Islamophobie, peur de l’étranger et l’invasion des profanateurs
  • Titre: Islamophobie, peur de l’étranger et l’invasion des profanateurs
  • écrivain: Houssen Moshinaly
  • Source:
  • Date de sortie: 21:56:18 14-9-1403

 Islamophobie, peur de l’étranger et l’invasion des profanateurs

lundi, octobre 29, 2012 Houssen Moshinaly
Houssen Moshinaly

L’islamophobie ne cesse d’augmenter dans les pays européens. Le magazine Le Point par un sondage totalement biaisé et mensonger a émis l’idée selon laquelle la majorité de français pensent que l’Islam pourrait affecter les valeurs de la république et qu’il serait trop présent en France. Même si d’un point de vue statistique, les musulmans sont minoritaires par rapport aux chrétiens et les juifs. L’islamophobie en France n’est que l’un des prétextes pour réveiller la peur de l’étranger et considérer ce dernier comme un bouc-émissaire. A chaque fois qu’une société ou un pays subit des problèmes économiques qui mettent en danger l’avenir de ses habitants, l’étranger a toujours été le bouc-émissaire pour la bonne raison que ce dernier ne peut pas se défendre. L’étranger a peur de s’impliquer dans les débats de son pays, car il pense parfois à raison qu’on lui rétorque : Mais de quoi tu te mêle ? Même si le prétendu étranger vit dans son pays d’adoption depuis des décennies, il n’en reste pas moins un étranger et il le restera.

La peur de l’étranger a été démontré à plusieurs reprises par des faits qui ont bouleversé une société. L’un des premiers exemples a été les meurtres commis par Jack l’Eventreur à White Chapel il y a près de 100 ans. A cette époque, l’Angleterre connaissait une période de famine et cela coïncidait aussi avec la venue en masse d’immigrants polonais. Dès que les meurtres ont commencés et en sachant que c’était la première fois que la société anglaise rencontrait de telles atrocités, l’étranger et les polonais ont étés directement accusés. Des lynchages ont eu lieu et nombre de victimes innocentes ont subis la foudre des natifs qui ne comprenaient que cela puisse arriver dans leur beau pays. Pour l’anglais de base de cette époque, de tels meurtres ne pouvaient être commis par un gentleman anglais et cela ne pouvait être l’œuvre que d’un étranger venu de contrées lointaines et barbares… Les meurtres ont juste étés la goutte d’eau qui a fait débordé le vase de la frustration et de la déception engendrée par la situation économique.

On retrouve aussi la peur de l’étranger dans un roman de science-fiction écrit par Jack Finney qui s’appelle l’invasion des profanateurs. Ce livre raconte l’histoire d’extra-terrestres qui envahissent la terre en prenant l’apparence des humains. Un thème assez rabâché, mais le fait est que l’exploit de Jack Finney tient au fait qu’il a parfaitement su retranscrire la paranoïa, le doute et la peur quand une chose inconnue frappe une société. Tout est parti d’une simple phrase d’un des des personnages appelé Martha : Je pense que mon oncle n’est plus le même ! Et tout le monde, même les plus éminents médecins de la ville l’ont cru sur parole. Cette simple idée s’est propagée dans toute la ville et chacun regardait son voisin, son père ou son enfant avec une suspicion grandissante. Mais le fait est qu’il y avait vraiment des extra-terrestres appelés des cosses (des sortes de choses gluantes). Mais le personnage de Martha s’était trompé sur son oncle, car il a toujours été le même, mais le doute l’avait atteint et c’était déjà terminé.

Dans une scène, Martha raconte que son vrai oncle avait une cicatrice à la base du cou qui était un souvenir d’un accident d’enfance. Alors les autres s’écrièrent : Donc, votre nouveau oncle n’en a pas ? Et c’est là que Martha donne la meilleure réplique de ce livre : Mais non ! Vous ne comprenez pas, il en a une exactement pareil !  Cette scène nous montre que la paranoïa peut atteindre un tel degré que même les choses normales paraissent anormales. On peut se demander pourquoi tout le monde a cru les paroles de Martha ? La simple vérité est que ce personnage était la normalité incarnée. Elle allait à l’église, elle travaillait durement, elle s’occupait de sa famille. Le genre de personne auquel on voudrait ressembler. C’est pourquoi, on s’identifie à elle et on ne peut pas supporter l’idée qu’une personne comme elle qui a été parfaite dans sa vie puisse perdre les pédales. Car cela impliquerait que les autres pourraient les perdre aussi. Et cette idée de perdre la raison est encore plus insupportable que celle d’invasion de créatures venues de l’espace…

Deux autres personnages du livre arrivent à attraper une de ces créatures et  la mettent dans le coffre de leur voiture. Une scène intéressante se produit lorsqu’ils la sortent de la voiture et qu’ils commencent à la frapper de toutes les manières. Ces hommes, bons pères de familles et pratiquants dans l’âme, sont devenus des sauvages de la pire espèce en se comportant comme les pires meurtriers. Et leur justification ? C’était simplement un étranger !

On pourrait qu’on dramatise un peu les choses comparé à l’islamophobie et autre racisme ambiant, mais le principe est le même. La France et les autres pays européens sont frappés de plein fouet par la crise et on cherche une explication logique à ce bordel. L’arrivée des socialistes au pouvoir en France renforce ces craintes, car les prétendus natifs du pays pensent que le gouvernement va ouvrir toutes les portes pour laisser passer la horde de sarrasins venus de contrées lointaines et barbares. Les médias de masse incitent à cette islamophobie systématique avec des polémiques sans aucun fondement et où le simple terme de musulman est devenu une connotation négative. Mais c’est la seule explication que les médias et les partis extrémistes ont trouvés pour expliquer leur échec. Ils ne peuvent pas en trouver d’autres, ils ne peuvent pas mettre cet échec sur le dos de leur gouvernement, car cela impliquerait que leur modèle de démocratie a échoué. Que le modèle d’aide sociale et de partage de revenus est loin d’être équitable. Alors il vaut mieux tout mettre sur le dos de l’étranger plutôt que de reconnaitre ses propres faiblesses. Dans le livre L’invasion des profanateurs, les personnages ne pouvait pas accepter l’idée de la folie de leur meilleure habitante et dans la société moderne, ses habitants ne peuvent pas accepter l’idée de leur échec social.

On parle d’Islamophobie, mais le racisme a généralement augmenté dans la plupart des pays occidentaux. Un sondage américain révèle que le racisme envers les noirs a considérablement progressé depuis l’élection de Barack Obama en 2008. Le ridicule des républicains peut nous faire sourire, mais ce parti politique ne fait que refléter l’opinion d’une grande partie de la population.

L’Islamophobie en France et dans les autres pays vont encore augmenter, car l’avenir économique est de plus en plus sombre. Vous remarquerez une progression nette de tous les racismes si le pays est en difficulté. On peut dire qu’on s’en fout et qu’on peut pratiquer sa foi loin de ces malfaisants qui prétendent nous donner des leçons alors qu’ils ont échoués lamentablement dans leur vie sociale, économique et démocratique, mais le fait qu’une attaque atteint toujours sa cible et qu’on ressent chaque évènement comme une blessure personnelle.