LES ATTRIBUTS ET LES PARTICULARITES DU CREATEUR
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  • Date de sortie: 4:42:13 2-9-1403

Chapitre I
Comment le Coran fait connaître Dieu?
Pour connaître et évaluer la personnalité scientifique et l'étendue des connaissances d'un savant donné, nous recourons à ses oeuvres, dont l'étude minutieuse nous les révélera. Il en ira de même s'il s'agit d'un artiste dont la valeur et le génie ne peuvent être attestés que par l'examen de l'oeuvre.

Les attributs et les caractères spécifiques du Créateur aussi ne se laissent apprécier que par l'ordonnancement minutieux et impeccable des phénomènes, et la subtilité de Son oeuvre. Le chercheur pourra le connaître suivant que sa capacité intellectuelle (le degré de sa compréhension) est plus ou moins grande.

Si le but est la connaissance totale et pluridimensionnelle, il nous faut accepter d'emblée que la capacité de connaissance de l'homme n'est pas au niveau requis pour une telle connaissance. Ses attributs ne se laissent pas appréhender dans un cadre étroit. Et toute analogie ou comparaison à ce propos est erreur. Parce que tout ce qui fait l'objet de notre intérêt scientifique dans la nature est entièrement l'oeuvre de Dieu, le produit de Sa volonté et de Son impératif, alors que Son essence n'est pas une partie de la nature, et ne relève pas de la même catégorie que celle de Ses créatures, pour qu'il soit possible aux hommes de connaître un tel être par la voie de l'étude et de l'analogie.

Il est un être dont nous ne disposons d'aucun critère pour la connaissance de l'Essence, ni d'aucun moyen pour évaluer et mesurer l'étendue de la puissance, de la science et de l'omniprésence.

L'homme n'est - il pas insignifiant en regard d'un tel être?
Mais l'incapacité d'accéder à une connaissance totale et sûre ne signifie pas que nous devrions renoncer à toute connaissance, même relative, parce que c'est dans l'ordre régnant dans l'existence que se manifestent les attributs divins, et c'est par l'intermédiaire de la beauté naturelle que nous percevons le pouvoir de création de Dieu, tout comme Son Essence sans pareille se révèle par la voie des phénomènes et des aspects de l'existence.

L'observation de la volonté, de la conscience, du savoir et de l'harmonie dans l'existence et dans les divers phénomènes de la vie nous offre la possibilité de comprendre que tous les concepts précités et tous les éléments qui témoignent de l'existence d'un but et d'une finalité, procèdent nécessairement de la volonté d'un créateur possédant les attributs que la nature reflète.

Et c'est l'intelligence qui connaîtra enfin Dieu, c'est pour elle que Son existence sera rendue tangible. Car l'intelligence et la pensée humaine sont un rayon de cette lumière éternelle qui se reflète dans la matière, et qui lui donne la faculté de connaître et de suivre les étapes conduisant à la réalité primordiale. C'est dans le contenu de ce don divin immense que se manifeste la connaissance de la Vérité.

* * *

Le problème de la connaissance de Dieu se pose en Islam en termes spécifiques et nouveaux. Le Coran qui sert de référence à la conception islamique procède par la méthode du rejet, de la négation des fausses divinités pour affirmer avec force la conception unitariste.

Le rejet des fausses idôles qui sont les formes du polythéisme et de l'obscurantisme est en effet le premier pas à franchir pour la connaissance du dieu unique.

"Prendront-ils des dieux en dehors de Lui?

-Dis: "Apportez votre preuve! Ceci est un

Rappel pour ceux qui sont avec moi, un Rappel

aussi pour ceux d'avant moi." Mais la plupart

d'entre eux ne savent pas la vérité, et restent indifférents."

Coran, sourate 21, verset 24

"Dis: " Allez-vous adorer, au lieu de Dieu,

quelqu'un qui n'est maître pour vous ni de mal

ni de bien?" Or c'est Dieu qui entend, qui sait."

Coran, sourate 5, verset 76

Rompre avec le monothéisme, c'est perdre de vue ses rapports avec le monde et l'existence, et c'est devenir étranger à soi - même; car on ne peut être plus étranger à soi - même que lorsqu'on a rompu avec sa nature primordiale. Cet état qui se crée sous l'effet de facteurs internes et externes entraine la rupture avec Dieu, et la chute dans l'abîme de l'asservissement aux idoles, c'est - à dire un retour à la divinisation des phénomènes naturels. Que l'on s'agenouille devant des idôles en pierre, ou que l'on s'imagine que la matière est le principe de toute chose, tous deux signifient recul et chute, et sont un obstacle à l'épanouissement de l'essence humaine.

En pareilles circonstances, le culte du Dieu unique est la seule voie de retour à soi et aux valeurs humaines. Il permet à l'homme non seulement de reprend re conscience de sa position dans l'univers, mais aussi de promouvoir son essence en conformité avec sa nature primordiale.

Toutes les prédications et tous les mouvements religieux de l'histoire, ont commencé par la proclamation de l'unicité de Dieu. Aucun concept n'a été porteur de significations aussi lourdes et aussi édificatrices et n'a eu une portée aussi durable, et n'a été un frem aussi tenace et ferme aux déviations.

Le Coran indique ensuite en termes clairs, la voie de la connaissance de l'Essence Sacrée. Il dit:

"Est-ce eux, les créés de rien, ou eux, les créateurs?

Ou ont-ils créé les cieux et la terre?

Non, mais ils ne veulent pas de la certitude."

Coran, sourate 52, verset 35 et 36

Le Coran propose aux hommes de méditer et d'analyser les deux hypothèses, à Savoir que l'homme est venu spontanément à l'existence sans cause première, ou que l'homme a pu se créer lui - même. Il leur propose de connaître avec certitude la source de l'existence, en réfléchissant sur les signes de Dieu, et de réaliser que l'on ne peut pas apprécier l'univers de l'existence sans admettre que derrière lui il y a une intelligence ordonnatrice et organisatrice.

Dans d'autres versets, l'attention de l'homme est attirée sur la façon dont il a été créé et formé progressivement. Puis le Coran considère cette création, avec tous ses aspects merveilleux, comme un signe, une manifestation de la volonté et de la puissance infinie de Dieu qui pourvoit par sa bonté aux besoins des êtres. Il dit:

"Et très certainement, N ous avons créé l'homme

d'un choix d'argile, puis Nous l'avons consigné,

goutte de sperme, dans un reposoir sûr, puis

Nous avons fait du sperme un caillot, puis du

caillot Nous avons créé un morceau de chair.

puis Nous avons revêtu de chair les os.

Ensuite, Nous en avons produit une toute autre

créature. Béni soit Dieu. donc, le meilleur des créateurs!"

Coran, sourate 23, versets 12, 13, 14

Quand le foetus atteint un certain développement, les cellules se répartissent la tâche de former les yeux, les oreilles, le cerveau et les autres organes du corps. Le Coran demande alors aux hommes si un tel miracle est compatible avec la thèse de l'athéisme. Ou bien si un tel phénomène ne confirme pas au contraire, la nécessité de l'existence d'un esprit minutieux et infaillible, d'une volonté savante et d'un plan préconçu? Est - il possible que ces cellules accomplissent leur tâche avec précision sans être dirigées par la volonté divine?

Puis il répond:

"C'est Dieu, le créateur, le producteur, le formateur."

Coran, sourate 59, verset 24

Dans son célébre ouvrage "L'homme, cet inconnu", le Docteur Carrel écrivait:

''En somme, un organe se développe par les procédés attribués aux fées dans les contes qu'on racontait jadis aux enfants. Il est produit par des cellules qui semblent connaître l'édifice futur, et qui synthétisent. aux dépens du milieu intérieur, le plan de construction. les matériaux, et les ouvriers."31

Le Coran appelle les hommes à réfléchir sérieusement sur tous les phénomènes perceptibles survenant autour d'eux. Il dit:

"Et votre Dieu est Dieu unique. pas de Dieu,

que Lui, le Tout Miséricordieux, le très Miséricordieux.

Oui, dans la création des cieux et de la terre,

et dans l'alternance de la nuit et du jour, et

dans le navire qui vogue en mer chargé de

profits pour les gens, et dans l'eau que dieu

fait descendre du ciel, par quoi Il rend vie à la

terre une fois morte et y répand des bêtes de

toute espèce, et dans la variation des vents, et

dans le nuage contraint de rester entre ciel et

terre, il y a des signes, certes, pour un peuple d'intelligents."

Coran, sourate 2, versets 163 et 164

"Dis: " Regardez ce qui est dans les cieux et la terre."

Mais ni les signes ni les menaces ne suffisent à un peuple qui ne croit pas."

Coran, sourate 10, verset 101

Le Coran mentionne aussi l'histoire et le passé des peuples comme une autre source de connaissance, et pour dévoiler la vérité, il attire l'attention sur les victoires et les défaites, les grandeurs et les servitudes, les joies et les malheurs des différentes nations; une fois familiarisé avec les lois et les comptes inévitables de l'histoire, il en tirera les leçons pour lui et pour sa société et essaiera de maîtriser les évènements de son époque.

"Avant vous, certe s, bien des choses établies ont passé.

Or, parcourez la terre, et voyez ce qu'il est advenu de ceux qui criaient au mensonge."

Coran, sourate 3, verset 137

"Et que de cités, qui prévariquèrent,

avons-Nous brisées, après lesquelles Nous avons créé un autre peuple!"

Coran, sourate 21, verset 11

Le Coran présente aussi l'univers intime et intérieur, qu'il appelle "anfous" (les âmes) comme une source profitable pour le dévoilement de la vérité. Il en souligne l'importance en ces termes:

"Bientôt Nous leur ferons voir Nos signes à

tous les horizons, tout comme dans leurs

propres personnes, jusqu'à ce qu'il leur

devienne évident que, oui, c'est cela la vérité."

Coran, sourate 41, verset 53

"Il y a sur terre des signes pour ceux qui croient avec certitude.

En vous-mêmes aussi. N'observez-vous donc pas?"

Coran, sourate 51, versets 20 et 21

Le Coran entend ce même corps dont la forme et les organes sont adéquats, avec toutes ses activités (les actions et réactions, les mécanismes subtils et précis), et avec toutes les formes d'énergies et d'instincts dont il est doté (les perceptions et les sentiments divers parfois animaux parfois purement humains), en particulier l'énergie étonnante de la pensée et de la conscience déposée en lui. Et jusqu'à ce jour, l'humanité a fait à peine quelques pas dans la connaissance des forces spirituelles et invisibles et de leurs liens avec le corps matériel. Il restera toujours une source intarissable pour la connaissance.

Le Coran proclame que la méditation sur soi même suffit pour être guidé vers la source infinie et illimitée, vers la science et la puissance sans borne, dont une faible étincelle se manifeste dans l'existence humaine, et pour savoir que c'est la Réalité illimitée qui a déposé en l'homme ces facultés et ces vertus, et qui lui a insufflé corps et esprit.

Avec toutes ces preuves vivantes, et ces arguments décisifs pour l'acceptation et la connaissance du créateur qui lui ont été administrés, quelle excuse peut avoir l'homme pour nier son Dieu.

* * *

Le noble Coran décrit Dieu avec des attributs qu'il confirme et d'autres qu'il infirme et rejette comme étant indignes de Lui; les attributs positifs de Dieu comme la science, la puissance, la volonté, une existence non procédée par une non - existence, sans commencement, et le fait que l'univers n'existe et ne se meut que par Sa volonté.

"C'est un Dieu tel qu'il n'y a de Dieu que Lui,

Le connaisseur de l'invisible tout comme du visible.

C'est Lui le Très Miséricordieux le Tout Miséricordieux.

C'est un Dieu tel qu'il n'y a de dieu que Lui, le souverain, le saint, le salut, le pacifique, le protecteur, le puissant, le tyran, l'orgueilleux. Pureté à Dieu des Associés qu'ils donnent!"

Coran, sourate 59, versets 22 et 23

Les qualités négatives sont celles qui définissent le créateur par ce qu'Il n'est pas, comme par exemple Sa non - corporéité, le fait qu'Il ne se situe pas dans l'espace, qu'Il n'a pas d'associé ni d'égal, qu'Il est immatériel, qu'Il n'est pas limité par les barrières des sens, qu'Il n'enfante pas et qu'Il n'a pas été enfanté, qu'Il n'est affecté par aucun mouvement ni changement dans l'Essence, parce qu'Il est la perfection pure.

"Dis: "Lui, Dieu, est unique, Dieu, l'Absolu. Il n'a jamais enfanté, n'a pas été enfanté non plus. Et nul n'est égal à Lui."

Coran, sourate 112, versets 1 à 4

"Pureté à ton Seigneur, Seigneur de puissance, de ce qu'ils décrivent!"

Coran, sourate 37, verset 180

L'intelligence humaine, limitée, est impuissante à émettre un jugement sur le rang sublime de l'Essence du Dieu absolu. Nous reconnaissons notre incapacité à appréhender l'existence de cet être sans égal, et sans modèle dans notre perception et dans notre pensée. Il est d'un rang et d'une sublimité défiant toutes les doctrines intellectuelles et toutes les méthodes d'investigation humaine.

Une essence unique et intégrale possède en elle -même toutes les perfections sans exception, parce qu'aucune perfection ne peut se situer hors d'un être qui est infini. Autrement, l'être en question est un être limité.

Comme les créatures existantes procèdent toutes d'un être dont l'existence se confond avec l'essence, en ce sens que leur existence dépend de cette Existence absolue et autonome, de même toute qualité de perfection comme la vie, la puissance, le savoir, que l'on rencontre chez les créatures procèdent elles aussi d'une vie, d'une puissance, d'un savoir absolu et nécessaire.

Chapitre II
Qui est digne d'adoration?
Tel que le définit le Coran, le Seigneur du monde réunit toutes les conditions idéales de l'être digne d'adoration. Il est le créateur de l'amour et de la beauté, la source de toutes les énergies, un océan profond et immense dont la moindre vague se joue même des nageurs les plus doués. C'est Lui qui retient les cieux et la terre, et les empêche de s'effondrer. S'Il détournait un seul instant son regard bienveillant de l'univers, celui ci exploserait et retournerait au néant. Par conséquent, la moindre chose qui existe ne doit son existence qu'à Lui.

Il est le dispensateur de toutes les faveurs et de tous les bonheurs, et le détenteur de notre libre - arbitre.

Quand Il ordonne, Il Lui suffit de dire à une chose "Sois!" Pour qu'elle soit. La Vérité et la Réalité sont de Son essence. La liberté, la justice et les autres vertus et perfections émanent du rayonnement de ses attributs. Tout va vers Lui, et obtenir sa proximité c'est arriver à tous les voeux dans leur expression la plus sublime. Celui qui se confie à Lui, a trouvé un confident et un ami infiniment bon. Celui qui s'appuie sur Lui, fait asseoir ses espoirs sur une base inébranlable; alors que Le refuser, revient à construire sur du sable mouvant.

Lui qui est conscient et informé du moindre mouvement se produisant sur la terre et dans tout l'univers, peut très bien déterminer la ligne à suivre pour le bonheur, et mettre en plan le mode de vie et les rapports de l'homme, parce qu'Il connaît nos intérêts réels. En se conformant au programme fixé par Dieu, on s'assure du bonheur et de la promotion.

Comment se peut - il que l'homme puisse à la fois sacrifier son âme même pour la vérité et la justice, et se détourner de leur source et de leur manifestation? S'il est un être d igne d'adoration, ce ne peut être que le créateur qui est l'axe de toute existence. Il n'existe rien ni personne d'autre qui puisse faire de l'homme son adorateur. Parce que nulle chose, hormis Dieu, n'est absolue, ni nécessaire, ni subsistant par elle même. Toute chose est relative, et un simple moyen pour accéder aux étapes supérieures.

Le facteur originel de l'adoration est la capacité de dispenser des faveurs, la conscience des possibilités, des besoins, des réserves, des aptitudes et des énergies dans le corps et l'âme de l'homme. Or cela est propre à Dieu, car toute l'existence est dépendante de Lui et c'est vers Lui que se dirigent les caravanes successives des créatures. Son commandement est permanent sur le monde.

Par conséquent, le culte et l'obéissance absolue lui sont réservés exclusivement, car sa présence glorieuse est perçue à chaque instant par les coeurs de tous les êtres. Des êtres comme nous dénués de force ne sont pas d ignes d'adoration, et ne méritent pas de s'attribuer ce qui est uniquement à Dieu. D'autre part l'homme lui - même a suffisamment conscience de sa person nalité et de son rang pour accepter de s'incliner devant des créatures périssables.

Dans l'univers aux frontières infinies, seul Dieu mérite d'être adoré et loué par l'homme. La quête de Son agrément et de Sa satisfaction doit avoir la priorité chez tout être aimant dieu. Cette goutte qu'est l'homme ne sera à l'abri des tempêtes de la déviation et de la corru ption que si elle rejoint le grand océan dans lequel elle trouvera son identité authentique, et accédera à l'éternité. Dieu sera alors pour l'homme celui qui donne un sens au monde, et par qui s'expliquent tous les évènements, et à partir de là, il comprendra d'où viennent l'ampleur et l'étroitesse des univers des hommes.

D'une façon générale, dans la vie, on doit considérer l'honneur, la vertu, et toutes les valeurs qui font l'objet du respect, soit comme des produits de l'imagination et de la fantaisie, soit en nous basant sur le jugement de la conscience et de l'instinct ou du sentiment que nous avons de la nécessité de la réalité et de la nécessité des valeurs, comme des entités réelles. Dans les deux cas, nous sommes obligés de nous incliner et de reconnaître une réalité totale de l'existence et de la perfection absolue, pleine de bien, de vie, et d'énergie et dont procèdent toutes les valeurs.

Comment peut - on considérer comme incontestable l'aspect spirituel et naturel de l'homme avec ses penchants, tendances et besoins qui naissent de son intérieur et sont causes de l'éclosion des aptitudes, et d'autre part négliger totalement ce qui est conforme avec notre nature (Fitrat), notre tempéramment, et dont les attributs offrent une réponse à tous nos voeux matériels et spirituels, et sont le plus puissant.

* * *

Un examen approfondi nous permet de conclure que les créatures innombrables, l'amour et les autres instincts qui sont ancrés en nous, aboutissent tous à une même et unique source, qui est Dieu et dont la réalité et l'essence conditionnent toutes les réalités et essences de l'univers. L'existence se dirige vers la même source dont elle est issue, qui est seule digne d'amour, et qui capte tous les sentiments et toutes les pensées des hommes auxquels elle se fait connaître.

Nous comprenons alors que tous les phénomènes viennent à l'être à partir du néant, et demeurent pendant toute la durée de leur existence dans le besoin d'un soutien extérieur, et sont revêtus du sceau de la dépendance absolue.

L'être idéal dont nous sommes en quête, et vers lequel nous nous dirigeons, ne peut forcément pas être notre but ultime et notre aspiration totale, s'il ne connaît pas nos douleurs et les réalités du monde, et s'il est incapable de répondre à nos voeux et aspirations, étant comme nous plein d'insuffisances et de faiblesses, et étant doté d'une même essence que la nôtre.

Il ne peut aussi être doté des qualités absolues. Or la prière, si elle vise à la réalisation d'un voeu, ne peut être exaucée que par le Créateur. "Oui, ceux que vous invoquez au lieu de Dieu sont des Serviteurs (du Seigneur) comme vous..."

Coran, sourate 7, verset 194

Par conséquent, rien ne justifie qu'on puisse s'incliner devant autre que Lui, ou qu'on puisse orienter notre attention vers autre que Lui, puisque tout ce qui est autre que Lui n'a pas le moindre effet sur notre condition et notre destin. Parce que si un dieu mérite qu'on l'adore et qu'on lui voue un amour et qu'on attende de lui qu'il nous élève au sommet du bonheur, il faut qu'il soit forcément exempt de toute insuffisance, et- qu'il rayonne en permanence sur les créatures en leur donnant vie et soutien, et que sa beauté subjugue tout homme capable de la sentir et de la percevoir. Il faut qu'il soit détenteur de la force absolue, qu'il apaise la soif de l'esprit, car se frayer la voie de sa connaissance ne consiste en rien d'autre qu'à arriver à la source authentique de la nature humaine.

Autrement, si l'idôle de notre choix ne présente de supériorité qu'en certains aspects, et qu'elle ne satisfait que certains de nos besoins, elle cesse d'être une idôle dès qu'elle nous fait parvenir à nos buts. Elle cesse d'exercer son attraction, et devient un obstacle à notre progrès.

Non seulement, elle ne calmera pas notre soif instinctive d'adoration, mais elle nous empêchera aussi de concentrer notre reflexion sur toute autre valeur supérieure, nous enserrera dans un cadre étroit, et nous perdrons toute motivation pour avancer vers des degrés supérieurs.

Si aussi, cette idôle est en - dessous de nos aspirations, elle ne sera jamais un facteur de progrès et de réforme. Au contraire, elle nous entraînera vers la décadence et l'avilissement. L'homme est dans ces conditions comparable à l'aiguille d'une boussole qui n'est plus capable de retrouver le nord, et qui par conséquent ne saura conduire qu'à l'infortune, la perdition.

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Chapitre III
L'invocation, expression de la gratitude des hommes
L'objet d'adoration qui peut orienter l'homme dans la bonne direction, et qui peut éclairer sa voie est ce Dieu même qui peut donner l'espoir, et dont l'existence se situe au plus haut sommet de la perfection, et qui est agissant, stable et immuable. Il est de ce fait la source des rayonnements spirituels les plus subtils, Celui qui oriente la pensée et les actes, et Celui qui aplanit la voie de la perfection à l'homme qui est lui - même le fruit de Sa sagesse. Tout effort et tout mouvement vers un objectif dévié ne fera qu'entraîner l'homme vers la négation de soi, la perte de sa personnalité, et l'entachement de son identité.

L'homme ne peut pas se comprendre et se connaître s'il se sépare de son créateur. L'oubli de Dieu est toujours accompagné de l'oubli de soi, et de la perte du sens des buts ultimes de la vie, et du monde dans lequel il se trouve, et en fin de compte, de toute valeur supérieure.

Tout comme l'attachement à un être autre que Dieu, rend l'homme étranger à lui - même, et le transforme en une machine biologique, de même la confiance en Dieu et Son invocation réconcilie l'homme avec lui - même, le réveille de sa torpeur, et le sauve des profondeurs de l'océan de l'indifférence pour lui redonner une vie authentique.

Dans l'invocation et la prière, les capacités spirituelles et les énergies célestes se développent en l'homme à qui la possibilité est alors offerte de voir en lui - même combien sont dénués de valeurs les espoirs et les illusions matérialistes, et de se voir lui - même tel qu'il est réellement, avec ses insuffisances et ses faiblesses.

Le souvenir de dieu, et l'essor vers le foyer invisible de l'existence est une source de lumière et de vie pour le coeur qui déborde d'une jouissance incomparable avec les jouissances qu'offre l'univers matériel. Enfin, c'est à la lumière de cette réalité pure et immatérielle que la pensée atteint à son sommet, et que s'opère une transmutation des valeurs.

Le commandeur des Croyants, Ali - que la paix soit sur lui - décrit ainsi l'influence profonde de l'invocation sur le coeur: "Dieu Tout - Puissant a fait de Son souvenir une source de limpidité pour les coeurs. Avec le souvenir de Dieu, les coeurs sourds deviennent entendeurs, ils redeviennent voyants après avoir été aveugles, et tendres et réconfortants après avoir été rebelles et têtus."32

Il dit aussi:

"Mon Dieu, pour Tes amis Tu es le meilleur des compagnons, pour ceux qui s'appuient sur Toi, Tu es le meilleur émancipateur. Tu observes leur extérieur et leur intérieur, et Tu es au fait de l'état de leur conscience. Tu connais l'étendue de leur perspicacité et de leur connaissance. Leurs secrets sont pour Toi manifestes. Loin de Toi, leurs coeurs sont ternes. Si la solitude est pour eux cause d'agitation et de crainte, Ton souvenir leur sert de compagnon. Si les difficultés et les problèmes les cernent, Tu es leur seul refuge."33

William James, le célèbre psychologue dit:

"Le mobile de la prière est la conséquence nécessaire de ce fait qu'en même temps qu'elle est la part la plus intime et la plus profonde du moi volontaire et pragmatique, elle ne manifeste totalement ses résultats que dans l'univers intellectuel. La plupart des hommes y ont recours de façon continue ou accidentellement. L'individu le plus méprisable de la terre, se donne de la valeur et un sens, grâce à cette attention supérieure."34

Invoquer l'Absolu et Lui manifester son amour est la plus haute marque de grâce des hommes à l'égard du Créateur. Cela constitue d'ailleurs la part de l'homme dans le choeur immense de toutes les espèces de la création.

"Les sept cieux et la terre, -et ceux qui s'y trouvent,

-chantent pureté de Lui! Et il n'est chose aucune qui

ne chante pureté en Le louant. Mais vous ne comprenez

pas leur chant. Il demeure patient, pardonneur, vraiment!"

Coran, sourate 17, verset 43

Bien entendu, ce culte et cette adoration ne rapportent aucun bénéfice au Créateur, parce qu'Il est parfait à tout point de vue. Il n'est affecté par aucun changement survenant en l'homme ou dans le monde. Comment peut - on imaginer qu'Il crée l'homme et qu'ensuite Il tire profit du culte que Sa créature Lui rend? C'est plutôt l'homme qui par ses actes, et par sa connaissance authentique de l'être suprême, et ses invocations se rend à même d'atteindre son objectif qui est la perfection.

Le Professeur Ravaillet, écrit ce qui suit à propos de l'existence de la conscience chez les créatures:

"La cosmologie nouvelle dit que les atomes et les molécules agissent en connaissance de cause; ils ont conscience de leur activité et du déroulement de leur vie. La conscience qu'ils ont d'eux - mêmes est même supérieure à celle des physiciens, parce que ce que ces derniers savent d'un atome se réduit à la proposition que si cet atome n'était pas perceptible et ne se prêtait pas à la connaissance scientifique, qu'aurait- on pu savoir à son propos?

Le corps, le mouvement, la vitesse, ici, là - bas, le rayonnement, l'équilibre, l'espace, le climat, la distance et d'autres notions ne nous sont familières que grâce à l'existence de l'atome. Sans l'atome, quel serait la cause de tous ces phénomènes étonnants du monde de la création?

Entre la conscience et le corps, il existe le même rapport que celui qui existe entre le mouvement et l'inertie, ou entre le sens positif et le sens négatif d'un mouvement.

Mais l'univers n'est pas aveugle dans son ensemble. Si vous vous en souvenez, l'examen du champ visuel de l'oeil nous a prouvé que l'oeil n'était pas un élément fondamental, mais comme la fonction visuelle s'exerce dans un espace qui est la terre et suivant les capacités limitées du genre humain et des autres créatures vivantes, elle a acquis un certain rôle dans l'observation physique. Entre la terre et le soleil, et entre le soleil et les étoiles géantes infiniment éloignées, entre lesquelles s'opèrent de vastes échanges d'énergies, aucun organe du corps humain, comme la vue, ne peut être d'une quelconque utilité.

Mais c'est justement pour cette même raison que l'on ne peut croire qu'il n'y ait qu'inconscience et ign. orance dans les échanges d'énergie qui interviennent entre les énormes galaxies soumises aux lois de la gravitation, de l'équilibre, des mouvements, de la lumière, de la vitesse et des forces centrifuges. On ne peut attribuer la cécité totale à ces phénomènes extraordinaires; et même les particules de lumière, dans leur propre mouvement, ne peuvent être comparées à de simples facteurs, analphabètes, dont le devoir est uniquement de distribuer les messages."35

Chapitre IV
Des attributs exclusifs
Toute la terminologie scientifique et tous les concepts dont nous disposons ne nous permettent pas d'appréhender et de décrire de façon suffisante le Créateur. Autant dire que Dieu est au - dessus de la raison, et qu'Il échappe à nos facultés mentales et intellectuelles limitées. Il est réellement l'Inconnaissable. Quoi de plus naturel en effet puisque l'homme étant lui - même une créature, c'est - à dire un être limité à tout point de vue, ne doit pas s'attendre à appréhender totalement un être immatériel, avec des moyens habituels et des concepts forgés par lui - même et portant toutes ses imperfections.

Le débat porte sur une réalité surnaturelle et qui détient le pouvoir absolu et la science illimitée. Comme le Coran le dit dans le verset 11 de la sourate "La Délibération",: il n'est "Rien qui lui soit semblable".

Le patron des pieux, Ali - que la paix soit sur lui dit à ce propos:

"Celui qui Le compare (à d'autres êtres) n'a pas saisi Sa réalité. Il est incomparable. Celui qui Le désigne et L'imagine ne Le vise point. Tout ce qui se connaît à travers soi - même a été créé, et toute chose qui existe en vertu d'autres choses est l'effet d'une cause. Il agit mais non avec l'aide d'instruments. Il fixe des mesures, mais sans activité mentale. Il est riche, mais non par acquisition.

Le temps ne Lui tient pas compagnie, et les instruments ne viennent pas à Son aide. Son Etre précède le temps, et Son existence précède le néant. Son éternité précède le commencement. Du fait même qu'Il a créé les sens, on com prend qu'Il n'a pas de sens. Et de l'existence des contraires on déduit qu'Il n'a pas de contraire; et de l'existence de similarité entre les choses, on déduit qu'il n'est rien qui Lui soit semblable, Il a fait de la lumière le contraire de l'obscurité, et du chaud celui du froid. Il suscite l'affection entre les choses rivales, réunit les choses de nature différente, rapproche les choses éloignées, et sépare les choses unies. Il ne connaît pas de limite, et n'est pas quantifiable par les nombres..."36

La différence qui existe entre les attributs de Dieu et ceux de l'homme, et l'impossibilité qu'il y a de les réduire les uns aux autres, résultent de ce que les attributs de Dieu sont à la source de l'existence alors que ceux de l'homme et des autres créatures ne le sont pas.

Nous sommes, par exemple, capables d'accomplir certains actes, mais cette capacité n'a rien à voir avec la capacité de Dieu, parce que les deux choses, bien que désignées par un même terme, sont totalement différentes.

Ou bien encore, quand nous parlons de notre science, nous devons la distinguer de notre personne, parce que dans l'enfance nous n'avions pas cette science. Nous l'avons acquise graduellement par l'étude et l'effort. Par conséquent la science et la capacité constituent deux choses différentes de notre existence. Ces attributs ne font pas partie de notre essence; ils ne sont pas inhérents à notre existence. Il s'agit de qualités accidentelles, tout à fait distinctes.

Il n'en est pas de même pour Dieu. Quand nous d isons que Dieu est savant et puissant, cela signifie qu'Il est la source de la science et de la puissance. Ici, l'attribut se confond avec l'essence. Bien qu'ils se présentent apparemment comme deux choses distinctes, l'attribut est en réalité l'essence elle - même, car celle ci n'est pas accidentelle pour posséder des qualités acquises. Dieu est en effet une existence absolue, Il est la science même, la puissance, la permanence, la vie, etc... puisqu'Il ne connaît aucune limite interne ou externe.

Comme notre éducation se fait au sein de la nature, et comme celle - ci nous est familière, et aussi puisque tout ce que nous percevons avec nos sens se présente à nous sous forme concrète et tangible, nous avons tendance à nous servir des critères naturels pour mesurer toute chose, et nos notions et images mentales en procèdent.

Par conséquent la représentation d'un être dépourvu des caractéristiques matérielles, et qui ne correspond à aucune des images concevales par notre esprit, et la compréhension d'un être dont les attributs seraient indissociables de lui, requièrent de nous, outre une précision extrême, que nous vidions notre esprit de toutes les images et notions liées à l'univers matériel.

Le Commandeur des Croyants, Ali, exprime de façon éloquente, riche et profonde cette incapacité de l'homme à définir Dieu dans le cadre des attributs. Il dit:

"La croyance parfaite en Son unicité consiste à Le voir Pur, dépouillé de Ses attributs, car tout attribut se présente de façon distincte de son objet.

Qui Le qualifie Le compare, qui Le compare Le divise, qui Le divise L'ignore."37

L'esprit ne peut pas limiter Dieu à l'attribut. Les représentations mentales ne peuvent pas s'appliquer à Dieu, comme le ferait un signifiant pour le signifié; parce que chaque attribut se distingue des autres attributs. Par exemple, le concept de vie est totalement différent du concept de puissance; ils ne sont pas superposables, bien qu'ils puissent se référer à un même objet. Mais chacun ne peut s'appliquer à cet objet que pour sa signification propre.

Quand l'esprit humain veut qualifier une chose, bien que le but consiste à établir une certaine unité entre l'attribut et son objet, il ne peut, bon gré mal gré, s'empêcher d'introduire une scission entre les deux, parce que les deux notions d'attribut et de sujet sont différentes.

Et comme le seul moyen de connaître les choses est de les décrire avec des concepts, qui sont tous distincts les u ns des autres, et qui sont nécessairement limités, ces concepts demeurent impuissants à appréhender et à définir la Réalité sublime, C'est - à dire Dieu; par conséquent vouloir le définir totalement avec des concepts est en soi un signe d'ignorance.

Illustrons par un exemple, dans la mesure du possible, l'idée des attributs qui se surajoutent à l'Essence. Supposons que la chaleur d'une flamme se transmette à toute chose, et que cette chaleur soit un des attributs du feu. Peut - on affirmer que cette propriété n'occupe qu'une place dans l'existence du feu?

Certainement pas; c'est l'existence entière du feu qui chauffe et qui brûle.

En réponse à une question sur l'existence de Dieu, le sixième Imam des chiites, l'Imam Sadegh a dit:

"Il est différent de toute chose. Il est la seule vérité de l'existence. Il n'a ni corps ni forme. Il est tout à fait imperceptible aux sens. Aucune recherche n'aboutira à sa connaissance. Même l'illusion et l'imagination ne peuvent l'atteindre. Il est intemporel et ne subit aucune transformation."38 Le savant Paul Clarence professeur de biophysique écrit:

"Les Ecritures saintes, l'Ancien et le Nouveau Testaments utilisent les mêmes termes pour décrire Dieu, que ceux qu'ils emploient à propos de l'homme. Sans doute, cela résulte-t- il d'un vide linguistique. Parce que le concept de Dieu est un concept spirituel, et l'homme dont la pensée est limitée par le cadre matériel, n'a pas accès à la connaissance de l'Essence divine."39

Et bien que nous soyons incapables de connaître l'Essence et même tous les attributs divins, nous devons essayer de faire le maximum d'efforts dans cette voie.

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Chapitre V
L'unité divine
Quand la discussion porte sur les dogmes religieux à propos de l'unité divine, il faut comprendre par là l'unité de Dieu dans Son Essence, dans la création, dans Ses actes et dans Sa souveraineté sur l'univers et sur l'administration de l'ordre universel, dans le culte et dans les autres domaines.

Tout comme on ne saurait concevoir une multitude d'essences divines, on ne pourrait pas non plus concevoir des différences entre les essences et les attributs. Car une telle différence impliquerait l'existence de limitations. Quand nous les dissocions, c'est pour le besoin de l'analyse et de la pensée humaine, il ne faut pas déduire de cette dissociation plusieurs niveaux dans l'Essence Sacro - sainte.

Si nous regardions un paysage naturel à travers des écrans transparents de couleurs différentes, ce paysage nous apparaîtrait à chaque fois différent. De même quand, avec nos esprits, nous envisageons l'Essence de Dieu, qui est unique, nous Lui attribuons la qualité que nous - mêmes nous avons choisi. A propos de science, nous parlerons de Dieu comme le Savant par excellence, l'Omniscient. Quand nous l'envisageons sous l'angle de la force, nous dirons qu'Il est Tout Puissant, etc...

Par conséquent, comme nous regardons les différents attributs divins sous les différents angles qui sont spécifiques à notre mode limité d'existence, nous sommes aussi portés à appliquer la même méthode pour l'Essence divine. Alors qu'en fait tous ces attributs n'ont qu'une seule et même existence, et font état d'une seule et même réalité, à savoir cette Réalité dépouillée de tout défaut et de toute imperfection, et qui se caractérise par: perfection, puissance, clémence , science, grâce, sagesse et majesté.

Si nous comprenons que l'existence de Dieu procède de Lui - même, nous devons en déduire que l'existence absol ue est illimitée dans tous les sens. Car si l'existence ou la non existence étaient les mêmes pour Dieu, Il devrait forcément emprunter l'existence hors de Son essence. Or, cette existence ne se réalise pas par ellemême.

Par conséquent, l'existence pure est celle qui procède d'elle- même. Et quand l'Essence se confond avec l'existence, elle est illimitée au point de vue de la science, de la puissance, de l'éternité, du Temps; car la science et la puissance constituent des aspects de l'existence. Et l'Essence qui est l'Existence même possède toutes les perfections sans exception.
* * *

L'unicité est l'un des attributs divins les plus manifestes. Toutes les religions célestes non- falsifiées l'ont prônée et préchée aux hommes, et ont condamné le polythéisme et l'idôlatrie comme les pires formes de l'égarement, et comme la dégradation la plus humiliante de l'esprit et de l'intelligence.

Car si les hommes trouvaient la foi par le biais de la reflexion et de la raison, et s'ils étaient fidèles aux enseignements des prophètes, ils ne s'inclineraient et n'accepteraient aucune idôle concrète ou abstraite, et ne reconnaîtraient à personne d'autre que Dieu le pouvoir, la souveraineté et la volonté sur l'ordre universel.

Par l'unité divine, il ne faut pas entendre un corps, car le corps est constitué par plusieurs parties et éléments, or, il s'agit là de choses qui ne concordent pas avec Son essence, Tout corps composé ne pourrait être par conséquent un dieu ou quelque chose de semblable.

La représentation de plusieurs sujets pour les attributs n'est, possible qu'en présence des conditions comme la qualité, la quantité, le temps et l'espace. Or, Dieu n'est limité par aucune de ces contraintes. Il est impossible alors de Lui imaginer un semblable.

Si nous concevons plusieurs fois la réalité de l'eau, nous n'ajouterons rien à la première opération de conception, parce que nous avons imaginé l'eau, de façon absolue, indépendamment de toute condition de temps, d'espace, de quantité et de qualité. Dans les représentations suivantes, il serait évidemment impossible de rencontrer un nouveau sujet pour la réalité qualifiant l'eau.

Mais dès que nous faisons entrer d autres considérations, de nouveaux individus feront l'objet de la représentation mentale, selon le nombre d'éléments surajoutées, comme par exemple l'eau de pluie, l'eau de source, l'eau de rivière et l'eau de mer, en tel ou tel lieu et à telle ou telle époque. Mais si nous enlevons ces conditions, la pluralité disparaît et nous retrouvons une seule et même réalite : l'eau !

Il faut comprendre que si un être est conditionné par l'espace, il a besoin de cet espace, il devi'ent tributaire dans son existence des conditions de lieu et temps qui lui sont propres. Son existence ne se concrétise que dans ces dites conditions. Si nous reconnaissons un être qui ne dépend pas et n'a jamais dépendu du temps et de l'espace, et qui possède les qualités de perfection les plus élevées, lui concevoir une pluralité c'est automatiquement lui attribuer des limites.

Dieu n'est pas un, au sens numéral où l'on peut ajouter un second de même catégorie. Son unicité est telle que si on Lui supposait un second, il ne saurait être que Lui- même.

Compte tenu du fait que la pluratité des choses dépend des conditions qui les font se différencier les unes des autres, si un être était libre de toute sorte de lien, il serait absolument irraisonnable de lui concevoir un associé, parce que ce nouvel individu aurait nécessairement des limites, et si toutes les limites étaient enlevées, on n'aurait incontestablement pas devant nous deux individus, et la représentation d'un second individu ne sera en fait que la répétition de la représentation du premier individu.

L'unicité de Dieu signifie que si on se Le représentait seul et unique -indépendamment de l'existence des autres êtres- son existence serait incontestable, tout comme lorsqu'on L'envisagerait par rapport à l'ensemble des autres êtres. Il n'a besoin ni d'associé, ni d'aide et ni de descendance. Tandis que si nous envisageons les autres êtres, sans tenir compte de l'existence du Créateur, ces êtres n'auront plus la possibilité d'exister. Leur existence est conditionnée par l'existence de Dieu, qu'il s'agisse de leur avènement ou de leur permanence.

Or, si nous imaginions un quelconque lien ou une quelconque condition à l'existence de Dieu, Il cesserait d'exister dès que cette condition cesserait d'exister. Mais l'existence de Dieu est absolue, inconditionnée, et non accessible à l'hypothèse de la pluralité. L'intelligence ne peut pas lui concevoir un second être du même rang que lui.

Par exemple, si nous admettions que cet univers dans lequel nous vivons était infini dans toutes les directions spatiales, pourrions-nous en même temps supposer l'existence d'un autre monde aussi infini et de même nature? Certainement pas, parce que la deuxième hypothèse contredirait la première. Et tout deuxième univers que l'on supposerait, ne serait en fait que le même premier univers.

Il en est de même pour l'Existence pure de Dieu qui n'admettrait pas une autre existence.

Par conséquent, l'expression: "Dieu est un" ne signifie pas qu'il n'y a pas un second dieu, mais plus que cela; elle signifie qu'il est impossible de supposer l'existence d'un second Dieu. L'existence même de Dieu implique qu'Il est un, un par l'Essence, ce par quoi il se distingue des autres êtres, alors que les autres êtres ne se distinguent pas par leurs essences, mais par des caractéristiques et spécificités acquises de par la création.

Si les esprits réalisaient pleinement le sens du mot "Dieu", ils parviendraient de façon tout à fait naturelle à rejeter toute pluralité à l'Essence divine Sacro- sainte.

* * *

Nous remarquons sans grande peine que toutes les parties de l'univers sont régies par une sorte d'unité et d'intégration permanente: l'homme produit le gaz carbonique nécessaire à la vie des plantes et ces dernières produisent notre élément vital qu'est l'oxy gène; cet échange se fait en sorte que se maintienne toujours un certain niveau d'oxygène dans la nature, sans quoi toute trace de vie disparaîtrait de la terre.

La quantité de chaleur que reçoit la terre du soleil, est conforme aux besoins des créatures vivantes. La vitesse de rotation de la terre autour du soleil, et sa distance à l'égard de cette source de chaleur et d'énergie sont réglées de façon à rendre possible la vie des hommes sur cette planète. Par exemple, si la vitesse de rotation de notre planète passait de 1000 miles à 100 miles à l'heure, les nuits et les jours seraient 10 fois plus longs. La chaleur diurne atteindrait des degrés tels qu'elle brûlerait toutes les plantes, et le froid nocturne serait tel qu'il gélerait toute la végétation.

Si le rayonnement solaire diminuait de moitié, tous les êtres animés seraient paralysés par le gel. Et si ce rayonnement se doublait, toutes les activités vitales cesseraient dès les premiers moments de leur apparition. Et enfin si la lune était plus éloignée de la terre qu'elle ne l'est actuellement, les reflux marins seraient d'une force telle qu'ils déracineraient les montagnes.

Sous cet angle, la marche de l'univers est comparable à une caravane dont l'ensemble des voyageurs constituent une chaîne ininterrompue, et se mouvant dans une seule direction et dans un même effort comme les pièces petites et grandes d'une machine. Et dans tout cet organisme, chaque chose agit suivant sa fonction et sa position, de façon à compléter la tâche de la chose précédente, et à créer un lien profond entre toutes les composantes de la machine.

Le professeur Ravaillet écrit:

"Il existe entre toutes les créatures de ce monde une chaîne, ou un fil ou un lien invisible qui établit entre elles un équilibre parfait. Même les créatures dépourvues de conscience et de sensibilité ne sont pas sans profit des bienfaits de cette relation. Toutes les créatures de ce monde sont comme alignées sur un seul rang en chaîne, ou disposées sur un chapelet sans fin, et les mouvements résultant de l'activité vitale de ces créatures interviennent tous sur la base de cette relation puissante et occulte.

Observons un être vivant. Les cycles sanguin, lymphatique et nerveux et les fonctions hormonales sont homogènes, coordonnés et même unis. Ces fonctions se réalisent en permanence dans le corps humain, par exemple, avec force et cohésion, au point que la personne peut penser à première vue qu'elle vit au milieu d'un flot de désordre et de chaos.

Ce qu'il y a d'étrange, c'est que même en ne tenant pas compte de l'aspect physiologique, la structure générale de toute cellule vivante fait d'elle un élément d'une chaîne infinie de vies qui sont entourées de vagues terrifiantes, ce qui laisse penser qu'aucun ordre n'existe entre elles.

L'homme est étonné et plongé dans la stupéfaction quand il voit qu'il existe une cohésion et un équilibre entre toute cette agitation superficielle et ce déferlement de vagues qui interviennent à l'instigation d'un facteur unificateur, grand et puissant.

Il est loisible à l'homme de retrouver ce puissant agent dans toute unité et dans toute organisation et toute forme révélatrice d'une certaine unité et d'une certaine intégration dans un ensemble d'apparence dépourvue d'ordre."40

L'univers qui est tout à fait uni, a donc nécessairement besoin d'une réalité et d'un principe unique. Son existence doit procèder de cette unique source. Si l'univers a une seule existence, son instaurateur ne peut être multiple. Celui qui a instauré cette unité et cette intégration au milieu d'une multiplicité et d'une variété dans les formes et les apparences a donné ce faisant, la preuve irréfutable de son unicité, de sa toute puissance et de son omniscience.

"Dis. "Voyez - vous? Les associés que vous invoquez en dehors de Dieu,

montrez - moi ce qu'ils ont créé en fait de terre. Ou est - ce à propos des

cieux qu'ils ont leur association avec Dieu? Ou leur avons - Nous apporté un

Livre, pour qu'avec cela ils soient sur une preuve?". Non, mais ce n'est qu'en

tromperie que les prévaricateurs se font des promesses les uns aux autres.

Oui, Dieu retient les cieux et la terre de s'éloigner. Et si les deux s'éloignent,

nul après Lui ne pourra les retenir. Oui, Il demeure patient, pardonneur."

Coran, sourate 35, versets 40 et 41

Cette unité qui caractérise notre existence, nous la percevons bien en nous - mêmes quand, lors des malheurs et des grandes épreuves de la vie, nous voyons tous nos espoirs converger vers un même point, et nos coeurs se tourner vers une même direction.

Hicham ibn al Hakam posa la question suivante à l'Imam Jaafar Sadegh - que la paix soit sur lui -:

"Qu'est - ce qui prouve que Dieu est un?" L'Imam répondit:

"La cohésion qui existe dans l'ordre du monde et la perfection de l'oeuvre. Comme dit le Coran dans la sourate "Les Prophètes", verset 22, "S'il y avait (dans le ciel et la terre) d'autres divinités que Dieu, tous deux seraient dans le désordre..."41

Donc la régularité et l'étendue de l'ordre qui régit toutes les choses, réfutent l'idée selon laquelle il y aurait plusieurs dieux régnant sur les mêmes ou différentes sphères.

* * *

Maeterlink dit: "Chaque molécule fendue laisse apparaître un atome. En fendant l'atome nous arrivons à ce que nous appelons par contrainte: "électricité" et qui apparaît sous toutes les formes pour être même à l'origine des matériaux de construction de par le monde. De ce fait, nous déduisons que le créateur de ce monde ne peut être qu'un car toute chose dans ce monde, (matériaux ou lois), procède d'une seule origine. Celle que nous n'avons pas encore connue."42

Tout en insistant sur l'unité de Dieu et Sa sagesse dans la Création, le Coran mentionne aussi le rôle des causes et des moyens par lesquels se réalise le Commandement divin. Il dit:

"Du ciel, Dieu a fait descendre de l'eau,. puis il en revivifie la terre une fois morte. Voilà bien là un signe, vraiment, pour des gens qui écoutent !"

Coran, sourate 16, verset 65

Une fois parvenu à la conclusion que Dieu seul est engagé dans l'oeuvre de création, d'ordonnancement et de direction de l'univers tout entier, et que toutes les sources d'effet et de causalité sont subordonnées à Sa volonté et à Son Commandement, chacune ayant son rôle particulier assigné par Dieu; une fois donc que nous sommes parvenus à cette conclusion, comment nous serait- il possible d'imaginer un tout autre être du même niveau que Dieu et de nous incliner devant lui en adoration?

"Et il est des gens qui adoptent, en dehors de Dieu, des Rivaux, les aimant comme d'un amour de Dieu. Or, ceux qui croient sont plus jorts en l'amour de Dieu."

Coran, sourate 2, verset 165.

"Et sont de Ses signes la nuit et le jour et le soleil et la lune: ne vous prosternez ni devant le soleil ni devant la lune, mais prosternez vous devant Dieu qui les a créés, si c'est Lui que vous voulez adorer."

Coran, sourate 41, verset 37

Chapitre VI
La puissance infinie de Dieu
La puissance infinie de Dieu n'a pas de preuve plus claire que celles qui nous sont fournies par l'étude et l'examen des phénomènes de l'univers créé et des formes et colorations multiples de la nature qui ne pourront jamais être décrites entièrement.

Quand nous regardons la Création de Dieu, nous nous trouvons confrontés à une énergie si vaste qu'aucune limite ne peut lui être supposée. Un regard sur la Création et les millions de vérités que recèlent les merveilles de la nature et les profondeurs de l'être humain lui - même fournit l'indication la plus claire de l'étendue du pouvoir de Celui qui les a créés, car l'ordre riche et complexe de l'existence n'admet pas d'autre explication.

C'est la puissance incomparable de Dieu qui force l'homme à s'incliner humblement devant le Créateur de ce grand ordre. On ne peut exprimer avec les mots les dimensions de Sa puissance; cette essence unique est dotée d'une puissance telle qu'il Lui suffit de commander: "Sois!" pour qu'une chose vienne aussitôt à l'existence:

"... Quand Il veut une chose, Son Commandement consiste à dire: "Sois!"; et elle est."

Coran, sourate 36, verset 42

La loi exprimée par ce verset indique mieux que tout, Sa puissance illimitée, ainsi que la manifestation de Son pouvoir et de Sa splendeur sans borne. Elle réfute toute limite qu'on chercherait à fixer à la puissance divine et proclame l'inadéquation de tous les critères et mesures en égard à cette loi divine.

Les pionniers des sciences naturelles, les hommes des laboratoires, en dépit des progrès qu'ils ont réalisés, n'ont pas oncore acquis la connaissance complète et définitive des secrets d'un seul être parmi les êtres nombreux et variés de l'univers de la création. Néanmoins, la connaissance défectueuse et non objective que l'homme a acquise au sujet de quelques êtres de ce monde est suffisante pour lui permettre de réaliser pleinement que le pouvoir immense qui a créé une telle abondance et variété dans l'univers doit être infini. Considérer la portée de Sa création: des créatures fragiles, des bêtes monstrueuses aux apparences bizarres vivant dans les profondeurs de l'océan, des oiseaux délicats aux chants mélodieux, et aux ailes multicolores dont la beauté sert de modèle aux artistes, des étoiles qui brillent dans les cieux et le soleil qui se lève et se couche, l'aube et le clair de lune, les planètes, galaxies et nébuleuses dont chacune contient dans son coeur parfois des millions de grandes étoiles brillant dans l'infini.

Une création pareille, qui inspire l'étonnement par sa splendeur, n'est - elle pas la preuve du pouvoir infini de son Artisan? Peut - on ignorer la puissance d'un créateur qui confère une si grande variété à la vie, et fait que les formes finies et distinctes se révèlent dans le vaste éventail des phénomènes?

Etant donné que toutes ces formes séduisantes de la création procèdent en dernière instance, de l'atome, la question de l'être ne peut donc s'expliquer que par référence à une force infinie capable de tout orienter.

C'est Lui qui pousse toutes les choses à prendre des formes vivantes et qui possède le pouvoir et l'intelligence pour concevoir et réaliser ce dessein vaste et précis.

* * *

Petit et grand, difficile et facile sont des qualificatifs propres aux êtres finis. Dans le royaume infini de l'essence de Dieu et de ses attributs, il n'est guère question de grand ou petit, de peu ou de beaucoup. L'impuissance et l'incapacité sont dues à une énergie finie dont on dispose, ou à l'existence d'un obstacle sur le chemin ou à l'absence de moyens ou d'instruments. Elles sont inconcevables dans le cas d'une puissance infinie.

Rien aux cieux et sur terre ne saurait affaiblir sa puissance. il est savant et puissant."

Coran, sourate 35, verset 41

Bien que Dieu soit capable de tout, Il a créé le monde d'après un plan spécifique et précis dans le cadre duquel un rôle déterminé a été assigné à certains phénomènes pour en engendrer d'autres. Ces phénomènes sont totalement et incontestablement soumis à sa volonté en remplissant leur rôle et ne s'opposent pas le moins du monde à ses ordres.

"Le soleil, la lune et les étoiles sont tous sous

Son commandement. N'est - ce pas à Lui

qu'appartient la création et le commandement.

Béni soit Dieu, Seigneur des mondes".

Coran, sourate 7, verset 53

Aucune créature dans l'univers ne peut manifester une puissance ou partager la Volonté de Dieu, car Il n'a ni un partenaire dans Son essence, et ni un associé dans Son pouvoir de création. Autrement dit, les créatures dépendent de Lui dans leur essence et n'ont aucun pouvoir pour agir sans Sa volonté.

Chaque fois qu'Il le veut ou que la nécessité s'impose, Il bouleverse tout l'ordre de l'existence, aussi ferme soit-il. Tout est soumis à Sa volonté. Le créateur qui a assigné a chaque facteur ou cause, un effet particulier, est capable de neutraliser ou de suspendre cet effet, à tout moment.

Tout comme un seul ordre amena l'univers à l'existence, un seul ordre enlèvera aux phénomènes leurs rôles habituels.

"Ils dirent: 'brûlez Abraham et donnez la victoire à nos dieux, si vous êtes des hommes d'action'. Nous ordonnâmes au feu: 'sois froid et paix pour Abraham. 'Ils voulurent user d'un stratagème contre lui mais nous fîmes d'eux les perdants"

Coran, sourate 21, versets 68 à 70

Cette puissante attraction du soleil et de la terre, qui s'exerce dans un grand domaine, est soumise à Sa volonte. Ainsi, Il donne à un petit oiseau le pouvoir nécessaire, pour résister à l'attraction terrestre et s'envoler.

"N'ont ils pas vu, assujettis dans le vide du ciel, les oiseaux que seul Dieu retient? Voilà bien des signes vraiment, pour des gens qui croient!"
Coran, sourate 16, verset 74

N'importe quel phénomène qui puisse nous venir à l'imagination, voit ses besoins, en vie et en nourriture, satisfaits par le créateur, c'est à dire que toute capacité ou pouvoir, sur le plan de la création revient nécessairement à la puissance infinie de Dieu.

Ali, le Commandeur des croyants - Que la Paix soit sur lui dit:

"Oh Dieu, nul ne peut pénétrer les profondeurs de Ta Splendeur et de Ta majesté. Nous savons seulement que Tu es vivant et autosubsistant, et que Tu ne manges et ne dors point.

Aucun esprit ne peut Te percevoir, et aucun oeil ne peut T'apercevoir, alors que Tu vois tout. Tu connais la durée de vie de toute chose. Tu es le Tout Puissant.

Bien que nous n'ayons rien perçu de Ta création, nous sommes étonnés de Ta puissance et nous Te louons beaucoup. Car nous savons que ce que nous ne pouvons pas voir avec nos yeux et que nous ne pouvons atteindre avec notre esprit et notre intelligence, et qui nous est caché par les voiles de l'inconnu, est beaucoup plus grand que ce que nous percevons".43

Quand l'homme décide de construire quelque chose - un hôpital par exemple - il rassemble les outils nécessaires et les pièces d'équipement qui n'ont aucune relation essentielle entre elles, et les relie alors, l'une à l'autre, au moyen d'une série de relations artificielles, pour atteindre son but.

Cependant, pour créer de telles relations artificielles, il utilise des forces et des objets qui existent déjà. Son travail et son activité sont une partie du système de la création. Ils ne sont pas, à proprement parler, de l'activité créatrice, mais seulement une forme de mouvement qui a lieu en des objets existants. Mais la création divine forme une toute différente catégorie de la production de relations artificelles entre des objets non reliés. Dieu crée les choses avec toutes leurs propriétés, leurs forces et énergies et leurs caractéristiques.

Quand nous disons que Dieu est le Tout puissant, nous devons préciser que son pouvoir concerne uniquement les choses qui sont possibles. Les choses qui sont rationnellement impossibles sont totalement en dehors des limites de Sa providence. Le fait d'utiliser le mot 'Pouvoir'ou, Capacité'par rapport aux choses qui sont impossibles est incorrect et sans aucun sens.

Bien que le pouvoir de Dieu soit en effet illimité, la capacité réceptive des choses et leur capacité à servir comme lieu de la manifestation du pouvoir divin, doivent être prises en considération. L'exécution de la volonté de Dieu est couplée aux relations entre cause et effet avec le réseau complexe de raisons et de causes.

Pour qu'une chose puisse devenir l'objet de la volonté divine, elle ne doit pas être impossible et doit posséder en son essence la capacité réceptive. La Volonté divine s'accomplit au moyen de la réceptivité des choses. Il est vrai que la splendeur divine est infinie et constante, mais le terrain pour la recevoir est imparfait et incapable d'absorber entièrement ce que la source met à sa disposition.

L'Océan est une source abondante d'eau, mais une citerne n'a qu'une capacité finie pour recevoir cette eau, et une quantité infime de cette eau suffit à remplir la citerne. Il est clair que dans ce cas, c'est bien la capacité de la citerne qui est limitée et non l'eau de l'océan.

Quelqu'un demanda à l'Imam Ali, le Commandeur des croyants - Que la paix soit sur lui -:

"Est ce que ton Dieu est capable de mettre le monde entier dans un oeuf de poule?" Ali répondit: "Dieu est certes capables de tout faire, mais ce que tu demandes est chose impossible".

Ainsi bien que l'Essence sacrée de Dieu soit entièrement libre de toute incapacité, il est insensé et irrationnel de demander si Dieu peut faire quelque chose d'impossible en soi.

* * *

Celui dont le coeur bat avec l'amour de Dieu et déborde de foi en le Créateur de tout être ne sera jamais découragé, même seul ou désespéré et en pleine contrariété.
Il entreprend la tâche la plus difficile, se sentant sous 1'ombre protectrice d'un pouvoir suprême qui peut le faire triompher de toutes les difficultés. Un homme qui est conscient de la présence de Dieu et sait qu'il bénéficie de son soutien peut résister et supporter toutes les preuves. Les difficultés sont pour lui comme de l'écume disparaissant à la surface de l'eau.

De jour en jour, le feu qui brûle en lui, devient plus ardent et les épreuves font de lui un homme plus fort. A travers toutes les peines qu'il endure, il est réconforté et aguerri par la bonté et la faveur de Dieu et c'est ce qui fait le vrai moteur de son activité. L'échec ne barre jamais son chemin et ne peut l'affliger.

Avec une intention sincère et un effort appliqué, il continue jusqu'à la victoire finale.

Il comprend que ses efforts ne peuvent rester vains et que la victoire appartient à ceux qui la méritent. Il sait que Dieu prend la main de Ses esclaves quand ils n'ont pas d'autre refuge que Lui. Il connaît son Seigneur qui choisit le moment propice pour rouler dans la poussière de l'humiliation le nez des rebelles et des oppresseurs arrogants qui ne croient qu'à la violence.

Combien de tyrans ont été renversés au cours de l'histoire humaine, en disparaissant dans une tempête de honte.

L'histoire des messagers de Dieu représente en soi un modèle idéal et complet des valeurs humaines. Nous savons tous comment ces messagers se sont levés contre les forces oppressives de leur époque dans le but de guider les hommes au salut, de réformer leurs sociétés et de leur inculquer les nobles valeurs.

Ce sont les messagers de Dieu qui ont allumé la première flamme qui finit par détruire le polythéisme.

L'éclat de leurs croyances a pu changer la face et le cours de l'histoire. Ils ont posé les fondements du culte monothéiste, et ont établi les principes de la vertu de la manière la plus totale.

Qui peut nier le rôle de leur dévotion et de leur foi dans le combat incessant qu'ils menèrent. Jusqu'à quel point l'homme peut - il faire preuve de volonté, d'endurance et de sacrifice?

Un bref examen de la glorieuse histoire des prophètes nous permet de comprendre leur sincérité, leur dévotion, leur patience et leur désir intense de guider et de réformer leurs prochains. Le secret de leur victoire réside dans le fait qu'ils n'ont jamais pensé à eux - mêmes, ne fût - ce qu'un seul instant. Ils ont sincèrement renoncé à leur propre être, en en faisant don dans le sentier de Dieu. Et Dieu leur a alors répondu en leur offrant l'immoratité et la renommée éternelle.

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Chapitre VII
La connaissance infinie de Dieu
Un créateur qui ne peut être délimité par aucun espace et dont l'essence ne conçoit aucune limite et tel qu'aucune partie des cieux ou de la terre ne soit vide de son être, un tel créateur est naturellement informé de toutes choses. Il n'y a rien dans toute sa création sur quoi les rayons de son savoir ne brillent pas. Il est conscient des évènements qui ont lieu dans les parties les plus éloignées de l'univers, de ceux qui se sont déroulés il y a des milliards d'années ou qui auront lieu dans des milliards d'années; et c'est pour cela que les tentatives les plus poussées pour interpréter son savoir sont ainsi condamnées à l'échec.

Afin de comprendre l'étendue de son savoir, nous poussons les limites de notre pensée, nous appliquons notre intelligence à la reflexion et à la recherche et nous essayons d'avancer vers notre but avec un esprit clair.

En dernier ressort, cependant, notre appareil mental manque de l'habileté nécessaire pour atteindre son but. Si nous devions exister partout de la même façon que nous existons à un moment donné dans un lieu donné, de façon telle qu'aucune autre place ne soit privée de notre présence, rien ne serait caché de nous et nous serions au courant de tout. Pour nous, le monde des êtres a été divisé en deux: l'Invisible et le manifeste: par invisible on entend le domaine des choses qui étant incommensurables et immatérielles, sont imperceptibles aux organes des sens. Il est important de se rappeler que la connaissance de la totalité de l'existence ne se limite pas au domaine des sciences empiriques.

Afin de comprendre les secrets et mystères de la création, nous avons besoin d'une plateforme de lancement. L'élévation que nous pouvons atteindre dépend de la force intellectuelle dont nous disposons et du degré de compréhension qui propulse notre ascension. Une fois que nous avons une rampe de lancement, plusieurs réalités deviennent connaissables.

A travers son usage du mot Ghayb (l'Invisible), le noble Coran met devant l'homme une large vision de la réalité. Les messagers de Dieu ont aussi oeuvré pour élever la conscience de l'homme de l'univers créé à un niveau qui embrasse aussi bien l'infini que le fini et les frontières de l'invisible tout comme les dimensions du manifeste. Rien n'est caché à Dieu. Pour lui, l'Univers est entièrement manifeste.

"Il connaît le visible et l'invisible. Il est le clément, le miséricordieux"

Coran, sourate 59, verset 22

Tout ce qui est fait par l'homme dérive de l'intelligence et de la science de son producteur.

Plus le produit est raffiné, plus il reflète la connaissance profonde et étendue de son producteur et plus il prouve son habileté à planifier et à projeter.

Le travail manuel de l'homme n'est en aucune facon comparable aux mystères et à la splendeur de la création. Il nous suggère néanmoins que le schéma harmonieux et ordonné et la manifestation d'intelligence dans ce vaste et joli modèle de création, doivent nécessairement indiquer que celui qui le planifie de façon aussi ordonnée doit certainement posséder un savoir étendu et illimité.

Le bon ordre de l'univers est la meilleure preuve de l'existence d'un être qui déborde de savoir, de volonté, conscience et sagesse et qui a modelé les merveilles de la création d'après un plan minutieusement établi. Les signes de la science infinie peuvent facilement se voir dans chaque particule de chaque phénomène. Les expériences et les théories des scientifiques fournissent (pour qui le désire) des preuves de la science illimitée de Dieu et de ses innombrables manifestations dans le monde animal, végétal ou des insectes.

Dieu connaît les trajectoires des étoiles dans l'espace, le monde tumultueux des nébuleuses et la rotation des galaxies; Il connaît toutes choses de la pré éternité à la post éternité, le nombre d'atomes dans les corps célestes, les mouvements des milliards de créatures, grandes et petites, qui se déplacent sur la surface de la terre et dans les profondeurs des océans, les normes et les lois qui régissent infailliblement la nature, les aspects visible et invisible de toutes choses; Il connaît même les perplexités des affolés mieux qu'eux mêmes (ne les connaissent). Ecoutez encore ce que dit le CORAN:

"Et comment ne la connaîtrait - il pas ( sa création). Il est le Subtil (qui pénètre tout), l'Instruit".

Coran, sourate 67, verset 14.

"Rien n'est caché de Dieu, que ce soit sur la terre ou dans les cieux".

Coran, sourate 3, verset 5

Les naturalistes de la nature sont mieux habitués que d'autres aux mystères subtils et précis cachés dans chaque particule de la créature. Grâce à leurs études et recherches, ils sont conscients des calculs variés qui animent les choses vivantes ou non, dans les cellules et les globules et des diverses formes d'action et de réactions intérieures ou extérieures qui ont lieu entre eux. Ils temoignent aussi des signes de l'extraordinaire sagesse de Dieu et de la nature infinie de son savoir ou comme le Coran le dit:

"Bientôt Nous leur ferons voir Nos signes à

tous les horizons, et même en leurs propres

personnes, jusqu'à ce qu'il leur devienne évident

que, oui, c'est cela la vérité."

Coran, sourate 41, verset 53

Plus que tout autre, ils sont exposés à la manifestation des attributs de Dieu et à sa perfection, incluant Son savoir infini; et s'ils ne rejettent pas l'appel de leur conscience, ils discerneront aussi de façon plus claire l'existence du Créateur.

Un certain penseur a dit: "Notre monde ressemble beaucoup plus à une grande idée qu'à une grande machine. Comme théorie ou comme définition scientifique, nous pouvons dire que le monde est le produit d'une grande idée, la manifestation d'une pensée et d'une idée supérieure à la nôtre. La pensée scientifique semble se déplacer en direction de cette théorie".

La connaissance de Dieu ne se limite pas aux choses passées ou aux évènements et objets présents; sa connaissance du futur est exactement comme sa connaissance du présent. La connaissance du futur est pour ainsi dire "Immédiate" au sens complet du mot. Il n'est tout d'abord pas nécessaire qu'il y ait un objet de connaissance auquel sa connaissance devrait s'attacher.

Toutes les choses sont là devant lui, car en même temps que son essence sacrée est complètement différente de toutes les créatures et phénomènes, il n'en est aussi pas séparé; Toutes choses passées et présentes sont en sa présence immédiate.

Ali le commandeur des croyants a dit:

"Il connaît toutes choses, mais non grâce à des moyens ou des instruments dont l'absence entraînerait la rupture de sa connaissance. Il n'y a pas d'entité additionnelle appelée 'Connaissance', interposée entre lui et les objets de sa connaissance; Il n'y a rien mais seulement son essence".

Ici l'Imam Ali - que la paix soit sur lui- fait allusion au principe théologique que la conscience de Dieu est directe et immédiate.

Dans sa connaissance des phénomènes, Dieu n'a pas besoin de formes mentales qui sont la base de la connaissance acquise. S'il devait acquérir sa connaissance grâce à ces formes, le besoin se ferait sentir en lui alors qu'il n'a aucun besoin. Celui de qui l'existence du monde et de ses habitants découle, qui est capable de satisfaire tout besoin imaginable,. qui offre toute perfection et bonté, est il concevable qu'Il soit lui-même emprisonné par le besoin?

Les formes mentales n'existent dans nos esprits qu'aussi longtemps seulement que nous souhaitons qu'elles existent; Elles disparaissent dès que nous détournons d'elles notre attention, parce qu'elles sont créées et façonnées par nous. Cette forme de connaissance n'est pas directe et sans intermédiaire et elle est alors appelée "connaissance acquise" par opposition à la "connaissance immédiate", qui elle n'a besoin d'aucun moyen.

La différence entre nous, qui créons nos propres formes mentales et le créateur qui a été à l'origine de tout être .réside en ce que nous lui devons notre existence même, alors qu'Il est le vrai Créateur et Celui qui vivifie toute chose; Il est indépendant de tout besoin et n'a pas besoin de l'exercice de la vision pour acquérir la connaissance.

La délinéation entre les évènements passés et futurs qui a lieu aux horizons de notre être et pensée est inévitablement limitée, puisque nous occupons un temps et un espace donnés en dehors desquels nous n'avons pas d'existence. Nous sommes un phénomène matériel, et la matière d'après les lois de la physique et de la relativité a besoin d'espace et de temps dans son processus graduel et continu de développement et de changement.

Mais le passé et le présent n'ont aucun sens pour un être qui est présent de la pré - éternité à la post éternité, en toute place et en tout temps et est libre de l'emprise de la matière et de ses conséquences.

Puisque chaque phénomène dépend de l'existence d'un créateur pour son origine et son existence, aucun voile ou barrière n'est supposée exister entre Dieu et ce phénomène; Dieu entoure ses dimensions intérieures et extérieures et a tous les pouvoirs sur lui.

"Et auprès de Lui sont les clefs de l'Invisible.

Ne les connaît que Lui. Et Il connaît ce qui est

dans la terre ferme, comme dans la mer. Et

pas une feuille ne tombe qu'Il ne le sache. Et

pas une graine dans les ténèbres de la terre, et

rien de frais ou de sec, qui ne soit dans le

Livre Evident".

Coran, sourate 6, verset 59

Imaginons que nous soyons dans une chambre surplombant la rue et que nous regardions à travers une fenêtre la masse des voitures qui se déplace dans la rue. Il est évident que nous ne pouvons voir toutes les voitures en même temps. Nous les voyons une à une quand elles passent en face de la fenêtre, puis elles disparaissent de notre vue.

Si nous ne savions rien des voitures, nous pourrions croire qu'elles viennent à naître d'un côté de la fenêtre et cessent d'exister de l'autre côté. Cette fenêtre correspond exactement à notre champ de vision. Elle détermine un passé et un présent pour les voitures. Ceux qui sont en dehors de la chambre, debout sur le trottoir, voient toutes les voitures se déplaçant simultanément.

Notre position vis a vis du passé et du futur est comme celle de la personne regardant les voitures à travers la fenêtre. Une fois que nous réalisons que Dieu est au dessus du temps et de l'espace, nous comprenons que tous les évènements passés et futurs sont toujours présents et existent devant lui, comme une peinture. Nous devrions alors avoir un sentiment de responsabilité envers un créateur qui est au courant du moindre acte.

"Il connaît tout ce que vous faites"

Coran, sourate 2, verset 83

Nous devrions de même éviter toute faute ou péché qui nous éloignerait de lui. Nous devrions adorer Dieu, le Possesseur de la science absolue, qui nous a créés pour traverser les différentes étapes et pour atteindre les capacités que nous avons maintenant. Nous ne devrions pas désobéir à Ses ordres, et nous ne devrions accepter aucun autre but que lui. Pour pouvoir l'atteindre, nous devrions nous parer d'attributs divins et nous préparer, durant notre bref séjour sur terre pour Sa rencontre.

Alors nous repartirons vers Lui, la source, l'origine et le début de notre existence. Ceci requiert de l'action et un effort constant destinés à purifier le "soi", car la responsabilité d'agir en ce sens a été placée sur les épaules de l'homme comme un dépot divin.