Mu'âwiyeh, d'après certains historiens, a envoyé à al-Hassan une feuille blanche en bas de laquelle il avait apposé son estampille, ainsi qu'une lettre dans laquelle il a écrit:
«Pose les conditions qui te conviennent dans cette feuille que j'ai signée, je les accepterai».
Quant aux conditions que l'Imam al-Hassan a posées dans cette feuille, elles ne sont souvent mentionnées que négligemment, ou partiellement par les historiens, sans doute parce que Mu'âwiyeh, avait annoncé dès qu'il s'est emparé du pouvoir, qu'il n'en respecterait aucune.
Toutefois, les spécialistes de la biographie de l'Imam al-Hassan, qui ont procédé à une étude comparée des différentes versions nuancées ou incomplètes des clauses du Traité, s'accordent pour nous les présenter sous la forme suivante:
Article premier: Al-Hassan remet le pouvoir à Mu'âwiyeh à condition que ce dernier applique le Coran et la Sunna du Prophète et suive la voie des Califes pieux.
Article Deux: Al-Hassan succédera à Mu'âwiyeh après sa mort. S'il lui arrivait malheur, c'est son frère al-Hussayn qui prendrait sa place. Il ne revient pas à Mu'âwiyeh de désigner qui que ce soit pour sa succession.
Article Trois: Mu'âwiyeh doit s'abstenir d'injurier Le Prince des Croyants, Alî, surtout lors de la prière, et il ne doit dire de lui que du bien.
Article Quatre: Exclure les sommes se trouvant dans la trésorerie de Kûfa des biens soumis à la passation du pouvoir …
Article Cinq: Les gens doivent pouvoir vivre en sécurité là où ils se trouvent sur la Terre de Dieu ; Mu'âwiyeh ne doit pas tenir rigueur aux gens, de leurs erreurs passées, ni demander des comptes à quiconque pour ce qui a été fait dans le passé, ni garder rancune envers les Irakiens. Il doit assurer la sécurité des partisans de 'Alî où qu'ils se trouvent, et s'abstenir de porter atteinte à aucun de ses chiites. Mu'âwiyeh.
Après la conclusion de ce traité de réconciliation que l'Imam al-Hassan n'avait accepté qu'à contre-coeur et faute de combattants, les Musulmans notamment ceux qui se trouvaient dans le camp du Calife légal ne tardèrent pas à prendre conscience du virage de l'Expérience islamique que le nouveau souverain de la nation islamique était en train d'amorcer.
Le souci constant de l'Imam al-Hassan était de préserver la vie des Musulmans en général et des défenseurs de la Religion.
Le Traité de Réconciliation fut signé au mois de Rabi' al-Awwal, en l'an 41 de l'Héjire
Lorsque Mu'âwiyeh entra à Kûfa après l'accord de réconciliation, il tint un discours à l'adresse des Kufites dans lequel il dit notamment:
«... Je ne vous ai pas combattus pour que vous priez, fassiez le jeûne ou accomplissiez le pèlerinage .... Je sais que vous le faites de vous-mêmes. Je vous ai combattus pour vous gouverner... malgré vous. Certes, j'ai fait des promesses à al-Hassan, mais je les foule de mes pieds. Je ne respecterai aucun de mes engagements»
Le célèbre al-Hassan al-Baçri dit :
«Mu'âwiyeh avait quatre défauts dont chacun à lui seul constitue un péché mortel:
1- Le fait d'avoir combattu cette Ummah par l'épée jusqu'à ce qu'il soit devenu calife sans consultation, alors qu'il y avait encore des Compagnons et des hommes vertueux.
2- Le fait d'avoir désigné à sa succession son fils Yazid, un ivrogne, un alcoolique qui porte la soie et joue de la guitare.
3- Le fait d'avoir rattaché à sa famille, Ziyâd alors que le Messager de Dieu avait dit: «le fils est issu du lit conjugal, tandis que l'adultère ne donne aucun droit à la filiation».
4- Le fait d'avoir assassiné Hojr et ses compagnons
Jusqu'au dernier moment de sa vie bénie, l'Imam al-Hassan ne s'est pas départi de son souci d'épargner à la Ummah une effusion de sang inutile et de sauvegarder la vie de ceux qui devraient défendre après Lui l'intégrité du Message.
Selon Omar Ibn Is-hâq, lorsqu'al-Hussayn demanda à al-Hassan avant de mourir, qui lui avait administré le poison, ce dernier lui répondit:
«Et que veux-tu lui faire? Le tuer? Si c'était lui (Mu'âwiyeh), Dieu est plus terrible que toi dans le châtiment. Et si ce n'était pas lui, je ne voudrais nullement qu'un innocent pâtisse de ma mort»