L’ordre existentie
  • Titre: L’ordre existentie
  • écrivain: Seyed Mojtaba Moussavi Lari
  • Source:
  • Date de sortie: 15:14:51 3-10-1403

En méditant sur l’ordre existentiel, toute ambiguïté entourant la notion de justice se dissipe :
1 - nous avons vu précédemment que le mal est relatif, c’est ainsi que lorsque l’arme est entre les mains de l’ennemi, elle est par rapport à moi-même un mal, et par rapport à lui-même un bien, et inversement, sans l’existence de deux antagonistes, en l’occurrence moi-même et l’ennemi, la notion de bien et de mal n’existerait pas.

2 - les tendances humaines ne peuvent évaluer le bien et le mal, comme nous l’avons dit auparavant, l’homme se tient au centre de l’existence et tout ce qui contredit ses tendances et ses désirs est considéré comme un mal, mais il convient de savoir que ces tendances n’ont pas de limites et que l’existence obéit à ses propres mesures.

3 - le mal équivaut au néant. Dans l’ordre existentiel, le bien et le mal sont deux choses qui ne se passent pas l’une de l’autre, cependant le bien est l’essence de l’existence tandis que le mal est l’essence du néant, c’est ainsi que la pauvreté, l’ignorance, la maladie, l’obscurité, etc. ne sont pas des entités indépendantes susceptibles d’effet et de cause. La pauvreté est l’absence de richesse, l’ignorance est l’absence de science, la maladie est l’absence de bonne santé, l’obscurité est l’absence de lumière. Ce que le monde renferme relève de réalités de l’existence, de la science, de la lumière et tout ce qu’implique la notion d’existence et non pas de néant. Par conséquent le mal n’a pas de propre existence, il découle du néant. Sa non création ne pose pas de problème quant à son existence ou à sa non existence.

Il est possible que des êtres, comme par exemple les microbes ne soient pas mauvais par rapport à eux-mêmes mais deviennent mauvais parce qu’ils sont issus du néant et sont à l’origine de la perte de santé, ce qui représente un mal.

En résumé, le mal n’a pas d’existence réelle, car celle-ci est relative et n’a pas de rapport avec la cause, le créateur et l’authentique existence.

4 - l’existence est unique, indivisible tout comme le monde avec tout ce qu’il renferme est un tout indivisible.

L’idée de la non existence d’un ordre dans le monde est inconcevable car elle est incompatible avec la création infinie du très haut et son autosuffisance. D’ailleurs, dépouiller le monde de son ordre ou y opérer un quelconque changement n’est qu’une illusion et une impossibilité.

Le monde n’a pas été créé par plusieurs volontés. Il n’a pas été existencié par une volonté comme celle d’une créature pour qu’une deuxième volonté intervienne et lui associe les qualités de bien et de mal. Le monde a été créé par une seule volonté comme il est énoncé dans le noble coran : « nous avons créé toute chose [en lui assignant son destin]. Notre ordre, en vérité, [pour créer] tient en un mot aussi instantané qu’un clin d’œil ».

5 - pas de distinction dans le monde : il y a une nuance entre la distinction et la différence. La différence est relative au preneur, la distinction est relative au donateur. Ainsi, la différence est l’essence même de la justice, la distinction celle de l’injustice.

Supposons une classe regroupant un certain nombre d’élèves et qu’en fin d’année scolaire, le professeur, sans prendre en considération les efforts ni les prédispositions des uns et des autres, les mette tous sur un même pied d’égalité, récompensant ainsi les paresseux et sanctionnant les travailleurs, n’est-ce pas là une injustice flagrante ? Cette relative égalité ne rend pas justice, elle est plutôt injuste. Si cet enseignant accorde à deux bons élèves un nombre de points différent, 5 à l’un et 10 à l’autre, il y a là une distinction, ce qui est également injuste.

Dans le monde il y a différence mais pas de distinction, c’est-à-dire qu’Allah a accordé l’existence aux êtres selon le mérite de chacun.

Nécessité de la différence dans l’ordre de la création :
a - si le monde doit être dépourvu de différence, il n’y aura donc pas de diversité et de multiplicité. Cependant la grandeur de ce monde réside dans cette différence et cette diversité qui représentent un ordre dont l’équilibre est parfait, et la perfection unique.

b - le mouvement, le tremblement, la complémentarité et l’échange etc., tout cela se manifeste dans cette différence.

c - toute beauté se révèle par l’existence du mal, car n’était-ce celui-ci on n’aurait pas connu la piété et la vertu.

Si tous les tableaux artistiques étaient pareils et ne présentaient pas de différence, il n’y aurait pas cette diversité, a travers l’art du dessin se manifeste alors l’habileté à utiliser les couleurs et à les diversifier.

d - la prédisposition qui diffère d’un individu à un autre entraîne un besoin réciproque, et c’est pourquoi, chacun se tourne vers l’une des différentes catégories de la société qui lui convient le mieux pour satisfaire ses besoins.

L’Imam Ali, qu’Allah soit satisfait de lui, a dit : « les administrés appartiennent à des catégories qui ne peuvent être efficientes que par leur interdépendance et qui ne peuvent se passer les unes des autres ...».

e - la différence dans l’ordre existentiel est essentielle, elle n’est pas relative et n’intervient pas inopinément, elle fait partie de l’existence et il serait faux de penser que la création par rapport à Allah est régie par des rapports sociaux par lesquels un individu peut être avantagé au détriment de l’autre.

Ainsi, le nombre quatre doit être considéré, soit sous sa forme obligatoirement binaire, soit ne pas exister, car on ne peut ôter le caractère binaire au nombre quatre et l’attribuer au nombre cinq. Dans l’ordre existentiel, les êtres se classent de la même manière. Chaque nombre occupe la place qui lui convient et dans laquelle il trouve sa signification. Il est évident que le nombre quatre est différent des autres nombres par là même que la suppression de cette différence impliquerait forcément la suppression de ces nombres mêmes.

Ainsi, tous les phénomènes possèdent des caractéristiques qui leur sont propres, déterminées, régies par une suite de lois fixes d’un ordre qui n’admet pas de changement de l’extérieur. A cet effet, le noble coran atteste : « or, jamais tu ne trouveras de changement dans la loi d’Allah ».

Le monde considéré du point de vue matériel et du point de vue religieux :
Pour le matérialiste, la différence existant dans l’ordre naturel exprime une absence de justice. Ainsi, la vie à ses yeux, est difficile, amère. Pour lui, la vie est également dépourvue de sagesse et d’objectif et c’est pourquoi l’aspiration de l’homme à la justice lui semble chose vaine.

Le devenir de l’homme, d’après les matérialistes, est pareil à celui d’une plante qui après son éclosion et son développement, se fane puis disparaît. De la sorte, l’homme sera le plus misérable des êtres, car vivant dans un monde avec lequel il n’est pas en harmonie, ses facultés et sentimentales, sont tournées en dérision par la nature qui ne fait qu’accentuer ses souffrances, de plus, tout service rendu à l’humanité ou tout hommage posthume n’est que mythe et n’a aucune signification.

Il est regrettable que nous vivions à une époque où les matérialistes présentent l’homme comme un être dépourvu de toute volonté, de toute liberté. De la sorte, tous les fondements moraux s’effondrent et il ne reste plus que les intérêts personnels et les tendances instinctives comme unique critère à la vie de l’homme pour s’affranchir de toute chaîne.

en revanche, du point de vue religieux, l’homme considère que le monde, dont il fait lui-même partie, et qui s’achemine vers un but, une fin, est régi par un ordre où la justice et la sagesse absolues dominent. Le monde est donc unique, harmonieux et ne renferme que le bien. L’hostilité et le mal n’existent qu’accessoirement.

Considérée sous cet angle, la vie de l’homme ne se résume pas à une aisance matérielle. la vie d’ici-bas est un centre d’examen, de concours, où l’homme subit des épreuves relatives à sa foi et à ses actions et qui doivent concourir vers un seul but qui est la perfection en vue du rapprochement d’Allah. Il n’y a d’autre but que la satisfaction d’Allah, car la vie d’ici-bas n’a pas de valeur.

Peut-on avoir un droit sur Allah ?
Nous avons dit que parmi les significations de la justice, il y a lieu de tenir compte du mérite. Il convient également de faire attention à ce qu’implique la notion de droit comme devoir. Par exemple si quelqu’un a un droit sur un autre, ce dernier a un devoir vis à vis du premier et s’il se dérobe à cette obligation, il aura été injuste.

Cependant, existe-t-il un être qui aurait un droit sur Allah transcendant soit-il ? Un être, quel qu’il soit, qui passe du néant à l’existence grâce à Allah, peut-il avoir un quelconque mérite ? E'videmment non, tout ce qu’il possède, peu ou prou, est un don et une grâce accordés par Allah et il n’y a là ni justice ni injustice. Toute hostilité n’est due qu’à l’attitude de l’être créé qui se mesure au créateur, par le fait même qu’il ne médite pas sur le sujet en profondeur.

Résumé :

La profonde méditation sur l’ordre de la création, nous conduit à ceci :
a- les méfaits sont des choses relatives et non absolues.

b - les méfaits relèvent de la non existence et non de l’existence.

c - le monde est un ensemble unique, indivisible, dont l’absence d’un seul élément causerait un déséquilibre.

d - les tendances sans limites de l’homme ne peuvent constituer un moyen d’évaluation du bien et du mal dans l’ordre de la création.

1. Ce que nous observons dans le monde, c’est la différence et non la distinction. La différence est l’essence de la justice.

2. La différence renferme énormément de bienfaits, sa suppression implique la disparition du monde.

3. La différence entre les points de vue matérialiste et religieux est relative à la nature de l’existence. C’est ainsi que les matérialistes ne voient aucune utilité dans les phénomènes de la vie puisque tout finira par disparaître. L’homme est présenté tel un oiseau en cage, dépourvu de liberté de la naissance à la mort. quant au point de vue religieux, il soutient que le monde qui s’achemine vers un but, est créé par une volonté sage, indulgente, qui n’est autre que la seigneur, le roi, le dieu adoré.

4. Le droit et le devoir perdent leur signification par rapport au créateur du monde et aucun n’a droit sur Allah.

Questions et débats :
1 - qu’entend-on par la relativité du mal et de son inexistence ?

2 - quel est le critère du bien et du mal ? Pourquoi ?

3 - en quoi consiste la structure du monde ?

4 - quelle est la différence entre la différence et la distinction ? Laquelle des deux prévaut dans le monde ?

5 - quels sont les bienfaits de la différence ?

6 - comparez le point de vue matérialiste et le point de vue religieux.

7 - peut-on avoir droit sur Allah ?

Source: Initiation au Dogme Islamique

Seyyed Mojtaba Moussavi Lari