L'EXPÉDITION DE WÂDI-L-RAMAL OU DE THÂT-AL-SALÂSIL. L'EXPÉDITION DE TABÛK.
  • Titre: L'EXPÉDITION DE WÂDI-L-RAMAL OU DE THÂT-AL-SALÂSIL. L'EXPÉDITION DE TABÛK.
  • écrivain: Al-Shia.org
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  • Date de sortie: 7:41:0 5-9-1403

L'ANNONCE DE LA SOURATE AL-TAWBAH. LES CHRÉTIENS DE NAJRÂN, ET D'AUTRES EVÉNEMENTS SURVENUS AU COURS DE LA NEUVIÈME ANNÉE DE L'EMIGRATION

 

La Soumission des Banî Thaqîf

 

Après la soumission et la conversion des Banî Hawâzin et de leur chef, Mâlik B. 'Awf, les Banû Thaqîf se virent entourés de toutes parts par les partisans du Prophète, qui les considéraient avec mépris et les traitaient d'infidèles. Ils étaient obligés donc de s'enfermer à l'intérieur de leurs murs, étant donné que les Banû Hawâzin, en connivence avec Mâlik, maintenaient un état de guerre incessant contre eux. Ils finirent par envoyer au mois de Ramadhân de l'an 9 H., une délégation à Médine pour négocier un compromis.

 

Le Prophète reçut avec plaisir les délégués, qui sollicitèrent l'autorisation de leurs pratiques idolâtres, mais devant le refus du Prophète de leur faire toute concession sur ce point, ils acceptèrent finalement de se soumettre inconditionnellement en se ralliant à la nouvelle religion et en abandonnant l'idolâtrie, Abû Sufiyân B. Harb et Moghîrah, qui avaient exercé une grande influence sur la tribu furent chargés de détruire leur célèbre idole, "Al-Lât". Ils partirent en compagnie de la délégation. A leur arrivée à Tâ'if, Moghîrah fit tomber l'image par terre et confisqua ses ornements et bijoux au milieu des cris et des lamentations des femmes.

 

L'Expédition de Wâdi-l-Ramal ou de Thât-al-Salâsil

 

Au début de l'an 9 H., le Prophète reçut un renseignement selon lequel les tribus habitant Wâdi-1-Ramal projetaient un raid sur Médine et rassemblaient des hommes et des armes à cet effet. Aussi envoya-t-il Abû Bakr à la tête d'une année afin de les ramener à la raison.(1) La vallée était entourée de collines et d'arbrisseaux épineux de tous les côtés, ce qui formait un terrain idéal pour des embuscades. Mis au courant de l'approche de cette armée, les combattants de la vallée tendirent une embuscade et attaquèrent la force musulmane avec une telle férocité que les hommes d'Abû Bakr furent obligés de battre en retraite après avoir subi de lourdes pertes. Le Prophète envoya par la suite une autre armée, sous le commandement de 'Omar laquelle ne se montra guère meilleure que la première. 'Amr Ibn al-'Âç offrit alors ses services et il fut envoyé à son tour à la tête d'une armée, mais lui non plus ne put faire mieux que de revenir bredouille à Médine.

 

Finalement le Prophète dépêcha 'Alî à la tête d'une armée qui comprenait notamment Abû Bakr, 'Omar et 'Amr comme capitaines. Au début, 'Alî prit une autre direction, et après avoir parcouru quelque distance, tourna subitement vers sa destination à travers une région rocailleuse, marchant la nuit, campant le jour pour se reposer. 'Amr, Abû Bakr et 'Omar protestèrent contre les dangers de cette route, mais 'Alî ne prêta pas l'oreille à leurs protestations et continua sa marche en avant. Finalement un beau matin, il surprit l'ennemi, et l'armée musulmane ravagea la vallée et vengea les pertes qu'elles avaient subies lors des précédentes expéditions.

 

Le Prophète reçut une révélation qu'on trouve dans la sourate al-'Âdiyât, et il annonça tout de suite la victoire de 'Alî à ses Compagnons. (2) Lorsque 'Alî fut de retour, victorieux, le Prophète sortit avec ses partisans pour l'accueillir. Voyant le Prophète, 'Alî descendit de son cheval. Le Prophète lui dit de remonter et l'informa que ses services étaient approuvés par Dieu et Son Prophète. 'Alî pleura de joie à l'annonce de cette nouvelle. Le Prophète ajouta: «Si je ne craignais que les gens ne t'attribuent ce que les adeptes du Christ lui ont attribué, je dirais tellement de choses sur toi que, où que tu ailles, les gens ramasseraient de la terre sous tes pieds pour y chercher la guérison». (3)

 

Cette expédition est connue sous l'appellation de l'expédition de Thât al-Salâsil. Elle se déroula selon certains historiens en l'an 8 H.

 

L'Expédition de Tabûk

 

C'est au milieu de l'an 9 H. que des Nabatites, venant de Syrie et visitant les marchés de Médine, firent circuler une rumeur selon laquelle l'Empereur Romain, Héraclius préparait une armée colossale en vue de surprendre les Musulmans à Médine. (4) Ayant appris cette nouvelle, le Prophète se résolut à affronter l'ennemi sur sa route, et donna des ordres explicites à ses hommes pour se préparer à cette expédition. La saison était très chaude et sèche. Les gens ne voulaient pas entreprendre le voyage. Ayant toutefois rassemblé une armée forte de dix mille cavaliers et de vingt mille fantassins, il nomma formellement son lieutenant 'Alî, Gouverneur de Médine et gardien de sa famille durant son absence.

 

Dans son livre "Life of Muhammad" p. 170, W. Irving écrit: «Mohammad nomma alors 'Alî Gouverneur de Médine et gardien de leurs deux familles. 'Alî accepta le dépôt à contrecur, étant accoutumé à accompagner toujours le Prophète et à partager les périls qu'il affrontait. Tous les préparatifs étant terminés, Mohammad quitta Médine (au mois de Rajab 9 H.) et commença cette importante expédition. Une partie de son armée était composée de Khazrajites et de leurs alliés, conduits par 'Abdullâh B. Obay.

 

Cet homme, que le Prophète avait bien désigné comme le chef des Hypocrites, campa séparément avec ses partisans, pendant la nuit, à une certaine distance derrière le gros de l'armée, et lorsque celle-ci avança le matin, il resta en arrière et fit demi-tour en direction de Médine. Se rendant auprès de 'Alî dont l'autorité dans la ville lui causait un problème ainsi qu'à ses partisans, il s'efforça de le rendre mécontent de sa position en alléguant que Mohammad l'avait laissé à Médine uniquement pour se débarrasser de son encombrement. (5) Piqué au vif par cette suggestion, 'Alî s'empressa de demander à Mohammad si ce que disaient 'Abdullâh et ses partisans était vrai. "Ces hommes, lui répondit-il, sont des menteurs.

 

Ils sont le parti des hypocrites qui voudrait provoquer une sécession à Médine. Je t'ai laissé derrière afin que tu les surveilles et que tu sois le gardien de nos deux familles. Je voudrais que tu sois par rapport à moi ce que fut Aaron par rapport à Moïse, à cette différence près que tu ne peux pas être comme lui, un prophète, puisque je suis le dernier des Prophètes".(6) Ayant eu cette explication, il revint content à Médine. Beaucoup de gens ont déduit de ces propos que le Prophète désignait par là 'Alî comme son Calife ou Successeur, en tenant compte de la signification des termes arabes utilisés pour dénommer le rapport d'Aaron à Moïse».

 

L'armée continuait à avancer. Le voyage était fatiguant, car l'eau se faisait rare sur la route. Et comme on était en été, la chaleur du soleil et du sable brûlant était insupportable pour la tête et les pieds des soldats. Après un voyage difficile de sept jours, l'armée arriva à la vallée fertile de Hejer où vivait jadis le peuple rebelle et impie de Thamûd qui fut détruit sous la colère divine. Elle commença à faire halte sur les pâturages verts, à puiser de l'eau dans les sources fraîches et à préparer le repas.

 

Mais dès que le Prophète - qui marchait habituellement à l'arrière de l'armée fut arrivé sur le lieu, il interdit aux combattants de faire halte dans cet endroit maudit et ordonna que personne ne boive de l'eau, ni n'en utilise pour l'ablution, et que la pâte qu'ils avaient pétrie pour leur pain soit donnée aux chameaux. Ils obéirent tout de suite à l'ordre et reprirent la route pour ne s'arrêter quelque part, la nuit venue, que lorsqu'ils se trouvèrent très souffrants en raison du manque d'eau.

 

Toutefois, le lendemain matin, à leur grande surprise, une averse abondante, survenue après la prière faite par le Prophète à cet effet, compensa la perte des puits de Hejer et ressuscita les hommes et les animaux. Quittant le lieu pour poursuivre leur marche, ils arrivèrent à Tabûk, une ville située à mi-chemin entre Médine et Damas, sur la frontière sud de l'ancien Edom, à dix étapes de Médine.

 

Là, ils découvrirent que la rumeur qui avait été à l'origine de cette expédition était fausse. Le Prophète donna l'ordre de faire halte à cet endroit, ne voulant pas aller plus loin. Il envoya ses capitaines avec un petit détachement pour reconnaître la région environnante et pour inviter les chefs de ce territoire et leurs peuples à l'Islam. Il resta vingt jours à Tabûk. Durant cette période, plusieurs clans juifs et chrétiens embrassèrent l'Islam et professèrent leur adhésion au Prophète.

 

Certains offrirent de payer un tribut annuel en signe de soumission à son autorité. Donc, l'expédition n'était pas tout à fait inutile. La presque totalité du nord de la Péninsule était désormais soumise. Après les vingt jours de halte à Tabûk, le Prophète entama le chemin du retour vers Médine, qu'il atteindra au mois de Ramadhân.

 

Conspiration contre la Vie du Prophète

 

Sur le chemin de retour de Tabûk, le Prophète avait à traverser 'Aqabah Thî Fetaq. Il ordonna à ses hommes de ne pas prendre ce passage avant qu'il ne le traverse lui-même. (7) Pendant la nuit, alors qu'il traversait 'Aqabah sur son chameau, guidé par Hothayfah B. al-Yaman qui tenait la bride à la main, et 'Ammâr Ibn Yâcir qui le poussait par derrière, un soudain éclair de lumière leur fit voir quatorze ou quinze hommes s'avancer vers eux. Hothayfah poussa un cri d'alarme et le Prophète accosta durement les intrus qui prirent la fuite. «Et ils avaient combiné ce qu'ils n'ont pas pu réaliser». (Sourate al-Tawbah, 9: 74).

 

«Les commentateurs nous informent que quinze hommes avaient projeté l'assassinat de Mohammad lors de son retour de Tabûk, en le poussant de son chameau vers un précipice, pendant qu'il traversait la nuit sur son chameau la plus haute partie de 'Aqabah. Mais alors qu'ils s'apprêtaient à exécuter leur dessein, Hothayfah qui suivait et conduisait le chameau du Prophète, tiré par 'Ammâr B. Yâcir, ayant entendu le bruit des pas de chameaux et le cliquetis d'armes, donna l'alerte, ce qui les fit fuir» ("Sale").

 

Le Prophète demanda à Hothayfah s'il les avait reconnus. Il répondit par la négative. Le Prophète dit alors que ces hommes avaient projeté de l'assassiner en terrifiant son chameau afin qu'il le jette du haut de la falaise escarpée, et qu'ils resteraient des hypocrites jusqu'au dernier jour. Il donna le nom de chacun, accompagné du nom du père, tout en interdisant strictement à Hothayfah de divulguer leur secret. Hothayfah lui exprima son désir de les voir tous décapités, mais le Prophète, refusant cette suggestion, dit: «Les gens vont dire que Mohammad ayant obtenu des victoires avec leur concours veut maintenant les tuer». Hothayfah fut par la suite connu sous l'appellation du "Possesseur du Secret".

 

Plus tard, importuné constamment par des adjurations solennelles du calife 'Omar, Hothayfah semble avoir fini par donner les noms des hypocrites. Mais étant donné que la liste comprenait d'éminents Compagnons du Prophète, les historiens et les commentateurs se seraient abstenus de les rendre publics. Ibn Babawayh (al-Çadûq), un savant érudit a toutefois divulgué leurs noms que je me garde de mentionner, par décence.

 

La Destruction du Masjid al-Dherâr

 

Alors qu'on était encore à une heure de voyage de Médine, le Prophète, reçut une délégation des mêmes hommes de Qobâ qui l'avaient prié, au moment de son départ pour Tabûk, de consacrer par ses prières leur masjid nouvellement construit, consécration qu'il avait différée jusqu'à son retour. Ces hommes étaient revenus voir le Prophète pour la même commission. Le Prophète ordonna qu'on détruise le bâtiment et envoya quelques-uns de ses hommes pour porter son ordre.

 

En fait, ce masjid avait été construit dans un dessein hostile ou sectaire comme cela ressort du récit suivant(8): il y avait un prêtre Khazrajite, Abû 'Amîr, qui était très versé dans l'Ecriture et savait qu'un Prophète devait apparaître. Mais ayant refusé cependant de reconnaître en Mohammad le Prophète promis et étant devenu jaloux de son influence et de son pouvoir en constante augmentation à Médine, il avait fui à la Mecque après la victoire du Prophète à Badr. Il avait rejoint les Mecquois et les avait accompagnés dans la campagne d'Ohod contre le Prophète. Après le retrait des Mecquois, il avait fui vers le territoire romain.

 

Quelques mécontents étaient entrés en communication avec lui et l'avaient invité à se rendre à sa ville natale, Qobâ. Là, il avait suggéré de construire un masjid en vue d'y trouver un refuge et de faciliter les réunions avec ses associés pour discuter des mesures à prendre contre le Prophète. Ils avaient donc construit un masjid, et pour attirer les gens du masjid original de Qobâ, ils avaient demandé au Prophète de venir le consacrer lui-même en y priant. C'était au moment où le Prophète se préparait à aller à Tabûk; c'est pourquoi le Prophète avait différé l'exaucement de leur désir jusqu'à son retour.

 

Entre-temps, il avait reçu la révélation suivante du Ciel: «Et ceux qui ont édifié une mosquée nuisible et impie pour semer la division entre les croyants et pour en faire un lieu d'embuscade au profit de ceux qui luttaient auparavant contre Dieu et contre son Prophète, ceux-là jurent avec force: "Nous n'avons voulu que le bien!" Mais Dieu témoigne qu'ils sont menteurs». (Sourate al-Tawbah, 9: 107).

 

Lorsqu'ils avaient réapparu devant le Prophète pour la même raison après son retour de Tabûk, il ordonna la démolition du bâtiment.

 

La Mort d'Om Kulthûm

 

Om Kulthflm, la femme de 'Othmân B. 'Affân (qui sera plus tard le troisième calife) rendit l'âme au mois de Cha'bân 9 H.

 

La Mort de 'Abdullâh B. Obay, l'Hypocrite

 

Environ deux mois après le retour du Prophète de Tabûk, 'Abdullâh B. Obay, le chef des Hypocrites à Médine, mourut au mois de Thil-qa'dah 9 H. après une courte période de maladie. Sensibilisé par les supplications pressantes du fils de cet homme, lequel était, lui, un Musulman sincère, prêt à couper la tête de son propre père par dévotion pour le Prophète, celui-ci accepta d'accomplir le service funèbre d'usage et il lui donna sa chemise pour y envelopper le corps, étant donné qu'il désirait que le corps de son père fût couvert avec un vêtement porté par le Prophète.

 

Tout de suite après les prières sur le mort, il reçut cette révélation: «Demande pardon pour eux ou ne demande pas pardon pour eux; si tu demandes pardon pour eux soixante-dix fois, Dieu ne leur pardonnera, parce qu'ils sont absolument incrédules envers Dieu et Son Prophète. Dieu ne dirige pas les pervers». (Sourate al-Tawbah, 9: 80).

 

Le Prophète marcha derrière le cercueil jusqu'à la tombe et assista aux funérailles. Quelque temps après, il reçut la révélation qu'on trouve dans la même Sourate al-Tawbah, verset 84, et qui lui interdit de prier sur le corps de tout hypocrite et de s'arrêter devant sa tombe.

 

La Conduite de 'Âyechah et de Hafçah

 

Les femmes du Prophète formaient deux groupes. D'une part 'Âyechah et Hafçah, respectivement les filles d'Abû Bakr et de 'Omar, et de l'autre, toutes les autres. (9) Tirant davantage de la position de leurs pères auprès du Prophète, 'Âyechah et Hafçah voulaient exercer leur influence sur leur mari, et parfois leur attitude envers le Prophète n'était pas très respectueuse. (10) Elles lui demandaient tellement de choses qu'il ne pouvait les satisfaire. Une fois Abû Bakr et 'Omar étaient allés voir le Prophète, et le voyant assis parmi elles, triste et sombre, chacun d'eux réprimanda sa fille.

 

Une autre fois, lorsque la part du Prophète dans le butin d'une guerre fut distribuée, 'Âyechah demanda au Prophète quelque chose qu'il ne pouvait lui accorder en toute justice. Elle insista tellement pour obtenir satisfaction que le Prophète devint triste et déprimé. 'Alî essaya de la raisonner, mais elle perdit son sang froid et lui parla avec brutalité.

 

Le Prophète se mit en colère et lui dit qu'il répudierait, ses femmes dès qu'il ('Alî) en exprimerait le désir. (11)

 

Une révélation intervint, qui condamnait cette attitude des femmes du Prophète: «Ô Prophète! Dis à tes épouses: "Si vous désirez la vie de ce monde et son faste, venez: je vous procurerai quelques avantages, puis je vous donnerai un généreux congé». (Sourate al-Ahzâb, 33: 28).

 

Certaines femmes du Prophète s'abaissèrent même au niveau de femmes communes et n'hésitèrent pas à adopter envers leur mari des attitudes qui le mettaient dans le tourment. Voici quelques exemples de leurs comportements:

 

a) Zaynab Bint Johach, l'une des femmes du Prophète avait reçu un peu de miel de bonne qualité comme cadeau. Lorsque le Prophète se rendit chez elle, elle lui pivpara un breuvage dont on disait qu'il l'affectionnait. Comme la dilution du miel dans l'eau demandait un certain temps, le Prophète avait été obligé de rester plus longtemps que prévu chez elle.

 

Ceci suscita la jalousie de 'Âyechah qui après avoir consulté les membres de son clan trouva un moyen d'obtenir la disgrâce de Zaynab. Ainsi, lorsque le Prophète vint chez elle, elle lui laissa entendre qu'une odeur désagréable de "Maghâfîr" (une substance de mauvaise odeur) émanait de sa bouche. Il fut incommodé par sa remarque et répliqua qu'il n'avait pas mangé de "Maghâfir" mais qu'il avait bu seulement un breuvage à base de miel. Elle dit alors que les abeilles avaient sucé le jus de la fleur de Maghâfîr qui avait abouti au miel. La quittant pour se rendre chez Hafçah, celle-ci lui répéta la même chose. Le lendemain, lorsque Zaynab lui offrit ce même breuvage, il refusa de le boire.

 

b) Presque à la même époque, il était arrivé un jour que Hafçah était allée chez son père et qu'en son absence le Prophète se trouva avec Marya dans les appartements de Hafçah. (12) Entre-temps, Hafçah était rentrée chez elle, et ayant vu Marya dans sa maison avec le Prophète, elle devint frénétique et se mit dans une violente colère. Pour la calmer, le Prophète lui offrit d'abandonner définitivement Marya.

 

c) Le troisième exemple est un abus de confiance et une divulgation de secret dont s'était rendue coupable Hafçah vis-à-vis du Prophète. Le Prophète avait l'habitude de présager les événements et de relater les troubles qui interviendraient après sa mort. Un jour, il dit à Hafçah que ce serait une bonne nouvelle pour elle de savoir qu'après sa mort c'est Abû Bakr qui assumerait le Califat et qu'après la mort de celui-ci c'est son père 'Omar, qui lui succéderait. Hafçah sursauta à cette prédiction mais elle retint vite son émotion. Le Prophète lui interdit formellement de divulguer le secret.

 

Elle accepta volontiers, mais dès que le Prophète fut parti, elle se rendit chez 'Âyechah. Elle la félicita d'abord de s'être débarrassée de sa rivale, Marya, et elle continua à parler jusqu'à ce qu'elle mentionnât le secret contre l'ordre du Prophète. Après ces incidents, le Prophète reçut les Révélations suivantes:

 

«Ô Prophète! Pourquoi interdis-tu ce que Dieu a rendu licite (c'est-à-dire l'abandon de Marya) en cherchant d satisfaire tes épouses? Dieu est Celui Qui pardonne. IL est Clément. Dieu vous a autorisés à vous libérer de vos serments, Dieu est votre Maître! IL est le Connaisseur, le Sage. Lorsque le Prophète confia un secret (sur le Califat) à l'une de ses épouses (Hafçah), et qu'elle le communiqua d’une autre ( 'Âyecheh) et que Dieu en informa le Prophète (de la divulgation du secret), celui-ci en dévoila une partie et garda l'autre cachée.

 

Lorsqu'il l'eut avertie (Hafçah) de son indiscrétion, elle dit: "Qui donc t'as mis au courant?" Il répondit: "Celui Qui sait tout et Qui est bien informé m'en a avisé". (Il vaudrait mieux) "Si toutes les deux (Hafçah et 'Âyechah), vous revenez à Dieu, étant donné que vos curs ont déjà dévié (de la droiture), mais si vous vous soutenez mutuellement contre le Prophète, sachez que Dieu est son Maître et qu'il a pour soutien Gabriel et l'homme juste ('Alî) parmi les Croyants et même les anges. Il se peut que, s'il vous (Hafçah et 'Âyechah) répudie, son Seigneur lui donne en échange des épouses meilleures que vous, soumises à Dieu, croyantes, pieuses, repentantes, adoratrices, pratiquant le jeûne; qu'elles aient été déjà mariées ou qu'elles soient vierges». (Sourate al-Tahrîm, 66: 1-5).

 

Ces versets constituent une véritable menace de répudiation adressée aux femmes du Prophète, et on a tendance à croire que le Prophète eût dû répudier effectivement ses femmes inconcevables mais que s'il ne l'a pas fait, c'est par compassion, sachant qu'une fois répudiées, leur vie aurait été ruinée, car elles n'auraient jamais pu se remarier avec un Musulman.

 

Le Prophète Se Sépare de ses Femmes pendant un Mois

 

Le Prophète ayant été ainsi informé de l'attitude de 'Âyechah et de Hafçah, fut attristé et de mauvaise humeur. Il jura de se séparer par conséquent, pendant un mois, de ses femmes et s'enferma dans un appartement isolé de son Masjid désignant Rabah, l'un de ses serviteurs, pour veiller à la porte pour empêcher toute intrusion. Une rumeur se répandit dans la ville laissant entendre que le Prophète avait répudié ses femmes.

 

Toutes les autres femmes devinrent très tristes en entendant cette nouvelle. 'Omar fut très inquiet à propos de sa fille, Hafçah, qui était la cause de tous ces troubles. Aussi tenta-t-il à plusieurs reprises de s'approcher du Prophète, mais le surveillant ne lui permit pas de le faire. Finalement, un jour, 'Omar trouva un moyen de se faire admettre, en parlant à haute voix au portier (pour que le Prophète puisse l'entendre) pour qu'il demande au Prophète la permission d'entrer et l'informant en même temps qu'il ne recommanderait pas un pardon pour Hafçah et qu'il était prêt à la tuer carrément si le Prophète en exprimait le désir.

 

Le Prophète entendit la voix et ordonna au portier de laisser entrer 'Omar. Ayant obtenu audience, 'Omar évoqua des sujets qui firent rire le Prophète. A la fin, constatant que le Prophète était de bonne humeur, 'Omar lui demanda s'il avait vraiment répudié ses femmes. Le Prophète lui ayant répondu par la négative, 'Omar sortit pour annoncer publiquement la nouvelle.

 

Un mois s'étant écoulé, le Prophète reprit contact avec ses femmes. En le revoyant, 'Âyechah fit remarquer que sa séparation avait duré seulement vingt-neuf jours et non un mois comme il l'avait juré. La réponse qu'elle reçut était que le mois consistait en vingt-neuf jours seulement.

 

L'Annonce de la Sourate al-Tawbah

 

La plupart des pèlerins du Pèlerinage annuel de la Mecque étaient des païens qui mélangeaient des pratiques idolâtres avec les rites sacré. (13) Jusqu'ici le Prophète s'absentait de ces cérémonies, et se contentait, pendant les années précédentes, du Pèlerinage Mineur.

 

La saison sacrée de l'an 9 H. était maintenant proche. Le Prophète avait reçu à cette époque une Révélation interdisant aux idolâtres d'accomplir le Pèlerinage après cette année, (voir les premiers versets de la Sourate al-Tawbah). Aussi, députa-t-il Abû Bakr au Pèlerinage de la Mecque afin qu'il promulgue la révélation aux pèlerins. Trois cents Musulmans accompagnèrent Abû Bakr et vingt chameaux lui furent donnés afin qu'ils soient sacrifiés pour le Prophète.

 

Peu après le départ d'Abû Bakr, le Prophète reçut un Commandement de Dieu, et se conformant à ce Commandement, il dépêcha 'Alî sur son plus rapide chameau, al-Ghadhbah en lui donnant l'instruction de rattraper la caravane et reprendre le Livre (les versets de la Sourate al-Tawbah) à Abû Bakr et de le signifier lui-même aux pèlerins à la Mecque.

 

'Alî atteignit la caravane à Araj et, récupérant d'Abû Bakr le Livre, il se rendit à la Mecque, alors qu'Abû Bakr retournait démoralisé à Médine et demandait au Prophète si le fait de lui avoir retiré la mission de convoyer la Révélation aux gens était vraiment un Commandement de Dieu. Le Prophète répondit qu'il avait reçu une révélation en ce sens que personne d'autre que lui-même ou un membre de sa famille ne devait communiquer la révélation (selon Hichami), ou (selon al-Tirmithî et al-Nasâ'î) que personne d'autre que lui-même ou 'Alî ne devait la communiquer. (14)

 

Arrivé à la Mecque, 'Alî lut à haute voix vers la fin du pèlerinage, le grand jour du sacrifice, aux larges masses de pèlerins, les passages du Coran. Ayant terminé la lecture, il poursuivit: «J'ai reçu l'ordre de vous expliquer que:

 

1. Personne ne devra dorénavant faire les tournées autour de la Maison Sacrée, tout nu;

 

2. Tout traité conclu avec le Prophète restera valable jusqu'à son terme. C'est-à-dire que quatre mois de liberté sont accordés à tout le monde; passé ce délai, toute obligation incombant au Prophète prendra fin;

 

3. Aucun incroyant n'entrera au Paradis;

 

4. Les pèlerins idolâtres ne devront pas venir au pèlerinage après cette année.

 

L'Année des Délégations

 

Vers la fin de l'an 9 de l'Hégire, des représentants de toutes les régions d'Arabie affluèrent sans interruption vers le Prophète à Médine, pour professer l'Islam et déclarer l'adhésion de leurs tribus au Prophète (Sourate al-Naçr). La plupart des princes et chefs d'Oman, de Bahrein, de Yamama et de Bahra firent connaître par lettres et représentants leur soumission au Prophète et leur conversion à sa Foi.

 

Le Prophète reçut les représentants avec une gentillesse marquée, s'entretint avec eux dans un esprit large et les reconduisit avec de beaux cadeaux et des provisions abondantes pour leur voyage de retour. Il envoya avec eux ses hommes afin d'apprendre aux gens le Coran et les doctrines de la Foi, et de collecter les impôts publics. L'un des membres de la délégation des Banî Hanîfah, une branche chrétienne des Banî Bakr, qui habitait à Yamama, représentait "Musaylamah l'imposteur" celui-là même qui se proclamera prophète plus tard. Les délégations furent si nombreuses cette année-là que la neuvième année de l'Hégire est connue comme "l'année des Délégations". Cet état de choses continua jusqu'à l'année suivante.

 

Les Chrétiens de Najrân

 

Cependant les Chrétiens de Najrân restèrent à l'écart et ne suivirent pas l'exemple des autres populations. Le Prophète leur envoya alors une lettre, les appelant à sa Foi. En réponse, ils sélectionnèrent quatorze hommes - des Evêques et des Prêtres - parmi eux et les dépêchèrent auprès du Prophète à Médine pour s'informer sur lui et sur sa Religion et pour se faire une idée de ses mérites.

 

Arrivés à Médine, ces hommes habillés élégamment de soie et ornés de bagues en or à leurs doigts saluèrent le Prophète, mais celui-ci se détourna d'eux et ne répondit pas à leur salutation. (15) Ils quittèrent le Masjid, et se plaignant de cet accueil froid, ils demandèrent à 'Othmân et à 'Abdul-Rahmân B. 'Awf de leur conseiller ce qu'il convenait de faire. Ces derniers les conduisirent chez 'Alî qui leur conseilla d'ôter leurs vêtements de soie et leurs bagues en or, et de retourner ensuite chez le Prophète. Ils s'exécutèrent et furent reçus par le Prophète aimablement.

 

Ils eurent l'occasion de participer à une conférence dont le sujet concernait entièrement la Seconde personne de la Trinité, à propos de laquelle ils citèrent des passages des Evangiles, auxquels le Prophète répondit en leur expliquant que Jésus-Christ n'était qu'un Prophète. Ils prirent congé du Prophète en promettant de revenir après avoir étudié ses arguments. Entre-temps, le Prophète reçut la Révélation suivante:

 

«En effet, il en est de Jésus comme d'Adam auprès de Dieu: Dieu l'a créé de terre, puis il lui a dit: "Sois", et il fut». (Sourate Âle 'Imrân, 3: 59).

 

«Si quelqu'un te contredit après ce que tu as reçu en fait de science, dit: "Venez! Appelons nos fils et vos fils, nos femmes et vos femmes, nous-mêmes et vous-mêmes: nous ferons alors une exécration réciproque en appelant une malédiction de Dieu sur les menteurs".» (Sourate Âle 'Imrân, 3: 61).

 

Lorsqu'ils réapparurent devant le Prophète, il les informa du Décret de Dieu, lequel fut admis comme un moyen de mettre fin à la discussion. On convint de la date et du lieu, un endroit ouvert, à l'extérieur de la ville, le 24 Thilhajj. Entre- temps, ils méditèrent attentivement sur les risques qu'ils encouraient et arrivèrent à la conclusion unanime d'éviter l'appel de la malédiction de Dieu. Cependant, ils conservèrent le rendez-vous. Le Prophète, amenant avec lui al-Hassan et al-Hussayn pour ses fils, Fâtimah, sa fille bien-aimée, pour ses femmes, et 'Alî, son lieutenant dévoué et son fils adoptif, pour "nous-mêmes", accomplissant ainsi l'Ordre du Ciel, se présenta sur le lieu du rendez-vous.

 

Une grande partie des Musulmans affirment que ce sont seulement ces membres de la Maison du Prophète, - composant sa famille permanente ou invariable - que le Prophète aimait beaucoup et qui étaient distingués du reste de la Ummah pour avoir été déclarés purifiés (sans péchés ni fautes) par Allâh dans la Révélation contenue dans le Verset 33 de la Sourate al-Ahzâb. (16)

 

Remarque: Le pronom personnel de cette partie du verset, du genre masculin (deuxième personne, masculin, pluriel: "'ankoum" = de vous) désigne: 'Alî, al-Hassan et al-Hussayn, alors que celui du genre féminin (pluriel) employé dans la première partie de ce Verset, s'adresse aux épouses.

 

Dans son Çahîh, Muslim, citant Sa'd Ibn Abî Waqqâç, note que lorsque le verset "Appelons nos fils et vos fils, etc... " (Sourate Âle 'Imrân, 3: 61) fut révélé, le Messager de Dieu convoqua 'Alî, Fâtimah, al-Hassan et al-Hussayn, et dit: «Ô mon Dieu! Ce sont ma famille». ("History of Califat", p. 173, la traduction anglaise de Major Jarret de "Târîkh al-Kholafâ'" d'al-Suyûtî)

 

L'apparition solennelle de cette constellation sainte intimida l'Archevêque et ses hommes. (17) Le verdict de l'Ordalie les faisait trembler, car ils craignaient la terrible punition s'ils avaient tort. Aussi firent-ils part de leur désir de ne pas encourir un tel risque. Le Prophète leur donna alors le choix entre embrasser l'Islam ou porter les armes contre lui. Ils dirent qu'ils étaient prêts à payer un tribut annuel sous forme de deux mille cottes de mailles, d'une valeur d'environ quarante dirhams chacune. Sous ces conditions, le Prophète leur permit avec bienveillance de retourner chez eux.

 

L'histoire nous apprend l'existence de nombreuses ordalies similaires, qui furent familières aux peuples orientaux pendant des siècles avant et après cette époque.

 

En choisissant Fâtimah pour l'accompagner dans cette mission, le Prophète montra aux gens qu'elle était la seule femme qui avait l'exclusivité de lui appartenir, et qu'aucune de ses épouses ne pouvait être choisie en vue de l'exécution du Commandement, et en amenant 'Alî, il entendait spécifier qu'à part 'Alî, personne d'autre parmi ses proches ou Compagnons ne saurait tenir lieu de l'Ame (le soi-même) du Prophète, dont fait mention le Commandement de Dieu. Et amenant avec lui les enfants al-Hassan et al-Hussayn, le Prophète précisa aux gens explicitement qu'ils étaient ses fils, comme il avait déjà déclaré que Dieu avait décrété que ses descendants en ligne directe seraient issus de 'Alî et de Fâtimah et non pas directement de lui-même.

 

En résumé, il montra pratiquement aux gens que lui-même, 'Alî, Fâtimah, al-Hassan et al-Hussayn étaient les seules personnes qui soient à même de tenir la promesse de l'Ordalie, étant donné qu'ils formaient une partie intégrante d'une seule et même Lumière Céleste, et dont les appels à Dieu étaient susceptibles d'être instantanément exaucés.

 

Notes :

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1- "Habîb al-Sayyâr"; "Rawdhat al-Çafâ'"; "Ma'ârij al-Nubuwwah".

2- "Kachf al-Ghummah".

3- Selon Yanâbî' al-Mawaddah (édition de Bombai, p. 107), ces propos furent prononcés par Prophète à l'occasion de la victoire de 'Alî à Khaybar, avec d'autres louanges. Voir "Habîb al-Sayyâr".

4- "Târîkh al-Khamîs"; "Rawdhat al-Çafâ"; "Habîb a-Sayyâr"; "Rawdht al-Ahbâb".

5- "Al-Tabarî"; "Abul-fidâ'; "Ibn Athîr".

6- "Suyûtî".

7- "Al-Durr al-Manthûr"; "Târîkh al-Khamîs"; "Rawdhat al-Ahbâb".

8- "Rawdhat al-Ahbâb".

9- "Rawdhat a-Ahâb".

10- "Al-'Allamah al-'Abbâcî".

11- "Rswdhat a-Ahbâb"; "Habîb al-Sayyâr"; "A'tham al-Kûfî"; "Manâqib-Murtazawi".

12- "Histoire of Islam" de Zakir Hussayn, vol. II, p. 150.

13- "Abul-Fidâ'"; "Târîkh al-Khamîs".

14- "Al-Tirmithî"; "Ahmad Hanbal"; "Al-Tabarî"; "Tafsîr Ma'âlim al-Tafsîr" d'A'lâm al-Warâ; "Abul-fidâ'".

15- "Ibn Khaldûn"; "Ibn Athîr"; "Habîb al-Sayyâr".

16- "Habîb al-Sayyâr"; "Rawdhat al-Çafâ"; "Tafsîr al-Kach-châf".

17- "Ibn Athîr".