La Biographie de Malik Al Ashtar
  • Titre: La Biographie de Malik Al Ashtar
  • écrivain: Malecka Nassor
  • Source:
  • Date de sortie: 6:5:16 2-9-1403

La Biographie de Malik Al Ashtar

(Majaliss de Sayed Ammar Nakshawani)


Malik Al Ashtar est connu comme étant l’un des plus nobles compagnons du Saint Prophète saw mais également de l’Imam Ali Ibn Abou Talib as. C’est un homme qui incarne la passion, le dévouement et la loyauté pour l’Islam et de ce fait, nous nous devons de suivre son exemple. Malheureusement, sa biographie n’a pas été étudiée à sa juste valeur. En effet, il n’existe pas beaucoup de travaux sur sa vie, ses exploits, sa mission et sur les principes qu’il a défendus. Et pourtant, il a été l’un des commandants les plus braves de l’Histoire de l’Islam et il a fait preuve d’une obéissance sans faille à l’Imam de son temps. D’ailleurs, les livres d’histoire nous rapportent que lorsqu’il a été assassiné en Egypte, Muawiyah a déclaré qu’il avait finalement réussi à couper les deux ailes d’Ali Ibn Abou Talib as, Ammar durant la Bataille de Siffin et Malik en Egypte.

Malik Al Ashtar occupe donc une place importante dans le cercle des partisans des Ahloul Bayt as, et même dans les recueils qui rapportent les Hadiths sur la période de Raj’at (résurrection avant le Jour du Jugement Dernier), il est mentionné que Malik Al Ashtar fait partie de ceux qui seront ressuscités avant l’avènement du Jour du Jugement Dernier. Nous nous devons donc d’étudier la biographie de Malik Al Ashar afin d’avoir un aperçu sur sa vie et d’en tirer un maximum de leçons. Il ne faut pas oublier que l’Imam Ali as a déclaré au sujet de Malik : « Malik est pour moi ce que moi j’étais pour le Prophète ». Une telle comparaison nous démontre que Malik était un homme qui a pleinement respecté les préceptes de l’Islam.

Essayons donc aujourd’hui de revoir la biographie de Malik en quelques points :

1/ Pourquoi lui a-t-on attribué le surnom de Al Ashtar ? Qui sont les autres individus qui ont eux aussi reçu ce surnom ?

2/ Comment a-t-il procédé pour encourager la population de Koufa à rejoindre Amiroul Momenine lors de la Bataille de Jamal ?

3/ Quel rôle a-t-il joué dans la Bataille de Siffin en tant que guerrier combattant et en tant que croyant soumis aux ordres de l’Imam de son temps ?

5/ Quelle est cette lettre qui lui a été adressée et qui est, de nos jours encore, citée en exemple par les politiciens non-musulmans ?

4/ Qui étaient ses fils et quel rôle ont-ils joué à Karbala ?

La première chose qui peut nous intéresser sur Malik Al Ashtar c’est sa date de naissance. Pour la majorité des personnalités qui ont marqué l’histoire de l’Islam, leur date de naissance est connue. Toutefois, en ce qui concerne Malik Al Ashtar, il existe une divergence d’opinions sur ce détail. La majorité des savants stipulent que Malik Al Ashtar avait dix ans de plus que le Prince des Croyants et vingt ans de moins que le Saint Prophète saw. Il avait donc 70 ans lors de la Bataille de Jamal. L’âge de Malik Al Ashtar a été déduit à partir d’une discussion qui aurait eu lieu entre Malik Al Ashtar et Aïsha, la veuve du Saint Prophète saw. Il se trouve qu’Aïsha avait offert la somme de 1000 dirhams à son neveu Abdoullah Bin Zoubayr lorsque ce dernier a réussi à esquiver l’attaque de Malik Al Ashtar lors de la Bataille de Jamal. Par la suite, lorsque l’occasion se présenta, Aïsha demanda à Malik pourquoi il n’avait pas mis fin à la vie de son neveu. Malik lui répondit alors : « J’aurais bien aimé débarrasser la Nation Islamique de ton neveu, mais ce jour-là je jeûnais et de plus, je suis un homme d’âge mur, alors je n’ai pas pu réaliser cet exploit. » Les experts en hadiths expliquent que lorsqu’un compagnon du Prophète se qualifie de « Sheikh d’âge mur », il faut comprendre qu’il s’agit de quelqu’un qui a soixante-dix ans.

Maintenant que nous connaissons l’âge de Malik Al Ashtar, la deuxième question que l’on peut se poser est la suivante : Malik Al Ashtar a-t-il rencontré le Saint Prophète saw au cours de sa vie ? Selon la plupart des récits, Malik n’a pas eu cette chance. Mais pourquoi est-il alors classé comme étant un Compagnon du Saint Prophète saw? Malik était originaire du Yémen et parmi les gens du Yémen, il y en avait certains qui, même s'ils n’avaient pas rencontré le Saint Prophète saw, ce dernier disait d’eux qu’ils étaient ses Sahabas, comme par exemple Owais Al Qarni. Owais Al Qarni était un des Compagnons du Saint Prophète saw mais qui ne l’a jamais vu. Il était du Yémen et il s’est converti à l’Islam alors qu’il vivait là-bas tout comme Malik Al Ashtar. Owais a toujours souhaité venir rendre visite au Prophète saw mais sa mère ne l’y autorisait pas. A chaque fois, Owais Al Qarni essayait de convaincre sa mère de le laisser aller à Madina et à chaque fois celle-ci refusait. Toutefois un jour, elle finit par accepter la requête de son fils mais elle posa une condition. Elle lui dit qu’il pouvait aller à Madina pour voir le Prophète saw, mais qu’il devait lui présenter ses Salams du haut de son cheval et retourner tout de suite après au Yémen. Quand Owais arriva à Madina, il apprit que le Prophète était absent et qu’il se trouvait à Ohod. Il voulut obtenir plus d’informations sur la situation du Prophète saw à la Bataille d’Ohod et on lui fit savoir qu’au cours du combat, le Prophète saw s’était brisé une dent. Comme nous le savons tous, lors de la Bataille de Ohod, l’attaque de l’opposition était menée par Khalid Bin Valid et le Saint Prophète n’avait plus que quelques personnes autour de lui pour le défendre dont le Prince des Croyants, Mikdad, une femme du nom de Harissiya[1], …..

Les livres d’histoire nous racontent qu’en apprenant la nouvelle, Owais Al Qarni ramassa une pierre et se brisa lui aussi une dent dans le but d’éprouver la même souffrance que le Prophète saw. Après cela, Owais repartit chez lui et le Saint Prophète saw revint à Madina à la fin de la bataille. En arrivant à Madina, le Saint Prophète dit : « Je sens ici l’odeur du Paradis. Je peux deviner qu’Owais Al Qarni est passé par ici. Owais fait partie de ceux qui entreront en premier au Paradis et son droit à l’intercession sera plus élevé que la plupart des tribus arabes et il a atteint ce degré grâce à son obéissance à sa mère. A chaque fois qu’il me demandait l’autorisation de venir à Madina, je lui rappelais que venir me rendre visite est un acte recommandé alors qu’il est wajib d’obéir à sa mère.»

Ainsi Owais faisait partie des Sahabas du Saint Prophète saw mais également du Prince des Croyants as et il a perdu la vie lors de la Bataille de Siffin. De la même manière, Malik Al Ashtar était un Sahabi du Prophète saw et qui a reçu ce titre par le Prophète saw lui-même.

Un autre détail sur Malik qu’il est intéressant d’étudier est son surnom, Al Ashtar. Nombreux sont ceux qui présument que Al Ashtar est soit son nom de famille soit le nom de son père. Toutefois, le surnom d’Al Ashtar est donné à ceux qui ont une cicatrice au niveau de la paupière. Malik a reçu ce surnom suite à sa blessure lors de la Bataille de Yarmouk, qui a eu lieu quatre ans après le décès du Saint Prophète saw. Cette bataille a été instiguée par le second Calife contre les Romains. Il fut un temps ou les Romains ont été vaincus par les Perses, défaite qui est mentionnée dans le premier verset de la Sourate « les Romains » (30). Puis dans la même Sourate, Allah swt annonce la victoire future des Romains contre ces mêmes Perses (verset 3). Ainsi, comme le Qur’an l’avait prédit, quelques années plus tard l’Empire Romain devint puissant et finit par anéantir les Perses. Dans son élan, l’Empire Romain décida d’envahir l’Etat Islamique qui était à l’époque assez fragile et jeune puisqu’il ne datait que de vingt-sept ans. Pour contrecarrer cette invasion, le second calife mobilisa son armée, la confrontation eut lieu aux frontières de la Syrie et de la Jordanie et Malik Al Ashtar faisait partie des soldats qui ont combattu au cours de cette bataille.

Nous pouvons ici nous poser une question, sachant que Malik Al Ashtar avait des différences d’opinion sur le régime de l’époque, comment se faisait-il qu’il ait accepté de participer à une bataille initiée par le second calife ?

Il se trouve qu’Imam Ali as lui-même disait à ses compagnons que lorsque la Nation Islamique est en danger, il est indispensable de mettre nos différends de côté et de s’unir avec les autres Musulmans pour défendre notre territoire. De son côté, le second calife a lui aussi admis, à plusieurs reprises, avoir eu recours aux conseils du Prince des Croyants pour régler certains problèmes. Souvent, certaines personnes s’émerveillent sur le fait que l’Islam s’est largement répandu après le décès du Saint Prophète saw, mais beaucoup ignorent que dans la plupart des cas et des situations, cette expansion n’a été possible que grâce aux conseils que le Prince des Croyants prodiguait aux califes. Ceci est une leçon pour nous tous, nous ne devons jamais oublier que l’Islam est bien plus important que toutes nos différences. La bataille de Yarmouk était l’une des batailles les plus sanglantes de l’Histoire de l’Islam. Huzaifa Al Udwi rapporte que son cousin faisait partie des soldats à Yarmouk. A la fin du combat, il est allé à sa recherche sur le champ de bataille. Huzaifa l’a retrouvé à terre en train de demander de l’eau pour étancher sa soif. Huzaifa lui apporta de l’eau mais alors qu’il était sur le point de le désaltérer, ils purent entendre un autre soldat réclamer de l’eau. En entendant cette plainte, le cousin demanda à Huzaifa de donner l’eau à cet autre combattant musulman. Mais lorsque Huzaifa s’apprêtait à donner de l’eau au deuxième soldat, un troisième soldat se fit entendre, réclamant lui aussi de l’eau. Ce soldat aussi préféra se sacrifier pour son voisin, mais le temps que Huzaifa arrive auprès de ce dernier, il était mort. Huzaifa retourna auprès du deuxième soldat mais il avait lui aussi péri et il en était de même pour son cousin. C’était donc une bataille qui a nécessité beaucoup de sacrifices et gestes altruistes de la part de ses combattants et c’est au cours de celle-ci que Malik Al Ashtar s’est fait une blessure qui lui laissera une cicatrice à vie.

Lorsque qu’Aïsha accusa l’Imam Ali as d’être responsable du meurtre d’Osman et qu’elle décida de le combattre, les gens de Koufa éprouvaient une certaine réticence à rejoindre les rangs d’Imam Ali as. En effet, Abou Moussa Ash’ari qui était gouverneur de Koufa à l’époque, incitait les gens à ne pas suivre l’Imam Ali as. A ce moment-là Malik Al Ashtar apporta tout son soutien au Prince des Croyants, il se rendit à Koufa et fit un discours pour encourager les gens à combattre aux côtés d’Imam Ali as. C’est l’un des discours les plus célèbres de l’Histoire de l’Islam, il déclara : « Comment osez-vous abandonner l’homme qui a été choisi le jour de Gadhir par le Prophète saw ! L’homme qui nous a tous sauvé à Badr, Ohod, Khandaq, Khaybar et Honayn ! L’homme qui est la porte de la cité du savoir du Saint Prophète saw ! ….» C’est ainsi que 18000 soldats finirent par rejoindre le Prince des Croyants pour combattre à ses côtés à la Bataille de Jamal et parmi eux, 9000 étaient sous le commandement de Malik Al Ashtar et 9000 sous le commandement d’Imam Hassan as. Imam Ali as a fait tout son possible pour éviter l’affrontement de Jamal et l’ironie était que la vengeance de la mort d’Osman était réclamée par des personnes qui ne lui étaient même pas proches, la chemise d’Osman a été brandie par des étrangers[2] tandis que les membres de sa propre famille étaient silencieux à ce sujet. Mais dans l’intention d’éviter ce combat entre Musulmans, Imam Ali as est même allé jusqu’à demander à un de ses compagnons de sacrifier sa vie avant le début de l’affrontement. Il lui suggéra de s’avancer sur le champ de bataille avec un Qur’an dans la main afin de demander une dernière fois à l’ennemi d’opter pour la paix. Bien entendu, cette tentative fut infructueuse, le soldat fut tué et l’armée d’Imam Ali as finit par anéantir l’opposition. Pour mettre un terme au combat, l’Imam Ali as demanda à Malik Al Ashtar de couper les pieds du chameau d’Aïsha et à Mohammad Bin Abou Bakr de rattraper celle-ci pour lui éviter une chute brutale.

Au début de la bataille, un homme déclara qu’il était confus et qu’il ne savait pas qui il devait croire car il voyait d’un côté Imam Ali as soutenu par Ammar Bin Yassir et de l’autre côté la veuve du Saint Prophète saw accompagnée de Talha et Zoubayr. L’Imam as lui répondit d’une façon tout à fait remarquable, il lui dit : « Ne focalise pas sur les personnalités présentes avant de chercher la vérité, cherche d’abord à connaître la vérité et concentre-toi ensuite sur les personnes impliquées. » Ce qu’il voulait dire c’est qu’il faut faire usage du bien comme baromètre pour juger les gens au lieu de se fier à l’apparence des gens pour tenter de démêler le vrai du faux.

Et cette bataille est primordiale pour tous les partisans des Ahloul Bayt as. Pourquoi ? Parce que si l’on nous demandait quel camp nous aurions choisi si nous étions présents à l’époque, nous savons tous, sans l’ombre d’un doute, aux côtés de qui nous aurions été. Adressez-vous aux Musulmans appartenant aux autres écoles de croyance et vous verrez qu’ils seront confus et qu’ils ne sauront pas vraiment quoi répondre et quel camp soutenir. Vingt-cinq ans après le décès du Prophète saw, les Musulmans étaient dans un tel état de confusion qu’ils étaient incapables de faire un choix aussi important que celui-là. Le Prophète n’a-t-il pas laissé des indications qui peuvent nous aider à trouver notre voie ? C’est pourquoi lorsqu’on vient me dire que dix des Compagnons ont reçu la promesse du Paradis, je réponds comment cela est possible sachant que trois d’entre eux se sont entretués au cours de la Bataille de Jamal. Comment est-il possible que malgré cela tout le monde atterrisse au Paradis ? Mon but ici n’est pas de me moquer ou de dénigrer qui que ce soit mais plutôt d’inciter les gens à réfléchir. Le Prince des Croyants a fait d’énormes sacrifices pour l’Islam et pourtant, vingt-cinq ans plus tard, on cherchait à l’assassiner. Et puis, il y a ceux qui disent qu’il ne faut pas focaliser sur la Bataille de Jamal car il s’agit d’un cas unique où il y a eu une mésentente entre de grandes personnalités. S’il s’agissait d’une simple mésentente à caractère unique, comment se fait-il que l’année suivante, à Siffin, la chemise d’Osman ait de nouveau servi de prétexte pour s’opposer à Ali Ibn Abou Talib ? Cette fois, les nouveaux protagonistes sont Amr Ibn Al As et Muawiyah bin Abou Soufyan. Lorsque qu’Osman a été attaqué, Amr Ibn Al As était confortablement installé dans le palais d’Ajlan en Palestine et lorsqu’on lui a apporté la nouvelle, il a répondu : « Bien fait pour lui ! » Pourquoi a-t-il dit cela ? Parce qu’au temps d’Omar Ibn Al Khattab, il était le gouverneur d’Egypte et Osman, une fois devenu calife, l’a délogé de son poste. Pensez-vous qu’il était vraiment enclin à venger la mort d’Osman à Siffin ? Ce qui est triste c’est que les gens se font une opinion sans prendre la peine d’étudier les pages de l’histoire. Pensez-vous que Muawiyah n’avait pas les moyens de venir en aide à Osman Bin Affan alors qu’il était gouverneur de la Syrie depuis dix-sept ans, lorsque le palais d’Osman fut assiégé ? Après cela, on retrouve les deux compères à Siffin, prêts à combattre Ali Ibn Abou Talib.

Malik Al Ashtar a réussi son plus bel exploit au cours de la Bataille de Siffin et je ne dis pas ça seulement pour sa bravoure sur le champ de bataille, non je fais également référence à sa soumission à Ali Ibn Abou Talib as. Son comportement à un moment crucial de la Bataille à Siffin est une leçon pour nous tous. Nous savons tous que lorsque l’armée de Muawiyah était sur le point d’être anéantie, Amr Ibn Al As suggéra à Muawiyah de demander à ses soldats de mettre des copies du Qur’an sur des lances et de demander une trêve. Malik Al Ashtar était celui qui était sur le point d’envahir la tente de Muawiyah et d’en finir avec cette bataille. De leur côté, les autres Musulmans ont décidé de forcer Imam Ali as à stopper le combat même si ce dernier n’avait aucunement envie de laisser Muawiyah s’en sortir à si bon compte. L’Imam Ali as fut donc obligé de rappeler Malik Al Ashtar. Lorsque le messager d’Imam Ali as donna l’ordre de l’Imam à Malik, celui-ci était surpris, il n’en revenait pas de devoir faire machine arrière si près du but, mais il se contenta de déclarer : « Si mon Imam veut que j’abandonne le combat, je dois obéir. » Une telle dévotion est tout simplement unique et cette scène est suffisante pour comprendre tout ce que l’Imam représentait aux yeux de Malik. Comparons notre attitude à celle de Malik, sommes-nous soumis à notre Imam ? Non, nous nous plions à certaines règles mais nous en négligeons d’autres : nous accomplissons la prière, nous jeûnons mais il existe d’autres domaines où nous déclarons ne pas être encore prêts à sauter le pas. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que nous ne sommes pas encore prêts à nous soumettre entièrement, la religion ne va pas attendre que nous soyons fin prêts à faire telle ou telle chose. Si nous refusons d’appliquer certaines règles, nous et nous seuls sommes les perdants. Allah swt a appelé sa religion Islam (« soumission ») parce qu’Il attend de nous une soumission inconditionnelle. Malik Al Ashtar a choisi d’obéir à Ali Ibn Abou Talib parce qu’il était convaincu que derrière chacune de ses décisions, il y avait une sagesse que nous ne sommes pas forcément capables de discerner.

L’Imam Ali as avait désigné Mohammad Bin Abou Bakr en tant que Gouverneur d’Egypte. Au retour de Siffin, Amr Ibn Al As réunit 6000 hommes pour se rendre en Egypte dans le but de récupérer son ancien poste. Mohammad Bin Abou Bakr écrivit une lettre à l’Imam pour lui demander de l’aide. L’Imam lui fit savoir qu’il envoyait Malik Al Ashtar à son secours. L’Imam remit une lettre à Malik Al Ashtar à l’attention du peuple égyptien, il s’agit de la lettre n°38 de Nahjul Balagha (version anglaise) : « J’envoie vers vous Malik Bin Harith Mazhiji, je vous demande de lui obéir car il fait partie de ceux qui n’obéissent qu’à Allah. Il est l’une des épées d’Allah dont l’acuité ne s’émousse jamais et dont les coups sont toujours porteurs. S’il vous demande d’affronter l’ennemi, avancez et s’il vous ordonne de vous arrêter, arrêtez-vous, car il ne fera jamais rien sans mon consentement. »

Alors que Malik était en route vers l’Egypte, Muawiyah apprit la nouvelle et donna l’ordre que du miel empoisonné soit préparé pour mettre fin aux jours de Malik Al Ashtar. Malik fut empoisonné dans un village situé à deux heures du Caire. Sa tombe existe encore aujourd’hui et nous devons tous faire notre possible pour nous y rendre afin de lui rendre hommage.

Ce fut une lourde perte pour le Prince des Croyants. En apprenant la nouvelle de son martyr, l’Imam as déclara : « Malik ! Qui est Malik ? Si Malik était une pierre, elle serait dure et solide ; s’il était un rocher, il serait tel qu’il n’aurait pas d’égal ! Malik était pour moi ce que moi j’étais pour le Messager d’Allah ! » Cette phrase est très significative, nous savons tous à quel point Imam Ali as est proche du Saint Prophète saw. Mais si l’Imam Ali as a fait une telle déclaration, ce n’est pas uniquement pour faire référence à la bravoure de Malik Al Ashtar sur le champ de bataille, c’est également un éloge aux qualités humaines de Malik.

Mais cela ne devrait pas nous surprendre puisque Malik a été formé par l’Imam Ali as lui-même. L’Imam lui prodiguait des enseignements et des conseils qui lui ont permis d’atteindre ce rang que nous lui envions tous. D’ailleurs, nous avons à notre disposition un bel exemple des enseignements d’Imam Ali as à Malik. En effet, lorsque Malik se rendait en Egypte, l’Imam lui remit une lettre emplie de conseils et de directives dans le but de l’aider à assumer correctement son rôle de gouverneur, lettre qui est disponible dans le Nahjul Balagha. Rajiv Gandhi disait : « A chaque fois, qu’une personne rejoint notre parti politique, je lui remets la lettre que l’Imam Ali as a adressée à Malik Al Ashtar. » Et pourtant, Rajiv Gandhi n’avait rien à voir avec l’Islam, mais il n’est pas nécessaire d’être Musulman pour apprécier l’altruisme d’Ali Ibn Abou Talib. Ali Ibn Abou Talib n’est pas réservé à l’Islam, non il est un modèle pour toute l’humanité. Mais nous avons pris l’habitude d’enfermer Ali Ibn Abou Talib dans notre cercle alors que nous aurions dû le partager avec les autres peuples. De la même manière, en 1997, Kofi Annan a déclaré que la lettre d’Imam Ali as à Malik Al Ashtar est le meilleur traité sur la justice élaboré par un être humain. Au siège des Nations Unies, on peut trouver une inscription citant cette même lettre qui dit : « Ô Malik ! Sache que les administrés sont de deux sortes : un frère en Dieu ou bien un semblable ! » Puis l’Imam dit : « Ils sont tous les deux sujets à des lapsus et en butte à des erreurs commises consciemment ou inconsciemment. Offre-leur ton pardon et ta mansuétude comme tu souhaites que Dieu en fasse pour toi. »

Cette lettre est telle qu’elle nécessiterait à elle toute seule une trentaine de sermons pour être entièrement comprise et assimilée. Lorsqu’une personne souhaite mieux connaître et comprendre l’Islam, je lui demande de lire cette lettre et le livre Rissalat Al Houqouq de l’Imam Zaynoul Abédine as.

En quittant ce monde, Malik a laissé derrière lui deux fils qui ont eux aussi servi l’Islam.

Le premier s’appelait Isaac et il était aux côtés d’Imam Houssen as à Karbala. Son deuxième fils Ibrahim accompagné de Mukhtar As Saqafi, a vengé Imam Houssen as, cinq ans après la Tragédie de Karbala.


Source : Majaliss de Sayed A. Nakshawani, Arabaeen 2011
Traduit par soeur Malecka Nassor
Disponible sur http://www.shia974.fr


--------------------------------------------------------------------------------


[1] Cf http://shia974.fr/madressa/tarikh_7_en_power_points.html (Leçons 6 et 7)
[2] Cf http://shia974.fr/madressa/tarikh_9_en_power_points.html (leçon 17)