Qui était supérieur : Ali ou Abu Bakr ?
  • Titre: Qui était supérieur : Ali ou Abu Bakr ?
  • écrivain: Rafidi Ibn Fayrouz
  • Source:
  • Date de sortie: 5:38:23 15-9-1403

Qui était supérieur : Ali ou Abu Bakr ?
1-Quelques éléments historiques pour situer la discussion
Discussion argumentée du calife abbasside Al-Mamun ar-Rashid avec des traditionalistes sunnites concernant la supériorité de l’Imam Ali (as) sur les 3 premiers califes usurpateurs (Abu Bakr, Umar, et Uthman).

Al-Harun ar-Rashid était le plus connu des califes abbassides, en ces temps Bagdad était la capitale de son royaume. C’était un calife cruel, malicieux, ivrogne, aimant les fêtes, les jeux, et la musique. Son fils, Al-Amin ar-Rashid lui succéda, mais il était incompétent. Il passait son temps à jouer avec les femmes et la direction du royaume était laissée à ses ministres sans qu’il s’en inquiète. Il haïssait le savoir et les savants. Al-Amin ar-Rashid avait écarté son frère Al-Mamun ar-Rashid du pouvoir, nommant son fils Musa, son successeur alors qu’il était encore au berceau, bien que Al-Harun ar-Rashid avait rédigé un testament nommant son fils Al-Mamun ar-Rashid successeur de Al-Amin ar-Rashid, ce dernier le déchira. Finalement, une bataille sanglante eut lieu entre les deux frères, la population de Bagdad avait souffert énormément. Al-Mamun ar-Rashid en sortit victorieux et Al-Amin ar-Rashid fut décapité par l’un des hommes du camp adverse.

La mère de Al-Mamun ar-Rashid était une servante persane, très laide et très sale selon les historiens, de Al-Harun ar-Rashid. Un jour il perdit dans une partie de jeu échecs et son adversaire lui demanda d’avoir des rapports sexuels avec la femme la plus laide de sa cour, qui était Maradjil, la mère de Al-Mamun ar-Rashid, celle-ci lui donna naissance en 170 de l’année hégirienne. Al-Mamun ar-Rashid était un fin politicien, mais tout comme son père et son frère, il s’amusait et buvait beaucoup. Il aimait jouer au jeu d’échec et écouter de la musique.Durant le califat abbasside les domaines scientifiques tels que l’astronomie, la médecine, la chimie étaient en plein essor. Bagdad était un pôle central de la Science.

Il est communément affirmé par les historiens que Al-Mamun ar-Rashid était un chiite. Les raisons en sont nombreuses, aussi bien religieuses que politiques, dont voici quelques unes :

1-D’après une tradition rapporté (ici on résume) de Sufiyan bin Nazar, rapporté de Al-Mamun ar-Rashid, qui accompagnait son père, avait rencontré l’Imam Musa ibn Jafar (as) qui lui a prédit son accession fulgurante à la tête du califat abbasside, et lui a demandé de se comporter aimablement avec ses enfants et sa famille.

2-Le calife Al-Mamun ar-Rashid ‘remit les clés’ de l’étendue de la terre de Fadaq aux Hachémites (ou les Alides [et descendants de Fatima (ahs)]) qui subissaient de plein fouet les sanctions économiques de la part des précédents califes, aussi bien abbassides que umayyades. Al-Mamun ar-Rashid leur a permis de vivre aisément en levant les sanctions. Il faut rappeler au lecteur, que la terre de Fadaq fut remise aux Hachémites pour la deuxième fois, auparavant elle était confisquée. La première fois elle fut usurpée par Abu Bakr, qui avait également interdit de verser l’argent du Khums aux membres de la famille du Prophète (saws). Par la suite, les califes umayyades l’avaient prise en leur possession, à l’exception du calife Umar ibn Abd al-Aziz, qui respectait beaucoup l’Imam Muhammad al-Baqir (as), et retourna la terre de Fadaq aux Hachémites. Selon une tradition, l’Imam Muhammad al-Baqir (as) aurait affirmé la noblesse de ce calife, le différenciant des autres califes cruels umayyades. Mais bien sûr, après le calife Umar ibn Abd al-Aziz, la terre de Fadaq fut confisquée à nouveau. Ceci prouve clairement qu’au tout début, Abu Bakr avait volé intentionnellement le cadeau offert par le Prophète (saws) à Fatima (ahs), c’est-à-dire, la terre de Fadaq.

3-Il fut le premier calife à maudire Muawiya bin Hind (bin Abu Sufiyan). Mais cela ne fait aucun doute que les musulmans connaissaient déjà les actes impudiques et cruels de Muawiya bin Hind.

4-Il avait l’habitude de louer l’Imam Ali (as) devant le public ceci afin d’empêcher tout type de révolte de la part des Alides. De plus, les officiers et les soldats de son armée étaient des partisans de l’Imam Ali ar-Rida (as).

5-Il nomma l’Imam Ali ar-Rida (as) comme son successeur et le maria à sa fille (certainement une stratégie politique).

etc.

2-Quelques précisions pour le lecteur
Nous devons préciser qu’il était dans l’habitude du calife Al-Mamun ar-Rashid de rassembler les ennemis des Ahlul Bayt (as) afin de débattre avec eux sur la question de la guidance religieuse divine (Imamat) et sur la supériorité de l’Imam Ali (as). L’une des raisons de ces assemblées était celui de plaire à l’Imam Ali ar-Rida (as), qui était sûrement son principal rival ‘tant au niveau religieux que politique’. [Si Dieu le veut, nous essaierons de développer, prochainement, le sujet sur les manoeuvres politiques du calife Al-Mamun ar-Rashid]. Ces débats montrent à quel point le calife Al-Mamun ar-Rashid était au courant de la théologie islamique et ses connaissances sont à la hauteur de sa politique.

L’Imam Ali ar-Rida (as), en des termes explicites, avait averti ses fidèles compagnons de ce ‘macabre jeu politique’, du calife, en organisant de tels débats :

الٌذين يثق بهم لا تعترٌوا بقوله فما يقتلني واللٌه غيره ولكنٌه لا بدٌ لي الصبر حتى يبلغ الكتاب أجله« Ne soyez pas corrompu [lui faire confiance au point de croire que c’est un partisan des Ahlul Bayt (as)] par ce qu’il dit. Je jure par Dieu qu’il est mon meurtrier, cependant je n’ai pas d’autre choix que de rester patient jusqu’à ce qu’à ce que l’heure de ma mort n’arrive. »

3-La discussion argumentée du calife abbasside Al-Mamun ar-Rashid
Muhammad ibn al-Hassan ibn Ahmad ibn al-Walid rapporte de Muhammad ibn Yahya al-Attar et Ahmad ibn Idris cite sous l’autorité de Muhammad ibn Ahmad ibn Yahya ibn Imran al-A’shari, sous l’autorité de Abul Khair Salif ibn Abi Hammad ar-Razi, sous l’autorité de Ishaq ibn Hammad ibn Zayd :

Yahya ibn Akhtam al-Qazhi nous rassemble dans une chambre et nous dit : « Al-Mamun m’avait ordonné de rassembler un groupe d’experts en traditions (ahadith), et de rhétoriciens. J’ai, ainsi, rassemblé quarante individus de ces deux groupes. Je leur ai dit de me suivre puis d’attendre à l’entrée de la porte afin que le garde avertisse Al-Mamun. Ils y sont restés jusqu’à ce que Al-Mamun soit averti de leur arrivée. Al-Mamun leur autorisa à entrer et ils le saluèrent. Al-Mamun consacra un certain temps à parler avec eux, leur souhaita la bienvenue et leur proposa de s’installer confortablement. Puis il dit : « Je vous prends comme mes témoins devant Allah (swt) le Sublime. Ma position et ma majesté ne doivent pas vous empêcher d’accepter ce qui est vrai, peu importe celui qui le dit, et de refuser ce qui est faux, peu importe celui qui le dit. Ayez peur du Feu de l’Enfer et cherchez refuge auprès de Allah (swt). […] Sur ce, usez de toute votre faculté de raisonnement afin d’arguer avec moi. Je suis un homme qui pense que Ali (as) est le meilleur homme après le Prophète (saws). Ainsi, reconnaissez-le si vous considérez que ce que je dis est vrai, sinon discutez avec moi en apportant vos arguments si vous considérez que ce que je dis est faux. Soit je vous poserai des questions, soit vous me les poserez selon vos désirs. Posez vos questions, mais nommez celui qui devra parler. Une fois qu’il commence à parler, si une autre personne veut rajouter quelque chose, il peut le faire. Et s’il commet une erreur, les autres peuvent le corriger. » Les experts ont accepté les règlements du débat.

3-1-La première discussion
L’un d’eux dit : « Nous croyons que Abu Bakr était la meilleure personne après le Prophète de Dieu (saws) car il est unanimement connu dans les traditions que le Prophète (saws) a dit : « Suivez ceux qui seront après moi – Abu Bakr et Umar. » Nous savons qu’elle est la meilleure personne après le Prophète (saws) puisque qu’il ne pouvait nommer comme chef que celui qui était le meilleur. »

Al-Mamun dit : « Il y a de nombreuses traditions. Soit elles sont toutes correctes soit incorrectes ; soit certaines d’entres elles sont correctes et certaines incorrectes. Si nous disons qu’elles sont toutes correctes, alors elles sont toutes incorrectes puisque certaines ce contredisent. Si nous disons qu’elles sont toutes fausses, alors la religion est fausse et la jurisprudence (la shari’a) sera invalide. Aussi nous devons accepter la seconde option qui suppose que certaines traditions sont correctes et certaines incorrectes. A présent, nous devons avoir des raisons pour les considérer comme correctes et rejeter celles qui s’y opposent. Si les raisons sont acceptables, nous devons les accepter, croire en leurs contenus et les appliquer. Cependant, la tradition que vous venez de citer inclut la preuve qui l’invalide, dès lors que le Prophète (saws) est le plus savant et le plus sage. Il est le plus honnête homme. Il est la plus improbable personne qui pourrait induire en erreur les gens.

Ainsi, il ne pourrait émettre un tel décret, celui de faire de ces deux personnes ses successeurs et des guides religieux. Puisque soit ces deux personnes suivent les mêmes enseignements, soit des enseignements différents. S’ils sont pareils sous tous les aspects, alors ils ne doivent représenter qu’une seule personne. Or ce ne fut pas le cas et ce ne sera pas le cas car deux personnes ne peuvent être qu’une seule et unique personne. A présent, s’ils sont différents, comment pourrait-on suivre ces deux personnes en même temps ? Ceci est impossible car obéir une personne signifierait désobéir la seconde. Le fait qui montre qu’entre ses deux personnes il y avait une différence est que Abu Bakr avait l’habitude de capturer les apostats, alors que Umar les laisser à leur sort. [Je cite cet extrait de Tabari : Kalid Ibn al Walid avait livré au feu des gens qui appartenaient à la Ridda. Umar dit alors à Abu Bakr "Vas-tu laisser faire celui-ci qui se permet d'infliger un châtiment qui est réservé à Dieu ?"

Abou Bakr lui répondit : "Je ne rengainerai pas un sabre que Dieu a dégainé contre les païens (mushrikîn)".] Un autre fait, quand Umar demanda à Abu Bakr que l’on exécute Khalid ibn al Walid pour avoir tuer Malik bin Nuwayrah. Abu Bakr le refusa. Umar tenait un registre pour sa force armée, Abu Bakr ne le faisait pas. Abu Bakr avait nommé un successeur alors que Umar ne l’avait pas fait. Il y a encore de nombreux exemples. »

3-2-La deuxième discussion
Une autre personne dit : « Le Prophète de Dieu (saws) dit : « Si je devais choisir un ami intime, je choisirais Abu Bakr comme mon ami intime. » » Al-Mamun dit : « Ceci est impossible, puisque selon vos traditions le Prophète (saws) avait établi des liens de fraternité entre ses Compagnons, mais il ne l’a pas fait pour Ali (as). Ali (as) lui demanda la raison et le Prophète (saws) lui répondit : « Je t’ai gardé pour que tu puisses devenir mon frère. [Je cite : le terme arabe utilisé ici est 'linafsi'] » Puisque cette tradition est établie, la précédente est rejetée.

3-3-La troisième discussion
Une autre personne dit : « Ali (as) a lui-même dit du haut de sa chaire : « Les meilleures des gens de cette Umma après le Prophète (saws) sont Abu Bakr et Umar. » »

Al-Mamun dit : « C’est impossible. Si le Prophète (saws) savait que ces deux étaient les plus nobles de tous, il n’aurait pas nommé Amr ibn al-Ass et Usama bin Zayd afin d’être ‘leurs leaders’ [Je cite : le Prophète (saws), juste avant son décès, nomma Usama bin Zayd à la tête d'une armée à laquelle faisaient partie Abu Bakr, Umar et d'autres Compagnons]. Aussi, ces paroles de Ali (as) après la mort du Prophète (saws) sont rejetées. Ali (as) dit : « J’étais intimement lié à lui pour que je devienne son successeur, aussi près que l’est ma chemise de mon corps. Cependant, j’étais effrayé par le fait qu’une discorde s’installerait, et que les nouveaux convertis retournent à leur état initial. » Ali (as) a aussi dit : « Comment pourraient-ils être meilleurs que moi, dès lors que j’ai adoré Allah (swt), sans être soumis à ma volonté, avant eux, et que je L’adorerai après eux. »

3-4-La quatrième discussion
Une autre personne dit : « Abu Bakr ferma la porte de sa maison et dit : « Y a-t-il quelqu’un pour refuser son allégeance à moi ? » Ali (as) dit : « Le Prophète de Dieu (saws) t’avait nommé. Qui pourrait le refuser ? » »

Al-Mamun dit : « Ceci n’est pas vrai, dès lors que Ali (as) avait refusé de prêter allégeance à Abu Bakr. Vos narrations rapportent que Ali (as) ne prêta pas allégeance jusqu’à ce que Fatima (ahs) fût vivante. Elle a également souhaité qu’elle soit enterrée de nuit pour que Abu Bakr et Umar ne fassent pas partie du cortège funèbre.

3-5-La cinquième discussion
Une autre personne dit : « Amr ibn al-Ass dit : « O^ Prophète de Dieu (saws) ! Laquelle de vos femmes vous préférez ? » Le Prophète (saws) dit : « Aicha. » Il demanda : « Lequel des hommes vous préférez ? » Le Prophète (saws) dit : « Abu Bakr. »

Al-Mamun dit : « Ceci non plus, n’est pas vrai. Vos narrations rapportent que quand il fut servi du poulet frit au Prophète (saws), il dit : « O^ mon Dieu ! Fasse que ton croyant préféré se montre ici. » Et ce fut Ali (as). Lesquelles de vos traditions doit-on croire ? »

3-6-La sixième discussion
Une autre personne dit : « En fait, Ali (as) avait dit : « Je punirai personnellement pour accusation celui qui me considèrera plus noble que Abu Bakr et Umar. » Al-Mamun demanda : « Comment Ali (as) pourrait-il punir quelqu’un pour quelque chose pour laquelle aucune punition n’est mentionnée dans le Livre de Dieu (swt) ? Si ça aurait été le cas, il aurait franchi tous les limites imposées par Dieu (swt) l’Honorable et se serait conduit contre les ordres divins. Le considérer comme étant meilleur que Abu Bakr et Umar n’est pas une accusation. Vos narrations rapportent que Abu Bakr a dit : « Je suis devenu ton maître, mais je ne suis pas davantage meilleur que ce que tu es. [Je cite : ~être à égalité]» A présent lesquels de ces deux hommes vous semblent être honnêtes ? Les paroles de Abu Bakr sur Ali (as) ou de Ali (as) sur Abu Bakr ? Néanmoins, les deux traditions sont en contradiction. On pourrait dire que soit Abu Bakr est honnête soit il ne l’est pas. Si l’on considère qu’il est honnête, nous devons savoir de quelle manière il a obtenu cette information ? Puisque il ne pouvait avoir de révélations divines, on pourrait supposer qu’il l’a perçu ainsi, mais nous savons que Abu Bakr ne pourrait penser ainsi. Si l’on suppose qu’il est malhonnête, alors une personne malhonnête ne pourrait être chargée des affaires des Musulmans et faire respecter les ordres divins.

3-7-La septième discussion
Une autre personne dit : « Il est rapporté que le Prophète (saws) a dit : « Abu Bakr et Umar sont les maîtres des vieux du Paradis. » »

Al-Mamun dit : « C’est impossible. Un jour une vieille femme du nom de Ashjayya était avec le Prophète (saws) et il lui dit : « Une vieille femme ne pourra entrer au Paradis. » Elle cria. Le Prophète (saws) dit : « Nous en fîmes des vierges, amoureuses, de même âge, pour les compagnons du bonheur » [Je cite : Sourate 56 Verset 36-38] Penses-tu que Abu Bakr sera le seul à devenir jeune quand il entrera au Paradis, alors que vos narrations rapportent que le Prophète a dit : « Al-Hassan (as) et Al-Hussein (as) sont les Maîtres des Jeunes du Paradis, et que leur père est meilleur qu’eux. » »