L'Imam Ja'far as Sâdiq (as)
Parmi ses surnoms il avait as-Sâdiq ( le véridique ), al-Fadil ( le grâcieux )et at-Tahir ( le pur ). Sa mère est Oum Farwah bint al Qassim ibn Mohammed ibn abou Bakr.
Son kunya : Abou 'Abdallah.
Il naquit à Médine durant le mois de Rabi'ul awwal le 17 le jour anniversaire de son auguste arrière-grand-père le Prophète (SAW), en l'an 83 de l'Hégire, et mourut empoisonné le 15 rajab, 148 A.H., à l'age de 65 ans, empoisonne par le Calife abbasside Al-Mansûr. Son Imamat dura une trentaine d'années.
Après la mort de son père, il devint Imam par Ordre divin et décret de ses prédécesseurs. Durant son Imamat, le sixième Imam, jouit de plus grandes libertés et d'un climat plus favorable pour la propagation des enseignements religieux. Ce répit fut la conséquence de révoltes en terre islamique, notamment le soulèvement de Moswaddah visant à renverser le califat omeyyade, et des guerres sanglantes qui aboutirent finalement à sa chute. Les circonstances plus favorables à l'enseignement shi'ite étaient aussi le résultat du terrain que le cinquième Imam avait préparé pendant son Imamat de vingt ans par la propagation des enseignements véritables de l'Islam et des sciences de la famille du Prophète.
L'Imam profita des circonstances pour répandre les sciences religieuses tout au long de son Imamat, contemporain de la fin des omeyyades et du début du califat Abbasside. Il instruisit plusieurs savants dans les différents domaines des sciences spéculatives et traditionnelles (aqli' wa naqli) tels Zarârah, Mohammad Ibn Muslim, Mu'min Tâq, Hishâm Ibn Hakam, Abân Ibn Taghlab, Hishâm Ibn Sàlim, Hurayz, Hishâm Kalbi Nassâbah et Djâbir Ibn Hayân l'alchimiste. Même certains savants sunnites importants comme Sufyân Thawri, Abu Hanifah, le fondateur de l'école Hanafi,Qâdi Sukûni, Qâdï Abu al Bakhtari, et d'autres, eurent l'honneur d'être parmi ses étudiants. On raconte que de ses cours sortirent quatre mille savants dans le hadith et autres sciences. Le nombre de hadiths rapportés des cinquième et sixième Imams dépasse celui des hadiths rapportés du Prophète et des autres dix Imams réunis.
Mais vers la fin de sa vie, l'Imam fut soumis à de sévères restrictions de la part du calife Abbasside, al Mansûr , qui ordonna de torturer et d'assassiner beaucoup de descendants du Prophète qui étaient chi'ites, du point qu'il surpassa en cruauté les Omeyyades. Sur ses ordres, ils furent arrêtés par groupes, certains jetés dans des prisons profondes et sombres et torturés jusqu'à la mort; d'autres furent décapités, enterrés vivants ou placés dans les fondations ou entre les murs de constructions et emmurés vivants.
Hishâm, le calife omeyyade, avait ordonné que le sixième Imam fut arrêté et en présence de son père, le cinquième Imam, emmené à Damas. Plus tard, l'Imam Sâdiq fut arrêté par Saffâh, le calife Abbasside, et emmené en Iraq. Finalement Mansûr le fit arrêter de nouveau et emmener à Sâmarrah où il fut gardé à vue. Mansûr était rude et irrespectueux envers l'Imam et projeta plusieurs fois de le tuer. Finalement l'Imam fut autorisé à retourner à Médine où il passa le reste de sa vie dans la retraite, jusqu'à ce qu'il soit empoisonné à la suite des intrigues de Mansûr.
A l'annonce de la nouvelle du martyre de l'Imam, Mansûr écrivit au gouverneur de Médine, lui ordonnant de se rendre à la maison de l'Imam sous prétexte d'exprimer ses condoléances à la famille, et de demander à voir et à lire le testament de l'Imam. Quiconque était choisi par l'Imam comme son héritier et successeur devait être décapité sur place. Le but de Mansûr était évidemment de mettre un terme à toute la question de l'Imamat et des aspirations chi'ites. Quand le gouverneur de Médine, conformément aux ordres reçus, lut le testament, il vit que l'Imam avait choisi quatre personnes plutôt qu'une seule pour administrer son testament : le calife lui-même, le gouverneur de Médine, Abdallah Aftah, le fils aîné de l'Imam et Mussâ, le plus jeune fils. De cette manière le complot de Mansûr échoua.
Contexte dans lequel vivait l'Imam :
Nous sommes en 125 H. l'ambiance est à la défiance a l'égard de la dynastie 0meyyade :
Les dirigeants ne respectent les lois coraniques ni en privé ni en publique.
Les nommes sont repartis en deux classes, celle au pouvoir, corrompue et oppressive, celle de la masse, soumise et opprimée.
La couche dominatrice, outre de pratiquer le népotisme, considère les musulmans non arabes, les perse en l'occurrence, comme des être inférieures
Il y a surtout le souvenir de Karbala
Des mouvements de révolte s'organisent :
- nécessité d'un guide issu de la noble descendance du Prophète
- émergence de la notion de « Mahdi », Il serait le sauveur, le vengeur...
Plusieurs groupuscules (parfois extrémistes) briguent ce poste.
Les Kaysanides :
Mouvement instauré par un certain Mùkhtar, ses idées étaient d'un extrémisme rare. Il préconisa, pour cette fonction, la nomination de Muhammad b. al-Hanafiyya (fils de Ali b. Abi Tâlib (p).)
Les Zaydites :
Ce front, plus modéré que le premier, présente comme figure emblématique Zayd b Ali b. al-Hussayn (p). Zayd considérait que son devoir consistait à prendre l'épée pour combattre les iniques et ce au nom de la fameuse injonction coranique « Amr bil ma'rouf... ». Il lance une offensive en 122 H., contre le calife Hisham, mais il échouera et trouvera la mort sur le champ de bataille. Son fils Yahya continuera son combat et périra comme son père, en 125 H.
Les Hassanides :
Il s'agit des partisans de Muhammad an-Nafs-az-Zakiyya, fils de 'Abdullah b. al-Hassan al-Muthanna b. Ali b. Abi Tâlib. C'est son père, 'Abdullah, qui l'érige en Mahdi promis. Muhammad prétend détenir les « armes » du Prophète, ce que démentit clairement l' Imam J a'far dans un Hadith
Les Abbassides :
Ils revendiquent leur appartenance aux Banu-Hachem et plus particulièrement, se réclament de la descendance de 'Abbas, frère d'Abou Tâlib et oncle du Prophète (SAW). Aboul-'Abbas, dit « as-Saffah » (le sanguinaire), prendra finalement le pouvoir califal en 130 de l'Hégire et son règne durera quatre années, après quoi son frère, Abou-Ja'far al-Mansûr lui succédera. Une fois ce dernier au pouvoir, il mènera une campagne de répression contre tous les autres « candidats » à la souveraineté.
Les Husseinides :
Ce groupe est composé des partisans de l'Imam Ja'far, qui prendra la même position que celle de son grand-père, as-Sajjad (p), ainsi que celle son père, al-Bâqir (p), c'est-à-dire celle du « retrait ». Toutefois, l'Imam, précisera qu'il n'est pas nécessaire d'entrer en guerre pour gagner le « statut » d'Imam du Temps. Il mettra en lumière deux notions fondamentales concernant la désignation de l'Imam :
- Le principe du " Nass" : l'Imamat est une prérogative conférée pu Dieu, l'Imam reçoit le commandement du Tout-Puissant pour désigner celui qui lui succédera après sa mort. Il lui remettra alors les livres et autres parchemins
(contenant la connaissance de la prophétie ) ainsi que les «armes» du Prophète (SAW).-
Le principe du " Ilm" : L'Imam est doté du savoir d'inspiration divine (Ta'wil et Bâtîn). De plus, il a le pouvoir d'accomplir des miracles.
L'Imam définira également la notion d'Ahlul-Bayt en rappelant le Hadith « al-Kissa' ».
Le principe de la «Taqiyya »,sera codifié par ses soins. Père de l'école Ja'farite, as-Sâdiq (p) instruisit de nombreux savants, en matière de sciences spéculatives ('aqli), traditionnelles (nâqli), jurisprudentiel les (fiqh), ... Parmi ses élèves contemporains chiites on retiendra Zurârâ, Muhammad b. Muslim Mu'min b. Hakam., Abân b. Thaghlab, Hisham b. Sâlim, Hurayz... Parmi les sunnites on notera la présence de Abou Hanifâ (fondateur de J'école Hanafite), Sufyân Thawri, Qâdi Sukûn, Qâdi Aboul-Balkhtari,
1-Résumé et traduction de "The Struggle for legitinacy" du livre de S.H.M. Jafari : "The origins and early development of Shi's Islam"
Malik ibn Anas ( fondateur de l'école Malikite ) dit de l'Imam as-Sadeq(as) :
"Par Allah, je n'ai jamais vu de meilleure personne que Ja'far as-Sadeq; son désintérèt des biens de ce monde, sa piété, sa dévotion et sa pratique de l'Islam sont inégalables !"
Malik ibn Anas fut en effet le disciple de l'Imam Ja'far as-Sadeq (as) tout comme le fut également un homme surnommé abou Hanifah ( fondateur de l'école hanafite ) qui dit de l'Imam(as) :
"Si je n'avais suivi ses préceptes durant 2 années, je me serais perdu !"
Malheureusement, plutôt que de continuer leur précieux apprentissage auprès de l'Imam as-Sadeq(as), ces 2 hommes préférèrent apporter leurs propres conclusions et interprétation de l'Islam et de la Sounna.
Il possédait un grand savoir et des qualités supérieures. Il était un homme de sagesse, connaisseur de la chari'a et pieux. Il était sincère, juste ; un homme de grandeur, de générosité et de valeur. Il était doté de beaucoup d'autres qualités.
Cheikh al-Mufid raconte : «Les savants religieux acquirent de lui beaucoup plus qu'ils n'avaient appris de tout autre membre des Ahl al-Bayt." Personne n'a été aussi prolifique que l'Imam al-Çâdiq (P) quant à la propagation de la religion parmi les Uléma de l'histoire religieuse et du Hadith.
En réalité le nombre de savants religieux (sérieux et appartenant à différentes écoles) ayant acquis des connaissances de lui atteint quatre mille. Abu Hanifa, le chef de l'une des écoles sunnites, était l'un d'entre eux.
Pieux, il se nourrissait de vinaigre et d'huile et mettait des vêtements rudes. Parfois ceux-ci étaient très rapiécés. Il avait l'habitude de travailler son jardin lui-même. Il perdait souvent connaissance en se rappelant Allah.
Une nuit, le Calife Abbasside de l'époque fit convoquer l'Imam par un messager. Celui-ci raconte : «Je suis allé chez l'Imam et je l'ai trouvé dans sa chambre privée. L'Imam avait les joues couvertes de poussière, et suppliait Allah dans la plus grande humilité, les mains levées vers les cieux, les mains et le visage poussiéreux».C'était un homme charitable et de disposition aimable. Il parlait avec tendresse et se montrait très coopératif. On avait plaisir à travailler avec lui.
Un jour l'Imam appela son domestique, Mussadif et lui donna mille dinars pour se préparer à un voyage d'affaires, en Égypte, car le nombre de sa suite avait augmenté et il était nécessaire de rechercher davantage de moyens de subsistance.
Mussadif acheta des marchandises et partit pour la Syrie avec un groupe de commerçants. Lorsqu'ils approchèrent de l'Égypte, ils rencontrèrent un autre groupe de commerçants revenant de ce pays. Ils dirent à ceux-ci qu'ils possédaient telle sorte de marchandises et qu'ils voulaient savoir si elles étaient disponibles en Égypte. Leurs interlocuteurs répondirent par la négative. Les marchands prêtèrent alors serment de ne pas revendre leurs marchandises à moins de cent pour cent de bénéfice. Ce qui fut fait. Après quoi ils retournèrent à Médine.
Mussadif rentra chez l'Imam avec deux sacs contenant chacun mille dinars. Il lui dit que l'un des deux sacs contenait le capital, l'autre, les bénéfices.
L'Imam lui fit remarquer que les bénéfices étaient excessifs et lui demanda ce qu'il avait fait des marchandises. Mussadif lui expliqua ce qu'il avait fait et le serment qu'il avait prêté (de ne pas revendre à moins de 100% de profit). L'Imam s'étonna qu'il ait juré de ne pas revendre des articles à des musulmans à moins de 100% de bénéfice !
Puis l'Imam prit l'un des deux sacs et dit : «Celui-ci contient mon capital, et nous ne touchons pas les bénéfices».
Et d'ajouter : «0 Mussadif ! il est plus facile de combattre avec une épée que de gagner sa vie légalement (halâl) !».
QUELQUES PAROLES DE L'Imam JA'FAR AS-SADEQ(as)
-Trois genres de personnes ne recevront que le bien : Les silencieux, ceux qui évitent le mal et ceux qui se rappelent Allah (dikr).
-Le sommet de la fermeté se situe dans la modestie.
-La valeur originelle de l'homme est déterminée par sa raison('aql).
-La valeur de son appartenance familiale est déterminée par sa religiosité.
-La valeur de sa générosité est sa piété.
-Les hommes sont égaux de part leur appartenance à Adem(as).
-Craignez bien de faire l'injustice, les souffrances des victimes de l'injustice s'élèvent vers le ciel.