Le Wali Amr des musulmans et la renovation
  • Titre: Le Wali Amr des musulmans et la renovation
  • écrivain: bostani.com
  • Source:
  • Date de sortie: 22:23:13 14-9-1403

Le Wali Amr des musulmans et la renovation
Texte intégral du discours de sa bienveillance le secrétaire général de Hezbollah, le Libanais Sayed Hacene Nasrollah, à l’ouverture du congrès sur le renouveau et l’Idjtihâd intellectuel chez l’Imam Khamenei, Beyrout, hotel Galeria, lundi 06/06/2011.

Assemblée Mondiale des Ahl-ul-bayt (pse)
Bureau des traductions, sous-direction culturelle
Je cherche refuge auprès de Dieu contre Satan le maudit. Au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux, louange à Dieu le Seigneur des mondes. Que la prière et la paix soient sur notre maitre et prophète, le sceau des prophètes, Abu-Al-Qâsim Mohamed Ibn-Abdallah, sur sa descendance, les bons et purs, de même que sur ses sincères et intègres compagnons, ainsi que sur l’ensemble des prophètes et envoyés.

Messieurs les savants, messieurs les députés, frères et sœurs, que soient sur vous la paix de Dieu, sa miséricorde et sa bénédiction.

Je suis honoré d’ouvrir ce congrès que je considère comme un pas qualitatif et fondamental dans son genre, car c’est probablement la première fois que se tient à l’extérieur de l’Iran un congrès intellectuel et scientifique, traitant des différentes dimensions de la pensée et de la personnalité de sa bienveillance l’Imam Sayed Khamenei.

Je voudrai pour commencer, adresser mes remerciements aux initiateurs, aux organisateurs et à tous ceux qui ont veillé à la tenue et à la réussite de ce congrès, de même qu’à l’ensemble des présents et participants, que ce soit à cette séance d’ouverture ou aux séances de débats. Je tiens particulièrement à remercier ceux d’entre vous qui, pour nous honorer de leur présence ont dû supporter les désagréments du voyage, depuis l’extérieur du Liban jusqu’ici.

Ma connaissance personnelle, directe et très proche de sa bienveillance l’Imam Khamenei remonte à l’année 1986, les rencontres nombreuses et successives m’ayant permis de découvrir beaucoup de ses idées, ses points de vue, ses principes, son raisonnement, ses analyses pour les événements, sa méthode pour le commandement, l’administration et la prise de décision. Je ne parle pas des grandes qualités morales qui sont les siennes, entendre par là son humilité, sa bonté, sa clémence, sa douceur de caractère, sa grandeur d’âme, son ascétisme, sans vouloir m’étendre sur la longue liste de ses nobles qualités.

J’ai lu beaucoup de ses livres. Je peux même prétendre que j’ai lu l’écrasante majorité de ses ouvrages, ses discussions et déclarations, depuis son accession aux fonctions de guide, après le départ de l’Imam Khomeyni, que Dieu sanctifie son noble secret, jusqu’au moment présent. Il va de soi que si je parle ainsi, c’est seulement à titre de témoignage. En outre, j’ai écouté une quantité importante d’enregistrements de ses leçons relatives aux différents domaines de la jurisprudence.

Après avoir pris connaissance des témoignages de nombreux savants, penseurs et autres membres de l’élite politique et culturelle qui l’ont connu de prés ; après avoir suivi le parcours de sa vie personnelle, scientifique, intellectuelle, militante et politique, nous pouvons affirmer sincèrement et honnêtement que nous nous trouvons en présence d’un Imam grand dans ses fonctions de guide et par sa bonne gouvernance, un Imam grand par sa piété et son ascétisme, un Imam grand en jurisprudence et en idjtihâd, illustre dans le développement et la modernisation. Certes, nous nous trouvons en présence d’un Imam pourvu d’une vision globale, profonde et solide, fondée sur les bases suivantes :

- Les principes intellectuels et scientifiques authentiques.

- La connaissance des affaires contemporaines et des problèmes de l’heure.

- La connaissance des potentiels humains et matériels de notre nation.

- La connaissance des solutions adaptées et en harmonie avec les fondements et valeurs islamiques.

C’est pourquoi nous le voyons considérer tous les événements, les évolutions et l’ensemble des sujets avec une clarté et une profondeur qui s’appuient toujours sur cette vision globale qui est la sienne. Avec les différentes catégories de gens qu’il rencontre, aussi divers soient leurs spécialités et centres d’intérêt, c’est toujours un responsable ayant une grande maitrise des sujets jusque dans leurs infimes détails. Il en discute tel un spécialiste, évoquant couramment et avec une facilité déconcertante les innovations dans les différents domaines.

Permettez-moi de citer quelques aspects de la personnalité de sa bienveillance le Guide, que j’ai pu relever en suivant ses rencontres à travers les médias.

· Les savants et enseignants des hawza : Lorsqu’il rencontre les savants, enseignants et étudiants des hawza, il parle de cette école de la même manière que le ferait un spécialiste des méthodes et des programmes d’études, des moyens de développement, de la préservation de l’authenticité ; bref, un connaisseur des avantages de la méthode classique et traditionnelle, mais qui sait également tirer profit du meilleur de la modernité.

· Les penseurs, intellectuels, professeurs d’université et étudiants : Très à l’aise dans son sujet, il aborde les méthodes, les problèmes et les perspectives de l’université, à la manière de n’importe quel enseignant universitaire averti et savant.

· Les différents organismes féminins : Dans ce genre de rencontre également, il ne manque jamais d’exprimer sa vision au sujet de la femme, son rang, son rôle et ses responsabilités vis-à-vis des défis du monde actuel.

· Avec les économistes et les institutions économiques, il présente toujours une appréciation et une politique générale, tout en appelant le régime islamique à s’y conformer.

· Avec les directeurs et instituteurs des écoles, les médecins, ingénieurs et agriculteurs, il a toujours fait preuve du même intérêt et de la même participation. Il a également eu, il n’y a pas si longtemps une rencontre avec les industriels avec lesquels il a longuement discuté de l’industrie.

· Avec les cinéastes, il ne trouve aucune difficulté à discuter de films, de production, des buts du cinéma et de l’intérêt à faire des films, de l’évolution et du développement du cinéma.

· Avec les artistes, il discute naturellement de poésie, de musique, de peinture, de publication et de diffusion.

· C’est avec le même entrain et en connaisseur qu’il converse avec ceux qui apprennent et récitent le Coran, de même qu’avec les laudateurs du prophète et des gens de sa famille.

· Il en va de même lorsqu’il s’agit de parler d’environnement, de politique ou même de la chose militaire.

A propos, J’étais présent dans une de ces séances où il aborda de façon tout à fait imprévue le domaine militaire. Je fus alors saisi par l’étendue de ses connaissances concernant l’armement, la stratégie militaire, les techniques de combat, ou même le choix des armes.

A vrai dire, nous ne pouvons que lui reconnaître une personnalité illustre et exceptionnelle, personnalité qui malheureusement reste très peu connue dans notre nation. On est alors amenés à se rendre compte combien cet Imam, ce guide est victime d’injustice et tout le préjudice qu’il subit à vivre étranger dans sa propre nation et même en Iran, avec mes excuses à mes frères Iraniens. Il reste inconnu jusque dans la plus importante, la plus célèbre et la plus publique des dimensions de sa personnalité ; je parle de sa fonction d’homme politique et de guide de la nation qu’il assume depuis vingt deux ans, subissant le siège des ennemis et, j’entends ce que je dis, sans trouver de soutien chez les amis. Il s’agit d’une personnalité que les ennemis s’acharnent à décrier et diffamer, pour l’isoler et empêcher que sa lumière ne rayonne sur le monde et sur la nation, alors que les amis ne l’apprécient guère à sa juste valeur.

Notre responsabilité est de présenter et faire connaître à la nation ce grand Imam, afin qu’elle puisse bénéficier des bienfaits et des bénédictions qu’implique l’existence de ce genre de guide, théologien et penseur, pour le bonheur de la nation présente et future, dans la vie et dans l’au-delà, au moment où celle-ci fait face sur tous les plans, à plus de défis qu’elle n’en a connu pendant les siècles passés. Telle est précisément la tache qui incombe à ce congrès qui, par conséquent ne manque pas d’importance et de sensibilité.

J’aimerai profiter de l’occasion qui m’est donnée pour faire un témoignage rapide sur deux aspects de la personnalité de l’Imam, je veux parler du guide et de l’homme politique, sur la base de mes propres expériences avec sa bienveillance. Ce sont deux dimensions de sa personnalité qui laissent transparaitre une compréhension, une pertinence, une précision, une profondeur et une exactitude dans ses analyses et dans ses prévisions concernant certains événements qui ont pour théâtre le Moyen-Orient et plus particulièrement notre région. Ceci à pour effet de se traduire par des prises de position justes, droites, sages et courageuses.

Les exemples sont nombreux sur ce sujet, mais je me contenterai de n’en citer que quelques-uns, d’abord par respect au temps qui m’est donné, ensuite et surtout compte tenu de certaines précautions à observer, en raison de la conjoncture politique que vivent actuellement le Liban et la région. De ce fait, même ce que je dirai, je ne le dirai qu’à moitié.

En vérité, lorsqu’un théologien Iranien, un penseur islamiste en Iran, ou un dirigeant en Iran réagit aux événements de notre région avec cette précision et cette clarté, cela dénote indéniablement chez lui ce qui doit être vu comme un signe distinctif et essentiel, car nous ne parlons pas ici d’un homme vivant au Liban, en Syrie, en Palestine, en Egypte ou en Jordanie, autrement dit sur la scène des conflits, sur le champ de bataille. C’est pourquoi, j’ai choisi des faits de notre réalité, des événements que nous avons tous vécus durant les deux dernières décades. Nul besoin donc de s’étendre sur le sujet ; une simple allusion suffira.

Je commencerai par le congrès de Madrid en 1991 : Chacun de nous se souvient qu’après la tempête du désert, l’équilibre géopolitique de la région et même du monde s’en est trouvé modifié et c’est par ce changement que l’Amérique s’est imposée comme la force suprême au dessus de tous. S’engagea alors durant cette période et pour la première fois, en réaction à ce nouvel équilibre mondial, un balais de processions de délégations venant de tous les pays Arabes, pour s’asseoir à la même table, y compris le Liban et la Syrie, car de grands changements avaient survenu dans le monde et surtout dans la région. Pendant ce temps, l’Amérique annonçait sa détermination à réaliser ce qu’ils appelaient une paix globale et juste, et que nous appelons un règlement imposé.

Beaucoup alors ont cru, je dirai même qu’une situation de quasi-unanimité avait fini par s’installer autour de ce qui s’imposait comme une nouvelle réalité, à savoir : le règlement de la crise était devenu imminent et inévitable, parce que les Américains allaient imposer les conditions de la solution à l’ensemble des états qui en seraient concernés.

Je me rappelle qu’à ce moment là, l’Imam Khamenei avait un avis tout à fait contraire à cette quasi unanimité ; il disait : Ce congrès n’aboutira à aucun résultat, le règlement ne sera pas réalisé et l’Amérique ne pourra pas imposer un règlement aux gouvernements et aux peuples de la région.

Aujourd’hui, c’est-à-dire prés de vingt ans plus tard, les parties ayant participé aux négociations, ainsi que certaines personnalités présentes au congrès de Madrid et qui ont poursuivi les négociations, ne peuvent s’empêcher de se lamenter en parlant de deux décennies de déception, de frustration, d’égarement et de pure perte, produits de ce qu’on appelle les négociations.

Tout le monde se rappelle l’année 1996 et la tournure prise par les négociations Israélo – Syriennes, mais surtout ce qui avait été dit autour de la disposition d’Isaac Rabin de se retirer du Golan Syrien occupé, jusqu’à la ligne du 4 juin 1967. Cela eu pour effet de produire un état d’esprit qui se généralisa à toute la région, et tout le monde au Liban, en Syrie, en Palestine, en Jordanie et en Egypte commençait à croire qu’un règlement allait enfin s’opérer, d’autant plus que des accords avaient été signés en 1993 à Oslo et que l’autorité Palestinienne continuait à négocier.

Ainsi, l’Egypte était finie, la Jordanie avait signé l’accord de Ouêdî Araba et l’autorité Palestinienne avait signé ceux d’Oslo. Il ne restait plus que le Liban et la Syrie. La condition principale à un règlement de la crise entre la Syrie et Israël était que ce dernier déclare son intention de se retirer jusqu’à la ligne du 4 juin 1967, et il se trouvait qu’Isaac Rabin venait de la faire. Ainsi, tout laissait croire que les choses étaient arrivées au stade final et qu’il ne restait plus désormais qu’un ensemble de détails que quelques tours de négociations suffiraient à aplanir.

Je me souviens bien de l’ambiance qui régnait tout au long de cette période. Alors que la résistance était en 1996 sur une courbe ascendante, on arrivait de différents endroits pour nous dire : ‘’ Ne vous fatiguez pas, tout est fini. A quoi bon continuer à verser le sang des martyrs, lutter, consentir des sacrifices’’. Certains nous invitèrent même à nous réorganiser et nous rendre à l’évidence que la normalisation était faite. On nous conseilla donc de reconsidérer non seulement notre existence en tant que mouvement de résistance, mais également notre appellation, nos structures, notre discours et notre programme politique. Il ne nous restait plus qu’à réfléchir à ce que nous pourrions faire de notre armement et des moyens militaires dont nous disposions en ce temps là, sachant que désormais tout était fini.

Evidemment, toute erreur d’appréciation à ce moment là pouvait avoir des répercussions dangereuses, car si à Dieu ne plaise, la résistance s’en était trouvée atteinte de paralysie ou de perplexité, ou même ne serait-ce que si elle s’était momentanément arrêtée, on ne peut concevoir que ce qui fut réalisé après 1996, en l’occurrence la victoire de l’an 2000, puisse un jour se réaliser.

Parallèlement à cette unanimité qui dominait au Liban, on retrouve la même analyse en Iran, chez un grand nombre de responsables. Quand en marge de cette situation, je partis en compagnie de quelques frères rendre visite à sa bienveillance l’Imam Khamenei, afin de lui faire part de cette vision des choses qui s’était généralisée dans la région, il répondit sans ambiguïté, par le langage de décence et de politesse qui l’a toujours caractérisé : ‘’Je ne cois pas que cela se réalise. Je ne crois pas que ce règlement de la crise entre Israël et la Syrie, et par conséquent avec le Liban connaisse un dénouement. Moi, je propose que la résistance poursuive son travail et son djihâd et même qu’elle les intensifie, afin qu’elle puisse s’adjuger le gain de la victoire. Ne prêtez ni l’esprit, ni l’oreille à toutes ces hypothèses, à ces probabilités et encore moins à ces invitations.’’

Bien entendu, pour nous ces paroles se plaçaient à contre-sens de toutes les analyses, de toutes les données et du contexte qui nous apparaissait au Liban et que voyaient beaucoup d’autres dans la région.

Deux ou trois semaines après notre retour de cette visite, je me souviens qu’Isaac Rabin donnait un discours à Tel-Aviv. Soudain, un extrémiste sioniste s’avança – et ils sont tous extrémistes -, ouvrit le feu sur Isaac Rabin et le tua. C’est Shimon Peres qui lui succéda. Pendant cette période, le mouvement du Hamas, comme celui du Djihâd Islamique subissaient des coups très durs, au point où certains crurent que la résistance Palestinienne n’était plus en état d’exécuter la moindre opération. Pourtant, voilà qu’en retour, on s’en souvient bien, de nombreux attentats suicides à Jérusalem et à Tel-Aviv ébranlèrent l’entité Israélienne. Ces événements sont suivis de la tension avec le Sud-Liban, puis de la tenue d’un sommet à Sharam Al Cheikh, où se rassemblèrent en 1996 les chefs d’états du monde, pour prendre la défense d’ « Israël » et condamner ce qu’ils appelaient le « terrorisme », défini sous l’appellation de Hamas, Djihâd Islamique et Hezbollah. Alors des menaces furent brandies et des décisions furent prises pour l’encerclement de ces mouvements dits terroristes et l’assèchement de leurs sources de financement. Ce fut ensuite au tour de la bataille des raisins de la colère en Nissân 1996, qui précéda la déroute électorale de Shimon Peres, auquel succéda Netanyahu, et ce fut le retour au point zéro, à la case de départ.

D’où était-il donné à l’Imam Khamenei d’aboutir à une opinion et une conclusion aussi claires et tranchées que celles-ci, au moment ou politiciens, analystes de tous bords et dirigeants de tous les pays de notre région étaient convaincus du contraire ? Ceci était donc le deuxième exemple.

Voici maintenant le troisième exemple : En parlant de résistance, l’Imam Khamenei prédisait toujours la victoire pour celle-ci, mais jusqu’avant l’an 2000, il n’avait jamais annoncé de date pour cela. Il se contentait de rappeler le principe de la victoire, en disant son intime conviction que la résistance finirait par triompher et ce, en s’appuyant sur sa compréhension dogmatique pour les paroles sacrées de Dieu le Très Haut : « Si vous soutenez Dieu, Il vous soutiendra », et pour la première fois, j’entends quelqu’un dire : ‘’Et alors, vous pensez que Dieu plaisante ? Non, Dieu ne plaisante pas’’. Et avec cette simplicité qui est la sienne, il ajoute : ‘’Dieu nous parle avec le plus grand sérieux lorsqu’il nous dit : « Si vous soutenez Dieu, il vous soutiendra », Or, cette résistance soutient Dieu, et Dieu la soutiendra obligatoirement’’.

Après l’année 1996, il disait : ‘’La situation de l’Israélien est comparable à celle de l’embourbé : Il ne peut avancer et envahir de nouveau le Liban, ni se retirer dans la Palestine occupée, en raison des dangers qu’implique pour lui un tel retrait s’il n’est accompagné de conditions, ni encore rester sur place. L’Israélien est donc dans un drôle de pétrin et nous n’avons qu’à attendre et voir ce qu’il fera. Ceci, dit, il faut évidemment garder à l’esprit que la situation demeurera tributaire de la poursuite de la résistance’’.

La fin de l’année 1996 fut marquée par le déroulement des élections dans l’entité israélienne, sur fond de concurrence entre Ehud Barak et Benyamin Netanyahu. Chacun des deux promis alors que dans le cas où il remporterait les élections, Israël se retirerait du Liban. Pour sa part, Ehud Barak arrêta la date du retrait au 7 juillet 2000. Les semaines et les mois passèrent et le climat régnant au Liban, en Syrie et dans la région ne prêtait guère à l’optimisme quand au retrait d’Israël à la date prévue, de la bande frontalière occupée. Barak tenta tant bien que mal d’obtenir par le biais des Américains, des Européens et d’autres états dans le monde, des garanties, une couverture sécuritaire, ou même des accords sur ce plan avec le gouvernement Libanais, mais rien n’y fit ; il échoua. Tout portait à croire désormais que l’armée d’occupation ne se retirerait pas, et quand arriverait le rendez-vous, il serait aisé à Ehud Barak de s’adresser à son peuple et lui annoncer : ‘’Je vous ai promis le retrait pour le 7 juillet, mais n’ayant pu obtenir pour ce faire, des garanties ni assurances d’aucune sorte, il apparaît incontestable que ce retrait constitue un danger et certainement une erreur stratégique grave, que je ne m’avancerai pas à commettre’’.

Je ne vous cache pas que nous aussi, dans le Hezbollah, que ce soit sur le plan politique ou sur celui du djihad, notre appréciation de la situation n’était pas vraiment différente de celle des autres forces politiques dans le pays et dans la région.

Sur ce, nous avons de nouveau visité la république islamique et rencontré sa bienveillance l’Imam Khamenei à qui nous avons présenté un exposé de la situation, ainsi que notre point de vue. Mais l’Imam avait encore une fois une vision aussi différente que surprenante. Ainsi, il annonça devant l’assistance : ‘’Votre victoire au Liban est très proche, plus proche que vous ne croyez ; vous le verrez de vos propres yeux’’. Cette fois encore, la réaction de l’Imam va à contre-courant de toutes les prévisions, toutes les analyses, toutes les données et toutes les lectures. Même dans nos informations, il n’y avait pas à ce moment là le moindre indice sur des préparatifs israéliens pour un retrait du Sud Liban. Il ajouta à l’adresse de l’assistance : ‘’Lorsque vous serez de retour au Liban, préparez vous à cet accomplissement, à ce que sera votre discours politique, à ce que sera votre réaction et votre conduite si l’ennemi Israélien se retire jusqu’aux frontières.’’

Et voilà, nous sommes partis en république islamique avec une vision des choses, pour en revenir avec une autre. Ceci explique pourquoi nous n’avons pas été pris au dépourvu par le brusque retrait israélien le 25 Ayâr. Nous-nous étions même préparés à nous redéployer sur le territoire de la bande frontalière, et aux actions à mener vis-à-vis des collaborateurs et des habitants de la région ; bref, l’attitude à adopter lorsque nous aurons atteint les frontières.

Pendant la guerre de Tamouz qui était une guerre mondiale sur le plan de la décision, arabe sur le plan du soutien et israélienne sur le plan de l’exécution – arabe, allusion faite à certains Etats arabes qui ont adopté la décision de la guerre -, le slogan était l’écrasement de la résistance au Liban. Vous avez tous vu la cruauté et la violence de l’attaque israélienne contre le Liban, en particulier durant les premiers jours. En de telles circonstances, parler de victoire ou même ne serait-ce que de survie, ou envisager de sortir indemnes de cette guerre, relevait de la folie, car nous n’étions qu’une résistance aux moyens somme toute limités, évoluant dans un petit territoire, subissant une guerre de cette intensité, et par ailleurs une résistance contre laquelle conspirait et se liguait le monde entier.

C’est dans cette conjoncture que je reçus un message verbal que m’apporta un ami dans la banlieue sud, là où les bâtiments s’écroulaient sous le pilonnage israélien. C’était un long message de l’Imam Khamenei, dont je ne reprendrai que ce qui répondra aux besoins de notre sujet. Il dit ceci : ‘’Mes frères, cette guerre ressemble beaucoup à la guerre de la tranchée, la guerre des partis, celle où Qoreich, les juifs d’Al Medina et les autres tribus unirent leurs forces pour encercler l’Envoyé de Dieu (s.a.w) et ses compagnons dans Al Medina, avec la ferme intention d’exterminer cette communauté de croyants. Les temps seront durs et vous serez mis à rude épreuve. Mais ayez foi en Dieu et remettez-vous-en à lui. Moi, je vous dis que vous vaincrez forcement. Je vous dirai même que lorsque cette guerre s’achèvera par votre victoire, vous deviendrez une puissance devant laquelle aucune autre force n’osera se dresser.’’

On peut se demander : qui pouvait arriver à une conclusion de ce genre et prévoir de tels résultats, particulièrement aux tous premiers jours de la guerre ?

J’arrive maintenant au quatrième et avant dernier exemple : Après les événements du 11 septembre et la décision de l’administration américaine de lancer une guerre contre l’Afghanistan, la région entière se transforma en champs d’exhibition pour la flotte et les troupes américaines. On sentait bien qu’après l’invasion de l’Afghanistan, se serait au tour de l’Irak. Vous vous rappelez qu’à ce moment là, l’agitation prit possession de tous les esprits et beaucoup crurent que la région venait de mettre le pied dans l’ère américaine, que désormais elle vivrait sous le dictat et la domination américaine et que cette domination serait instaurée pour cent ou même deux cent ans. Certains s’en allèrent même lui chercher des similitudes avec la guerre des croisades.

C’est dans ce contexte que je suis parti en République Islamique et que j’ai eu l’honneur de rencontrer l’Imam Khamenei, afin de lui demander son avis sur la situation.

Remarquez bien que nous parlons de l’Iran, d’un homme habitant en Iran, un dirigeant Iranien, responsable de l’Iran, au moment où les Américains s’approchent et s'apprêtent à attaquer l’Afghanistan, dans son voisinage immédiat, de même que l’Irak, également dans son voisinage. Par ailleurs, les flottes et les bases militaires américaines l’entourent de tous les côtés. Cela veut dire qu’il n’est nullement question ici de demander son point de vue à un analyste, à un politologue, où à un chercheur dans un quelconque centre d’études ; nous parlons avec un dirigeant, un guide qui, sur la base de sa propre évaluation des événements, est sur le point de prendre une décision et tracer une politique. Eh bien, sa réponse fut cette fois encore aux antipodes du point de vue qui faisait la règle dans la région.

Pendant ce temps, nombreux étaient les gouvernements et les forces politiques qui commençaient à réfléchir à la manière dont ils organiseraient leurs affaires avec les Américains, au moyen de les amener à discuter et trouver des solutions avec eux et c’était le cas même de certains responsables au sein de la République Islamique – ce sont les paroles de sa bienveillance le Guide, pendant le mois de Ramadhan, sinon il aurait été inconvenant de ma part que cela sorte de ma bouche -. Effectivement, certains responsables venaient voir sa bienveillance le Guide pour lui dire : Ce sont les nouvelles réalités et nous devons trouver une sortie honorable, un moyen de négocier, ou un quelconque règlement avec l’administration américaine. Mais il s’y opposait en s’appuyant sur son appréciation stratégique de la réalité, aussi bien pour l’heure que pour l’avenir.

Je jour là, je lui ai dis : Le climat de la région est inquiétant – c’était naturel, car nous étions tous inquiets -. Il me répondit : ‘’Dis à nos frères de ne pas s’inquiéter. Les Etats-Unis d’Amérique ont atteint leur apogée, leur point culminant. C’est le début du déclin. Leur venue en Afghanistan et en Irak les entrainera vers le précipice. Ceci est le début de la fin pour les Etats-Unis et pour le projet américain dans notre région, et c’est sur cette base que vous devez agir ; ces paroles s’appuient sur une lecture, sur des données’’.

Malgré tout, je continuais à lui demander : Mais comment cela, ce que nous voyons est tout à fait différent. Et il répondait : ‘’Lorsque le projet américain devient inefficace, que les Etats-Unis deviennent incapables de préserver leurs intérêts dans la région par le biais des régimes qui leur sont inféodés, que pour ce faire, les armées, les bases et les flottes qui se trouves dans les environs ne suffisent pas et qu’ils se voient contraints de faire appel à toutes leurs troupes, toute leur armada et tout leur arsenal se trouvant dans les quatre coins du monde, ceci est une preuve d’impuissance et non une démonstration de force. En outre, ceci confirme la méconnaissance des dirigeants et des cercles de décision américains pour les peuples de cette région, qui refusent les invasions, l’hégémonie et la domination, et qui appartiennent à une culture et une histoire de lutte et de résistance. Pour cette raison, quand les Américains arriveront ici, ils s’embourberont et sombreront en cherchant désespérément un chemin pour la fuite. C’est pourquoi, ce qui est en train de se produire ne doit pas être un motif pour la peur, mais plutôt une cause de grand espoir en une époque qui verra la nation se libérer de l’hégémonie des arrogants’’.

On ne peut qu’être interpellé et surtout rester admiratif devant l’étonnante clairvoyance de ce guide, un aspect de la personnalité de cet Imam que beaucoup ignorent. Je peux vous dire que durant la dernière décade, notre nation et notre région ont probablement connu la plus grave des guerres de leur histoire. Lorsque, en maitres du monde, les Etats-Unis d’Amérique et leurs alliés Occidentaux sont venus aidés de toute leur puissance militaire, leurs moyens de renseignement, leurs capacités techniques, financières et économiques, en faisant un usage immodéré de leur guerre psychologique, dans le but de dominer cette région, pour envahir notre pays, pour faire tomber le reste des régimes et mouvements résistants pour, comme le voulait le projet de Georges Bush : instaurer le nouveau Moyen-Orient ; c’est dans de telles circonstances que l’Imam Khamenei a du prendre ses responsabilités qu’étaient celles du chef de front dans la plus grave et la plus dure des guerres, nécessitant beaucoup de discernement, de sagesse, d’expérience et de courage, et jusqu’à présent, il n’est pas possible de dévoiler tous les aspects de ce rôle joué par ce magnifique commandement.

Je terminerai par le dernier exemple : Le sujet « Israël ».

Sa bienveillance l’Imam Khamenei a toujours exprimé sa conviction, aussi bien lors des séances internes que dans les discours, quant-à l’imminence de la disparition de l’entité sioniste, tout comme il croit fermement que le règlement de la crise avec « Israël » n’a pas la moindre chance d’aboutir.

Tout ce qui se passe actuellement autour de nous, en Palestine et dans notre région, qu’il s’agisse du déroulement des négociations, ou des réalisations et victoires enregistrées par les mouvements de résistance au Liban et en Palestine, ou encore le dernier soulèvement du peuple Palestinien hors des terres occupées, prouve que ce peuple est animé d’une grande détermination à résister, même après plus de soixante ans. Les maux, les calamités et les tortures, loin d’avoir raison de son obstination, ne lui ont causé ni désespoir, ni frustration et ce, même s’il y a des dirigeants politiques frustrants. Cette génération de jeunes qui entendent parler de la Nekba et de la Neksa, et qui a vécu l’époque des victoires, nous montre que nous sommes en présence d’un peuple animé d’un grand espoir et une terrible impulsion de retour vers sa terre.

Ce que l’Imam Khamenei dit au sujet d’ « Israël » peut trouver un sens dans nos esprits, pour peu que l’on considère la possibilité d’un recul des forces américaines et de leur suprématie dans la région et dans le monde ; si l’on considère également la possibilité d’une évolution de la situation en faveur du projet de la résistance et des opposants aux Américains dans notre région. Les paroles de L’Imam peuvent être comprises encore, si l’on n’écarte pas la possibilité d’un désespoir général quant-à l’aboutissement des négociations, du fait précisément de l’itinéraire suivi par celles-ci. Elles peuvent être comprises si nous prenons en considération cette disposition au sacrifice que chacun peut lire dans les yeux de la jeunesse Palestinienne, Arabe et plus généralement Musulmane, parallèlement à la mollesse, à la faiblesse et à l’absence de leaders et de directions historiques en « Israël ». Enfin, si nous faisons le bilan de l’expérience de la guerre de Tamouz et de celle de Ghaza ; eh bien, nous serons aussi convaincus que l’Imam Khamenei qu’ « Israël » est bel et bien voué à la disparition dans un avenir très proche, si Dieu le veut.

Cette pertinence qui ne quitte pas l’Imam Khamenei - sans vouloir l’attribuer à une dimension étrangère au monde sensible - repose sur la solidité des bases et des points de départ dans sa pensée, son raisonnement et sa réflexion politique, auxquels s’ajoutent une lecture juste des événements et surtout un courage comme n’en ont que ceux de la trempe de sa bienveillance l’Imam. Voyez-vous, les mêmes capacités d’analyse et d’appréciation peuvent très bien se trouver chez un autre, mais s’il lui manque cette inestimable qualité qu’est le courage, s’il s’avère lâche, et bien, il changera simplement de base de réflexion, au service d’une attitude de faible, d’impuissant, de désarmé et de résigné. Or, il se trouve que le courage de ce Guide bénéficie du soutien divin, puisque Dieu le Très Haut a donné sa promesse aux moudjahidines : « Ceux qui luttent pour notre cause, nous les guiderons sur nos chemins, et Dieu est avec les bienfaiteurs ». Ainsi, se révèle à nous tout le phénomène d’un commandement conscient, connaisseur et qui arrive à lire même en marge de ce que l’on appelle l’unanimité des intelligences politiques, des analystes, des centres d’études et des prévisions habituelles.

Aujourd’hui, à l’occasion de l’ouverture de ce congrès, nous avons le devoir de faire montre d’hommage, de respect et de grande considération à l’égard des Palestiniens et de cette jeunesse combattante, résistante, courageuse et intrépide, notamment ceux parmi les Palestiniens et les Syriens qui se sont rassemblés sur les frontières du Golan syrien occupé. Nous avons le devoir de nous incliner respectueusement devant leur inflexibilité à y marquer leur présence, à participer à ce rassemblement, défier l’occupant, lui faire face, l’affronter, puis tomber en dizaines de martyrs et en centaines de blessés, dans un message clair de détermination et de résolution qui animent cette nation. Et comme pour démasquer une nouvelle fois l’Occident et révéler au monde le visage hideux de l’administration américaine dont l’obsession est de tromper les esprits de la jeunesse Arabe pour confisquer leurs révolutions ; et bien encore une fois, du sang à dû être versé afin de lever le voile sur la nature de cette administration, ses positions, son fond et ses motivations. C’était nécessaire pour mettre à nu l’attachement et l’engagement indéfectibles de cette administration aux côtés d’ »Israël », comme l’a annoncé Obama et comme l’a réitéré le congrès américain qui, il y a quelques jours seulement, applaudissait Netanyahu. Plus grave encore : l’administration américaine a qualifié de légitime défense ce qui s’est produit hier sur les frontières. Ainsi, au lieu de condamner « Israël » pour ce énième crime, elle semble plutôt lui dire : ‘’Que Dieu soit avec vous’’.

Telle est donc l’Amérique, qui se permet de nous donner des leçons sur les droits de l’homme, sur la dignité et la liberté. Mais le sang versé hier est un nouveau témoin confirmant la conscience politique et historique consacrée par l’Imam Khomeyni, que Dieu sanctifie son noble secret, et après lui sa bienveillance l’Imam Khamenei.

C’était là quelques aspects de l’une des dimensions de la personnalité de cet Imam. Lorsque l’on parle d’un guide aussi sage, courageux, meneur et organisateur que sa bienveillance, nous devons partir de ces faits qui représentent un peu de ce que nous savons et de ce qu’il nous est impossible de révéler.

J’implore Dieu pour qu’il accorde à ce congrès sa grâce et le succès de s’acquitter de quelques devoirs parmi ceux qui incombent aux savants, penseurs et intellectuels, qui sont l’élite de cette nation, à savoir : se montrer fiers de leurs érudits et de leurs dirigeants, notamment en ces temps de grandes épreuves. Que Dieu vous guide et que sa paix, sa miséricorde et sa bénédiction soient avec vous.