APPEL UNIVERSEL
Malgré le fait que l’islam est apparu dans la péninsule arabique et que le prophète (ç) soit un Arabe, la réligion n’appartient exclusivement ni à cette région, ni à la race de son messager. La preuve en est que les versets du saint Coran ne s’adressent pas en particulier aux Qorayshites ou aux Arabes. Quand il s’adresse à tous le saint Coran dit « ô vous les gens » et quand il s’agit des croyants il dit « ô vous les croyants. Dès le début de sa mission, le messager de Dieu avait fait savoir que la religion dont il est le porteur est universelle. Voici quelques versets coraniques qui expriment l’universalité de l’islam :
1- « Dis: ‹ش hommes! Je suis pour vous tous le messager d'Allah, à qui appartient la royauté des cieux et de la terre. Pas de divinité à part Lui.
Il donne la vie et Il donne la mort. Croyez donc en Allah, en Son messager, le prophète (ç) illettré qui croit en Allah et en ses paroles. Et suivez-le afin que vous soyez bien guidés› ». Sourate 7 A’râf : 158)
2- « Et Nous ne t'avons envoyé qu'en tant qu'annonciateur et avertisseur pour toute l'humanité. Mais la plupart des gens ne savent pas ». (Sourate 34 Sbâ : 27)
3- « Et ce n'est qu'un Rappel, adressé aux mondes! ». (Sourate 68 Qalam : 52)
4- « Nous ne lui (à Mouhammad (ç)) avons pas enseigné la poésie; cela ne lui convient pas non plus. Ceci n'est qu'un rappel et une Lecture [Coran] claire. Pour qu'ils avertisse celui qui est vivant et que la parole se réalise contre les mécréants ». (Sourate 36 Yâsîn : 69-70)
5- C'est Lui qui a envoyé Son Messager avec la bonne direction et la religion de la vérité, afin qu'elle triomphe sur toute autre religion, peu importe la répulsion des associateurs ». (Sourate 9 Tawba : 33)
6- « Et Nous ne t'avons envoyé qu'en miséricorde pour l'univers ». (Sourate 21 Anbiyâ : 107)
Tous ces versets ont été révélés à la Mecque et justifient que l’islam parle le langage universel. Cela vient étayer les allégations de certains savants occidentaux tels que Goldzier qui avance que l’expansion générale du message de l’islam s’est fait plus tard après le prophète (ç) et que certains principes de ses enseignements ne correspondaient pas avec les besoins des Arabes de son époque.
DEBUT DE L’APPEL UNIVERSEL
A cause de l’inimitié et des complots des juifs et des mécréants, le prophète (ç) n’eut pas le temps de lancer la propagation de l’islam hors de l’Arabie. A partir de Dhi hijja de la 6ème année ou de Mouharram de la 7ème année, le prophète (ç) délégua des personnes avec des lettres vers les quatre coins du monde. Un jour, il envoya jusqu’à six lettres dans lesquelles il invitait les empéreurs et les rois des régions réculées à l’islam : le Négus d’Abyssine, César l’empereur de Rome, Khousour Parwiz le Shah d’Iran, Mouqaoqis le roi d’Egypte, Hârith ibn Abi Shemr Ghassâni le gouverneur de la Syrie et Aozata ibn Ali le roi de Yamâma. Le prophète (ç) maintint ce rythme en envoyant des messages répétés à ces guides. Ces lettres étaient écrites dans une langue plus simple et compréhensible. Toutefois, la réaction de ces rois ne fut guère égale.
Avec la conclusion du Traité de Houdeybiyya, le Prophète (ç) se débarrassa de tous les ennuis venant des Mecquois. Désormais il était en mesure de diriger son attention vers un prêche plus étendu de sa Religion pour accomplir ainsi le principal objectif de sa Mission Divine. Aussi décida-t-il d'inviter les Etats et Empires voisins à la Foi Divine en leur envoyant des Ambassadeurs munis d'une missive de sa part.
Et étant donné que les missives n'étaient reconnues par les cours étrangères que si elles étaient validées par un sceau, le Prophète (ç) se fit faire vers la fin de la sixième année de l'Emigration un anneau d'argent sur lequel étaient gravés les mots suivants: "Mohammad, le Messager de Dieu". Des lettres furent écrites et scellées, et au début de la septième année, au mois de Moharram, six ambassadeurs furent dépêchés simultanément à: Najjachi le roi d Ethiopie; Yamama; Khosrô, le monarque de Perse; César, l'Empereur romain; la Syrie et l'Egypte. Les messagers choisis pour convoyer les missives connaissaient la langue des pays auxquels ils étaient destinés respectivement.
'Amr Ibn Omayyah fut envoyé en Abyssinie avec deux missives dont l'une invitait le roi d'Ethiopie à la Religion Divine, et l'autre, faisait état du désir du Prophète (ç) que les émigrés restant encore en Ethiopie, puissent retourner à présent à Médine, ainsi que d'une requête singulière dans laquelle le Prophète (ç) demandait au Roi de le fiancer à Om Habîbah, la veuve de Obaydullâh qui avait émigré en Ethiopie et qui y mourut plus tard.
Le Roi reçut l'ambassadeur avec la plus grande hospitalité et répondit à la première missive par des propos laissant comprendre un humble acquiescement, donnant l'assurance qu'il avait d'ores et déjà embrassé l'Islam et exprimant son regret de ne pas être présent pour pouvoir recevoir personnellement les bénédictions du Prophète (ç). Conformément à la requête exprimée dans l'autre missive, le Roi accomplit la cérémonie des fiançailles d'Om Habîbah et prépara deux bateaux pour le retour des émigrés conduits par Ja'far. Les deux bateaux arrivèrent au port de Médine en automne, au mois de Jumâdi-I de l'an 7 de l'hégire, soit en août 628 ap. J. -C.
Salit Ibn 'Amr fut envoyé à Yamama avec une missive à Hauza, le Chef chrétien de Banî Hanîfah, qui reçut l'ambassadeur cordialement et fit l'éloge du Prophète (ç). Mais par la suite, il congédia le messager en lui répondant qu'il n'était prêt à suivre le Prophète (ç) que s'il faisait de lui un partenaire dans ses privilèges, car, ajouta-t-il, il jouissait déjà de révérence en tant que seigneur et orateur de son peuple, du fait qu'il était un poète éloquent de sa tribu.
'Abdullâh Ibn Hothâfah porta la missive en Perse. Lorsqu'elle fut délivrée au Roi Khosrô, il la déchira en petits morceaux. Le messager retourna auprès du Prophète (ç) et lui fit son rapport. Le Prophète (ç) pria: «ش mon Dieu! Déchire de la même façon son royaume». (Le vu du Prophète (ç) sera exaucé quelques années plus tard, lorsque les dominions perses se trouvèrent entièrement déchirés). Khosrô envoya des ordres à son gouverneur du Yémen pour qu'il ramène le Prophète (ç) à la raison ou qu'il l'envoie enchaîné à la Cour Royale. Bazhan, le gouverneur perse du Yémen, envoya une missive courtoise au Prophète (ç), lequel en la recevant sourit et invita l'ambassadeur à l'Islam en l'informant que Khosrô n'était plus de ce monde et que la nuit dernière il avait été poignardé par son fils, l'héritier présomptif. Il lui ordonna ensuite de retourner pour rapporter à son maître la nouvelle et lui demander d'offrir sa soumission auprès du Gouverneur du Yémen et de lui faire son rapport. Bazhan avait entre-temps reçu une missive du nouvel Empereur. Convaincu par la prophétie ou animé par des motifs d'intérêt personnel, toujours est-il, qu'il signifia son adhésion au Prophète (ç), embrassa l'Islam et dénonça l'autorité de l'Empereur perse.
Dehya Kalbi qui avait été envoyé à l'Empereur Héraclius, le monarque chrétien de l'Empire romain fut reçu d'une façon respectable. L'empereur sembla bien disposé envers la nouvelle Foi, mais après avoir écouté les opinions de ses courtisans qui étaient indifférents à cette Foi, il congédia l'ambassadeur en le chargeant de quelques cadeaux précieux pour le Prophète (ç).
Chuja Ibn Wahab fut envoyé en Syrie muni d'une lettre invitant Hârith VII, Prince de Banî Ghassân à l'Islam. Celui-ci fut très irrité par le contenu de la lettre qu'il fit parvenir à l'Empereur Héraclius en lui demandant la permission d'envoyer une expédition pour en châtier l'auteur. Le messager du Prophète (ç) fut détenu dans l'attente de la réponse de l'Empereur. Celui-ci, n'ayant pas approuvé la suggestion du Prince, Hârith éconduit le messager après lui avoir offert des cadeaux. Lorsque le Prophète (ç) apprit l'attitude de Hârith, il prédit la perte de son royaume. Peu après, Hârith mourut.
Habîb Ibn Abi Balta'ah fut envoyé comme ambassadeur à Alexandrie, le siège du Gouvernement d'Egypte à l'époque. Le Vice-roi romain, Maqawqas le reçut très respectueusement, lut la lettre dont il était chargé, et y répondit en promettant d'en prendre note. Il écrivit notamment qu'il savait qu'un Prophète (ç) devait déjà être envoyé, mais qu'il attendait son apparition en Syrie. Pour concrétiser ses sentiments respectueux envers le Prophète (ç), il chargea son messager de beaucoup de cadeaux, dont deux belles-surs coptes (race à laquelle appartenait Moqawqas lui-même). L'une d'elles s'appelait Marya et eut l'honneur d'épouser le Prophète (ç), et l'autre, Sirîne, fut offerte au poète Hassan. De même une mule blanche, chose très rare en Arabie à l'époque, figurait également parmi les cadeaux. On l'appelait Duldul. Elle fut utilisée par le Prophète (ç), et après sa mort, par son petit-fils Houssein (as).
LA BATAILLE DE KHEYBAR
Kheybar formait un ensemble de groupements habités par des agriculteurs et des éléveurs. Cette zone est connue sous le nom de « grenier du Hijâz » à cause de ses grands rendements. Les gens de Kheybar avaient une situation économique stable et propère.
Depuis la bataille des coalisés et de Bani Nadhîr, les juifs manifestaient toujours leur animosité envers le prophète (ç) (ç). Un certain nombre des juifs de Banî Nadhîr qui avaient été expulsés de Médine s'établirent parmi leurs frères à Kheybar, situé à environ cent cinquante kilomètres au nord-est de Médine. Ils nouèrent des alliances avec plusieurs puissantes tribus bédouines qu'ils excitèrent (tout comme les Qourayshites de la Mecque) contre le prophète (ç), et ils avaient assiégé vers la fin de la 6ème année. Après leur retrait, leur chef, Abul-Haqîq, (qui avait joué un rôle prédominant avec Hoyay Ibn Akhtab dans le siège de Médine) incita les Banî Fozârah et d'autres tribus bédouines à attaquer les propriétés des citoyens paisibles de Médine. Au mois de Rabî'Awwal de la sixième année de l'hégire, 'Oyaynah, le chef des Banî Fozârah, tombant sur une troupe de chamelles laitières des musulmans. Il les enleva, assassina le gardien et emmena sa femme comme prisonnière.
Au mois de Rabî'-Thâni de la même année, les Banî Ghatafân, eux aussi, s étaient rassemblés dans l'intention d'enlever dans les pâturages les chameaux appartenant aux habitants de Médine. Les musulmans envoyèrent Mouhammad (ç) ibn Maslamah avec dix hommes pour contrecarrer leur projet.
Mais tous ses compagnons furent tués et il était lui-même si grièvement blessé qu'on le laissat pour mort, ce qui lui permit de s’enfuir par la suite.
Au mois de Ramadan, Aboul Haqîq rendit l'âme. Son successeur, Osayr ibn Zarim, les Bani Ghatafân et les bédouins alliés des juifs de Kheybar projetèrent au mois de Chawwal de nouveaux mouvements contre le prophète (ç) et les musulmans.
Conformément au traité de Houdaybiyya, les Mecquois connus comme les plus grands ennemis du prophète (ç) (ç) d’une part, et les plus puissants alliés des juifs d’autres, ne pouvaient plus assister ces derniers dans leurs hostilités l’islam et son prophète (ç) (ç). C’était une bonne occasion pour mettre fin une fois pour toutes aux difficultés que les juifs de Kheybar provoquaient. Par ailleurs, pendant mois de Mouharram de l'an 7 de l’hégire, le prophète (ç) organisa une expédition forte de 1400 hommes (dont environ deux cents cavaliers. Les Juifs étant sortis le matin de leurs maisons, furent frappés de stupeur de se trouver confrontés tout d'un coup à une si grande force) contre les juifs de Kheybar L’armée prit la direction du nord et utilisa des voies qui séparaient toute tentation pour juifs de Kheybar de ce faire aider par leur puissant allié les Bani Ghatafân. Ils encerclèrent Kheybar de nuit et les juifs s’en rendirent compte le lendemain. A la fin, les Juifs se joignirent à leur chef Kinânah ibn Rabî ibn Aboul Haqîq. Il vivait dans la solide citadelle de Qâmoûs, considéré comme invulnérable.
La bataille de Kheybar fut une bataille inégale. La vallée de Kheybar était parsemée d'une dizaine de forteresses solidement construites sur des blocs de pierres et dont quelques-unes, telles que Qâmous, Qatieba, Watih et Solalim, étaient imprenables. Toute aide extérieure était presqu’impossible. Comptant sur leur nombre et sur l’avantage qu’ils avaient d’être sur leur territoire, les juifs décidèrent de résister. Mais une fois assiégés dans leurs forteresses, ils ne purent résister longtemps et durent finalement les évacuer après une ou deux sorties. Ainsi toutes les citadelles inférieures par lesquelles les Musulmans avaient commencé leurs attaques tombèrent les unes après les autres entre leurs mains.
Les portes de Kheybar étaient fermées et les soldats balançaient des flèches et des pierres. Les musulmans totalisèrent 50 blessés lors d’une seule attaque. Les juifs avaient sufisamment de vivres pour resister longtemps. Par contre, les musulmans n’avaient pas assez de provisions pour maintenir le siège plus longtemps. Le prophète (ç) (ç) pria Dieu pour qu’Il leur attribue la victoire le plus vite possible. Et aussi longtemps qu'il campa devant la forteresse, il priait quotidiennes sur une roche dure, appelée Mansela, et en fit le tour sept fois par jour. Plus tard, une mosquée fut érigée à cet endroit, en souvenir de ce lieu d'adoration du prophète (ç) (ç) qui fera l'objet de vénération des musulmans pieux. Les compartiments de la forteresse tombaient les uns après les autres. Il restait la partie où se trouvait le chef. L’attaque sur Qâmoûs fut la tâche la plus difficile pour les musulmans. Ils ne s'étaient encore jamais attaqués à une forteresse de cette envergure. Il dura un certain temps et mit à l'épreuve l'habilité et l’endurance des musulmans, qui commencèrent à manquer de provisions. Les juifs avaient tout rasé dans les alentours avant l’arrivée des musulmans. Les juifs avaient même abattu les dattiers autour de leur forteresse.
Le prophète (ç) (ç) qui souffrait beaucoup de maux de tête, passa son étendard à Abou Bakr ibn Abou Qouhâfa et lui ordonna de mener l'assaut. Mais, il fut sévèrement repoussé par les juifs et dû battre en retraite. Le jour suivant, le prophète (ç) (ç) confia le drapeau de commandement de Oumar ibn Khattâb. Le résultat fut le même ; une débacle. De retour, les soldats attribuèrent leur défaite à leur commandant. Ils repprochèrent à Oumar son manque de courage. Oumar à son tour les traitait de lâches. Déçu par l'échec de ses plus éminents compagnons, le noble prophète (ç) (ç) dit: « Demain je remettrai mon drapeau à quelqu'un que Dieu et Son prophète (ç) aiment, un sacré fonceur redoutable qui ne tourne jamais le dos à l'adversaire. C'est par lui que le Seigneur accordera la victoire aux musulmans ».
Les compagnons du prophète (ç) (ç) était soucieux d'être signalés le lendemain comme étant « le bien-aimé de Dieu et de Son prophète (ç) ». Ils passèrent la nuit dans une grande anxiété pour savoir qui serait l'être béni. Tous attendaient impatiemment que demain arrive. Chacun essayait de se faire remarquer d’une manière ou d’une autre.. Pour attirer l'attention sur lui, Sa'd ibn Abî Waqqâç se jeta par terre, puis se leva, prétendant qu'il était tombé. Toutefois, le prophète (ç) (ç) ne semblait tenir compte d'aucune personne en particulier. Personne ne pensa à priori Ali (as) le cousin et gendre du prophète (ç) (ç). Le héros de toutes les précédentes batailles livrées par les musulmans. En effet, il souffrait vraiment d’un problème aux yeux et ne pouvait rien voir. Certains hadiths laissent croire qu’il était absent à cette occasion et se trouvait plutôt à Médine.
Toutefois, le prophète (ç) (ç) cria: « appelez-moi Ali ». Les compagnons répondirent tous d'une seule voix qu'il souffrait sérieusement de ses yeux malades. Le prophète (ç) (ç) leur ordonna de le faire venir. Salma ibn Ako l'amena en le tenant par la main. Le prophète (ç) (ç) prit la tête de Ali et la mit dans son giron. Il appliqua sa salive sur ses yeux et immédiatement il retrouva la guêrison. Il lui confia le drapeau, sa bannière et son sabre (Dhoul fiqâr) sacrés,. Il le désigna ainsi comme l'homme que Dieu et Son prophète (ç) aiment. Le prophète (ç) lui dit : « Avance vers eux et appele-les à l’islam d’abord. Fait leur par de ce dont Dieu attend d’eux. Et je jure par Dieu si une personne est guidée par toi, cela est mieux pour elle que la possession des chameaux au pellage rouge ». Il ordonna à Ali (as) de lancer l'assaut et de combattre jusqu'à ce que les juifs acceptent de se soumettre. Ali, vêtu d'une veste écarlate sur laquelle une cuirasse d'acier était attachée, avança à la tête de ses partisans.
Il escalada le rocher pierreux, situé en face de la forteresse et planta l'étendard sur son sommet. Il prit la résolution de ne reculer d'un pouce, jusqu'à ce que la citadelle tombe.
Les juifs se mirent en route pour attaquer les assaillants. Cependant, Hârith, un héros juif qui avait réussi à repousser les précédentes attaques, s'avança et tua plusieurs musulmans. Témoin de cela, Ali (as) avança lui-même et s'engagea dans un duel avec lui et le tua puis revint à ses lignes. Le frère de Hârith était d'une stature gigantesque et d'un corps imposant. Il représentait beaucoup pour les juifs. Couvert d'une double cotte de mailles et coiffé d'un heaume de protection autour duquel était enroulé un double turban, il avança vers les musulmans. Il avait une épée énorme et brandissait une grande lance à trois têtes fourchues et pointues. Sortant des lignes des juifs, il avança et défia ses adversaires à un combat singulier: «Comme tout Khaybar le sait, je suis Marhab, un guerrier hérissé d'armes dans une guerre furieuse et ravageuse», martela-t-il.
Excepté Ali (as), aucun musulman n'osa avancer pour l'affronter. Il sortit de la ligne musulmane pour répondre à son défi disant: «Je suis celui que sa mère a nommé Haydar. Je pèse mes ennemis dans une gigantesque balance ». Les mots de Ali (as) n'étaient pas des mots creux. Ali (as) sut par inspiration que Mahrab avait dernièrement rêvé d'un lion robuste qui le déchirait en morceaux.
Aussi rappela-t-il à Mahrab ce rêve afin de l'intimider. Les mots eurent leur effet, puisque lorsque les deux combattants s'approchèrent, Ali (as) se jeta sur lui avec fureur. Une fois proches l'un de l'autre, Mahrab fit un coup d'estoc en direction de Ali (as) avec sa lance à trois fourchons. Le héro des coalisés esquiva le coup et administra un coup avec son irrésistible cimeterre avant que son adversaire ait eu le temps de réagir. Il lui frappa un coup qui coupa son bouclier en deux, traversa son double turban, son heaume impénétrable et atteint sa tête qui se fendit en deux jusqu’à la poitrine. Il tomba sans vie par terre, et le vainqueur annonça sa victoire par son cri habituel: "Allâh-u-Akbar" (Dieu est le Plus Grand), ce qui permit à tout le monde de savoir que Ali était sorti victorieux.
Dès lors les musulmans avancèrent en masse et il y eut une mêlée. Sept parmi les plus éminents guerriers juifs, à savoir Mahrab, Antar, Rabî, Zajîj, Dâoûd, Morrah et Yâcir, tombèrent sous les coups d'épée d’Ali, et le reste de l'armée juive battit en retraite pour se réfugier dans la citadelle.
Dans le feu de l'action, un juif porta un coup sur le bras d’Ali et fit tomber son bouclier qui tomba. Un autre juif s’en empara et s'enfuit.
Furieux, Ali accomplit alors des tours de prouesses surhumains. Il sauta par dessus la tranchée, s'approcha de la porte de la forteresse en fer et arracha un battant pour l'utiliser comme bouclier pendant le reste de la bataille (Abou Rafi', l'un de ceux qui en avait donné l'assaut, à la forteresse, avec Ali (as), affirme qu'après la guerre il examina la porte et qu'il essaya avec sept autres personnes de la retourner, mais sans succès). La citadelle fut finalement prise et la victoire décisive revint aux musulmans. Les juifs perdirent dans cette bataille quatre-vingt treize hommes contre dix neuf pour les musulmans.
Après la chute de la citadelle, Ali revint victorieux vers son camp. Le prophète (ç) (ç) sortit de sa tente et l'accueillit les bras ouverts.
Il l'embrassa chaleureusement et baissa sa tête pour lui murmurer que ses services étaient appréciés par Allah le Très-Haut et lui-même, en tant que Son prophète (ç) (ç). Ali versa des larmes de joie en entendant ces propos. Le prophète (ç) (ç) redonna foi à ses adeptes qui avaient échoué dans les précédentes tentatives en mettant en évidence l'exemple d’Ali à qui il donna le surnom glorieux de « Le Lion de Dieu ». en effet, la loyauté d’Ali et son héroïsme sont restés gravés dans les mémoires et continus encore à faire la fierté des belle pages d’histoire. Des services qui empêchaient Abou Qaqqâs de l’injurier lorsque Mouawiyya l’en demanda. Il dit à Mouawiyya : « j’ai entendu le prophète (ç) (ç) lui attribuer trois faveurs dont je souhaiterait en avoir ne serait-ce qu’un :
1- Le messager de Dieu fit de lui son remplaçant lors de l’expédition de Taboûk. Il dit lu dit : me laisse-tu avec les femmes et les enfants ? le messager lui dit : n’es-tu pas fier d’être pour moi ce que Hâroun était pour Moïse, sauf qu’il ne viendra plus de prophète (ç) après moi ? ».
2- Le prophète (ç) dit lors de la bataille de Kheybar : « Demain je remettrai mon drapeau à quelqu'un que Dieu et Son prophète (ç) aiment, un sacré fonceur redoutable qui ne tourne jamais le dos à l'adversaire. C'est par lui que le Seigneur accordera la victoire aux musulmans ». Chacun de nous avait souhaité être celui-là.
3- Ali fait partie de ceux que le prophète (ç) avait amené à la sceance d’imprécation avec les Chrétiens de Nahrân.
LE DESTIN DES JUIFS DE KHEYBAR
Après la défaite des juifs, la forteresse accepta de se rendre à condition que ses habitants fussent libres de quitter le pays en abandonnant tous leurs biens aux conquérants, et en n'emportant, pour chacun, qu'un chameau et une charge de denrées alimentaires. Tout recel d'objets de valeur était assimilé à une infraction aux conditions de l'accord, et le coupable était passible de la peine capitale. Ceux qui préféraient rester dans le pays devaient occuper leurs maisons et y résider. Ils pouvaient cultiver la terre qu'ils possédaient à titre de premier occupant (mais ils n'avaient pas le droit de posséder une propriété immobilière) à condition de payer au conquérant la moitié de la production, et ce dernier pouvait les congédier à sa guise. Il en fut ainsi jusqu’à ce que Oumar les expulse après des délits contre les musulmans. Ils allèrent tous se refugier en Syrie.
Kinânah, le chef des juifs, était soupçonné d'avoir dissimulé son trésor, lequel ne put être découvert malgré toutes les recherches soigneuses qui furent faites dans ce but. Finalement on lui demanda ce qu'il avait fait de ses récipients en or qu'il avait l'habitude de louer aux habitants de la Mecque. Il répliqua que toute sa fortune avait été dévorée par les dépenses nécessitées par son armée. On lui dit alors que sa vie serait mise en jeu contre la découverte de ce qu'il aurait caché. Il accepta le marché. Plus tard, l'un de ses amis traîtres révéla le lieu où avait été cachée une grande partie de sa fortune. Kinânah fut alors livré à la vengeance d'un Musulman nommé Mohammad B. Maslamah dont il avait mis à mort le frère, Mohmûd B. Maslamah, en jetant sur lui une meule. Le Musulman coupa sa tête d'un seul coup de cimeterre. La femme de Kinânah, Safiya, (fille de Hoyay ibn Akhtab le chef de Bani Nadhîr) embrassa l'islam et épousa le prophète (ç) (ç).
FADAK
Après la conquête de Qâmoûs, les autres citadelles furent prises et leurs terres soumises à une taxe de cinquante pour cent de la production. Ali avait été envoyé à Fadak, une ville juive non loin de Kheybar, pour la conquérir. Mais sans qu'il use d'autre force, les habitants de la ville se soumirent et acceptèrent de céder la moitié de leur propriété au prophète (ç) (ç). Lorsque l'ange Gabriel révéla au prophète (ç) (ç) cet ordre divin qu'on trouve dans la sourate de Bani Isrâ'îl, verset 26: «Donne à celui qui est de tes proches, ainsi qu'au pauvre et au voyageur leur dû», il lui demanda qui était visé par l'énonciation: «Celui qui est de tes proches». L'ange Gabriel désigna Fatima comme propriétaire et demanda au prophète (ç) (ç) de lui donner Fadak. Ainsi le prophète (ç) (ç) accorda sa propriété de Fadak à Fatima pour sa subsistance et pour celle de ses enfants.
La rente provenant de la vente de la production de ce domaine revenait à Fatima et ses enfants jusqu'à l'époque du calife Abou Bakr. Lequel s'empressa de le confisquer tout de suite après le décès du prophète (ç) (ç). Il demeura propriété d'Etat jusqu'à ce qu'il fût finalement restitué à Marwân par le calife Ousman en l'an 34 après hégire et il resta propriété des Omayyades jusqu'à sa restitution par Oumar ibn Abdoul Aziz à l'imam Mouhammad (ç) Bâqir ibn Ali ibn Houssein (le chef des descendants de Fatima à l'époque) en tant que propriétaire légitime et légal de Fadak. Quant à la deuxième moitié de ce territoire, il était resté en possession des juifs jusqu'à ce que le calife Oumar les eût banni en Syrie en les indemnisant.