La conception islamique de l’histoire
  • Titre: La conception islamique de l’histoire
  • écrivain: Al-Shia.org
  • Source:
  • Date de sortie: 7:47:45 5-10-1403

Pour faire connaissance avec la conception islamique des changements historiques et des facteurs qui font l'histoire, il est nécessaire de prendre en considération les points suivants:

 

Le Coran fait attention au cours normal de l'histoire

 

Nous avons déjà appris que les changements dans les phénomènes naturels sont gouvernés par des lois bien déterminées et qu'ils sont provoqués par certains facteurs et causes. En un mot, nous pouvons dire que la nature a des voies bien définies et que l'Islam met fortement l'accent sur leur existence.

 

Selon l'optique islamique, il y a, dans la société aussi, des lois spécifiques qui constituent les modèles sur la base desquels les changements sociaux ont lieu. La montée et la chute des nations, leur force et leur faiblesse, l'accession au pouvoir de tout groupe particulier, la solidité ou la fragilité d'une société, tous ces faits sont soumis aux lois qui gouvernent la société et ses relations avec les autres sociétés. Donc, les événements historiques ne sont pas accidentels. Ils ne sont pas sujets à un destin capricieux. Toute chose dans la société et dans la nature est soumise à une loi.

 

Les lois et les modèles sociaux ne viennent pas à l'existence automatiquement, ni comme conséquence d'une contrainte interne.

 

En fait, ils font tous partie du dessein créatif et des "Voies Divines". Ci-après quelques exemples des voies auxquelles s'est référé le Coran (Voyons quel rôle joue la volonté humaine dans ce domaine).

 

«Nous avons fait périr avant vous plusieurs générations, lorsqu'elles se montrèrent injustes» (car leurs relations sociales étaient fondées sur un système injuste). (Sourate Yûnis, 10: 13)

 

«Si les habitants de ces cités avaient cru et avaient pratiqué la piété, Nous leur aurions accordé les bénédictions du Ciel et de la Terre». (Sourate al-A'râf, 7: 96)

 

Dans sourate al-Fajr, versets 43 et suivants, le Coran parle de ceux qui, à cause de leur égoïsme et de leur arrogance, s'opposent à la mission des prophètes et aux efforts de ceux qui plaident en faveur de la Vérité. De telles gens emploient toutes sortes de moyens illégaux pour étendre leur pouvoir et parvenir à leurs fins égoïstes. Ci-après le Coran dit:

 

«La ruse méchante n'enveloppe que ses auteurs. S'attendent-ils donc à autre chose qu'au sort réservé aux gens qui les ont précédés? Tu ne trouveras pas un changement dans les voies d'Allah et tu ne trouveras pas que les voies d'Allah aient à être modifiées. N'ont-ils pas parcouru la terre? N'ont-ils pas vu de sort de ceux qui vécurent avant eux et qui possédaient un pouvoir plus redoutable que le leur?» (Sourate Fâtir, 35: 44)

 

Dans la sourate Ale 'Imrân, verses 137, le Coran dit également: «Différentes traditions ont existé dans le passé. Parcourez donc la Terre et voyez le sort de ceux qui rejetèrent la Vérité».

 

Un verses suivant dit: «Ne vous découragez pas, ni ne vous affligez, car vous aurez une vraie dignité si vous êtes de vrais croyants». (Id. ibid. verses 139)

 

Le verset suivant dit: «Si une blessure vous atteint, une même blessure avait atteint les incrédules. Ce sont seulement des vicissitudes que Nous provoquons afin qu'elles se suivent pour l'humanité, pour qu'Allah reconnaisse ceux qui croient et choisisse ceux qui font le sacrifice suprême». (Sourate Ale 'Imrân, 3: 140)

 

Dans leur ensemble, ces versets indiquent que ce qui provoque un changement dans l'histoire d'une nation, ce sont les qualités de persévérance, de sacrifice pour une bonne cause, de refus de l'égoïsme et des actions indignes. C'est là l'une des normes qui ont toujours prévalu parmi les gens.

 

On peut déduire de la sourate Banî Isrâ'îl, versets 70-77, les principes suivants:

 

Les nations et les communautés se distinguent les unes des autres par leurs dirigeants et par la guidance qu'elles en reçoivent. L'adhésion à un but idéologique est nécessaire. Si une communauté attachée à la continuation de ses activités égoïstes et malfaisantes se fâche contre ses dirigeants sincères et désintéressés qui l'obligent à travailler dur, et qu'elle décide de les chasser, une telle communauté n'aura pas beaucoup de répit. Ci-après le Coran dit: «Telle avait été Notre voie dans le cas de Nos messagers que Nous avons envoyés avant vous». (Sourate Banî Isrâ'îl, 17: 77)

 

Le verset 16 de la même sourate nous informe que lorsqu'une région était soumise à la destruction, ceux de ses habitants qui vivaient dans l'aisance s'étaient livrés à la débauche et à la malfaisance. Puis un commandement d'Allah était donné, concernant ces gens corrompus et méprisables, enfoncés dans la thésaurisation de l'argent et la recherche des plaisirs. Cette région était détruite et ses habitants anéantis.

 

Dans la sourate al-Fajr, versets 6-14, le Coran dit: «N'as-tu pas vu comment ton Seigneur a traité les 'Ad, qui avaient des bâtiments à colonnes à Eram, dont la pareille ne fut jamais construite dans aucun autre pays, et (comment Nous avons traité) les Thamoud qui taillaient les rocs dans la vallée, et Pharaon, avec ses épieux? Tous ces gens furent hautains dans leurs régions et ils y firent beaucoup de mal. C'est pourquoi, ton Seigneur abattit sur eux le fouet du châtiment. Certes oui, ton Seigneur est toujours aux aguets».

 

Ce sont là seulement quelques exemples parmi bien d'autres que l'histoire a connus et auxquels le Coran s'est référé.

 

Le violent déchaînement des désirs et des émotions

 

Nous avons déjà appris que l'homme a une nature à la fois terrestre et céleste. Il a plusieurs sortes d'inclinations et d'émotions, et il est responsable de l'orientation et de la modification de ses désirs. Nous savons aussi, plus ou moins, que les sentiments d'égoïsme, de mégalomanie, de libertinage et d'amour du pouvoir se déchaînent parfois avec une telle violence qu'ils peuvent ruiner l'individu et la société. Le Coran décrit les individus et les factions qui ne contrôlent pas leurs passions comme extravagants, méchants, malfaiteurs, pervers, hautains, diaboliques et agressifs.

 

A travers toute l'histoire, et dans toutes sortes de conditions économiques, de telles gens ont travaillé pour atteindre leurs fins égoïstes, pour étendre leur pouvoir et leur autorité, et pour subjuguer et exploiter les autres. Pour réaliser leurs objectifs vicieux, ils n'hésitent pas à recourir à la force, aux moyens frauduleux, aux menaces, aux tentations et à la persécution. Ils divisent les gens et les intoxiquent. Ils créent ces conditions afin de pouvoir imposer aux masses des idées et un mode de vie qui peut faciliter la continuité de leur propre autorité offensive.

 

Les mythes, les idées fausses, l'idolâtrie, les mauvaises habitudes, les anciens et nouveaux dieux, sont introduits et remis à l'ordre du jour pour empêcher les gens de penser correctement et de progresser dans la bonne direction, et donc pour préparer là à leur exploitation. Il y eut tellement de guerres déclenchées par les flammes de l'avarice, de la convoitise et des intérêts égoïstes des tyrans. Combien de destructions, de malheurs, d'effusions de sang et de répressions ne furent-ils pas causés par leur soif du pouvoir et de position!

 

Le Coran considère la corruption et les agissements tyranniques et oppressifs de telles gens comme la cause des changements destructifs de l'histoire.

 

Nous pouvons déduire de la sourate al-Baqarah, verses 205 que: chaque fois qu'un homme égoïste accède au pouvoir, il fait le mal, essaie de ruiner l'agriculture et commet un massacre.

 

Dans la sourate al-Mâ'idah, versets 62 et suivants, le Coran parle de ceux qui, à cause de leur orgueil et de leur négation de la vérité, sont toujours prêts à commettre des péchés et des transgressions, à déclencher les flammes de la guerre, et à répandre la corruption.

 

Dans les versets 4 et suivants, le Coran dit: «Pharaon était devenu puissant sur la terre. Il avait divisé les gens en castes. Il opprimait un groupe d'entre eux: il tuait leurs fils et épargnait leurs filles. Certes oui, il était l'un des mécréants».

 

Dans la sourate al-Zukhruf, verses 54, Pharaon est décrit ainsi: «Il a opprimé son peuple jusqu'à ce qu'il lui ait obéi. Certes oui, c'était un peuple pervers».

 

Dans la sourate al-Nisâ', verset 27, Allah dit: «Ceux qui suivent leurs désirs lascifs veulent vous entraîner sur une voie terriblement dévoyée».

 

Ce sont là quelques exemples de versets qui montrent qu'il y a des hommes qui, parce qu'ils suivent aveuglément leurs désirs, et qu'ils n'essaient pas de les modifier, ni de les orienter vers la bonne direction, causent un grand mal et engendrent les événements malheureux de l'histoire.

 

La question de la contradiction

 

Selon la conception islamique, la contradiction joue un rôle important dans la provocation des changements de l'histoire, mais elle n'est pas le seul facteur qui les provoque.

 

De plus, la contradiction ne signifie pas simplement une contradiction entre les relations de production et les instruments de production.

 

Il existe, à l'intérieur de l'homme lui-même, deux forces contradictoires: l'insinuation diabolique et la guidance de la raison. En d'autres termes, à l'intérieur de l'homme, ses propensions animales et ses instincts sublimes sont en conflit. Côte à côte, dans l'homme, il y a son aspect divin, et il y a Satan qui est la manifestation de tous les facteurs d'égarement et d'insinuation. Dans la société, il existe une lutte incessante entre la vérité et le faux. Dès l'aube de l'histoire, deux fils d'Adam, représentant les deux côtés des hommes de l'histoire, se sont battus entre eux. L'un d'eux se battait pour satisfaire ses vains désirs et parvenir à ses fins.

 

A cause de sa jalousie et son égoïsme, il a détruit l'autre. Son égoïsme aboutit tout d'abord au meurtre, et à la transgression, et établit la tradition d'hostilité des individus et des factions égoïstes, lascifs et transgresseurs, (qualifiés par le Coran d'extravagants, de diaboliques et de méchants) à l'encontre des réformateurs et des défenseurs de l'intégrité et de la justice. Ce conflit a continué, sous diverses formes, tout au long de l'histoire.

 

Les racines de ce conflit et de cette lutte qui se déroule entre les deux côtés des oppresseurs et des opprimés, des exploiteurs et des exploités, des tyrans et des suppliciés, existe à l'intérieur de l'homme lui-même. C'est l'explosion de ses passions et émotions interne qui provoque ce ravage. Bien sûr, les conditions sociales et l'environnement ont leur effet sur le déclenchement ou la modération de cette explosion.

 

En tout cas, le résultat de cette contradiction et de ce conflit, qu'ils soient à l'intérieur d'un individu ou entre différentes classes de la société, n'est pas toujours la destruction de l'une des parties en lutte. Dans beaucoup de cas le résultat est la modification, la guidance et même l'harmonisation des deux forces opposées.

 

Par exemple, s'il y a un conflit entre la raison et la passion, son résultat ne sera pas l'extinction de la dernière. De la même façon, s'il y a un conflit entre les désirs matériels et les tendances humaines sublimes, son résultat ne sera pas l'extermination des désirs matériels et naturels au point que l'homme ne puisse faire un effort pour obtenir de la nourriture, des vêtements et un conjoint. L'objet de ce conflit est l'auto-formation, en vue de pouvoir contrôler et discipliner ces désirs et exprimer ses instincts avec modération et sans excès.

 

Dans la société aussi, le conflit vise souvent à guider et à entraîner les gens d'une façon pacifique en les exhortant au bien et en leur interdisant le mal, et ce dans le but d'améliorer l'environnement et de réformer les gens pervers et coupables. Cela n'empêche qu'il vise parfois à exterminer les oppresseurs aussi, comme c'est le cas pour la punition de l'homicide volontaire ainsi que dans le cas de la guerre sainte. De là, le rôle des facteurs constructifs ne doit pas être négligé.

 

La nécessité de l'augmentation de la force positive de la contradiction et de la résistance à la corruption

 

Dans chaque conflit la partie la plus forte obtient le plus grand succès. De là, si les tyrans et les oppresseurs sont plus forts, l'oppression et la corruption prévalent et les gens sont privés de leurs droits.

 

Mais lorsque le parti de l'intégrité et de la justice devient plus fort, la justice sociale devient dominante et l'oppresseur est éliminé de la scène. Naturellement il faut des efforts persistants et un travail acharné pour renforcer le parti de la droiture.

 

«Si seulement il y avait eu parmi les générations qui vous ont précédés des hommes de bon sens qui eussent pu avertir leur peuple et l'empêcher de répandre la corruption sur la terre». (Sourate Houd, 11: 116)

 

«Si Allah ne repoussait pas certains hommes par d'autres, la Terre serait corrompue». (Sourate al-Baqarah, 2: 251)

 

Des dizaines d'autres versets, qui mettent l'accent sur la nécessité de combattre les mécréants, les agresseurs, les tyrans et les égoïstes, et qui promettent le succès à ceux qui travaillent fermement et résistent aux malfaiteurs avec persévérance, corroborent le bien-fondé de ce point de vue.

 

C'est pourquoi la simple intensification de la contradiction et l'augmentation des causes du conflit ne peuvent pas rendre plus proche le changement requis. Seul le réveil et la guidance correcte des opprimés, le renforcement de la partie qui cherche la justice, et la promotion des inclinations et des sentiments positifs, peuvent aider au triomphe de la vérité:

 

- La connaissance du cours de l'histoire

- L'identification des opportunités, et

- La saisie de ces opportunités pour en tirer avantage.

 

Il est évident qu'une simple personne, quel que soit le niveau de sa conscience sociale et sa capacité de direction, ne peut faire à elle seule l'histoire. Une connaissance solide du cours de l'histoire, la pénétration de la structure des diverges sociétés, une interprétation correcte des événements historiques, la connaissance de ce qui est arrivé aux gens du passé et une pensée claire sur les coutumes, les traditions, les inclinations et le génie de la société sont nécessaires pour que l'on puisse entreprendre une action convenable, opportune et fructueuse.

 

Outre la connaissance, la capacité de former, de guider et d'organiser la pensée des gens et de vaincre les forces de l'opposition est nécessaire.

 

Il est également fondamental d'avoir une conviction ferme, un but déterminé et la force de résistance et de persévérance. C'est pourquoi nous remarquons que l'histoire a produit un nombre très limité d'individus et de groupes qui ont pu se charger de cette mission sociale et qui, avec leurs idées créatives et constructives, leur hardiesse, leur ouverture d'esprit, et leur aptitude extraordinaire à la direction, sont parvenus à trouver le moyen de changer l'esprit des gens et d'opérer de grands changements dans l'histoire d'une nation. Il ne fait pas de doute que l'histoire humaine est l'histoire des hommes grandioses et remarquables qui y ont joué un rôle décisif.