Qu’est-ce signifie la foi ?
Question
Qu’est-ce signifie la foi ?
Résumé de la réponse
La foi est l’attachement extrême de l’homme aux affaires spirituelles qui sont sacrées pour lui et qu’il est prêt à faire preuve d’amour et de courage pour y parvenir. Dans l’optique du coran, le coran a deux ailes : La science et la pratique. La science à elle seule, peut être assortie du Kufr (incrédulité) et la pratique, à elle seule, peut être conjuguée de l’hypocrisie. Les théologiens islamiques avancent très théories sur la vérité de la foi :
1- Les Koullabites ( Asha’irah’) estiment que la foi signifie de confirmer l’existence de Dieu, de Ses messagers, de Ses ordres et de Ses interdits.
2- Les Scissionistes ( Al-Mu’tazilah’) estiment que la foi signifie d’accomplir le devoir et de s’acquitter de la tâche que Dieu a recommandés.
3- Les philosophes théologiens estiment que la foi consiste à avoir la science et la connaissance envers les vérités du monde et de perfectionner de cette manière l’âme.
Mais, les mystiques sont d’avis que la foi signifie de se tourner vers Dieu et de se détourner de tout ce qui est hors de Lui.
Le fidéisme est apparu, principalement, dans forme nouvelle, en deux catégories dans l’Orient et dans le monde chrétien :
1- Le fidéisme extrémiste ou anti-intellect et anti-raison qui ne donne aucune place à la raison dans les connaissances religieuses, ainsi que dans la foi en Dieu et la croyance en un monde métaphysique.
2- Le fidéisme modéré irrationnel qui donne quand même une petite place à la raison et à l’argument pour renforcer les fondements religieux et la foi, quoiqu’il considère que la foi prime sur la raison.
On peut trouver une certaine ressemblance entre les avis exprimés par les penseurs et mystiques musulmans et ce qui a été dit dans le fidéisme. A titre d’exemple, on peut dire que les penseurs tels que Ghazali et Mollawi comptent, dans une certaine mesure, dans la catégorie du fidéisme modéré.
Il semble que des arguments philosophiques, durs et compliqués, aident favorisé l’émergence du nouveau fidéisme.
Réponse détaillée
Tout être vivant a ses propres attachements. Outre son attachement aux choses matérielles du monde d’ici-bas, l’homme est attaché, également, aux spiritualités, aux connaissances, à la beauté etc. La foi est une sorte d’état attachement extrême qui éclipse toutes les choses. Le royaume de la foi est un domaine sacré pour chaque homme ; il s’agit d’un attachement extrême de l’homme qui se transforme, en fin de compte, en un fait sacré, et c’est à partir de ce moment que l’élément du courage, de l’audace et de l’amour se font jour. La foi est, toujours, un fait précis.
Donc, la personne croyante doit y avoir connaissance.[1] Dans différentes écoles et courants de pensé, on a présenté, diverses définitions au terme de la « foi ». Alllameh Tabatabaï, ( que son âme repose dans le paradis), philosophe chiite et célèbre exégète du noble coran, définit la foi, en ces termes : « La foi ne se borne pas, purement, à la « science » et à la « connaissance » ; car certains versets font état de l’apostasie de ceux qui se sont déviés, en dépit de la possession de la science. Le croyant est celui qui, outre la possession de la science, a l’engagement envers les nécessités de sa science, autrement dit, les effets de la science devront s’apparaitre en lui. Or, le croyant est celui qui a la science au fait qu’il n’y a point de dieu que Dieu le-Tout puissant et qui s’estime engagé envers les nécessités de sa science ; et qui fait, autrement dit, preuve de sa soumission à Dieu." [2] Compte du fait que les demandes de Dieu à l’homme, formulées dans le monde coran, s’articulent autour de l’axe de la foi, à tel point que des centaines de versets appellent, fermement et explicitement, les gens à croire en Dieu pour trouver le salut[3], la foi revêt, donc, une importance toute particulière pour les penseurs musulmans. Les théologiens musulmans avancent trois théories principales au sujet de la vérité de la foi.
1- Les Koullabites ( Asha’irah’) estiment que la foi signifie de confirmer l’existence de Dieu, de Ses messagers, de Ses ordres et de Ses interdits. Selon eux, la foi consiste, également, à attester du fond du cœur l’authenticité de la vérité révélée et à l’accepter. Cet état est, d’une part, une sorte de soumission et de la modestie psychologique et de l’autre, un rapport lien actif avec Dieu avec la confirmation et l’attestation ( Shahadat ».[4]
2- Les Scissionnistes ( Al-Mu’tazilah’) estiment que la foi signifie d’accomplir le devoir et de s’acquitter de la tâche que Dieu a recommandés.
La confirmation de l’existence de Dieu et Ses messages est, en soi-même, l’accomplissement d’un devoir. Les autres devoirs consistent à accomplir les obligations et à abandonner les interdits, et le croyant est celui qui s’attèle, bien, à tous les devoirs et obligations. Les Scissionnistes ( Al-Mu’tazilah’) estiment que la foi se réalise avec la pratique et non avec l’hypothèse. [5]
3- Les philosophes théologiens estiment que la foi consiste à avoir la science et la connaissance philosophique envers les vérités du monde.
Autrement dit, le parcours de l’âme se matérialise dans les étapes de la perfection, et les effets extérieurs en sont la science et la connaissance.
Plus les convictions d’un croyant correspondent aux réalités de l’univers, plus sa foi se perfectionne et se complète. [6] Sadr ol-Mota’heline ( Mollâ Sadrân au début du troisième voyage d’Asfar Arba’eh ( les 4 voyages), lorsqu’il veut entrer dans les débats liées à la théologie dans son sens particulier, écrit : « ثم اعلم ان هذه القسم من الحکمة التى حاولنا الشروع ف?ها هو افضل اجزائها و هو الا?مان الحق?قى بالله و آ?اته و ال?وم الآخر، المشار ال?ه فى قوله تعالى: «و المؤمنون کل امن بالله و الملائکته و کتبه و رسله»، و قوله: «و من ?کفر بالله و ملائکته و رسله و ال?وم الاخر فقد ضل ضلالاً بع?داً». وهو مشتمل على علم?ن شر?ف?ن: احدهما العلم بالمبدأ و ثان?ها العلم بالمعاد، و ?ندرج فى العلم بالمبدأ معرفة اله و صفاته و افعاله و آثاره، و فى العلم بالمعاد معرفة النفس و الق?ام و علم النبوات " [7]
Dans le cadre de cette théorie, la confirmation de Dieu et de Ses messagers signifie une confirmation logique qui est liée à une réalité extérieure et constitue une partie de la connaissance envers l’univers. Le sens de l’accomplissement du devoir et de l’obligation est hors du sens de la foi.
Ceci dit, les mystiques estiment que la foi n’est ni la science, ni la pratique ni l’attestation, la foi consiste, selon eux, à se tourner vers Dieu et se détourner de tout ce qui est en dehors de Lui. La foi est, indiquent-ils, ce que t’amène vers Dieu et t’éloigne de tout ce qui est en dehors de Lui. Or, plus on s’occupe de ce qui est en dehors du Vrai, plus on s’éloigne de Dieu. [8]
Les théologiens chrétiens aussi ont opté plutôt pour la méthode des mystiques pour définir la loi. Yan Barbour écrit : « Tilich a dit que la religion se rapporte, toujours, aux questions qui concernent « un attachement extrême » et possède trois caractéristiques : Premièrement, avoir un attachement extrême signifie l’engagement sans contrainte, l’allégeance et la servilité. Il s’agit là, d’une question de la mort et de la vie pour l’homme. L’homme lie sa vie à faire ce pacte ou à perdre sa vie pour cette cause. Deuxièmement, l’attachement extrême crée une valeur suprême à partir de laquelle d’autres valeurs sont créées. Troisièmement, cet attachement extrême contient en soi une vision globale et orientée de la vie ; car, il comprend tous les domaines de la vie et toute l’existence de l’homme. » [9]
Ailleurs, citant « Richardson, il écrit : « Pour comprendre le sens de la foi dans le Livre sacré ou dans la théologie des gens du Livre, il faut comprendre ce point qu’on, n’entend pas par ce terme le fait de suggérer une pensée inférieure à la connaissance démonstrative. Il est question de croire et non pas de prouver. » [10]
Cette théorie, tout en voulant considérer la foi comme un fait étant au-dessus de la science, de la connaissance et de l’argument, cherche à mettre en évidence ce point que la foi n’est pas en contradiction avec la raison, d’autant plus qu’elle n’est pas non plus une acte, accompli, aveuglement.
« Dans de nombreux versets et expressions de « l’ancien Testament », nous constatons que la foi se trouve à l’opposé de la crainte et de l’angoisse. La foi consiste à orienter la volonté et conviction chez un individu plutôt que de le convaincre de croire à l’authenticité d’un fait.
La confiance est une réaction au fait que Dieu est digne de confiance, et accorde le pardon et la grâce, d’autant plus que l’acte humain est, quelque sorte, est une sorte de faire confiance. C’est en plaçant sa confiance en Dieu que l’homme se détattche de ses attachements et de ses plaisirs. Il se tourne ainsi vers Dieu. L’homme voit ainsi en Dieu, la source la plus digne de confiance, une source qui a, pour lui, une primauté sur toutes les autres choses. La foi nécessite « l’acte de foi, l’abandon à Dieu, l’allégeance et l’obéissance. » [11]
Le fidéisme[12]
Dans son sens lié au Kalam, le fidéisme se trouve à l’opposé de la rationalité. Dans le cadre de la vision fidéiste, les vérités religieuses reposent sur la foi et on ne peut pas accéder à ces vérités, au moyen de la raison et de l’argument. Le passé historique de cette affirmation remonte à l’époque de Polos Saint, mais c’est au 19ème siècle qu’on a assista à l’apparition sérieuse et à l’influence et à l’ancrage de ce courant, ce qui s’est poursuivit jusqu’à nos jours, surtout en Occident, dans le monde chrétien. Le fidéisme se classifie en deux catégories, extrémistes et modérées :
1- Le fidéisme extrémiste anti-intellect (anti-raison) :
« Chestov, l’un des fidéistes extrémistes, dit : « Le rejet de tous les critères rationnels fait partie de la foi authentique ». Il croit que si l’homme peut, selon la base des enseignements religieuse et sans aucune raison rationnelle, croire que ( 2+2=5), une telle foi et conviction est un exemple de la foi authentique. » [13]
De l’avis de Kierkegur et d’autres fidéistes extrémistes, la nature des vérités religieuses est incompatible avec toute démonstration rationnelle et les vérités religieuses ne sont acceptables et dignes de confiance que selon la base de la foi. Les principes religieux sont, non seulement, « au-dessus de la raison », mais, ils sont « anti-raison ». [14]
2- Le fidéisme modéré, démarqué de la raison, ou non rationnel :
Ce genre du fidéisme se fait jour au sein du Saint chrétien ( augustin ». Dans le cadre de ce point de vue, tout en soulignant la primauté de la foi sur la raison, on donne aussi un quelconque rôle à la raison et à l’argument pour chercher les vérités religieuses, les définir et les comprendre. [15]
Le fidéisme dans la pensée islamique :
Quoique qu’il n’y ait pas de domaines et de nécessités de l’existence du fidéisme extrémiste dans la pensée islamique, tel qu’il se trouve, en Occident, dans le monde chrétien, cependant, on peut trouver dans les ouvrages et écrits des penseurs musulmans certains cas qui ressemblent un peu au fidéisme occidental. Il en est ainsi pour certains mystiques musulmans, comme « Mohi al-Dinn Arabi, dont les écrits sur la Conquête de la Mecque sont marqués par certains signes du fidéisme extrémiste. Ce dernier croit que quiconque qui croit, selon la base de la raison, n’a pas cru, vraiment ; car la foi authentique doit se référer à la Révélation, tandis que cette foi est basée sur la raison. [16]
On peut dire que« Imam Mohammad Gazali » compte parmi les fidéismes modérés. Il estime que la foi ne se réalise pas avec les réflexions et les médiations rationnelles. La foi est une sorte de la lumière révélatrice que Dieu a accordée, par grâce et en tant qu’un don gratuit, à Ses créatures.
« Mollavi » considère que la raison se trouve au-dessus de l’amour et de la foi. Il pense que la foi, issue des concepts et des arguments, peut s’effondre, à tout moment. » [17]
Il semble que l’une des raisons qui ont conduit aux tendances vers le fidéisme, que ce soit dans la christianisme ou en Islam, s’explique par l’excès des rationalistes qui ont coincé l’essence de la foi dans les complexités des questions philosophiques et démonstratives. De plus, l’incapacité de la philosophie chrétienne à prouver les questions métaphysiques a aggravé ce processus. En effet, de nombreux penseurs religieux chrétiens ont voulu sauver l’essence de la religion et de la foi de la domination des débats, froids et sans âme.
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[1] Paul Tilich, Le Dynamisme de la religion, traduit par Hossein Norouzi, p. 16 -17, Editions Hekmat, Téhéran, 1996.
[2] Tabatabaï, Seyyed Mohammad Hossein, traduction de Tafsir Al-Mizan, t.18, p. 411-412, La fondation scientifique et intellectuelle Allameh Tabatabaï, 1984.
[3] Sourate 103 du noble coran ‘ Au nom de Dieu le Très Miséricordieux et le Tout Miséricordieux. Par le Temps ! Certes oui, l’homme est en perdition ! Sauf ceux qui croient, et font œuvres bonnes, et s’enjoignent entre eux le droit et s’enjoignent entre eux, la patiente endurance ».
[4] CF : Les articles “ Al-eslamine”, Abou al-Hassan As’ari, t. 1, p. 347, l’Egypte, 1969. Al-Ma’a, p. 75, publié à Médine, 1975. Taftazani, Sharh al-Maghased, t. 2,p. 184.
[5] Concernant les convictions des Scissionistes ( Al-Mu’tazilah’), CF : Ahmad Amine, Fajr al-Islam et Zahi al-Islam, le débat sur Al-Mu’tazilah’
[6] Shahid Sani, Haghayegh al-Imam ( les Vérités de la foi), pp. 16-18
[7] Sadr al-Din, Mohammad Shirazi, Al-Hekmat al-Mota’aliyah al-Asfar al-Aghliat al-Arba’h; t. 6, P. 7, Byrouth, le Liban, 1990.
[8] Un extrait de Sharh al-Ta’rif, tiré des textes mystiques du 5ème siècle, p. 227, Editions Bonyade Farhangue Iran.
[9] Yan Barbour, la science et la religion, traduit par Baha al-Din Khoramshahui, p. 257, Markaze Nashre Daneshgahi Tehran ( centre de la publication universitaire de Téhéran), 1993.
[10] Idem, p. 259
( Alain Richardson, cd. A Theological Work book of the bible), London, SCM press, 1951,pb.
[11] Idem, p. 260
[12] Le débat sur le fidéisme, trié du livr “ Le dictionnaire des termes” rédigé par Abd ol-Rasoul Bayat et les autres.
[13] Idem.
[14] Idem.
[15] Idem.
[16] Idem.
[17] Idem.