La vanité et l'arrogance
  • Titre: La vanité et l'arrogance
  • écrivain: Seyed Mojtaba Moussavi Lari
  • Source:
  • Date de sortie: 20:47:51 1-9-1403

La vanité et l'arrogance
La sphère d'influence de l'inconscient ou du subconscient est plus grande et aussi plus complexe que le domaine d'intervention du conscient. Les études faites en psychologie qui portent sur l'inconscient prouvent que les êtres humains ne perçoivent pas plus de 90% de l'activité de leur subconscient. Il existe plusieurs facteurs qui influencent l'existence de l'homme et le portent à entreprendre beaucoup de choses, sans qu'il en ait conscience.

Ainsi, la plupart du temps, il nous est impossible de lutter contre les ordres que nous dictent ces forces venant de plus profond de notre être.

Combien sont nombreuses les mauvaises actions, les pêchés et les habitudes néfastes qui, en fait, sont issus de l'activité de l'inconscient et qui sont aussi les témoins des contradiction internes de l'esprit. Il est possible que les motivations secrètes, dans le système psychique de l'individu, lui soient profitables ou nuisibles. Autrement dit: il est possible que les espoirs, les pensées et les motivations nés dans l'inconscient jouent un rôle constructif dans l'attitude de l'homme, en modulant ses actes et son comportement de manière positive ou, au contraitr en lui étant néfastes.

Il arrive que l'homme puisse concevoir une idée qu'il accepte dans des conditions particuliéres, mais tout en reconnaissant que cette idée n'est pas réaliste; elle est en fait liée à son anxiété, à son trouble, à son calme ou à sa quiètude, à la maladie ou la santé d'esprit et d'âme. Elle se reflète dans les différentes formes d'actions de l'homme.

La société humaine compte nombre d'individus qui sont atteints par la vanité et l'arrogance. Ceci est une réalité indéniable. Lorsque le miroir du discernement se brise, l'homme devient vaniteux et irréaliste. Cette arrogance peut apparaître chez l'individu dés l'enfance. Avant que l'enfant atteigne l'âge de raison et d'entendement et qu'il puisse porter un jugement sur son avenir, l'environnement familial aura un effet déterminant sur son destin, sur son psychisme et sur sa vision du monde et, en conséquence, sur le possible développement de la vanité chez lui et du déviationisme. S'il est trop choyé et ne possède pas la capacité de s'adapter à son environnement et à son entourage. Il deviendra un être introverti. En un mot, les différentes formes de comportement du milieu familial et social influent sur les enfants de manière imperceptible, de façon positive ou négative, constructive ou destructive.

Ainsi donc, ceux qui, le plus souvent, apparaissent les plus sains d'esprit sont, en réalité, soumis à des pressions psychologiques multiples qui ne sont que très faiblemment perceptibles et qui semblent être de peu d'importance et sans grand intérêt, alors que ces signes sont peut être l'expression d'une trés grave atteinte psychologique. Il est génèralement admis qu'une action surprenante entreprise par quelqu'un soit une violente réaction qui découle de forces internes qui dominent la volonté de l'individu et orientent son comportement dans l'existence.

Entreprendre toute action qui relève de l'habitude fait partie de la nature humaine. les expériences ont démontré que lorsque l'homme sent monter en lui une profonde envie, sa force lui permet de faire taire toutes les autres envies et sentiments et de ne pas tenir compte des observations et des obligations.

L'individu vaniteux se forge un moule propre et un modéle idéal de comportement et de discours, propres à satisfaire son sentiment de domination, tout en tentant de mettre en harmonie ses sentiments avec ce modèle idéal. Il s'imagine que ses qualités sont tellement parfaites qu'il ne lui vient pas à l'esprit qu'elles puissent être critiquées. Quiconque tentera de lui faire remarquer ses défauts, en toute équité et bonne foi, sera violemment pris à partie et accusé de jalousie.

Ces manifestations douloureuses soulèvent dans l'esprit du vaniteux une véritable tempête. Il commence alors à déverser sa bile avec véhémence, rejetant les critiques et humiliant leurs auteurs et, par la même, calmer ses sentiments en ébullition.

Il existe une force symbolique dans l'inconscient qui pousse ce genre d'individus à tout faire pour prouver leur supériorté sur les autres. Pour cela, aucun efforte ne leur semble vain. Ainsi, la plupart de leurs activités et de leurs actions sociales bénéfiques ne sont, en premier lieu, que l'expression d'un volonté de reconnaissance de leur qualité d'hommes dignes et capables et de leur soif de considération aux yeux des gens. C'est pour cela qu'ils ont toujours peur et qu'ils sont soumis à une pression intolérable de crainte que les autres n'aient pas pour eux cette reconnaissance qu'ils souhaitent.

Spinoza disait:

"La vanité est une joie qui naît d'un excès de la bonne opinion qu'a une personne d'ellemême. Le vaniteux tente, autant qu'il le peut, de développer cette idée. Pour cela, il apprécie la présence des parasites et des flagorneurs et déteste celle des gens de bonne moeurs et de conduite irréprochable qui le voient tel qu'il est. "La multipicité des maux de la vanité nécessite une dépense de temps énorme, car le vaniteux s'affecte de tout sentiment. Tandis que les seuls sentiments qui ne le touchent jamais sont l'amour et la pitié.

"Lorsque l'on comprend ce point particulier, on comprendra mieux que le vaniteux soit jaloux par nécessité et qu'il soit le plus haineux des hommes envers ceux dont l'honorabilité est bien établie. De même, l'on comprend que son hostilité à leur égard ne se dissipera pas aisément par l'amour et l'amitié, mais que son bonheur ne se dissipera pas aisément par l'amour et l'amitié, mais que son bonheur ne se réalisera que par la flatterie de ceux qui encouragent sa faiblesse et l'entraî nent dans le bourbier de l'idiotie et dans les marécages de la folie".1

La plupart des hommes issus des classes défavorisées de la société qui désirent parvenir aux plus hautes positions sont des vaniteuxt et des orgueilleux. Ils veulent ainsi se venger sur leur environnement du complexe d'infériorité et du peu d'estime de soi qu'ils ressentent. Une âme supérieure n'accepte pas de vivre une courte existence. Si l'objectif de l'homme est noble, son champ d'activité s'en trouvera élargi. Par contre, il est atteint par la paralysie et l'inactivité si ces mêmes objectifs ne sont pas à la hauteur de son humanité. C'est-à-dire que l'homme honorable est toujours actif dans son désir de se forger une personalité, d'avoir des qualités réelle et pour avoir sa vraie place au sein de la société dans laquelle il existe.

Le rôle de la richesse dans le développement de la vanité
La richesse excessive est l'élément qui pousse l'homme à la vanité et à l'arrogance, Celui qui se trouve dominé par son "Moi" porte sur les pauvres un regard de mépris et d'orgeuil et ne voit aucune utilité à leur existence, il les juge comme des parasites. Il ignore que la richesse ne se limite pas qu'a l'argent et à l'or amassés. Nombreux sont ceux qui vivent dans l'indigence matérielle mais qui, au vu de leur capital moral et spirituel, sont les gens les plus fortunés. Il ne fait pas de doute, avec leurs qualités morales. qu'ils sont les détenteurs de la vraie richesse. Cette vérité s'applique également aux nations, car se sont celles qui abritent les hommes heureux et les grands savants qui sont les mieux nanties.

La richesse matérielle ne peut donner le bonheur à l'homme. Au contraire, les richesses matérielles sont, le plus souvent, cause des malheurs des gens. L'argent devient, parfois, source des pires vices et des plus cruels malheurs,.ll assombrit souvent le coeur de celui qui le possède.

La richesse matérielle est un moyen d'accès au bonheur et non une fin en soi. Nous pouvons donc dire que l'argent est une chaine de bronze aux multiples maillons, que le sage peut saisir et que l'ignorant, par contre, y succombe.

Certains pourraient s'imaginer qu'il est possible de s'assurer le repos et la sécurité par la surabondance de richesses, ignorant que plus l'homme amasse des biens plus il s'éloigne de son humanité profonde. Ainsi, l'individu perd, peu-à-peu, ses vertus dans le cheminement de l'erreur, car l'amour de l'argent pousse à la vanité et à rompre tout lien avec ses semblables par suffisance et ignorance.

Epictete disait:

"Mes amis m'interrogent: Pourquoi ne t'oppose-tu pas à la possession de l'argent pour que nous en ayons une part aussi? Je leur répondait: J'aimerai pouvoir combiner entre l'argent et la fidélité à votre amitié, c'est-à-dire être riche en même temps qu'être digne de votre amitié" mais je crains que la richesse ne me dépossède de votre compagnie. Nul doute que si votre ami demeurait les mains vides mais loyal, cela serait mieux que d'avoir de l'argent et d'être vaniteux et orgueilleux. Alors pourquoi voulez-vous perdre un ami, me séparer et m'éloigner de vous?".

Le danger de la vanité scientifique
Parmi les étapes les plus cruciales qui jalonnent notre existence et notre quête de la perfection et qui peuvent amener l'homme à la vanité, il est celle qui consiste à acquérir du savoir. Cette acquisition apparaît à l'individu d'une importance telle qu'il s'imagine être plus savant et plus vertueux que quiconque. Le plus frappant est que la plupart de ceux qui sont atteints par la vanité du savoir et qui prétendent détenir la vèrité sont souvent incultes et illettrés.

En fait, plus les connaissances de l'homme s'élargissent, plus son esprit prend conscience de son ignorance et de son imperfection. Celui qui par le savoir est convaincu de son ignorance est, en réalité, arrivé à la connaissance de soi. C'est pourquoi les vrais savants ne tombent pas facilement dans le piège de la vanité et des conceptions illusoires.

Il est des hommes dont le niveau scientifique et culturel est tout juste moyen et dont la valeur existentielle est peut être nulle, mais qui lorsqu'on parle des services et actions notable des autres et que quelqu'un en fasse l'éloge ont un sourire narquois et désapprobateur sur les lèvres, tandis que lorsqu'ils prennent eux-mêmes la parole pour discuter de leurs oeuvres, si futiles soient-elle, deviennent intarissable et l'on croirait que nul autre n'est plus méritant qu'eux.

Un savant écrivait:

"Le fait est que nos connaissances par rapport à nos lacunes ne représentent qu'un faible pourcentage. Quel est l'objet que nous connaissons parfaitement et dont les avantages et les inconvénients nous sont clairs? Quels sont les plantes et les animaux dont nous avons une connaissance parfaite? Nous vivons au milieu de forces que nous ne maîtrisons pas, tandis que le voile sombre qui nous cachait, pendant des siècles, la connaissance des choses n'est toujours pas levé et nous restons dans la grande de la nature des enfants débutants qui voient beaucoup de choses mais sans les comprendre.

"Le monde de la pensée est tel une mer qui parait calme à l'observateur se trouvant sur le rivage, alors que le naufragé se débat désespéremment pour éviter la noyade. Nous sommes perpétuellement en quête de la vérité et nous voulons progresser sur le chemin du savoir. Cependant, au fur et à mesure, le chemin de notre progression nous fait découvrir des obstacles de plus en plus infranchissables.

"Pour employer une image, nos connaissances sont comme le rayon d'un cercle, tandis que nos lacunes en sont la circonférence. Plus ce rayon s'agrandit, plus la circonférence s'accroît davantage. Mais peut être que nos enfants progresseront, à l'avenir, plus que nous ne l'avons fait nous-même et qu'ils perceront certains des mystères de la création. Nous sommes, cependant, dans l'obligation, en dépit de notre vanité, de reconnaître que nous ne savons rien à cet égard et que le secret de la création nous échappe. Pourquoi nous éloignons-nous autant? Nous ne nous connaissons pas nous-mêmes. Nous ignorons qui nous sommes et quelle est notre relation à la nature. Certes, nous ne savons rien et c'est pour cela que nous sommes contraints de mettre sur toute chose qui nous échappe un point d'interrogation et que nous passons à autre chose".2

La première des conditions dans la recherche de la vérité et la compréhension des choses c'est que l'homme évite l'esprit de contradiction et la discussion futile en voulant utiliser les propos d'autrui, à seule fin de mener une réthorique négative, car dans ce cas on ne cherche pas la vérité pour la vèrité, mais plutôt pour faire montre de son habilité oratoire et de sa science à travers la discussion.

Pour parvenir à la connaissance de soi, nous devons d'abord découvrir la vérité ses choses, dans leurs aspects véritables, et y croire totalement. ainsi, nous parviendrons à la réalité des choses, non pas par la critique injuste et acerbe, la fausse dialectique, mais en sachant que notre objectif principal de la recherche de la vérité c'est que ces choses que nous avons comprises dans leur aspect global sans en connaitre les éléments constitutifs, les qualités et défauts, doivent être prises hors de leur contexte et étudié isolément.

Une activité destructrice
Les effets néfastes de la vanite se répercuteront nécessairement dans la vie de l'individu et sur son milieu naturel, ce qui appelle à une plus grande attention pour lutter contre cette manifestation psychologique négative.

Si dans les discussions et les dialogues, les gens faisaient montre de moins de vanité et de suffisance, beaucoup de litiges et de conflits disparaitraient d'eux-mêmes. En effet, la majorité des disputes entre individus ou entre groupes sociaux ne sont dûes souvent qu'à la vanité des hommes. Derrière le profit apparent qu'elle procure, les gens tombent dans des erreurs de jugement et de comportement qui leur sont aussi nuisibles qu'aux autres. Ainsi, ils ne pourront rien résoudre par l'entente et la logique parce que leur vanité aura toujours le dessus.

Le vaniteux peut avoir aussi d'autres défauts sur le plan social, telle la jalousie, l'égoîsme et la suspicion, qui domineront totalement son esprit. Il deviendra jaloux de tout autre que lui qui accomplirait une tâche louable. Ce sentiment l'emplira d'un esprit bélliqueux. Tous ces objectifs seront axés autour de la destruction de son ennemi et sa défaite. A partir du moment où l'élément de destruction dominera ses actions, toutes ses forces physiques et morales seront annihilées et chaque fois que se présentera à lui une occasion pour nuire aux autres, il ta saisira avec une frénésie et une joie immenses. Du fait que les vaniteux sont dénués d'humilité et de générosité dans leurs rapports avec autrui. il est compréhensible que les gens sensés évitent de les fréquenter, car la vanité et l'orgueil détruisent les amitiés les plus solides et les plus précieuses. Il est indéniable que lorsqu'on ne fait pas cas des sentiments et de l'intérêt de ses semblables, on suscite chez eux des ressentiments et de l'inimitié qui les inciteront à vouloir humilier l'humiliateur.

Le vaniteux ne se soucie que de lui-même et néglige les besoins et les justes intérêts de ses semblables. Cette attitude égocentrique conduit à un violent conflit entre les tendances et prétention du vaniteux, son mépris et l'humiliation qu'il porte aux autres et que ceux-ci lui renvoient sous forme de négligence et de désintérêt à son égard.

Le comportement de l'homme vertueux, qui est en rapport étroit avec les moeurs profondes de l'être humain, n'a pas seulement un effet sur la vie des autres hommes mais laisse également dans le coeur des gens un impact profond. Ceux qui ont une vision réaliste liée à des vertus et des qualités nobles voient dans leurs semblables, moins avantagés, des êtres humains à part entière. L'éducation et l'humilité réelles ne se réalisent que si l'homme est en harmonie avec sa propre nature, sinon cela ne serait qu'une tromperie de soi-même. Ainsi, la nature de chaque homme et sa manière de penser transparaissent à travers son comportement et cet indice ne peut être nullement dissimulé.

La "santé de l'âme"
La vie est activité et dynamisme. L'homme peut réussir dans ses tentatives de réaliser ses espoirs comme li peut échouer. ceux q ui réussissent dans l'existence peuvent devenir vaniteux et orgueilleux à l'issue d'un succès tout à fait limité, tandis que d'autres qui subissent l'échec et la défaite, dans certaines de leurs tentatives, parfois du fait de la malchance ou des entraves posées par des ennemis jaloux, peuvent se laisser aller au découragement, voire au désespoir.

L'échec, quelle que soit l'amertume ressentie, ne doit en aucune manière nous faire baisser les bras, et le succés, quel que soit le plaisir qu'il procure, ne soit nullement nous aveugler et nous remplir d'orgueil au point d'y perdre le sens des réalités et de la mesure.

Si, aux moments de fixer nos objectifs, nous privilégions la vision réaliste, nous ne pourrions que réaliser un résultat à mi-chemin entre la négligence et l'excès. Ainsi, la "santé de l'âme" est l'élément naturel que nous devons rechercher, à savoir un équilibre intérieur qui nous permettra de lutter efficacement contre nos tendances négatives.

Le psychisme de l'homme-come toute chose-ne peut supporter des pressions illimitées; il a lui aussi un seuil critique de résistance. Il est possible que les pressions dûes qux échecs, aux défaites et aux privations soient négligées dans l'inconscient puis, subissant des modifications, éclatent en fureur et destruction.

La difficulté de la connaissance de soi et l'ignorance des besoins de l'âme est une réalité indéniable. Les ignorants croient se connaître mieux que quiconque. Ils pensent être au fait des motivations profondes qui les animent et maîtriser le processus de leurs pensées et de leur comportement.

La quête de la connaissance de soi est source de beaucoup d'erreurs, de malentendus et de jugements erronés. Cela est dû à ce que l'homme est dans l'ignorance des capacités qu'il recèle, de leur quantité et de leur utilisation, dons déposés par le Créateur en chacun d'entre-nous. De même, il faut signaler le rôle que jouent l'hérédité, l'éducation et l'environnement dans la vie psychologique, sans oublier la domination qu'exercent les besoins et les désirs sur l'individu. Les anciens philosophes insistaient sur la connaissance de soi parmi les choses ayant trait à l'homme. De même, à l'époque contemporaine, les principes de la connaissance de l'âme humaine sont un sujet d'intérêt central pour les psychothérapies. Cette époque contemporaine connaît des études trés poussées sur la nature humaine et l'apparition d'une série de recherches dans le domaine de la psychologie de l'individu et des masses.

La culture des qualités et vertus de l'esprit nécessite que l'individu connaisse les besoins spirituels et psychologiques et le mode de fonctionnement du psychisme, de même qu'il sache les sentiments qui déclenchent les actions et les réactions de l'esprit. Il doit aussi avoir des connaissance des convulsions dûes aux cheminements complexes de l'esprit pour pouvoir, à travers cela, faire le tri entre les désirs néfastes et les besoins et espoirs réalistes. Ceci afin d'avoir le contrôle de soi et ne pas nourrir des illusions et rêves trompeurs qui ne mènent nullement au bonheur.

Tous ceux qui sont atteints par des complexes et des maux de l'esprit, ou qui souffrent du désespoir, sont, en réalité, des gens qui ignorent les capacités et énergies qu'ils recèlent et qui pourraient leur servir à combler le vide qui les habite. Il est donc nécessaire, pour ces gens, qu'ils cherchent à mieux se connaître ou se recoonnaître.

Tout obstacle empêchant l'homme de satisfaire ses désirs et de réaliser ses espoirs devient source de souffrance pour lui. Il est conduit alors à appréhender toute entrave matérielle ou morale qui lui barrerait le chemin de ses désirs et l'empêcherait de posséder à lui tout seul ce qu'il convoîte. Ces obstacles et entraves font na ître la jalousie et l'hostilité chez cet homme, car les désirs d'un instant et les tentations soudaines peuvent facilement fausser le jugement des gens et les induire en erreur.

C'est pour cette raison que le Prophète (que le salut soit sur lui) éveille l'attention des gens afin qu'ils évitent de se soumettre à leurs désirs en leur disant: "Faites attention aux désirs, car ils aveuglent et rendent sourds".3

La négligence des défauts de l'âme
La vanité et la soif de domination empêchent généralement l'homme de percevoir ses faiblesses et d'admettre les limites de ses forces et de ses capacités. En fait, ce qui entrave sa liberté et retarde son développement moral c'est l'ignorance de ses carences et limites, de sorte qu'il est dans l'incapacité d'y apporter le remède nécessaire.

Le Calife Ali (que le salut soit sur lui) disait:

"L'homme infatué de sa personne ne se rend pas compte de ses faiblesses et s'il connaissait les qualités des autres, ses propres faiblesses et défailances lui apparaitraient au grand jour".4

Il ajoutait aussi:

"La suffisance est une preuve d'ignorance".6

Et également:

"La vanité détruit la raison".6

Le philosophe européen Spinoza écrivait:

"Celui qui s'ignore ignore ce qui fait la vertu et ne possède aucune qualité. L'action vertueuse est liée à la raison et celui qui agit avec raison est un homme vertueux. Ainsi, celui qui s'ignore et-comme nous l'avons dit-ignore toutes les vertus ne peut oeuvrer vertueusement, c'est-à-dire qu'il est atteint d'une carence ou d'une faiblesse de la raison. En consêquence, plus l'homme est vaniteux. plus l'entendement et la raison lui font défaut".7

Il est possible que certaines choses nous apparaissent comme des réalités établies alors qu'elles ne sont, en fait, qu'illusions. Par le raisonnement, nous pouvons parvenir à la vérité et l'isoler des illusions et des mythes. Ceux qui sont atteints de myopie peuvent avoir recours à la médecine, tandis que ceux qui sont atteints par une faiblesse de la raison ne peuvent compter que sur eux-mêmes en essayant d'avoir une meilleure connaissance de soi et de leurs capacités réelles, sans recourir au subterfurge.

Nombreux sont ceux qui dispersent leurs énergies spirituelles vainement, sans en profiter pour améliorer leur situation personnelle et sociale, n'ayant pas conscience de leur formidable potentiel énergétique. Ils ne réagissent que quand une occasion favorable s'offre à eux afin de prouver leur valeur. Combien d'énergies précieuses sont perdues du fait qu'elles sont peu ou pas estimées et utilisées.

Lorsque l'homme découvre ses faiblesses et ses tares, il les ignore ou les mésestime autant qu'il le peut, car il croît qu'elles font partie de son existence. Il est cependant naturel, dans tout examen introspectif, d'y consacrer l'énergie et le temps nécessaires.

S'imaginer pouvoir se connaître et connaître ses faiblesses et défauts, en un temps très court, c'est se leurrer et s'illusionner. L'étude de soi et la capacité à faire face à notre image réelle, si terrible soit-elle, nécessite un grand courage et un pofond discernement, ce qui ne peut se faire que graduellement et sous un contrôle continu. Malgré cela, l'homme, dans la lutte contre les vices, réussit souvent à effectuer des transformations heureuses dans sa vie intérieure, grâce à sa faculté de réflexion et à sa volonté.

Comme disait le Calife Ali (que le salut soit sur lui):

"Celui qui cherche un défaut le trouve".8

L'amour-propre/L'égocentrisme
L'Islam a dôté l'homme d'une multitude de moyens qui lui permettent de satisfaire ses besoins spirituels et pour tenter de dominer ses instincts et de les orienter par des enseignements riches, englobant tous les aspects de l'existence. Les restrictions qu'impose l'Islam pour tempérer les désirs et les orienter sont de nature à élever l'âme humaine et à parvenir à la connaissance de soi. C'est ainsi que les perceptions et les sentiments échappant au contrôle de la raison ne font pas que nuire à autrui, mais causent également des troubles et des bouleversements dans l'esprit et conduisent par là à la déchéance de l'homme et à sa perte.

L'amour propre est un facteur que l'on ne peut ignorer du fait de l'importance extraordinaire qu'il revêt dans la vie des gens. Lorsque cet amour de soi est orienté vers de nobles objectifs, il pousse l'homme à la vertu.

Il existe naturellement des différences entre l'amour propre, qui est respect et estime de soi-même, et l'égocentrisme qui est adoration aveugle de soi, une forme de narcissisme. Si l'amour-propre ne s'oppose pas à l'élévation de l'âme et à l'enrichissement de la personalité, poussant même à la modestie et à l'altruisme, l'égocentrisme, par contre, réduit le champ de la pensée, appauvrit l'âme et affaiblit la personalité. Il peut conduire à la vilénie et à la déchéance humaine.

Le Calife Ali (que le salut soit sur lui) disait à ce sujet:

"Les gens les plus nobles sont ceux qui craignent de devenir orgueilleux".9

Raco disait:

"L'adoration de soi c'est sacrifier autrui pour la satisfaction d'espoirs et de besoins personnels, tandis que la connaissance de soi est un des états spirituels qui surgissent du fait de la volonté de l'individu d'enrichir sa personalité. L'adoration de soi est liée à une faiblesse chronique de la personalité, tandis que la connaissance de soi est liée à la force de l'esprit.

"Si l'homme est capable de s'opposer à la volonté d'autrui, lorsque sa sécurité, son intégrité personnelle et son honneur sont en jeu, alors c'est qu'il a conscience de sa valeur et de l'estime pour soi.

"Cela ne signifie pas que l'on doive montrer aucun sentiment ou compréhension vis-à-vis de la faiblesse des autres, de leur malheur et de leur désespoir, mais il est conseillé plutôt de réserver ses forces pour les choses importantes et nécessaires au lieu de les gaspiller pour des futilités, à tort et à travers. La connaissance de soi ne signifie pas qu'il ne faille pas faire de sacrifices, mais qu'il y a lieu d'observer certaines règles. L'homme est naturellement prêt, et même heureux, de réjouir le coeur d'un ami ou de venir en aide aux nécessiteux.

Celui dont l'énergie est insuffisante pour faire face aux difficultés, qui ne peut maîtriser ses nerfs doit éviter les êtres faibles et rechercher la compagnie des êtres forts, autrement il éprouvera en lui-même une faiblesse qui s'étendra à tout son être et diminuera son courage. Il existe une échelle, simple et efficace, pour mesurer le niveau réel d'amour de soi et de pré-disposition au sacrifice, c'est le fait d'entreprendre et d'agir pour soi-même ou pour autrui. Nul doute que les individus d'une même nation qui tentent d'élargir leur personalité auront remarqué qu'il existe un équilibre entre les activités et les énergies. Ainsi, rien n'est plus proche de l'équité que l'éducation spirituelle. La connaissance de soi cultive chez l'homme l'esprit de sacrifice, de loyauté et toutes les qualités éventuelles, issues de l'équilibre moral.".10

L'Islam ne considère pas que l'amour de soi est un sentiment destructeur et passionnel. Il considère plutôt que celui qui est sous l'emprise absolue de ce sentiment, sans contrôle ni orientation, ébranlera par la même le fondement de son bonheur, ce qui le conduira à mener une existence terne et ennuyeuse.

L'Islam considère l'amour de soi, à condition qu'il soit modéré et qu'il soit loin de toute déviation et de toute influence néfaste sur l'entendement et la raison, comme l'un des éléments qui garantissent à l'homme, lors qu'il s'égare, le bonheur ici-bas et dans l'au-delà. Le musulman qui accède à la vérité avec une pensée ouverte et une vision claire ne voudra, en aucun cas, échanger sa vie dans l'au-delà pour des plaisirs furtifs et, en tout état de cause, aux conséquence douloureuses. En définitive, l'amour de soi ne signifie pas qu'il faille se soumettre aux tentations et aux instincts vils qui condamnent l'homme à une éternité de tortures et de douleurs, car cet amour là n'est pas compatible avec la valeur réelle de l'homme.

L'amour véritable et l'affection éternelle
L'Islam commence par déverser l'amour divin sur les âmes et les esprits des gens. Il recommande aux vrais croyants de privilégier l'amour du Créateur sur toute autre chose, car l'amour est au centre de la vie humaine. Dieu est l'Unique pourvoyeur de toutes les énergies et qualités que l'homme porte en lui. Par l'affection et l'intérêt qu'Il nous manifeste, nul autre n'est plus digne que lui de notre dévotion et de notre amour. Cette vérité nous apparait dans toute sa dimension lorsque nous nous penchons sur les différents niveaux de l'amour', de l'amour passager et instable à l'amour vrai et éternel.

Après l'amour de Dieu, il est celui que le Créateur a insufflé chez nous pour nos semblables. Ceux que Dieu a créé d'une "même âme" doivent s'aimer les uns les autres et partager des sentiments nobles, car ils sont frères non seulement du fait de leur origine et des intérêts qu'ils partagent, mais ils sont frères en Islam. Cet Islam qui rappelle la vérité de cette parenté qui frappe la conscience et l'âme et pousse les hommes à s'aimer vèritablement, à s'aimer profondément. Ainsi, l'Islam a fait place, dans l'esprit du croyant, à un amour de soi équilibré et harmonieux qui mène à se libérer des liens de la vanité et de l'arrogance, sans excès ni abus. La grandeur est un attribut exclusif de Dieu qui n'est jamais dans le besoin, mais que toutes les créatures sollicitent: "O^ vous les hommes, vous êtes les pauvres envers Dieu et Dieu est le Riche et le Clément".11

La vanité et l'orgueil représentent une déviation par rapport aux desseins divins. Le Coran éveille l'attention du vaniteux en lui montrant sa faiblesse, le mettant en garde contre l'arrogance et les illusion trompeuses et dangereuses: "Et ne foule pas la terre avec orgueil: non, tu ne sauras iamais déchirer la terre et tu ne pourras jamais être haut comme la montagne".12

Le sentiment de supériorité
Le sentiment de supériorité, chez le musulman, ne se mesure pas à sa réussite ici-bas et au temps passé dans la quiétude et la séréntité, mais c'est plutôt un sentiment de dignité et de vertu ressenti dès l'instant où la foi s'installe dans son coeur. En fait, les valeurs humaines trompeuses ne l'ébranlent pas, car il est attentif à la réalité de l'existence et son esprit libre et clairvoyant est dôté d'un équilibre mental qui lui permet de s'élever du niveau des sens au niveau de l'esprit et de ne pOint s'adonner corps et âme aux plaisirs du monde terrestre.

Les valeurs fausses et trompeuse ne peuvent détourner l'esprit et la raison du croyant des valeurs divines, car les premières sont si méprisables et viles qu'elles ne peuvent le pousser qu'à la vanité et l'orgueil, de même qu'il n'est pas à ce point vil et faible qu'on pourrait le croire. Le croyant évite toute soumission qui l'humilierait et porterait atteinte à sa personalité aux yeux d'autrui. Il n'est soumis qu'à Dieu seul et il se comporte en toute chose avec droiture et honneur.

Dieu Tout Puissant invite les croyants à conserver la foi en toute circonstance et en tout lieu: "Ne faiblissez pas, ne vous affligez pas. Vous serez les très hauts, si vous êtes croyants".13

Le Coran rappelle également cette vertu lorsque les croyants subirent la défaite de la bataille d'Ouhoud devant les infidèles de Qoreich, leurs vainqueurs, car la grandeur trouve sa source dans la foi en Dieu et dans le principe existentiel qui les a dôtés de cette force et de ce dynamisme. Ce n'est pas la grandeur consécutive à leur victoire sur leurs ennemis et qui disparait immédiatement après.

Les croyants surpassaient tous les hommes parce qu'ils étaient convaincus que la foi en Dieu était la plus importante qualité et la garantie de gagner l'audelà après une vie terrestre bien remplie. Leur conviction religieuse leur permettait de se sentir libre de toute entrave ou restriction, leur action étant fidèle aux orientations du Coran et à la conduite du Prophète de l'Islam.

La vanité et la suffisance sont des obstacles sur la voie du progrès et de l'accomplissement de soi et empêchent toute avancée dans la vie. La souffrance du vaniteux et son auto-satisfaction le conduisent à l'immobilisme et à l'inaction, ou pire même, à la régression. A l'inverse, l'auto-critique, alliée à un dynamisme soutenu, mène au progrès et à la perfection de l'être humain.

Certaines phrases concernant ce point ont été rapportées du Calife Ali (que le salut soit sur lui):

"La fatuité empêche de progresser".14

:Celui qui s'onorgueillit de son bon état ne peut améliorer sa situation".15

Le chercheur renommé William John Riley a dit:

"Je suis parvenu à ce résulta: qu'il est dans mon cerveau des idées nocives m'occasionnant plus de douleurs et de tristesse que l'opinion d'autrui. Ce sont ces idées qui sont liées à mon moi. Comment vous soumettre ce sujet? Bein. Permettez-moi de vous dire l'opinion que j'ai de ma voix: la seule chose dont j'étais certain c'est que j'avais une belle voix, jusqu'à ce qu'un jour je pris une bande enregistrée de celle-ci pour un reportage à présenter à la radio et l'ai écouté comme tout les auditeurs. C'était alors la première fois que j'écoutais ma voix. Que Dieu vous garde de tout malheur! Je fus étonné et abasourdi; ma voix était plus faible que je croyais. Elle était comme une plainte sourde, hachée et sans harmonie, sans autorité ni inflexion; elle écorchait les oreilles. Ce qui ajoutait à ma douleur c'était la présence, dans la chambre, d'un certain nombre de personnes. J'en fus navré et leur présentait mes excuses en leur affirmant que lorsque j'avais présent ce discours, j'étais mal à l'aise et que lorsqu'on enregistra ma voix je ne connaissais alors rien de l'art de la radiophonie et de l'enregistrement.

"Encore une fois, et sans me prévenir, ils émirent d'autres bandes sonores de ma voix, toujours aussi désagréable, qui perçait les oreilles et déchirait les coeurs. Ainsi, après avoir entendu un certain nombre de bandes enregistrées de ma voix, j'ai dû admettre que je m'étais trompé en croyant avoir une belle voix. Pour la première fois, j'ai mis de côté l'autosatisfaction que j'entretenaix à l'égard de ma voix et j'ai travaillé à l'amélioration de celle-ci. Je le fais encore.

"Cette expéreience de ma voix m'a appris quelque chose, c'est que l'amélioration que nous voulons pour nous-mêmes nous demande beaucoup de réflexion. Et si je n'avais pas admis cette défaillance, je n'aurais certainement pas pu commencer à y remédier et tenté ma propre amélioration."

"La lutte contre la vanité mensongére et l'auto-satisfaction aide l'homme à avoir une vision plus réaliste et plus véridique et mène au progrès et au développement. Ce n'est que lorsque nous nous attachons aux vérités et détournons nos esprits des pensées illusoires que nous parvenons à réaliser des actions bénéfiques et positives. Autrement nous resterons dans l'obscurité et l'ignorance et nous jugulons notre esprit dans sa quête de progrès et de lendemains meilleurs".16

Le vaniteux est cette personne dont la vision est troublée et qui, par une sorte de compensation, s'attribue des qualités qu'elle ne possède pas. Le lmam Al-Sâdiq (que le salut soit sur lui) disait:

"Celui qui est satisfait de lui-même et de ses actions a perdu la voie de la raison et se prend pour ce qu'il n'est pas".17

Le vaniteux qui adore son moi ressemble au ver de soie prisonnier des fils qu'il a tissé autour de lui-même. Il est ivre d'orgueil et de suffisance parce qu'il s'imagine être un modèle inimitable. Le Calife Ali (que le salut soit sur lui) disait:

"L'ivresse de la vanité est plus grave que l'ivresse du vin".18

Source: Les Chemins De La Perfection

Seyyed Mojtaba Moussavi Lari