Un peu d’Histoire
(Extrait de Histoire des premiers temps de l’Islam)
Le Hajj
La Ka`bah a donc toujours été un grand centre religieux. S'y rendre et y accomplir les rites qui lui sont propres a constitué à toutes les époques un devoir sacré. Elle continue encore de nos jours à commander la révérence et la dévotion de toute la Ummah islamique. Le Saint Coran dit : "Oui, la première maison fondée pour les gens est bien celle de 1a Mecque : elle est bénie et elle sert de Direction aux mondes.
On y trouve des signes évidents et le lieu de station d'Ibrâhîm. Quiconque y pénètre sera en sécurité. Il incombe aux gens, ceux qui en ont les moyens d'aller, pour Allàh, en pèlerinage à la Maison" "(Sourate Âlé `Imrân, 3: 96-97). "Appelle les gens au Pèlerinage : ils viendront par des chemins encaissés" (Sourate al-Hajj, 22:27).
Le Hajj, accompli au mois de Zhilhaj - le dernier mois du calendrier de l'hégire - avec un hajj supplémentaire à Arafàt (petite éminence de roches granitiques située dans une vallée à l'intérieur d'une région montagneuse, à une quinzaine de kilomètres à l'est de la Mecque) fut appelé Hajj al-Akbar (le Pèlerinage Majeur) et il est obligatoire pour chaque Musulman, sauf au cas d'excuse légale; alors que celui qu'on accomplit à toutes les autres époques de l'année (sans le pèlerinage de `Arafât), fut nommé `Omrah ou Hajj al-Açghar (le Pèlerinage Mineur).
La `Omrah peut être accomplie valablement à toute période de l'année, mais particulièrement en Rajab, le septième mois de l'année hégirienne, tandis que le Hajj doit être accompli obligatoirement au mois de Zhilhaj.
La Mecque doit également sa célébrité au fait qu'elle est le lieu de naissance du Saint Prophète Mohammad, tout comme Médine, l'autre ville principale de la même province, devint la deuxième ville importante, après la Mecque, pour avoir été le lieu de résidence du Prophète et le lieu de son enterrement.
Le Territoire Sacré et les Mois Sacrés
La Mecque, avec le territoire qui l'entoure sur plusieurs kilomètres, tient son caractère sacré de la présence de la Kaàbà. Le territoire sacré fut appelé "Haram". Les mois de Zhilqa`d, Zhilhaj, Moharram et Rajab furent considérés comme sacrés, sans doute depuis l'époque de la construction de l'édifice : "Oui, le nombre des mois, pour Allâh, est de douze mois (inscrits) dans le Livre d'Allâh, depuis le jour où IL créa les cieux et la terre.
Quatre d'entre eux sont sacrés" (Sourate al-Tawbah, 9:36). Durant ces quatre mois, toutes les formes d'hostilité étaient interdites, toutes les activités hostiles et tous les conflits tribaux suspendus, et une amnistie générale prévalait dans toute l'Arabie, alors que les pèlerins affluaient de toutes les régions vers la Mecque.
Ultérieurement une foire établie à `Okâdh, dans la banlieue de la Mecque, où avaient lieu toutes sortes de festivités: les poètes récitaient leurs chefs-d'œuvre, les marchands négociaient leurs affaires et les athlètes exhibaient leurs exploits, prouesses et tours de force. Les gens qui s'assemblaient à la Mecque en vue du pèlerinage s'intéressaient eux aussi au grand marché de `Okâdh, pour profiter des avantages des mois sacrés.
Le Peuple et sa religion
Les Arabes modernes descendent de deux souches : celle de Qahtân ou Jactân, qui remonte à Nouh et dont les descendants sont appelés les `Arab-al-`Arib, et celle de `Adnân, qui remonte à Ismâ`îl, le fils d'Ibrâhîm, et dont les descendants sont appelés les `Arab Mostariba. Ces derniers s'établirent autour de la Kaàbà. Mohammad, le Saint Prophète est issu de cette souche.
Les Arabes croyaient originellement en un Dieu, mais à l'époque où le Prophète Mohammad naquit, leur religion avait tourné en polythéisme, culte des étoiles et fétichisme. Ils adoraient de nombreuses divinités. Chaque secte ou tribu avait son propre dieu particulier. Les idoles se trouvaient dans chaque maison et on leur rendait hommage pour s'assurer leur contentement et prévenir leur colère. Néanmoins, ils avaient une vague idée d'un Etre Suprême, appelé Allâh, qui se trouvait au dessus de toutes ces divinités.
C'est par Allâh qu'ils juraient et c'est en Son Nom (Bismuka Allâhumma) qu'ils scellaient leurs conventions et traités, étant donné que les dieux inférieurs appartenaient à une partie et non à l'autre, et qu'il ne convenait donc pas de les invoquer dans de tels cas. De là, la nécessité d'un Dieu universel. Welhausen dit : "L'adoration d'Allâh venait en dernier lieu.
Les dieux préférés furent ceux qui représentaient les intérêts d'un cercle particulier et qui satisfaisaient les désirs de leurs adorateurs". Ils adoraient aussi les anges, qu'ils appelaient déesses, c'est-à-dire, les femmes ou les filles de Dieu. Ils représentaient leurs images et leur rendaient un hommage divin. Al-Lat, une immense image de granit gris, principale idole de la tribi de Thaqif à Tâ'if, et Al 'Uzza, un bloc de granit, long de quelques six mètres, furent adorées comme les femmes du Dieu Suprême.
Hobal, une immense idole de forme humaine, apportée de Syrie et installée avec ostentation dans un haut lieu d'honneur, fut adorée à la Kàabà où furent consacrées un grand nombre d'idoles et les images d'Ibrâhîm et d'Ismâïl portant chacun dans ses mains des flèches divinatoires. Tel était l'état de la religion des Arabes avant que le Prophète Mohammad sorte parmi eux pour prêcher la doctrine du monothéisme, la marche droite et intègre de la vie, et l'idée de la responsabilité à assumer le Jour du Jugement.