Al-Kâzhimayn
Si vous vous rendez à la tombée de la nuit à al-Kâzhimayn, dans la banlieue nord de Bagdad, au moment de ‘Ashûrâ, votre regard sera attiré par les guirlandes de lumières rouges qui partent des quatre minarets, (eux-mêmes entourés de lumières rouges) vers les coupoles de la mosquée, une dorée [celle de l’Imam al-Jawâd (paix sur lui)] avec à son extrémité le Nom de Dieu « Allah » placé dans un cercle, l’autre entourée d’un échafaudage pour sa restauration [celle de l’Imam al-Qazem(paix sur lui)]. Une lumière jaune au sommet de chacun des minarets est une invitation à l’ascension vers le ciel.
Deux petites tours dorées latérales portent une immense horloge qui marque l’heure et la demi-heure d’un étrange petit carillon.
A l’approche du sanctuaire, votre cœur se met à battre à l’idée de rencontrer les deux Imams(paix sur eux) – (« Qu’ai-je fait pour qu’ils acceptent de me recevoir ?.. »).. –
Mais votre regard se laisse (peut-être) à nouveau distraire par la beauté de l’aménagement des lieux : l’esplanade carrée autour du sanctuaire, vaste, aux murs décorés d’une faïence multicolore avec une prédominance du bleu et du jaune, dans laquelle se reflètent des milliers de petits miroirs étincelants, et que traversent des bandes horizontales reproduisant des versets coraniques et des appels à la prière sur le Prophète et sur sa famille.
En regardant vers l’extérieur, le mur laisse découvrir une multitude d’alcôves dont les arcades sont marquées par des guirlandes de lumières, également de couleur rouge en période de ‘Ashûrâ’, où certains visiteurs viennent passer la nuit enveloppés dans de chaudes couvertures en hiver.
Côté sanctuaire, un portique entoure le mausolée avec des colonnes drapées de noir durant Moharram et Safar, des lustres de cristal donnant des reflets différents selon la couleur des ampoules placées, blanches, vertes, rouges, des murs décorés de faïences bleues et surtout jaunes.
Des tapis déroulés sur le sol, vite retirés à l’approche de la pluie, vous invitent à vous asseoir, à prier, à réciter des invocations, à méditer, à remercier Dieu de vous avoir gratifié de cette possibilité de rendre visite aux Imams, de vous préparer à leur visite..
Moment de quiétude, de silence, de majesté, de fierté d’appartenir à cette famille divine, par l’allégeance à eux. La sérénité vous envahit : paix intérieure retrouvée dans ce coin du Paradis, imprégnée de crainte et de timidité qui vous rendent hésitant.
« Est-ce que j’entre, ô mon Maître, ô Abû-l-Hassan, Moussa fils de Ja‘far ? »
« Est-ce que j’entre, ô mon Maître, ô Mohammed fils de Ali ? »
Tout d’un coup un signe d’acceptation vous est parvenu, une larme qui s’écoule, une certitude qui dissipe toute hésitation, tout doute.
D’un pas résolu, vous vous levez et vous vous dirigez vers l’entrée du mausolée en disant quatre fois : « Dieu est plus Grand ! »..
* Source: www.lumieres-spirituelles.net N°21 - Safar 1432 –Janv.-Février 2011