Il existe des défauts moraux et des habitudes inconvenantes qui secouent gravement les fondements de l’amour au point d’en rompre les attaches. L’homme doté d’un mauvais caractère, et qui se montre asocial voit se dresser entre lui-même et les autres un mur qui le rend aveugle à la lumière de l’amour.
Le mauvais caractère réduit la valeur de l’homme, et détruit son bonheur et sa paix intérieure.
Tout le monde fuit l’homme ayant mauvais caractère car on souffre toujours de la présence d’un être au caractère incompatible avec le nôtre, et qui ne nous est d’aucun apport moral.
Sans son mauvais caractère, un tel homme aurait pu jouir de nombreuses possibilités présentes en lui pour progresser dans la vie.
Si l’on veut établir des liens avec nos semblables, nous devons au préalable acquérir certaines connaissances de l’art du savoir-vivre avec autrui, puis tacher de les mettre en application, sans quoi l’on demeurerait toujours en marge de la société.
Faire preuve d’un bon caractère est la première condition du bonheur parmi les hommes; il est un facteur de l’accomplissement de la personnalité car il permet à l’homme de tirer profit de toutes ses qualités potentielles, et possède un impact profond sur la vie sociale; aucune autre qualité humaine n’égale le bon caractère en force d’attraction des autres et potentialité affective.
L’homme doté d’une telle qualité sublime ne présente jamais aux autres un visage renfrogné trahissant ses difficultés, mais s’efforce en permanence de créer autour de lui une ambiance de joie et de travail qui atténue les peines des gens, tout en conservant le calme en dépit des peines de la vie, et parvient grâce à ce calme au succès et à surmonter tout obstacle.
Le bon caractère est le facteur ayant l’impact le plus déterminant et le plus puissant sur la réussite sociale des individus. Inutile de dire que la promotion d’une société commerciale par exemple dépend en grande partie du bon caractère ses employés.
Le directeur d’une entreprise quelconque, s’il jouit d’un bon caractère, attirerait une bonne clientèle pour peu qu’il déploie une activité suffisante.
Hâfiz de Chirâz, le grand poète iranien dit en substance:
«Oppose-leur ton bon caractère et tu en feras des amis, l’homme intelligent ne chasse que par ce moyen.»
La gentillesse est la clef de l’attirance, et le mauvais caractère n’entraîne que l’antipathie. En examinant plus attentivement nos relations, nous voyons pourquoi certains de nos amis nous sont plus intimes que d’autres.
Un intellectuel occidental relate son expérience personnelle à ce sujet:
«J’avais décidé de vérifier en moi- même le pouvoir de la gaieté et de la bonne humeur, alors que je me trouvais depuis quelque temps, abattu et triste. J’avais remarqué souvent que la douceur et le dynamisme des gens que je rencontrais se transmettaient à moi, et je me suis demandé si je pouvais moi-même avoir par mon comportement une telle influence sur les autres.
Je ne cessais de me répéter cette résolution de garder toujours une apparence souriante, et je m’efforçais de me persuader que j’étais un homme très chanceux. Comme fruit de cette auto- suggestion, je ressentais un soulagement, et j’étais envahi d’une joie profonde comme s’il me poussait des ailes, et tout autour de moi me paraissait baignant dans la félicité et l’optimisme.»
Et quand il m’arrivait de rencontrer des visages marqués par les tourments et l’agitation intérieure, j’étais navré de ne pouvoir leur communiquer une parcelle de la lumière qui inondait mon cœur...
J’entrai une fois dans le bureau où je travaillais, et saluai le comptable avec un empressement dont je n’aurais jamais fait preuve avant ma décision, quand bien même il m’aurait sauvé la vie. Le comptable ne put se retenir de se montrer à son tour chaleureux et affectueux, ce qui confirmait mon attente.
Le chef de la société commerciale qui m'employait était un de ces hommes qui se dévouent à leur tâche sans même jeter un seul regard à ce qui se passe autour d’eux. Il était d’un caractère dur. Il me réprimanda ce jour-là au sujet de mon travail d’un ton tel que je n’aurais jamais supporté, car j’avais les nerfs à fleur de peau, et des réactions violentes. Mais puisque j’étais résolu à garder mon calme, je lui répondis si poliment qu’il changea d’humeur.
Cet événement était le second de la journée où j’ai tâché de garder une apparence gaie jusqu’au soir.
J’adoptai la même attitude au sein de la famille chez qui j’étais en pension. Le résultat en fut que je constatais des signes d’affection et de bonté dans les visages où ne se lisaient auparavant que froideur et indifférence.
Après de nombreuses expériences, je découvris que je pouvais me redonner de l’enthousiasme et le communiquer aussi à mon entourage.
Vous aussi, si vous adoptez la même attitude, vous verrez s’épanouir devant vous les visages, comme éclatent les bourgeons au printemps, vous ne saurez plus compter vos amis, et la paix et l’entente régneront entre vous.»
Personne ne nie l’influence de cette qualité, même quand il s’agit de s’attirer les sympathies de l’ennemi. La douce parole a des pouvoirs magiques, tant elle envoute les autres. La politesse et le respect dans la parole jouent aussi un rôle important dans la maîtrise de l’ennemi.
Un écrivain occidental dit:
«Toutes les portes s’ouvrent devant l’indulgent alors que les hommes au caractère grossier et rude sont contraints de les forcer comme des malfaiteurs. Le mieux est de faire les choses avec respect, politesse, et considération.»
J’ajouterai que le bon caractère crée nécessairement le bonheur, et peut conduire à la perfection lorsqu’il procède de la sincérité et qu’il est loin de toute préoccupation d’apparence ou d’ostentation. En d’autres termes le sentiment d’amour doit jaillir du fond de l’âme. Car tant que la politesse et la bonté ne feront pas partie des qualités les plus ancrées de la personnalité, elles ne sauraient mériter considération. L’apparence seule n’est pas une preuve suffisante d’une excellence intérieure, et de la pureté d’intentions, car elle peut cacher un cœur souillé et obscur. Combien de Satans se cachent sous des masques d’anges, et qui dissimulent la laideur effarante de leurs faces.