le poète persan a illustré cette question dans le poème suivant:

Il était une fois, un poisson qui nageait dans la mer.

Comme moi, ce poisson était D'une perception bornée.

Il n'a jamais souffert le pêcheur, ni prouvé l angoisse des filets,.

Il n'a jamais connu la soif, ni la chaleur du soleil.

Un jour, il entendit des voix humaines; On hurlait: O soif, où est l'est?

Le poisson se mit à réfléchir.

C'est à l'eau qu'il réfléchissait:

Qu'est-ce que cet élixir

qui fait vivre toute chose?

Et s'il est source de vie, pourquoi donc, mon Dieu, ne me l'as-tu pas donnée??

* * *

A ces yeux toujours ouverts, L'eau se présentait, jour et nuit.

C'est dans l'eau qu'il vivait tranquillement.

Cependant, il l'ignorait!

* * *

Il vivait de la sorte inattentif à la grâce où il baignait jusqu'à ce qu'un jour, les vagues le jettent sur le rivage...

Les rayons du Soleil brûlèrent son corps L'eau lointaine alluma un feu dans ses viscères et sa bouche se desséchait de soif.

* * *

Allongé dans la poussière, il s'est souvenu de l'eau qu'il a entendu gémir au loin.

Il commença à se frapper contre la terre en disant:

j ai trouvé maintenant cet élixir chimique, sans lequel je ne puis vivre.

Hélas, je l'ai trouvé trop tard .

* * *

Oui, le poisson qui passa sa vie dans l'eau n'arrive pas à percevoir sa perception. La seule chose à pouvoir constituer pour lui un objet de doute c'est l'eau elle-même. Mais, il, ne fut capable de la connaître qu'au moment même où il fut séparé d'elle et jeté dans la poussière.

Cette fable éclaire la question mentionnée plus haut: l'invisibilité du Ghayb est due à l'incapacité perceptive de nos sens, et non à l'existence d'un voile matériel qui s'interpose entre lui et notre appareil sensoriel et perceptif.

Les philosophes européens des temps modernes prétendent que leurs recherches concernant la perception chez les humains sont les plus avancées et les plus originales.

Quelques-uns des plus grands philosophes de l'Occident fondent leurs recherches sur la critique des méthodes de la pensée et de la réflexion humaines.

A titre d'exemple, deux ouvrages parmi les plus importants du philosophe allemand Kant s'intitulent respectivement: Critique de la Raison pure et Critique de la Raison pratique.

Nous ne nous proposons pas, ici, d'évaluer l'originalité et les apports de ces philosophes, ni de révéler la part des philosophes musulmans, en ce qui touche la critique des attitudes et des orientations de la pensée humaine. Nous nous contentons seulement d'attirer l'attention sur le fait que la philosophie islamique était coutumière de ce genre de critique, mais sous des intitulés différents.

L'apport de la philosophie islamique, dans ce domaine, est très riche. Il dépasse ce que les raisons européennes ont pu dire à ce sujet. Nous allons en parler en détail et en argumenter plus tard.

Il y a plusieurs centaines d'années, le poète persan Mawlawi avait illustré le caractère limité des sens de l'homme dans les vers suivants:

Les hindous amenèrent un éléphant, dans un pays où l'éléphant n'a jamais été vu, Et ils le mirent dans une salle obscure, une salle sans lumière.

Les habitants se mirent à entrer les uns après les autres pour le toucher!

(D'près ce qu'ils ont senti en le touchant!):

L'éléphant, dit celui dont la main tomba sur la trompe, est semblable à un tube!

L'éléphant, dit celui qui en toucha l'oreille, est semblable à l'éventail!

Et celui qui en toucha le dos L' a pris pour un lit!

Quant à celui qui toucha sa patte, il l'a prise pour une colonne!

L'oeil peut voir l'éléphant dans toute son ampleur. Il voit ses dimensions et ses membres. Avec le toucher, surtout lorsque cela se fait avec la paume de la main seulement, on ne peut concevoir tout l'éléphant, et c'est le hasard qui joue, quant à la partie du corps de l'éléphant qui tomba sous la main. Cette même relativité est en vigueur lorsqu'on compare les sens aux possibilités et pouvoirs de l'intellect humain.

LE MONDE DU GHAYB
Quel chemin la raison doit-elle emprunter pour concevoir l'autre monde?

Quels sont les indices visibles pouvant témoigner de l'existence de ce monde?

Ce genre de questions ne peuvent être traitées avec le soin qu'elles méritent, dans le cadre étroit de ces réflexions. Mais il est utile de rappeler que les recherches scientifiques et philosophiques s'accordent à affirmer de toutes les choses matérielles. Que les démarches scientifiques et philosophiques aboutissant à cette affirmation soient différentes, ne changea rien au fond de la question.

Pour les philosophes, tout est basé sur le changement permanent aux niveaux des atomes, et dans les essences des choses. L'univers tout entier se déplace continuellement; mais il ne s'agit pas d'un seul déplacement dans l'espace: il y a passage d'un état à un autre, d'une manière permanente et continue.

Le grand théologien Ach-chirazi a prouvé que les essences des corps sont en état de changement, chose considérée comme impossible aux yeux d'Aristote et d'Avicenne. Pour Ach-chirazi, le mouvement de changement au niveau des essences n'est pas seulement possible mais nécessaire. En d'autres termes, le monde est en état d'existence et d anéantissement permanents. Ainsi, le monde n'a pas une existence en soi, mais doit son existence à une force qui lui est extérieure.

De cette manière, la question fondamentale n'est plus celle de la cause première qui, à un moment donné, a fait sortir le monde du néant, mais plutôt le fait que le monde sort à chaque instant du néant grâce à une force qui le fait exister et qui l'anéantit continuellement et sans interruption.

L'ASSISTANCE DU GHAYB
Nous avons mis en évidence ci-dessus le fait que tous les êtres doivent leur existence au Ghayb. En effet, le Ghayb assiste la nature tout entière, cependant il existe un ensemble d'assistances particulières.

Deux termes coraniques figurant dans le verset du basmalah (bismillâh-ir - rahmân-ir-rahîm)2 (à savoir : Rahmân et Rahîm) peuvent dans une certaine mesure, éclairer cette question.

Ces deux termes sont dérivés d'une même racine (R.H.M.) qui veut dire: être compatissant, ou avoir pitié de... Il s agit d'une même rahmah (compassion, pitié) mais dirigée vers deux objets différents:

La rahmah relative à Rahmân (Clément) est générale: elle englobe tous les êtres et assure la permanence de leur existence.

La rahmah relative à Rahîm (Miséricordieux) est particulière: c'est la grâce et le soin particulier qui touchent le mukallaf (l'homme responsable, chargé d'une tâche) après l'accomplissement de la tâche. Les prophètes sont venus 2 Ce verset est traduit ordinairement par : Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux. Cette traduction n'est pas exacte puisque la Clémence et la Miséricorde couvrent un champ sémantique qui, tout en recoupant celui couvert par les deux dérivées de la racine R.H.M. (Rahmân et Rahîm), n'exprime pas les mêmes réalités telles qu'elles sont entendues à l'intérieur du paradigme linguistique arabe et du système conceptuel coranique.

pour nous guider vers les actions dont l'accomplissement nous fait mériter cette rahmah qui est une sorte d assistance provenant de Ghayb. Si cette assistance réussit à approfondir notre foi, nous entrons ainsi en relation directe avec le Maître des Mondes.

De toutes façons, cette sorte de rahmah intervient parfois dans la vie quotidienne pour sauver l'homme en l'aidant à sortir d'une situation difficile.

A ce propos, Allah le Très-Haut, dit à Son noble Messager:

Ne t'a-t-Il (Ton Seigneur) pas trouvé orphelin, et Il t'a procuré un refuge?

Il ' a trouvé errant et Il t'a guidé. Il t'a trouvé pauvre et Il t'a enrichi. (Coran, 93/ 6-7)

Et dans nos cinq prières nous lisons:

C'est Toi que nous adorons, c'est Toi dont nous implorons le secours .

(Coran, 1/ 5)

Bien sûr, cette lecture est une manière d'implorer l'assistance du Ghayb.

LES SORTES D'ASSISTANCE
Parfois l'ssistance du Ghayb se manifeste en favorisant de bonnes conditions de rèussite, parfois en nous aidant à trouver la bonne voie ou en nous procurant un certain épanouissement ou éveil attentif.

Mais il faut souligner le fait que l'aide du Ghayb ne nous est pas procurée gratuitement, sans avoir quelque chose à rendre en échange: l'homme ne doit pas rester les bras croisés à attendre le secours du Ghayb. Ce genre d'attente contredit la loi de la Nature et de la Création.

A ce propos, nous citons deux versets coraniques touchant deux manifestations d'assistance du Ghayb. Dans le premier, l'assistance se manifeste par la préparation de bonnes conditions de réussite, et dans le second, elle se manifeste sous forme d'une direction vers la bonne voie:

O vous qui croyez, si vous aidez Dieu, Il vous portera secours, et Il affermira vos pas. (Coran, 47 / 7)

Le secours divin, qui est une assistance du Ghayb est donc conditionné par l'aide qu'on Lui avance. Cette aide consiste en notre effort mis au service du bien commun, au nom de Dieu et pour Sa cause.

Pour qu'il en soit ainsi, l'effort et l'action doivent être accompagnés d'intentions bonnes et sincères.

Oui, Nous dirigeons sur Nos chemins ceux qui auront combattu pour Nous.

Dieu est avec ceux qui font le bien. (Coran, 29/ 69)

Dans ce verset, combattre pour Nous , devient la condition permettant à l'homme de recevoir l'assistance et d'atteindre l'épanouissement.

Donc, il n'y a pas d'assistance gratuite , sans aucun service à rendre en échange.

L'Imâm 'Ali (Que la Paix soit sur lui) dit à propos du secours et de l'assistance du Ghayb:

Nous étions aux côtés du Messager de Dieu (Que la Bénédiction et la Paix soient sur lui et sur les membres purs de sa famille), et nous aurions tué nos pères, nos fils, nos frères et nos oncles, sans que cela puisse amoindrir notre foi, notre soumission à Dieu, notre patience face aux difficultés et douleurs, et notre sincérité dans la lutte contre l'ennemi.

Nous confrontions nos ennemis sans avoir d'autres soucis que de mous faire soustraire à la mort, pour la leur faire goûter; et nous avons connu des victoires et des défaites. Mais quand Dieu eût prouvé notre sincérité, Il a réprimé notre ennemi, et Il a fait descendre pour nous secours et victoire.

Par ma vie, si nous faisions comme vous3 , Religion et Foi ne pourraient s'épanouir .

Le verset suivant nous parle des deux genres d'assistance à la foi:

... Ce sont des jeunes gens qui croyaient en leur Seigneur, et nous les avions affermis sur la Voie Droite. Nous avions fortifié leurs coeurs lorsqu'ils s'étaient levés ... . (Coran, 18/ 13-14)

L'assistance dont parle le verset et qui prend les formes d'un affermissement dans la Voie Droite, et d une fortification des coeurs est conditionnée par deux facteurs devant être présents chez l'homme: primo, l'homme doit se lever, et secondo, cela doit se faire pour la seule cause de Dieu.

3 Il s'adressait dans son discours aux Irakiens fatigués de la guerre contre Mu'âwiyah.

Celui qui cherche le Vrai et la Vérité, et qui fait effort pour confronter les difficultés se dressant sur son chemin, ne tardera pas à recevoir l'assistance du Ghayb. Il n'est pas question ici, seulement de croyance et de foi, mais aussi de vie authentique et d expérience personnelle que chacun doit pratiquer pour arriver à ce résultat et vivre l'expérience de baigner dans la grâce divine. Quel plaisir!

La chose n'est pas difficile. Les premières étapes sont simples, et l'homme peut les traverser en rendant des services à la collectivité, en aidant les faibles et en traitant bien ses parents ou sa famille. Si la sincérité et les bonnes intentions sont suffisamment présentes, la main du Ghayb commencera à apporter l'assistance.

LA DIFFERENCE ENTRE LA PENSEE DIVINE ET LA PENSEE MATERIALISTE
Si vous faites triompher la vérité , elle vous sera nécessairement un soutien et un appui.

Cela laisse transparaître la différence entre l'homme de Dieu et le matérialiste.

Il n y a pas de différence - pour le matérialise - entre la voie du Vrai (haqq) et celle du Faux (bâtil), ni entre la Justice et l'Injustice. Le bon et le mauvais n'ont, selon les critères matéialistes, aucun poids.

Selon les mêmes critères, le Monde n'a ni oeil, ni oreille, ni raison pour évaluer les choses, soutenir ceux qui suivent le chemin du Vrai (haqq) et refuser son assistance à ceux qui perdent en s'écartent de la bonne voie.

L'homme de Dieu, quant à lui, distingue nettement, l'un de l'autre, les deux chemins. Il croit à l existence d'une vérité qui soutient ses partisans et les assiste.

Dans mon livre, L'Homme et le Destin, et dans le chapitre intitulé : Influence des facteurs spirituels sur le destin , j ai écrit:

La conception matérialiste du monde veut que les facteurs influant sur les différents aspects de la vie humaine soient strictement et purement matériels.

Ces facteurs - selon le matérialiste - sont les seuls à déterminer pour l'homme, sa vie et sa mort, sa richesse et sa pauvreté, sa santé et sa maladie, ainsi que son bonheur et son malheur.

La conception divine du monde, quant à elle, veut que les facteurs spirituels influent, à côté des facteurs matériels, sur l'homme et sur tous les événements de sa vie.

Cette conception considère le monde comme unité vivante, douée de sentiment et de perception. Il est tenu compte des actions des hommes, dont les résultats paraîtront, tôt ou tard.

La conception matérialiste considère le monde comme neutre par rapport aux lois, aux attitudes et aux activités des humains, ce qui revient à dire que les lois universelles n'ont pas d interférence dans le conflit entre partisans du Vrai (haqq) et partisans du Faux (bâtil). La conception divine, elle, ne tient pas le monde pour neutre: il est impliqué dans le conflit et assiste ceux qui se proposer de réaliser les buts sacrés, suivant le chemin du haqq, de la justice et de la droiture.

Le matérialiste, aussi grande que puisse être foi en sa doctrine et sa méthode, aussi dévoués et non opportunistes que puissent être ses buts, ne peut attendre de son action que les fruits équivalents au seul effort investi.

De son côté, l'homme musulman est confiant en l'aide et au secours dépêchés par les êtres universels, lorsqu'il fait des sacrifices dans le sens de sa foi et de sa doctrine, et il en est ainsi parce qu'il croit fermement à l'existence, dans l'univers, d'êtres dont la force dépasse infiniment les siennes propres.

Le matérialisme affirme que les justes n'auront, comme fruit de leurs bonnes actions, qu'une part égale à ce que les injustes auront comme fruits de leurs mauvaises actions... c est parce qu'il n'y a pas, selon le matérialisme, de différence entre les deux catégories.

Mais la différence est énorme, du pont du vue de l'école divine.

INSPIRATION ET ILLUMINATION
L'inspiration - ou l'illumination - consiste en une sorte d assistance du Ghayb qui, pénétrant l'être des savants, leur ouvre des voies de la science menant à des découvertes énormes.

Les méthodes utilisées pour l'acquisition de la connaissance sont de deux genres: le premier comprend l'observation et l'expérience, le seconde, la conclusion par analogie et le raisonnement par l'induction.

A chacun de ces deux genres de méthodes correspond un genre de résultats ou conclusions.

Ces acquis sont-ils les fruits de la seule pratique ou du seul effort humain? N'y aurait-il pas une troisième méthode, une troisième voie, menant à l'acquisition de la connaissance?

Oui disent les savants. Ils disent même que les grandes découvertes et inventions sont les résultats de cette troisième voie qui est quelque chose de semblable à un courant électrique se déclenchant soudainement dans l'âme du savant et éclairant sa raison pour quelques moments, avant de s'éteindre.

Ibn Sînâ (Avicenne) croit en l'existence de cette force, à des degrés différents, chez tous les individus. Par cette force, prépondérante chez certains, il explique le verset coranique: Un olivier ... dont l'huile est près d'éclairer sans que le feu la touche .

(Coran, 24/35)

Dans son livre Al-munqid min al-jal l, al-Gazâli écrit que la plus grande partie des connaissances humaines relatives aux besoins de la vie quotidienne, sont les fruits de l'inspiration. Dans ce même livre, et dans le chapitre traitant de la Révélation et de la prophétie, il écrit que : Seule, la voie de l'illumination est l origine des connaissances de l humanité en matière de remèdes et de médication, d'astres et d'astrologie. Ces connaissances sont un don de Dieu inspiré pour aider et guider les humains.

De son côté, Nasîruddine al-Tûsi considère la voie de l'inspiration comme étant à la base de la plupart des connaissances humaines.

Certains croient, peut-être, que l'inspiration, comme démarche ancienne, n'a plus de partisans, et que tout notre savoir nous est parvenu à travers nos sens, par l expérience et l'observation.

Pourtant, la question n'est pas comme ils croient et imaginent...

Un grand nombre de savants contemporains pensent que de nombreuses théories découvertes par les savants, l'ont été par des voies semblables à l'inspiration.

Dans son livre, L'homme, cet inconnu, Alexie Karl défend l'inspiration et l'illumination en disant : Il est certain que les découvertes scientifiques ne sont pas simplement le résultat de la pensée humaine. Les hommes de génie possèdent, dit-il, des qualités particulières comme l'illumination en plus de leurs acquisitions par la lecture et la réflexion. C'est par la voie de l'illumination qu'ils découvrent ce que les autres ne pouvaient découvrir, établissent des liens entre des sujets apparemment sans relation, et parviennent ainsi à la compréhension de certaines questions importantes.

Il dit aussi: On peut diviser les savants en deux groupes: les logiciens et les illuminés. Les sciences sont l'oeuvre de ces deux groupes de savants. Les mathématiques doivent tant de choses à l'illumination, malgré leur base essentiellement logique. L'inspiration occupe dans la vie courante - comme dans les domaines scientifiques - une place importante en tant que facteur de compréhension et de conception. L'inspiration conserve cette importance malgré le fait qu'elle s'apparente parfois à l'illusion jusqu'au point de se confondre avec elle.

Par l'inspiration et illumination, les grands hommes atteignent le sommet de la vie spirituelle. Ce don est vraiment extraordinaire, et cette perception de la réalité , sans effort et réflexion, est vraiment inexplicable .

Alexis Karl nous dresse une liste de mathématiciens qui auraient, selon lui, acquis leurs connaissances par une voie purement logique. A côté, il nous présente une autre liste de mathématiciens qui doivent leurs connaissances à l'illumination.

Ce point de vue est admis par d'autres savants. Dernièrement, j ai lu un article écrit par le mathématicien français J. Hadamart sous le titre: Rôle de l'inconscient dans la perception scientifique, et j'ai retenu la phrase suivante: Lorsqu'on pense aux facteurs originels des inventions et des découverts, on ne peut réfuter l'importance de la perception intérieure .

Cette expérience est connue, dans une certaine mesure, par les vrais savants qui reconnaissent une partie de leurs découvertes comme résultant d'activités conscientes, une autre étant le résultat de l'inspiration.

Le grand savant Einstein avait cette même conviction. Il disait qu'à l'origine de ses hypothèses, il y avait une sorte d'illumination.

CONCLUSION
On peut déduire de tout ce qui précède l'existence de modalités d'assistance du Ghayb, dans la vie des individus. Parfois, cette assistance leur procure volonté, persévérance et fermeté. Elle peut aussi leur offrir des moyens matériels, et se manifester sous la forme d'une force leur éclairant le chemin et leur inspirant les idées scientifiques.

Par là, on peut dire que l'être humain n'est pas laissé à sa guise: la grâce et le soin divins l'englobent dans certaines conditions, l'extraient de l'égarement et du doute, et le sauvent aux moments de faiblesse, l'impuissance et de détérioration. Ceci est pour les individus.

Plus grande encore est la part faite aux sociétés.

LE GHAYB, AU SECOURS DES SOCIETES
Est-IL possible qu'une assistance provienne du Ghayb, pour aider une société à se sortir de l'abîme?

Les grands prophètes comme Abraham, Mo se, Jésus et Muhammad (Bénédiction de Dieu à Lui et à eux), ainsi que les grand Réformateurs sont apparus en des moments où l'humanité en avait un extrême besoin.

Ils étaient une sorte d'assistance du Ghayb, pour sauver l'humanité. Ils étaient comme la pluie qui tombe sur un désert aride. Ils étaient le don par lequel Dieu a comblé la terre et qui est évoqué dans le verset suivant:

Nous voulons combler de Nos dons ceux qui sont opprimés sur la terre; Nous voulons en faire des imams et des héritiers... (Coran, 28/5)

L'Imam Ali (Que la Paix soit sur lui) décrit les conditions dans lesquelles le Prophète Muhmmad (Bénédiction à lui) a été envoyé en disant:

Il (Dieu) l'a envoyé après une période d'absence de mission prophétique, un long sommeil des bonnes communautés, après une distorsion du destin, et une grande inflation du désordre. La lumière du monde s'était éclipsée, et la vie était vilaine. Son feuillage était jaune, et elle n'espérait nullement aux fruits . L'apparition des prophètes survient donc après la chute de l'humanité , ou après la précipitation de telle ou telle société dans les ténèbres de l'abîme. Le Coran s'adresse aux contemporains de la Révélation en ces termes:

Vous étiez au bord d'un abîme de feu et Il (Dieu) vous a sauvés . (Coran, 3/103)

Un proverbe persan dit: La lumière et l'aurore sont la fin de la nuit sombre .

Et des proverbes d'autres peuples disent: Le salut est la fin de la crise. Ces proverbes parlent de certaines expériences de l'humanité, et prouvent que la marche de l'Univers n'est pas absurde, comme le pensent les matérialistes.

LA QUESTION DU MAHDI
La question du Mahdi dans l'Islam et tout particulièrement chez les Shiites, est sur le plan philosophique, l'une des plus importantes.

L'assistance attendue ne se limite pas à une communauté donnée, ni à une région déterminée. Cette assistance englobera l'humanité tout entière, pour la conduire dans la voie du Progrès, du Bien et du Bonheur.

Il se peut que quelqu'un dise: Nous sommes à l'époque de la science et de l'exploitation de l espace. Aucun danger ne menace l'humanité pour qu'elle ait besoin d'une assistance surnaturelle! L'humanité évolue dans la voie de l'autonomie et de la perfection. Elle n'a nul besoin d'aide et d'assistance, car la raison et la science en tiennent lieu! Danger il y avait seulement lorsque l'humanité sombrait dans l'ignorance et la décadence; à présent, aucun risque pour la société guidée par la science et la connaissance! .

C'est là malheureusement, une manière de sombrer dans l'imagination!

Le danger guettant l'humanité aujourd'hui n'est pas responsable de la perdition de l'humanité. Cette question a préoccupé nombreux chercheurs dans les domaines de l'éducation et de la morale.

Les causes de la perdition sont l'instinct et la passion qui ne connaissent pas de limites. C'est aussi le désir d'avoir la célébrité et la gloire. C'est s'adonner passionnément à la quête insatiable du plaisir. C est l'égoïsme et le culte du Moi.

Jetons maintenant un coup d'oeil sur les biens matériels si précieux, sur les désirs humains de notre temps, et du même coup sur les origines du Pouvoir, de l'exploitation des autres; sur l' égoïsme et les intérêts personnels et enfin, sur les causes de l'injustice humaine.

Tous ces besoins et désirs, sont-ils suffisamment comblés au règne de la science?

Ces besoins et désirs se forgent-ils dans l'esprit de la justice, de la foi, de la droiture et de la bonne conduite?

Ou bien les choses sont-elles complètement inversées?

Il n est un secret pour personne que les instincts ont atteint un niveau de folie sans précédent. Ce n'est pas non plus un secret que les sciences et les arts sont devenus des outils au service de ces instincts.

L'ange de la science est devenu un serviteur chez le diable du plaisir, et les savants et chercheurs des machines tournant au profit des politiciens, des pharaons et des quêteurs des Pouvoirs.

Le progrès scientifique n'a réformé en rien les instincts... Au contraire, la science a renforcé l'orgueil de l'homme et sa tyrannie. Elle a attisé ses instincts bestiaux... Tout au contraire, le progrès scientifique a transformé la science, ami de l'homme, en ennemi dangereux.

Pourquoi?

Car la science est cette chandelle utile pour lire la nuit, ou - selon l'expression du poète persan San - pour mieux choisir l'article voler.

Car la science est cette échelle qu'on emprunte pour atteindre un but et réaliser un objectif. La science s'avère incapable de changer les buts de l'homme, ni de lui fixer des valeurs et des normes.

Car ceci est le rôle de la Religion... Elle seule peut dominer les instincts bestiaux et inspirer de nobles et saines motivations.

La science peut tout dominer sauf l'Homme et ses instincts... l'Homme peut dominer la science et la conduire là où il veut... La Religion domine l'homme pour le conduire dans telle ou telle voie.

A propos de l'homme à lépoque industrielle, Will Durant écrivait dans l'introduction de son livre, Délices de la Philosophie: Nous sommes devenus riches en matière de machines et de techniques, mais pauvres en matière de buts .

L'homme des temps modernes ne se distingue en rien de cet homme de jadis asservi aux forces de la colère et du plaisir.

La science n'a pas pu libérer l'homme de ses passions... Elle n'a pas pu changer en lui ce qu'il a de tyrannique, pharaonique et sanguinaire.

A la différence du passé, l'esprit hypocrite domine dans le monde d'aujourd'hui, et la main de l'agression est devenue beaucoup plus forte: on est passé de l'épée aux bombardiers et aux missiles à longue portée.

L'AVENIR DU MONDE
Nous sommes Musulmans et nous croyons en l'existence d'un Dieu qui domine ce monde. Et c'est justement cette croyance qui minimise, à nos yeux, le poids de la catastrophe.

Tous les dangers qui entourent l humanité aujourd'hui ne nous donnent pas l'impression que tout va être détruit. Nous avons un profond sentiment selon lequel l'avenir de l'humanité s'étendra encore sur des millions et des millions d'années.

Ce sentiment nous est transmis par les enseignements des messagers et prophètes. Il est, en fait, une sorte d'assistance du Ghayb.

Si l'on nous informait qu'un astre se déplace rapidement dans l'espace et se rapproche progressivement de la Terre qu'il détruira au bout de six mois, pour la réduire en un amas de cendre... Si l'on nous disait cela, nous n'aurions pas avoir peur, parce que, au fond de nous-mêmes, nous avons une certaine confiance et foi que le moment n'est pas encore venu pour la fin de l'humanité, encore au stade embryonnaire.

Comme nous ne croyons pas en la destruction de la Terre, par la chute d'un astre, nous ne croyons pas non plus qu'elle le sera par des forces destructrices humaines.

Et les autres?

Ne le croient-ils pas eux non plus?

Sont-ils aussi optimistes quant à l avenir de la Terre, de l'homme, de la vie, de la justice et de la liberté ?

Que non!...

Nous relevons continuellement des traits de crainte et de pessimisme dans les discours et discussions des politiciens mondiaux quant à l'avenir de l'humanité et de la civilisation.

Si nous écartons les enseignements de la religion et notre foi dans le secours divin, en analysant la question sur la base des causes et effets apparents, nous serions pessimistes comme eux et nous leur donnerions raison.

Car pourquoi ne seraient-ils pas pessimistes?

Quel optimisme dans un monde où il suffit d'appuyer sur un bouton pour lancer les moyens de destruction et d'anéantissement?

Quel optimisme dans un monde qui se berce sur des quantités innombrables de dynamites qui n attendent que l'étincelle pour se transformer en un brasier mondial?

Russel dit dans son livre, Les Nouveaux horizons: Le sentiment de doute, de faiblesse et d'impuissance domine dans notre monde. Nous nous voyons nous rapprocher d'une guerre qu'aucun de nous ne souhaite, une guerre qui détruira la majeure partie de l'humanité. Malgré cela, nous sommes comme un lapin tombé sur un serpent et resté à ses côtés. Nous regardons discrètement le danger éventuel sans savoir quoi faire!!

Les discussions sur la bombe atomique et H. sont propagées partout. Nous nous échangeons les informations sur l'armée russe4 , sur la sècheresse, les attaques et la barbarie. Du moment où nous restons perdus et perplexes face à cela, c'est que nous sommes dans l'incapacité de prendre une position nette propos de ce drame .

L'être humain est-il capable de prendre une telle position?

Il dit encore : La durée de l'apparition de l'homme est longue par rapport au temps historique, mais elle est très brève par rapport au temps géologique. On dit que l'Homme est apparu il y a un million d'années. Einstein va jusqu'à dire que l'Homme a achevé la durée de sa vie, il va arriver en quelques années, par l'aide du progrès scientifique, à se détruire lui-même .

Si nous jugeons les choses à travers les causes et les apparences matérielles, nous ne pouvons échapper à ce genre de pessimisme. Cette vision négative ne peut devenir positive, optimiste, qu'à travers une foi spirituelle, une foi selon laquelle l'humanité attend, dans l'avenir de ses jours, une vie ou règnent bonheur, sécurité et justice.

Si nous acceptons l'image noire du pessimisme, la vie humaine deviendra réellement cynique. Elle sera semblable à la vie de cet enfant qui, ayant pu 4 Russel avait écrit son livre au temps où l Occident craignait surtout, la bombe atomique de la Russie. De nos jours la liste des pays possédant la bombe ne cesse de s'allonger et s'allonger: la Chine, l'Israël, la Pakistan, l'Inde, l'Afrique du Sud, le Brésil, etc....

saisir un couteau, s'est précipité pour se tuer, en se poignardant le ventre.

On dit: l'âge de la Terre est de quarante millions d'années et l'âge de l'espèce humaine d'un million.

Si l'on suppose que l'âge de la Terre est d'un an, huit mois se sont écoulés, sans qu'aucun signe de la vie n'y apparaisse. Et, ce n'est qu'au neuvième mois que la vie a commencé sous forme de virus unicellulaire. A la deuxième semaine du dernier mois les mammifères sont apparus, et dans le dernier quart de la dernière heure de cette année est apparu l'être humain.

La période pendant laquelle l'être humain a franchi l'être de sa vie sauvage correspond la dernière minute de cette année. Ce n'est que dans ses soixante dernière secondes que l'être humain a commencé à employer son cerveau, pour soumettre la nature et construire la civilisation. C'est dans cette dernière minute que l'être humain a fait preuve de sa capacité à supporter la charge de représenter Dieu sur Terre.

Si l'on dit maintenant que l'être humain va se détruire par son progrès scientifique, et il ne lui reste que quelques pas à faire, dans sa marche vers sa disparition... Si l on dit cela, la question de la création de l'être humain devient pure dérision et absurdité.

En vérité , seuls les matérialistes peuvent prétendre cela,. Mais l'homme élevé dans l'esprit divin ne pense pas de la sorte... Il croit à l'impossibilité de la disparition du monde par les machinations d'un groupe de tous. Il croit au danger qui guette le monde, mais il croit aussi que Dieu sauvera le monde par la main d'un Réformateur, comme Il l'a déjà fait dans le passé.

L'homme croyant en Dieu dit que le monde n'est pas crée par dérision, et il se moque de la conception matérialiste de la fin du monde.

La fin du monde, en notre temps, est contraire à la sagesse divine voulant que rien ne périsse avant d'atteindre le but pour lequel Il a été crée.

L'âge de la Terre n'est pas fini, il est encore dans ses débuts.

L'humanité attend un état mondial fondé sur la Justice, le Bien, la Sécurité et le Bonheur.

Le jour attendu arrivera et la Terre se baignera dans la lumière de Dieu.

A son avènement, AL-MAHDI gouvernera justement et mettra fin à la tyrannie. Les chemins jouiront de la sécurité. La Terre donnera abondamment ses biens et nul n'aura besoin de votre aumône ni de votre charité. C'est de cela que Dieu parle en disant:

L'heureuse fin sera pour ceux qui craignent (Dieu) . (Coran, 7/128)

Au lieu d'être négatif et pessimiste, au lieu de rester à compter les jours qui restent de l'âge de l humanité, au lieu de tout cela nous devons nous pencher sur l'arrivée de la victoire, à travers la confrontation de tous les dangers, car enfin l'étincelle n'éclaire que dans l'obscurité.

L'Imam Ali évoque l'avènement du MAHDI et dit:

Demain, et vous ne savez rien de ce qui arrivera demain, (AL-MAHDI) prendra les gouverneurs injustes et leur fera rendre un compte rigoureux (…).

Et là, il vous fera la justice et appliquera le Livre et la Tradition du Prophète .

Telle est la grande leçon philosophique dans la question du MAHDI.

Même si elle prévoit des crises énormes, elle nous rassure par la Promesse du bonheur, et la victoire de la vérité et de la justice, après ces crises.

C'est là le grand espoir de l'Humanité.

Seigneur!

Nous Te prions avec ferveur de nous assurer un état digne Par lequel Tu honores l'Islam et les Musulmans, Tu humilies l'hypocrisie et les hypocrites.

Un état où nous serions De ceux qui appellent à T'obéir De ceux qui se dirigent sur Ta voie.

Un état Par lequel Tu nous donnes l'honneur Dans ce Monde-ci Et dans l'Autre Monde.