L’histoire de l’Islam et des Musulmans en Nouvelle-Zélande
E'crit par Abdullah Drury
Selon les résultats d’un recensement du gouvernement néo-zélandais au mois d’avril 1874, les premiers musulmans identifiés en Nouvelle-Zélande, étaient les 15 ouvriers chinois qui travaillaient dans des mines d’or de l’île du Sud.
Cependant, nous ne disposons aujourd’hui d'aucune information sur le sort de ces premiers musulmans vivant en Nouvelle-Zélande. Etaient-ils allés plus tard en Australie ? Sont-ils revenus en Chine ? Dans les années 1890, plusieurs hommes musulmans originaires du Panjab ont émigré en Nouvelle-Zélande et se sont installés sur l’île du Nord. Plus tard, dans les années 1900, trois hommes musulmans ont émigré en Nouvelle-Zélande. Ils étaient originaires du Gujarat indien qui était à l’époque sous la colonisation britannique. Suite à ces premiers immigrés musulmans, d’autres individus musulmans qui étaient accompagnés parois de leurs femmes et de leurs enfants, ont émigré des mêmes régions vers la Nouvelle-Zélande.
En 1950, près de 150 individus musulmans vivaient déjà en Nouvelle-Zélande. La même année, les immigrés musulmans originaires du Gujarat ont fondé l’Association des musulmans de Nouvelle-Zélande à Auckland. C’était la première organisation musulmane fondée dans ce pays. Un an plus tard, un navire qui amenait des réfugiés venant des pays de l’Europe de l’Est, a conduit vers la Nouvelle-Zélande près d’une cinquantaine d’hommes musulmans venant des pays comme l’Albanie, la Bulgarie et l’ex-Yougoslavie. Dans les années 1960, un nombre d’étudiants asiatiques est arrivé en Nouvelle-Zélande. En 1962, ces étudiants ont fondé pour la première fois l’Association internationale des musulmans en Nouvelle-Zélande (IMAN), Wellington, la capitale du pays. En 1977, l’Association des Musulmans de Canterbury (MAC) a été fondée sur l’île du Sud. Et enfin, il y a une trentaine d’années, la Fédération des Associations islamiques de la Nouvelle-Zélande (FIANZ) a été fondé en avril 1979, en tant que formation nationale des musulmans néo-zélandais.
Dans les années 1970, des émigrants musulmans qui étaient des Indiens de Fidji, sont arrivés en Nouvelle-Zélande. Plus tard, de nombreux émigrants musulmans sont venus s’installer en Nouvelle-Zélande. Ils étaient originaires de Somalie et des pays du Moyen-Orient. Ceci étant dit, à partir des années 1970, la tendance pour l’Islam a toujours existé en Nouvelle-Zélande. Cette tendance était peut-être lente, mais constante.
C’était en 1969 que les membres d’un groupe de propagande islamique appelé « Association de propagande » étaient venus pour la première fois du Gujarat (Inde) pour visiter la Nouvelle-Zélande. Trois ans plus tard, plusieurs missionnaires musulmans indiens se sont rendus en Nouvelle-Zélande pour s’occuper des activités de propagande islamique parmi leurs compatriotes musulmans qui s’étaient installés dans ce pays. A partir de cette date, leur nombre n’a cessé d’augmenter en Nouvelle-Zélande. En outre, ces dernières années, de nombreux autres Indiens musulmans de Fidji et de Somaliens ont émigré en Nouvelle-Zélande. Par ailleurs, il est à noter que jusqu’à présent, un nombre d’habitants indigènes de la Nouvelle-Zélande se sont convertis à l’Islam.
En 1969, un Néo-zélandais répondant au nom de Neil Dougan a voyagé en Afghanistan. Il s’est converti à l’Islam et il a rejoint le groupe soufi de Naghsh-Bandi. Il a changé son nom et est devenu le cheikh Abdallah Issa. Il est revenu à Auckland et s’est chargé de la tenue des prières collectives pour les musulmans. Avant sa mort en 1987, 300 personnes se sont converties à l’Islam et ont rejoint le groupe qu’il avait formé. Dans les années 1980, les Indiens de Fidji qui étaient adeptes de la secte musulmane de Ghaderiyeh se sont progressivement installés en Nouvelle-Zélande.
Lors de leurs cérémonies de culte, ils organisaient souvent la danse à l’épée.
Selon les résultats du recensement officiel de 1981, 2006 individus musulmans vivaient en Nouvelle-Zélande. Le recensement officiel de 2001 indiquait que le nombre des musulmans du pays s’était élevé à 23.000 personnes dont la plupart étaient des immigrés musulmans. Parmi eux, il y avait près de 3.000 musulmans européens (pour la plupart des musulmans d’origine albanaise ou bosniaque, ainsi que les nouveaux convertis), ainsi que 700 Maoris (les polynésiens indigènes).
Un début simple :
Dans les années 1970, l’une des préoccupations majeures des immigrés musulmans qui vivaient en Nouvelle-Zélande, les réfugiés musulmans ou les nouveaux convertis consistait en le problème de l’accès à la viande halal. L’objectif que les musulmans vivant en Nouvelle-Zélande se sont fixés consistait alors à avoir accès aux nourritures halal à l’intérieur du pays, en introduisant les méthodes de l’abattage halal dans l’industrie et l’économie de la viande en Nouvelle-Zélande.
Le dimanche 15 avril 1979 (17 Jamadi al-awoual 1399 de l’hégire), M. Haji Mazhar Shorki Krasniqi a été officiellement élu au poste de président de la Fédération des Associations islamiques de la Nouvelle-Zélande (FIANZ). Dans le même temps, le Pakistanais, Dr. M. H. Ghazi a été nommé premier secrétaire général de la Fédération, tandis que Haji Hossein Saheb, un Indien de Fidji, a été nommé trésorier de la Fédération. Par ailleurs, le Hudjat ul-Islam Mohammad Sharif Mahdavi, un religieux iranien, a été nommé premier adjoint du président de la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande. Le choix des noms et des règlements concernant la représentation de chacunes des associations membres de cette fédération avait été confié à Mme Yasmin Jin-Khan, une dame nouvellement convertie à l’Islam, d’origine britannique, qui vivait à Wellington. La Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande comprenait plusieurs associations dont NZMA, IMAN et MAC.
Le 30 janvier 1980, l’Association des musulmans de Waikato (WMA) a été fondée officiellement à Hamilton. Dans le même temps, l’Association des musulmans de Manawatu (MMA) a été formée à Palmerston de Sud, le 14 février 1980. Les deux associations ont rejoint la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande (FIANZ), l’année suivante. Vers la fin de l’an 1989, l’Association des musulmans d’Auckland du Sud a été fondée. En 1990, cette association s'est adhérée à la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande.
M. Mazhar Krasniqi est sans doute l’une des personnalités les plus importantes et les plus influentes de l’histoire des musulmans de Nouvelle-Zélande. Il est né le 17 octobre 1931 à Pristina au Kosovo.
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, alors qu'il était jeune, il a quitté l’Albanie, avec tous les membres de sa famille, pour fuir les atrocités et la dictature du régime communiste de l’Albanie. En 1951, il était l’un des pionniers musulmans originaires de l’Europe de l’Est, qui s’étaient installés en Nouvelle-Zélande. Il a joué un rôle très important au sein de la petite communauté musulmane de la Nouvelle-Zélande dans les années 1950 et 1960. M. Mazhar Krasniqi avait eu l’expérience de différents métiers avant de monter son petit commerce à Auckland. Dans le même temps, il a adhéré à NZMA et s’est impliqué dans le commerce et l’exportation de la viande halal.
En 1979, Mazhar Krasniqi a fondé la Fédération des Associations islamique de Nouvelle-Zélande (FIANZ) et il est devenu lui-même le président de la fédération en avril 1979. Deux semaines plus tard, il a assisté en personne aux cérémonies du déclenchement du projet de la construction de la première mosquée de la Nouvelle-Zélande à Ponsonby. Une vingtaine d’années plus tard, M. Mazhar Krasniqi a reçu la médaille de l’Ordre du service de la reine Elizabeth II d’Angleterre en raison des services qu’il avait rendus pendant près de cinq décennies à la Nouvelle-Zélande.
Vers le début du mois de juillet 1979, la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande a été officiellement invitée par le gouvernement de la République islamique d’Iran à participer aux cérémonies du début du quinzième siècle du calendrier islamique (21 novembre 1979) et aux cérémonies de commémoration du premier anniversaire de la victoire de la révolution islamique en Iran. La fédération a envoyé ses représentants en Iran afin de participer à ces cérémonies : Haji Avdo Musovich, musulman bosniaque qui était connu surtout pour ses positions anticommunistes et le Hudjat ul-Islam Mahdavi.
Le défunt Haji Avdo Musovich était l’une des personnalités musulmanes les plus célèbres de la Nouvelle-Zélande. Il était né au Monténégro, et après le massacre des hommes musulmans de sa patrie, il a fui le pays et s’est donné au métier de marin. En 1953, lorsque son navire avait accosté à Auckland, il a quitté le navire et a demandé l’asile politique auprès du gouvernement néo-zélandais. En 1969, son fils, Miralem a fait un exploit historique et il est devenu le premier musulman à entrer dans la faculté de génie de l’armée de l’air néo-zélandaise (Royal NZ Air Force, RNZAF).
Ainsi il s’est mis officiellement au service des forces armées néo-zélandaises. Dans les années 1970, il a commandé une escadrille composée de 40 effectifs dans une mission au pôle Sud.
De 1956 à 1981, Haji Avdo Musovich était membre du comité exécutif de NAMA. Après l’intensification des conflits armés en Bosnie-Herzégovine, M. Haji Avdo Musovich qui était l’un des pionniers musulmans de l’ex-Yougoslavie en Nouvelle-Zélande, s’est mis à la tête des opérations destinées à la collecte d’aides et de secours pour les musulmans bosniaques. En juin 1992, il a eu l’occasion de participer aux cérémonies annuelles du Hadj à la Mecque. En décembre 1992, le premier groupe des réfugiés musulmans de la guerre en Bosnie-Herzégovine est arrivé en Nouvelle-Zélande. Ce groupe de réfugiés comprenait trente anciens détenus qui avaient été emprisonnés dans les geôles tristement célèbres des criminels serbes et les dix membres d’une famille musulmane bosniaque.
Au mois de juin 1993, M. Haji Avdo Musovich a participé à une interview avec la télévision néo-zélandaise lors de laquelle il a exprimé ses points de vue sur la guerre civile en Bosnie-Herzégovine. Un an plus tard, son fils, Ramzi, a participé à une autre interview télévisée, lorsque le gouvernement néo-zélandais avait décidé d’expédier ses soldats pour une mission de maintien de la paix, sous l’égide des Etats-Unis.
M. Haji Avdo Musovich s’est éteint à l’âge de 82 ans, le vendredi 15 novembre 2001. Il a été inhumé le lendemain, jour qui coïncidait avec le premier jour du mois béni de ramadan de l’an 1421 de l’hégire. Il était un homme dévoué sans aucun orgueil, et un véritable immigré intégré avec succès, ayant consacré toute sa vie à l’Islam et au bien-être des musulmans. Il s’est longtemps battu pour la défense des principes islamiques et des intérêts de la communauté musulmane, à laquelle il s’était donné corps et âme. Dans l’annonce de la nouvelle de son décès, publiée dans le journal New Zealand Herald (quotidien le plus prestigieux du pays), il avait été qualifié de «combattant pour le bien-être des pauvres et des ouvriers ». La fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande a rendu hommage à la mémoire de Haji Avdo Musovich, en ces termes : « L’engagement et l’enthousiasme que M. Musovich approuvait pour l’Islam et les intérêts de la minorité musulmane nous ont toujours impressionnés et lui donné un statut très élevé aux yeux de tous les musulmans néo-zélandais, qui le respectaient profondément. »
Permis de la production de la viande Halal et le développement des activités de la FIANZ :
Après de longues années de négociations permanentes et intenses avec les membres du Conseil d’administration des producteurs de la viande en Nouvelle-Zélande, M. Mazhar Krasniqi a réussi à les convaincre de l’importance du commerce grandissant de la viande sur les marchés des pays musulmans du Moyen-Orient. Ainsi, M. Mazhar Krasniqi et ses collaborateurs ont fini par persuader les sociétés néo-zélandaises de production de viande d’accepter la pratique des méthodes d’abattage islamique pour produire de la viande halal. Dans un rapport élaboré par M. Mazhar Krasniqi en 1980, concernant l’émission du permis de la production de la viande halal, il était convenu que les bénéfices de l’émission du permis de la production de la viande halal soient consacrés entièrement aux activités pour les jeunes, aux projets du développement social et aux activités de la mosquée des musulmans en Nouvelle-Zélande.
Dans une lettre adressée en 1980 à M. Mazhar Krasniqi, président de la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande, M. Haji Mohammad Ali Harkon, secrétaire général de la Ligue mondiale islamique, lui avait accordé le droit exclusif de l’émission du permis de la production de la viande halal et de l’exportation de la viande et des nourritures halal en Arabie saoudite. En 1984, après de longues années de contacts et de discussions amicales avec les responsables de différents pays musulmans dans la région du Moyen-Orient, M. Mazhar Krasniqi a réussi à obtenir pour la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande, l’autorisation de l’exportation de la viande halal vers des pays comme le Koweït et les Emirats Arabes Unis. Ces autorisations avaient été obtenues suite à la conclusion d’un accord officiel d’abord entre la Fédération des Associations islamiques et le Conseil d’administration des producteurs de la viande en Nouvelle-Zélande, ensuite avec la société industrielle de MIA. Le premier contrat annuel qui avait été conclu était d’un montant de 60.000 dollars.
Grâce à la conclusion de ces accords, la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande a réussi à se procurer des sources de revenus indépendantes. Par conséquent, elle est devenue capable de consacrer des fonds financiers aux programmes des mosquées, ainsi qu'à leur maintenance et à l’organisation des cours coraniques pour les enfants musulmans. Vers la fin des années 1990, la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande obtenait chaque année des revenus qui montaient à près de 500.000 dollars. Chacune des associations adhérées à la fédération obtenait ainsi un fonds de 12.000 dollars pour développer ses activités de propagande islamique.
La croissance considérable et quasi-inattendue du commerce et de l’exportation de la viande halal dans les années de la décennie 1980 a laissé un effet non négligeable sur la composition de la communauté musulmane en Nouvelle-Zélande, ainsi que les activités des mosquées de ce pays. De nombreux hommes musulmans ont émigré en Nouvelle-Zélande en tant que force humaine spécialisée dans le domaine des techniques de l’abattage islamique du bétail. La fédération préférait d’abord embaucher sa main d’œuvre parmi les Iraniens, mais en raison du coût très élevé de leur voyage en Nouvelle-Zélande, la fédération a décidé enfin de les remplacer par des musulmans qui venaient de Fidji et de Malaisie.
Durant ces dernières années, un grand nombre de réfugiés musulmans somaliens se sont émigrés en Nouvelle-Zélande, et ils constituent aujourd’hui un pourcentage important de la population musulmane dans ce pays. La plupart de ces hommes travaillent dans les installations de l’industrie de la viande halal (situées souvent dans des régions lointaines et reculées du pays). Cependant, ces immigrés somaliens s’efforcent toujours de participer aux différentes cérémonies religieuses qui ont lieu dans les mosquées. En outre, il est à noter que la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande a embauché un personnel qualifié pour gérer un bureau central à Wellington et dans les locaux des installations industrielles afin de superviser les activités liées à l’abattage islamique du bétail, conformément aux principes de la charia.
Ce qui est très important dans le commerce et l’exportation de la viande halal en Nouvelle-Zélande, c’est que ce commerce est directement supervisé par les mosquées des musulmans dans ce pays. Avant 1979, il était très difficile pour les musulmans vivant en Nouvelle-Zélande de se procurer de la viande halal. Mais le problème semble être plus ou moins résolu à partir de 1980. En effet, dans les années 1990, il existait dans toutes les villes principales de la Nouvelle-Zélande des magasins qui vendaient de la viande halal. Aujourd’hui, il est possible d’en trouver dans toutes les villes du pays.
Hudjat ul-Islam Mohammad Sharif Mahdavi :
Le Hudjat ul-Islam Mohammad Sharif Mahdavi est un religieux iranien qui travaillait en mission à l’ambassade de la république islamique d’Iran à Wellington, capitale de la Nouvelle-Zélande. En Iran, il était professeur à l’Université de Téhéran et expert des rapports entre l’Islam et le marxisme. Il avait fait ses études dans la ville sainte de Qom, dans la discipline de la politique et de la philosophie occidentale. Il est considéré aujourd’hui comme spécialiste des sociétés capitalistes en Occident et du marxisme.
En 1979, le Hudjat ul-Islam Mahdavi s’est rendu à Auckland, en tant que membre d’une délégation du secteur privé iranien chargée d’étudier la possibilité d’importation de la viande halal de la Nouvelle-Zélande. Il a été chaleureusement accueilli dans la mosquée des musulmans de la ville d’Auckland et a participé aux cérémonies de dîner officiel qui avait été organisé à son honneur. Pour montrer sa bonne volonté à l’égard de la délégation iranienne et le religieux qui l’accompagnait, M. Mazhar Krasniqi s’est chargé de tous les frais de l’accueil réservé à la délégation iranienne.
Pendant les années de la décennie 1980, la Nouvelle-Zélande exportait 40% de sa production en viande vers la République islamique d’Iran. Le Hudjat ul-Islam Mahdavi a vécu pendant cinq ans dans la ville d’Auckland où il supervisait les modalités de la production de la viande halal. Il a également participé au recrutement de la main d’œuvre qualifiée dans les pays musulmans pour les faire embaucher en Nouvelle-Zélande.
Dans le même temps, il était connu à NZMA, comme un leader religieux pragmatiste et le porte-parole de la communauté des musulmans. C’est la raison pour laquelle, il a été nommé le premier secrétaire général adjoint de la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande (FIANZ). En janvier 1980, il a inauguré la première boucherie islamique de la Nouvelle-Zélande, dans la ville d’Auckland.
Le Hudjat ul-Islam Mahdavi était un diplômé de la jurisprudence islamique, ce qui l'avait conduit à prononcer des discours devant les fidèles qui se réunissaient dans la mosquée de Ponsonby. En juillet 1982, un journaliste néo-zélandais avait écrit un article sur lui, et avait précisé : « Parmi les musulmans qui ont immigré en Nouvelle-Zélande et ceux qui vivent dans la ville d’Auckland, il y a en a beaucoup qui considèrent l’Iran comme l’espoir des musulmans à l’avenir. En effet, ces musulmans sont généralement sous l’influence du représentant religieux iranien en Nouvelle-Zélande, M. Mohammad Mahdavi. Il comptait parmi les personnalités influentes de la ville dans les domaines religieux et culturels. En septembre 1984, M.
Mahdavi a quitté la Nouvelle-Zélande, et il a été remplacé par le Hudjat ul-Islam Ali Mohammad Amorollah Boyouki. Ce dernier semble moins s’occuper des affaires de la mosquée des musulmans à Ponsonby par rapport au Hudjat ul-Islam Mahdavi. M. Mahdavi est actuellement au service du département africain du ministère iranien des Affaires étrangères, mais la communauté des musulmans de la Nouvelle-Zélande gardera longtemps ses souvenirs et l’influence qu’il avait eue parmi les musulmans de ce pays. »
Dernière décennie :
Lors du recensement de 1991 réalisé par le gouvernement néo-zélandais, 5.769 citoyens néo-zélandais se sont présentés comme étant musulmans. Il est à noter que le recensement général de 1991 était le premier recensement dans le pays qui présentait une analyse générale de la composition ethnique de la population musulmane de la Nouvelle-Zélande. Selon les résultats de ces analyses, les Indiens représentaient 49% de la population musulmane, les autres groupes ethniques asiatiques représentaient 20% de la population musulmane, tandis que les Arabo-africains représentaient 22% et les Européens 6.6% de la population musulmane de la Nouvelle-Zélande. L'augmentation rapide du nombre des musulmans en Nouvelle-Zélande a entraîné la multiplication de petites organisations islamiques qui avaient des dimensions plutôt ethniques, notamment au centre de la ville d’Auckland. En 1992, un groupe d’immigrés Indiens de Fidji ont adhéré à l’Association de la propagande (Tabliqi Jimaat). Cette organisation a été fondatrice de l’éducation islamique en Nouvelle-Zélande et d’un institut de propagande islamique qui s’occupait pendant plusieurs années d’organiser des cours islamiques pour des enfants musulmans dans le sud d’Auckland. En l’an 2000, cette organisation a réussi à fonder une faculté pour les filles musulmanes, qui a été baptisée plus tard, la faculté du Cheikh Zaed, car l’Emir des Emirats arabes unis était le protecteur principal du projet de la création de cette faculté.
Dans les années de la décennie 1980, le Comité Milad de Nouvelle-Zélande s’est chargé de manière officieuse de l’organisation des cérémonies spéciales pour commémorer l’anniversaire du vénéré Prophète de l’Islam (saws) d’abord dans la mosquée de Ponsonby, ensuite dans la mosquée de l’Association des musulmans du sud d’Auckland. Grâce aux soutiens des immigrés indiens de Fidji, ce comité s’est doté d’une organisation très cohérente dans la ville d’Auckland. En 1977, ce groupe a été officiellement et légalement reconnu par le gouvernement néo-zélandais. En 1993, la Fondation islamique de l’Ahlulbeit de Nouvelle-Zélande a été créée en tant qu’une organisation d’œuvres caritatives, à l’initiative de cinq personnalités musulmanes locales et le soutien de l’Ayatollah Golpaïgani qui jouait le rôle du principal protecteur de cette fondation. Cette fondation a été officiellement enregistrée en Nouvelle-Zélande. A l’heure actuelle, cette fondation dispose d’importants biens et de moyens lui permettant d’organiser régulièrement des prières collectives, des cours coraniques et des cours d’enseignements religieux, ainsi que des réunions à l’occasion d’importants événements dont les jours d’anniversaire ou de décès des Imams infaillibles (as). A présent, la Fondation islamique de l’Ahlulbeit a réussi à établir des liens permanents avec près de cent familles musulmanes.
En septembre 1995, le cardinale Vinko Puljic, archevêque catholique de Sarajevo (Bosnie-Herzégovine) a fait une visite officielle en Nouvelle-Zélande. A son arrivée en Nouvelle-Zélande, il a été accueilli à l’aéroport par M. Avdo Musovich qui portait le vêtement national bosniaque et qui était coiffé d’un fez rouge orné d’un gland de soie. Les médias néo-zélandais ont très largement couvert les nouvelles concernant l’accueil du cardinal bosniaque par M. Haji Avdo Musovich, ce qui a laissé un effet très positif en ce qui concerne le statut de la communauté musulmane en Nouvelle-Zélande. Les médias néo-zélandais ont rapporté : « Hier, les musulmans et les catholiques se sont rendus ensemble à l’accueil d’un leader religieux qui vient du pays, où les adeptes des deux religions musulmane et chrétienne ont été amenés à la guerre les uns contre les autres. »
En 1996, le nombre des musulmans vivant en Nouvelle-Zélande s’est élevé à 1.354 personnes. Une analyse détaillée de la composition ethnique de la communauté musulmane de la Nouvelle-Zélande laisse identifier l’origine des musulmans vivants dans ce pays : 4.110 personnes venant d’Inde, 2.982 personnes venant des pays de la région du Moyen-Orient, 1.176 personnes venant des pays de l’Europe, 1.017 personnes venant de l’Afrique, et 4.263 personnes venant d’autres régions de la planète.
En 1992, la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande (FIANZ) a accordé un statut plus élevé aux femmes musulmanes en leur confiant des postes de représentation plus importants, ce qui a abouti à la création du Conseil islamique des femmes musulmanes de Nouvelle-Zélande. Ce conseil plus ou moins indépendant a choisi deux femmes en tant que représentantes, afin qu'elles participent à toutes les réunions de la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande (FIANZ), sans qu’elles aient pourtant le droit de vote. En 1999, un autre groupe a été officiellement fondé : l’Association des jeunes et des étudiants musulmans de Nouvelle-Zélande. Cette association est en réalité la branche des jeunes de la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande. Deux représentants de cette association participent régulièrement à toutes les réunions de la FIANZ. Les deux organisations des femmes et des jeunes organisent séparément leurs cours et conférences de manière régulière.
En 1999, le Dr. Haji Ashraf Chudehri, ancien secrétaire général de la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande (FIANZ), originaire de la région du Panjab au Pakistan, a été le premier musulman à devenir député du parlement néo-zélandais, en tant que membre du parti travailliste du pays.
Le 1er décembre 2000, l’Association des musulmans d’Otago, dirigé par M. Steve Ali Akbar Johnson, un nouveau converti à l’Islam, a fondé une mosquée dans la ville de Dunedin. Dans cette région néo-zélandaise, la communauté musulmane était déjà plus ou moins active depuis le début des années 1980.
Mais les étudiants musulmans et les bouchers qui travaillaient dans le secteur de la production de la viande halal ont progressivement quitté cette région du pays. En 1992, l’Association des musulmans d’Otago a été officiellement reconnue par le gouvernement néo-zélandais. Cette association a adhéré la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande (FIANZ) en 1996. La nouvelle mosquée a été nommée la Mosquée Al-Hoda. La Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande a octroyé un prêt de 100.000 dollars à l’Association islamique d’Otago pour l’application du projet de la construction de cette mosquée.
Dès les premières années de sa création, la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande a su établir de très bonnes relations avec les ambassades des pays musulmans à Wellington et en Australie, ainsi qu’avec les associations caritatives islamiques comme WAMY, la Ligue islamique mondiale, l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) et le Conseil régional de la propagande islamique en Asie du sud-est et en Océanie (RISEAP) dont le siège se situe en Malaisie. En effet, la conférence annuelle internationale de RISEAP a été organisée du 30 juin au 4 juillet 2002 à la faculté des filles de Cheikh Zaed à Auckland, à l’initiative de l’organisation des jeunes de la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande (FIANZ).
Les ambassades de quatre pays musulmans ont des représentations religieuses permanentes en Nouvelle-Zélande : l’Iran, l’Indonésie, la Malaisie et la Turquie. Les diplomates malaisiens et iraniens ont des relations des plus étroites avec la communauté musulmane de la Nouvelle-Zélande. M. Haji Mohammad Mahdi Sazegara, ambassadeur d’Iran en Nouvelle-Zélande de 1996 à 2000, a été particulièrement connu en raison du soutien qu’il accordait au projet du dialogue entre les musulmans et les chrétiens du pays, à l’initiative de l’organisation iranienne de la propagande islamique. C’est pourquoi la communauté musulmane de Wellington garde de bons souvenirs de la mission de M. Sazegara en Nouvelle-Zélande.
Le 18 novembre 2000, lors d’une conférence qui a eu lieu dans la mosquée des musulmans de Ponsonby, la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande (FIANZ) a fondé officiellement un conseil d’administration religieux consultatif. Avec l’unanimité des voix des oulémas musulmans de Nouvelle-Zélande, le Cheikh Mohammad Irout, d’origine syrienne et l’imam de la mosquée de Ponsonby depuis 1989, a été élu en tant que premier président de ce conseil, en raison de son degré scientifique et religieux. La deuxième conférence du Conseil d’administration a eu lieu en mars 2001 dans la mosquée des musulmans de Ponsonby. Après 12 mois de présidence, le Cheikh Irout a démissionné de son poste, et l’imam de la Grande Mosquée de Wellington, le Cheikh Mohammad Amir a été élu en tant que président dudit conseil.
Les acquis prometteurs :
Selon les résultats du recensement de 2001, le nombre des musulmans de Nouvelle-Zélande s’est élevé à 23.637 personnes dont 1.100 musulmans iraniens.
En décembre 2001, le Dr. Haji Ashraf Chudehri a adhéré à l’Ordre du service de la reine (Queen’s Service Order). En janvier 2002, le secrétaire général de la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande (FIANZ), le Dr. Haji Khaled Sandho a été récompensé, lui aussi, par l’Ordre du service de la reine, en raison de sa vaste coopération avec les différentes associations chrétiennes à Wellington (en collaboration avec l’ambassadeur d’Iran en Nouvelle-Zélande). En décembre 2002, le Haji Mazhar Krasniqi, ancien secrétaire général de la FINAZ a obtenu la médaille d’honneur de l’Ordre du Service de la reine, en raison de cinq décennies d’entreprises sociales. Cette récompense lui a été attribuée lors d’une cérémonie officielle, tenue au siège du gouvernement, le 4 avril 2003. Les médias néo-zélandais ont largement couvert les nouvelles de cette réussite. Le quotidien New Zealand Herald a écrit : « Il y a plus de 50 ans, le jour où M. Krasniqi est arrivé en Nouvelle-Zélande en tant que réfugié politique, il n’avait que les vêtements qu’il portait sur lui. Il a travaillé d’abord en tant qu’ouvrier agricole et puis il a travaillé au projet de la construction de la centrale d’électricité de Meremere. Finalement, M. Krasniqi, sa femme et ses trois enfants, se sont installés à Panmure, où il a ouvert un restaurant, et il est devenu ensuite un homme d’affaires réussi. Cet homme de 71 ans est aujourd’hui le leader de la communauté des musulmans et des Albanais qui vivent en Nouvelle-Zélande. »
L’Islam et les musulmans semblent avoir un avenir prometteur devant eux en Nouvelle-Zélande. Grâce à Dieu, la Fédération des Associations islamiques de Nouvelle-Zélande (FIANZ) a réussi à enregistrer des progrès considérables dans divers domaines. Cette fédération pourra encore avancer vers la réalisation de ses objectifs à condition qu’elle concentre ses activités sur le développement des propagandes islamiques, tout en développant ses activités afin d’obtenir des permis et des autorisations crédibles et valables dans le domaine de la production de la viande halal. En tant que l’organisation principale de la communauté des musulmans de la Nouvelle-Zélande au niveau national, la FIANZ aura toutes les chances à l’avenir pour rendre davantage de services aux musulmans de ce pays, à condition que ses membres et ses responsables croient eux-mêmes en leur capacité et leur potentiel réel afin de franchir des pas plus importants vers le développement des activités de propagande islamique en Nouvelle-Zélande.
* M. Abdullah Drury, d’origine britannique, est un écrivain musulman néo-zélandais de renom. Il s’est converti à l’Islam, il y a longtemps, et il est auteur de nombreux articles publiés dans les journaux de plusieurs pays du monde