La conception de l’âme chez l’Imam Ali (p) :
Komayl ibn Ziyâd a rapporté : « J’ai interrogé Mawlânâ Ali, E'mir des croyants – sur lui mille bénédictions et salutations –lui disant : « O E'mir des croyants ! Je voudrais que tu me fasses connaître mon âme (nafs, moi-même). L’Imam de répondre : «O Komayl ! Quelle âme souhaites-tu que je te fasse connaître? Je dis : O mon Seigneur, n’y a-t-til pas une âme unique? Il me dit :
« O Komayl ! Il y a quatre sortes d’âmes :
1- il y a l’âme végétative qui fait croître ;
2- il y a l’âme vitale qui a la sensibilité ;
3- il y a l’âme pensante, indépendante de la matière (dodsîya, sainte ) :
4- il y a l’âme divine intégrale.
Chacune de ces âmes a cinq puissances et deux propriétés.
L’âme végétative a cinq puissances : 1-celle qui attire, 2-celle qui saisit, 3-celle qui assimile, 4-celle qui repousse, 5-celle qui engendre. Elle a deux propriétés : l’une est l’accroissement, l’autre est la décroissance. Elle est émise à partir du foie.
L’âme vitale sensible a cinq puissances : 1-l’ouie, 2-la vue, 3-l’odorat, 4-le goût, 5-le toucher, et elle a deux propriétés : appétit de désir et appétit de domination. Elle émise à partir du cœur.
L’âme pensante sainte a cinq puissances : 1-réflexion, 2-souvenir, 3-connaissance, 4-clémence, 5-noblesse. Elle n’est pas émise à partir d’un organe. Elle est celle qui, entre toutes, ressemble le plus aux âmes angéliques. Elle possède aussi deux propriétés : l’une est la pureté, l’autre est la sagesse.
L’âme divine totale a cinq puissances : 1-surexistence dans l’anéantissement, 2-bien-être dans la misère, 3-puissance dans l’abaissement, 4-richesse dans la pauvreté, 5-constance dans l’épreuve. Elle a deux propriétés : agrément et abandon à Dieu. C’est elle qui a son origine en Dieu et qui retourne à lui. Dieu le dit : « J’ai insufflé en lui de mon esprit » ( 15 : 29) et « O âme pacifiée ! retourne à ton Seigneur, agréante et agréée » (89- : 27-29). Et l »Intelligence est au centre du tout.
(Molla Sadra, Le Livre des pénétrations, par Henri Corbin,.Ed. Verdier, pp. 154-155 )