L’amour est l’un des sentiments naturels de l’homme. C’est ainsi que nous constatons en ce dernier, l’existence d’une force secrète l’incitant à s’attacher aux autres. On ne peut combattre cette tendance naturelle, et il est impérieux que ce besoin inné soit satisfait. Tout individu s’emploie de ce fait à établir des relations fraternelles avec ses semblables pour susciter leur affection et se lier avec eux.
L’amitié est source de sérénité et l’une des meilleures jouissances spirituelles, qui, une fois née se renforce et s’épanouit de jour en jour, et qu’aucune autre chose n’égale en prix.
La douleur de la solitude et de l’exil, et l’éloignement des chers sont le pire des tourments.
Si l’affection n’unissait pas les cœurs des hommes, ils seraient livrés à l’inquiétude et au tourment, et leur existence deviendrait infernale. C’est ce qui a fait dire à un savant que le secret du bonheur réside en des rapports avec autrui régis par la fraternité et non l’inimitié, et quiconque se montre incapable de vivre dans l’amour de ses semblables ne peut pas vivre sans souci et agitation.
Les relations des individus, qui sont fondées sur les sentiments et l’amitié réelle sont à tous points de vue les meilleures pour la société.
La meilleure union de deux âmes est celle qui procède de leur attraction réciproque par l’amour, sur lequel s’édifie le bonheur complet.
Pour assurer la permanence des liens de l’amitié, il faut écarter les facteurs de division, et s’empresser de répondre aux bons sentiments des autres.
La plus précieuse des amitiés est sans doute celle qui n’est pas tributaire des intérêts personnels, celle dans laquelle le sentiment de fraternité demeure vivace, et qui peut satisfaire l’âme éprise de chaleur et d’amitié.
Une amitié fidèle doit rester invulnérable aux coups du sort, et doit demeurer constante en toutes circonstances, prête à apporter soutien au cœur de l’ami en proie à l’anxiété, et y déverser espoir et sérénité.
On ne peut compter sur l’amitié des autres ni vivre à l’ombre de leur affection, si notre cœur n’est pas débordant d’amour à leur égard. Un sage a dit:
«Notre vie est semblable à une région montagneuse où l’homme entend se répercuter les échos de son appel. Celui dont le cœur est plein d’amour pour autrui, ne peut recevoir qu’amitié et fidélité.»
Notre vie matérielle est certes fondée sur l’échange et nous ne pouvons dire qu’il devrait en être de même pour notre vie spirituelle. Mais comment pourrait-on attendre d’autrui qu’il témoigne de fidélité à notre égard quand nous sommes nous-mêmes inconstants? Comment exiger d’eux un amour sans faille alors que le nôtre est fragile?
La fréquentation de nos semblables serait source de souffrance et d’amertume, si elle était dépourvue d’amour réciproque. Si le spectre de l’ostentation faisait planer son ombre sur les cœurs et sur l’existence des hommes, si l’obséquiosité tenait lieu de sincérité et de pureté, et si encore l’amitié authentique était sacrifiée à l’autel de la société, les sentiments s’affaibliraient et la société en question perdrait l’esprit de solidarité.
Sans doute, dans vos relations sociales, vous est-il arrivé de rencontrer des personnes chez lesquelles vous n’avez décelé, nul sentiment d’amitié et nulle affection, mais qui ont pu se donner l’apparence du contraire. Et très souvent, il vous a été donné de percer le masque de leur hypocrisie et d’en voir toute la laideur.
L’une des conditions du bonheur, et qui est aussi une des voies de l’édification de l’esprit est d’établir des relations amicales avec les hommes de bien. A leur côté, les esprits s’épanouissent et s’élèvent vers les hauts sommets de la piété et de la vertu. Il importe par conséquent de faire preuve de perspicacité dans le choix de ses amis, et ce serait une erreur que de se lier avec une personne dont on n’est pas assuré de la pureté et de l’intégrité.