La déloyauté
  • Titre: La déloyauté
  • écrivain: Al-Shia.org
  • Source:
  • Date de sortie: 10:16:18 4-9-1403

Les diverses responsabilités

 

Comme les hommes peuvent grâce à leur intelligence, entrevoir les vérités afférentes aux diverses questions, ils sont capables d’appréhender les nombreuses responsabilités qu’ils doivent assumer à chacune des étapes de leur vie.

 

Ils doivent en accepter les contraintes, et se plier à certaines conventions immuables dont dépendent leur perfection et leur bonheur. En un mot, ils devront aussi adapter leur comportement aux besoins réels de l’esprit et du corps. L’acceptation de cette responsabilité est alors nécessaire dans tous les domaines.

 

Et cette nécessité est proclamée par la raison et la conscience qui convient à œuvrer ardûment dans la réalisation de ce qui est le garant le plus sûr du progrès de la société, et font abhorrer tous les agents déséquilibrant l’ordre de la vie et causant la destruction de la personnalité.

 

Le sens de la responsabilité dans la promotion des valeurs morales et l’acquisition d’un caractère exceptionnel conduit l’homme à la liberté authentique, et lui trace une voie conforme au juste ordre des choses.

 

Cette responsabilité s’étend jusqu’au terme final de la vie, et prend différents aspects selon les domaines variés de l’existence.

 

Quand on a les moyens d’accomplir ses devoirs, on devra en rendre compte et supporter les conséquences qui résulteraient d’un manquement de notre part.

 

Ignorer sa responsabilité, et dépasser les limites du permis, revient en fait à ignorer les règles principales de la vie, et à se condamner à la déception.

 

Il n’y a pas d’erreur plus grave que de méconnaître ses responsabilités, et de rompre ses engagements, croyant exercer sa liberté individuelle. La perte du sens du devoir nuit à la société car il engendre les antagonismes et les dissensions.

 

Il faut protéger les devoirs des menaces que font peser sur eux les déchaînements des passions individuelles. Car ceux qui sont entièrement préoccupés par leurs impulsions égoïstes sont prêts à sacrifier les responsabilités collectives à l’autel de leurs désirs et intérêts malsains. De tels individus ne graviront jamais l’échelle de la perfection humaine.

 

Le docteur Alexis Carrel écrivait:

 

«Un homme qui se croirait libre de toute contrainte ne ressemble pas à un aigle volant dans l’espace infini mais plutôt à un chien ayant fusion maître, et que le hasard aurait conduit dans une rue animée, errant çà et là parmi les automobiles. Un tel homme pourrait aussi être comme ce chien, agissant à sa guise et allant où bon lui semble, mais il est plus égaré que le chien, car il ne sait pas où il va, et ne sait comment conjurer les dangers qui l’entourent.

 

Nous savons que la nature obéit à des lois, et que la vie de l’homme est aussi commandée par des principes. Mais nous nous croyons pourtant libre à l’égard de la nature, et nous aimons agir à notre guise. Nous refusons de comprendre que la conduite de la vie comme celle d’une automobile, le respect de certaines règles. Nous agissons aujourd’hui comme si le destin réel de l’homme ne consiste qu’à boire et à manger, à dormir, à se marier, à posséder une voiture, une radio, à aller au cinéma, à la danse et à s’enrichir. Chacun fuit la réalité, au milieu de la fumée des cigarettes ou dans l’ivresse que lui procurent la nonchalance et l’alcool.»

 

Il est vital que chacun apporte sa contribution à l’ordre de la société, et cela est impossible sans une obéissance stricte à certains codes. Celui qui s’appuie sur sa force et sa volonté, verra les réalités de la vie avec intelligence et logique et se préparera à l’accomplissement.

 

Il sera sincère et juste, et accueillera à cœur ouvert toutes les tâches qui lui seront imposées.

 

Sûr de lui, et sachant que son échec éventuel ne proviendra pas d’une négligence de sa part, il restera digne en toute circonstance.

 

C’est dans la joie authentique qu’il faut rechercher le bonheur et la tranquillité d’âme. Les hommes qui répondent à l’appel de leur conscience se révèlent endurants lors des épreuves.

 

La satisfaction intérieure est la juste récompense de ceux qui œuvrent conformément à leur sens du devoir, et inversement ce sentiment dispensateur de joie procède lui-même du sens du devoir.

 

La valeur des engagements et la gravité de leur violation

 

Faire honneur à ses engagements est une des responsabilités les plus graves qui incombent à l’homme. A quelque religion qu’il adhère, voire quand il se déclare sans confession, il reconnaît en son tréfonds le caractère abominable de la félonie, et celui admirable de la loyauté, que ce soit en matière individuelle ou sociale.

 

Car c’est de par sa nature première et innée que l’homme perçoit la nécessité de respecter sa parole, pour asseoir son bonheur.

 

Le patrimoine moral que l’on inculque à l’homme dès son enfance et qui lui sert de référence tout au long de sa vie, joue un rôle déterminant dans le choix de ce qu’il devra faire ou éviter. C’est pour cela que l’éducation juste et rationnelle garante de la santé morale, mérite une attention particulière.

 

L’éthique commande le respect de tout engagement verbal de la part des deux parties, même quand il est dépourvu de garantie officielle ou légale. Le violer revient en réalité à prendre ses distances à l’égard de toutes les obligations de l’honneur et de la noblesse d’âme, et à accepter l’infamie.

 

Selon le dire de Bozorgmehr :

 

«L’homme noble est loin de violer sa promesse. Plusieurs lieues le séparent de la félonie.»

 

L’homme qui s’écarte du droit chemin et enfreint ses engagements sans hésitation, ne fait que semer les graines du ressentiment et de la haine, avant de récolter à son tour honte et humiliation. Il se défendra ensuite en essayant de justifier son acte par des motifs contradictoires, mais il ne fera que prouver davantage l’hypocrisie et l’absence de rectitude dans sa personnalité.

 

La violation des engagements est l’agent le plus dangereux de la désintégration sociale. Elle cause affaiblissement et dégradation, et relâche les liens d’amitié entre les gens. Sans nul doute, une société où régneraient la division et la méfiance mutuelle perdrait son équilibre.

 

A notre époque agitée par l’immoralisme, la trahison et la perfidie sont très répandues, et la fourberie prend des proportions effarantes.

 

Il est des gens, qui non seulement n’éprouvent, aucun remords à manquer avec désinvolture à leur parole, mais aussi considèrent cela comme une malice qui les fera devancer les autres.

 

En revanche, la loyauté est un agent de cohésion, une des colonnes de l’édifice du bonheur social. Son impact est grand dans toutes les étapes de la vie, et c’est sur elle que reposent le progrès et le succès.

 

Un groupe de Kharédjites fut un jour appréhendé et conduit devant Hadjadj Ibn Youssef, l’exécuteur des basses œuvres des Omeyyades. Hadjadj interrogea les prisonniers, quand arriva le tour du dernier d’entre eux, l’appel du muezzin s’éleva du minaret, et Hadjadj leva la séance pour aller faire sa prière. Il confia le prisonnier à un homme lui disant de le ramener le lendemain pour le juger. L’homme sortit du Palais, accompagné du prisonnier.


Dès qu’ils se furent éloignés un peu, le prisonnier dit:

 

- Je ne suis pas un kharédjite. J’espère que Dieu, dans Sa grâce et Sa bonté, me délivrera de cette accusation. J’ai été innocemment arrêté. Je te prie de me laisser passer la nuit chez moi, auprès de ma femme et de mes enfants, pour leur faire mes dernières recommandations. Je te promets d’être chez toi demain matin.

 

L’homme se tut, mais le prisonnier réitéra sa demande avec plus d’insistance jusqu’à obtenir l’agrément de l’autre.

 

Mais peu après l’homme fut pris de regret et d’agitation, redoutant la colère de Hadjadj. Il passa une nuit blanche d’inquiétude et de peur. Mais quel ne fut son étonnement quand il vit le prisonnier se présenter chez lui à l’heure convenue.

 

Il lui demanda:

 

- Pourquoi es-tu venu, alors que tu pouvais échapper au jugement?

 

Le prisonnier répondit:

 

- Quiconque connaît Dieu, et lui reconnaît la Souveraineté en toute chose, et le prend à témoin de sa parole, doit tenir son engagement.

 

L’homme emmena le prisonnier auprès de Hadjadj et lui narra l’évènement. Hadjadj même en fut saisi d’émotion, lui qui est connu comme sanguinaire et impitoyable. Il décida de confier le sort du prisonnier à l’homme qui lui redonna sa liberté.

 

Imaginez un établissement commercial qui néglige rait ses responsabilités et ne prendrait pas en compte les règles d’usage. N’irait-il pas tout droit à la perte de son crédit et partant de sa clientèle?

 

Rien ne confère stabilité et fermeté à la société autant que la confiance mutuelle entre ses membres. Si chacun accordait à sa parole la même importance qu’aux écrits officiels et s’astreignait à respecter ses engagements dans toutes les questions, en tant que devoir incontournable, une vie heureuse s’offrirait à tous.

 

Le marchand livrerait par exemple sa marchandise au client au moment fixé; le débiteur honorerait ses créances à terme échu. Beaucoup de querelles seraient ainsi évitées, et les rapports entre les individus seraient au beau fixe.

 

La première condition de l’engagement consiste à examiner ses propres moyens et capacités, et à éviter de promettre quelque chose qui serait au-dessus de ces moyens.

 

Car en cas de manquement on serait tenu pour responsable, et l’on mériterait blâme et condamnation.

 

L’Islam stigmatise la déloyauté

 

Pour se réaliser au mieux, l’homme doit conformer sa vie à une démarche rationnelle. Le succès des collectivités humaines est tributaire, en premier lieu, de l’union et de la cohésion de leurs membres. Le comportement de chacun doit donc être à la fois juste et logique, pour éviter les écueils de la division et de l’hypocrisie. Quand l’engagement procède chez l’individu de sa foi religieuse et de sa vertu morale, il a plus de crédit que toute preuve matérielle.

 

L’Islam a condamné la violation des serments avec une véhémence telle qu’il ne permet pas à ses adeptes de trahir leurs engagements, même ceux pris à l’égard des corrompus et des injustes.

 

L’Imâm Bâgher- que la paix soit sur lui- a dit:

 

«Il est trois ordres de Dieu à respecter formellement: rendre son dépôt au bon ou au méchant, tenir parole avec l’homme de bien ou le corrompu; agir en bien envers ses parents, qu’ils soient bons ou mauvais.»

 

Quand le Coran décrit les Croyants, il n’omet pas de préciser:

 

«...et qui respectent leurs dépôts et leur engagement...»

 

Dans une autre sourate, il convie les musulmans à s’acquitter de leurs promesses:

 

«...Et remplissez l’engagement: oui, on sera interrogé au sujet de l’engagement.»

 

Une tradition prophétique range la déloyauté parmi les signes de l’hypocrisie:

 

«Il est quatre caractéristiques de l’hypocrisie dont une seule suffit pour garder l’homme dans le champ de définition de l’hypocrite jusqu’à ce qu’il s’en débarrasse:

 

Mentir quand on parle, manquer à sa parole quand on a promis, trahir quand on s’est engagé, être outrancier dans l’inimitié.»

 

Dans ses recommandations à Malek Achtar, gouverneur de l’Egypte, l’Imâm Ali- que la paix soit sur lui-écrit ce qui suit:

 

«Evite de rappeler à tes administrés le bien que tu leur auras fait, de broder sur tes propres actions, et de manquer aux promesses que tu leur auras faites, car le rappel annule le bienfait, la fraude ternit l’éclat de la vérité, et le manquement à la promesse est haï de Dieu et des hommes. Dieu- qu’il soit exalté- a dit:

 

«Il est très haïssable pour Dieu que vous disiez ce que vous ne faites point.».

 

On rapporte aussi cette parole, toujours de l’Imam Ali:

 

«La fidélité va de pair avec la sincérité, et je ne connais pas plus sûr bouclier qu’elle.»

 

Soucieux de l’éducation des enfants, l’Islam sachant que l’acte est plus influent que la parole préconise aux parents un contrôle de leur propre comportement s’ils veulent inculquer à leur progéniture, les principes élémentaires de la vertu.

 

C’est pourquoi le noble Prophète réprouve tant les fausses promesses:

 

«Que nul homme ne promette à son enfant ce dont il ne s’acquittera pas.»

 

Le Dr. Allendy dit:

 

«Un enfant de 16 ans, qui commettait chaque jour un vol plus grand que le précédent, me fut confié pour traitement. A l’âge de 7 ou 8 ans, son père l’avait une fois obligé à céder un de ses jouets à la fille de son patron. Or, ce jouet lui avait été donné après plusieurs mois d’attente, en récompense d’un comportement exemplaire qu’il avait observé avec un grand effort. Par la suite, son père avait oublié par légèreté ou par négligence, de tenir sa promesse et de lui en acheter un autre.

 

Le cœur brisé par ce manquement à la promesse, l’enfant résolut de prendre sa revanche en subtilisant une tablette de chocolat du sac de sa mère... Le jour où il fut confié à mes soins, il avait brisé la vitre d’une porte pour un larcin.

 

Le traitement n’était pas difficile et je pus le mener à bien. Ses parents avec leurs erreurs psychologiques répétées, l’avaient conduit à cet état. Et si cela avait suivi son cours, un enfant dont on aurait pu faire un homme courageux et résolu, serait devenu un dangereux criminel.»

 

Le contrôle de notre comportement ne concerne pas seulement les enfants; l’Imam Ali nous conseille d’en faire autant pour des relations sans nuages avec les amis:

 

«Quand tu as un ami, sois serviable pour lui, accorde-lui la loyauté, et sois franc et clair avec lui.»

 

Seul est digne d’amitié, l’homme doté de traits de caractère élevés et de qualités excellentes et dont la fréquentation fait grandir notre âme.

 

Le noble Prophète de l’Islam- que la paix et la bénédiction infinies de Dieu soient sur lui et sur ses descendants- a dit:

 

«Le plus heureux des hommes est celui qui fréquente les nobles d’esprits. Tout homme juste et sincère, fidèle à sa parole, et doté d’un caractère parfait, mérite qu’on fraternise avec lui.»

 

Samuel Smiles écrivait:

 

«Si vous vivez avec des personnes à l’âme grande et au caractère éminent, une force mystérieuse vous entraînera vers la grandeur.

 

L’amitié des personnes qui nous sont supérieures en intelligence, en vertu et en expérience a un grand prix, car leur compagnie insuffle un esprit neuf en l’homme, nous enseigne le savoir-vivre, et réforme nos croyances et convictions envers les autres.

 

Si ces personnes sont plus fortes que nous, leur fréquentation assidue nous rendra forts à notre tour, élèvera notre capacité spirituelle, en même temps qu’elle exaltera notre perspective de vie.

 

Un bon caractère est comme une lumière qui projetterait ses rayons et éclairerait tous ceux qui l’environnent.»

 

Ainsi, dans ce qui précède, le devoir de chacun envers ses engagements a été éclairci.