LE PELERINAGE D’ADIEU ET LE DECES DU PROPHETE
  • Titre: LE PELERINAGE D’ADIEU ET LE DECES DU PROPHETE
  • écrivain: ahlkesaa
  • Source:
  • Date de sortie: 20:33:13 1-9-1403

L'an dix de l'Hégire commença avec l'arrivée de nouveaux ambassadeurs. Diverses tribus de la côte du Yémen, de Hadhramawt, et de la côte du Sud, envoyèrent des délégations pour signifier leur soumission au Prophète (ç) et leur adhésion à sa Foi. Deux chefs de Banî Kindah, de Hadhramawt, en l'occurrence al-Ach'ath et Walîd offrirent leur propre allégeance et embrassèrent l'Islam. Ce même Ach'ath rejoindra plus tard la rébellion qui éclatera après la mort du Prophète (ç), et résistera avec acharnement à l'adversaire qui aura finalement besoin de renforts. Il finira toutefois par être fait prisonnier, non sans difficulté, et envoyé au calife, Abû Bakr, lequel lui pardonnera - malgré les protestations de 'Omar - après qu'il lui aura renouvelé son allégeance, et lui offrira sa sur, Um Farwah en mariage. Par la suite il deviendra Khârijite en se rebellant contre Ali (as).

Ses fils, Mohammad et Ishâq, se feront remarquer dans l'armée que Yazîd enverra à Karbalâ' pour perpétrer le massacre de Houssein (as) Ibn Ali (as).

Les Fonctions Missionnaires de Ali (as) au Yémen


Au mois de Rabî' II, de l'an dix de l'Hégire, Khâlid B. Walîd fut envoyé par le Prophète (ç) pour propager l'Islam parmi le peuple du Yémen. Mais au lieu de rapports de satisfaction à propos de son séjour de six mois dans ce pays, des plaintes contre lui parvinrent en grand nombre à Médine.

Le Prophète (ç) demanda alors à Ali (as) de partir avec trois cents hommes pour remplacer Khâlid. Le jeune héros exprima modestement ses réserves sur cette mission auprès de gens beaucoup plus âgés que lui et plus versés dans l'Ecriture.

Le Prophète (ç) mit alors sa main sur la poitrine de Ali (as), leva les yeux vers le ciel et pria: «ش Dieu! Délie la langue de Ali (as) et guide son cur». Puis il donna pour la guidance de Ali (as), en tant que juge, cette règle: «Lorsque deux parties se présentent devant toi, ne prononce jamais un jugement en faveur de l'un sans avoir tout d'abord entendu l'autre». Ensuite, arrangeant avec ses mains la coiffure de Ali (as) et lui remettant en mains propres l'Etendard de la Foi, le Prophète (ç) lui fit ses adieux. Ali (as) partit donc pour le Yémen où il lut la lettre du Prophète (ç) aux gens, fit des sermons selon la dictée du Prophète (ç) et prêcha les doctrines de l'Islam aux masses. Le résultat fut un grand succès: en un jour toute la tribu de Hamadânî embrassa l'Islam. ("Al-Kâmil" d'Ibn Athîr, vol. II)

Ali (as) fit un rapport sur le succès de sa mission au Prophète (ç), lequel, dès la réception de cette grande nouvelle, se prosterna, le front contre le sol, par révérence pour Dieu et Lui exprima sa gratitude. D'autres tribus suivirent, l'une après l'autre, l'exemple des Hamadânî. Certains chefs firent hommage et prêtèrent serment d'allégeance pour leurs sujets. Ali (as) faisait quotidiennement un rapport sur les progrès de sa mission. Puis, sur ordre du Prophète (ç), il partit pour Najrân, y collecta les impôts dus et se dirigea ensuite vers la Mecque pour rejoindre le Prophète (ç) dans son dernier Pèlerinage, au mois de Thilhaj 10 H.

Pour accomplir leur vu, quelque deux cents personnes de Yémen arrivèrent à Médine, au début de l'an 11 de l'Hégire, (l'année commence au mois de Moharram) pour présenter personnellement leur allégeance au Prophète (ç) et ce fut la dernière délégation reçue par lui.

Le Pèlerinage d'Adieu du Prophète (ç)


Etant donné que la période du Pèlerinage annuel s'approchait, le Prophète (ç) commença à faire les préparatifs en vue de son Pèlerinage à la Mecque. Il invita les gens de toutes les régions de la Péninsule à se joindre à lui afin qu'ils se familiarisent avec l'accomplissement correct des différents rites ayant trait aux cérémonies sacrées. Depuis son émigration à Médine, ce serait le premier et le dernier Hajj (Pèlerinage à la Mecque) du Prophète (ç). Cinq jours avant le début du mois de Thilhaj, le mois du Pèlerinage, le Prophète (ç) se dirigea vers la Mecque, suivi de plus de cent mille pèlerins. Toutes ses femmes, ainsi que sa fille bien-aimée, Fatima (as), la femme de Ali (as), l'accompagnèrent. Au cours de ce voyage, Abû Bakr eut un fils de sa femme Asmâ' Bint Wahab. Il fut appelé Mohammad.

Le Prophète (ç) arriva à la Mecque le dimanche 4 Thilhaj de l'an 10 H. Tout de suite après son arrivée, Ali (as), qui revenait du Yémen à la tête de ses hommes, rejoignit le Prophète (ç), lequel sembla très heureux de le revoir, et lui demanda, en l'embrassant quel vu pour le Pèlerinage il avait fait. Ali (as) répondit: «J'ai fait le vu d'accomplir le même Pèlerinage que le Prophète (ç) quoi qu'il arrive, et j'ai amené trente-quatre chameaux pour le sacrifice». Le Prophète (ç) s'écria joyeusement: "Allâh-u-Akbar" (Dieu est le plus grand), et dit qu'il en avait amené soixante-six. Et d'ajouter qu'il (Ali (as)) serait son partenaire dans tous les rites du Pèlerinage et dans le sacrifice. Ainsi, Ali (as) accomplit donc le Grand Pèlerinage avec le Prophète (ç).

Etant donné que les différences, cérémonies devaient constituer des modèles à suivre dans l'avenir, le Prophète (ç) observa rigoureusement chaque rite, soit conformément aux Révélations faites à cet égard, soit selon l'usage patriarcal. Ainsi, lorsqu'on amena les chameaux à offrir en sacrifice, lui et Ali (as) se mirent à abattre conjointement les cent chameaux qu'ils avaient apportés. Et quand on prépara un repas avec la viande des chameaux sacrifiés, le Prophète (ç) s'assit avec seulement Ali (as), et personne d'autre, pour le partager.

Les cérémonies du Pèlerinage prirent fin avec le rasage des chevaux et le coupage des ongles après le sacrifice des animaux. L'habit du Pèlerinage fut alors ôté et une proclamation fut faite par Ali (as), monté sur la mule du Prophète (ç), Duldul, levant les restrictions du Pèlerinage.

A la clôture du Pèlerinage, le Prophète (ç) informa le Calendrier, abolissant l'intercalation trisannuelle et faisant l'année purement lunaire, consistant en douze mois lunaires, ce qui permit de fixer le mois du Pèlerinage selon les saisons changeants de l'année lunaire.

Le Sermon de Ghadîr Khum


Faisant ses adieux à sa ville natale, le Prophète (ç) quitta la Mecque pour Médine le 14 Thilhaj. Sur la route, le 18 Thilhaj, il ordonna qu'on fasse halte à Ghadîr Khum, une région aride aux abords de la vallée de Johfa, à trois étapes de Médine, après avoir reçu la révélation suivante:

«ô Prophète (ç)! Fais connaître ce qui t'a été révélé par ton Seigneur. Si tu ne le fais pas, tu n'auras pas fait connaître Son Message. Dieu te protégera contre les hommes; Dieu ne dirige pas le peuple incrédule». (Sourate al-Mâ'idah, 5: 67).

On affirme que le Prophète (ç) avait déjà reçu l'ordre de proclamer Ali (as) son successeur et avait remis à une occasion plus appropriée l'annonce de cette nomination pour éviter qu'elle soit mal prise.

A présent, ayant reçu ce Commandement, il décida de l'annoncer sans aucun retard. Aussi fit-il halte sur le lieu même où il reçut le rappel. Le terrain étant déblayé, une chaire fut formée de selles de chevaux, et Bilâl, le Muezzin, s écria à haute voix: «Hayya 'Alâ Khayr-il-'Amal» (ش gens, accourez à la meilleure des actions).

Et une fois les gens rassemblés autour de la chaire, le Prophète (ç) se leva prenant à sa droite Ali, dont le turban noir à deux bouts suspendus sur ses épaules avait été arrangé par le Prophète (ç) lui-même. Le Prophète (ç) loua tout d'abord Dieu, puis s'adressant à la foule, il dit: «Vous croyez qu'il n'y a de dieu que Dieu, que Mohammad est Son Messager et Son Prophète (ç), que le Paradis et l'Enfer sont des vérités, que la mort et la Résurrection sont certaines, n'est-ce pas?»

Ils répondirent tous «Oui, nous le croyons». Il les informa alors qu'il serait rappelé bientôt par son Seigneur, puis il prononça cette adjuration:

«Je vous laisse deux grands préceptes dont chacun dépasse 1'autre par sa grandeur: ce sont le Saint Coran et ma sainte progéniture (dont les membres inéchangeables sont: 'Ali, Fdtimah, Hassan et Hussayn). Prenez garde dans votre conduite envers eux après ma disparition. Ils ne se sépareront pas 1'un de l'autre jusqu'à ce qu'ils reviennent auprès de moi, au Ciel, à la Fontaine de Kawthar».

Et d'ajouter:

«Dieu est mon Gardien et je suis le gardien de tous les croyants».

Ali (as) Déclaré Successeur du Prophète (ç)


Ce disant, il prit la main de Ali (as) dans sa main, et la levant haut, il s'écria:

«Celui dont je suis le maître, 'Ali aussi est son maître. Que Dieu soutienne ceux qui viennent en aide à 'Ali et qu'IL soit l'ennemi de ceux qui deviennent les ennemis de 'Ali».

Ayant répété cette proclamation trois fois, il descendit de la plate-forme dressée et fit asseoir Ali (as) dans sa tente où les gens vinrent le féliciter. 'Omar Ibn al-Khattâb fut le premier à congratuler Ali (as) et à le reconnaître comme le "Tuteur de tous les croyants".

Après les hommes, toutes les femmes du Prophète (ç) ainsi que les autres dames vinrent féliciter Ali (as). A la fin de cette cérémonie d'installation, le célèbre verset suivant du Coran fut révélé au Prophète (ç):

«Aujourd'hui, j'ai perfectionné votre religion et j'ai parachevé Ma Grâce sur vous; j'agrée l'Islam comme étant votre Religion». (Sourate al-Mâ'idah, 5: 3). Le prophète (ç) se prosterna en signe de gratitude.

La Signification d'Ahl-ul-Bayt Expliquée


L'expression "ma progéniture" mentionnée dans l'Adjuration signifie les saintes personnes désignées par le verset coranique suivant:

«(ô Prophète (ç)!) Je ne vous demande aucun salaire pour cela, si ce n'est votre affection envers mes proches» (Sourate al-Chûrâ, 42: 23).

A la révélation de ce verset on avait demandé au Prophète (ç) de nommer les personnes dont l'amour était commandé. Il nomma: Ali (as), Fatima (as), Hassan (as), Houssein (as). Les gens le soupçonnèrent alors d'avoir nommé ses chers proches afin qu'ils soient considérés avec la crainte et le respect dus après sa mort.

C'est à propos de la fidélité, de l'amour et l'obéissance envers ces personnes-là que les gens seront interrogés le Jour du Jugement, lorsqu'il sera demandé à chacun comment il s'est conduit envers elles, comment il a défendu leur cause et comment il a soutenu leurs intérêts.

Ce sont les personnages déclarés purifiés et exempts de toute impureté. Lorsque le verset coranique: «ش vous, les Gens de la Maison! Dieu veut seulement éloigner de vous la souillure et vous purifier totalement». (Sourate al-Ahzâb, 33: 33) fut révélé au Prophète (ç), il se mit sous un manteau avec Ali (as), Fatima (as), Hassan et Hussayn, et déclara que sa Maison (Famille) consistait en ces personnes seulement.

Um Salma, sa femme, dans la maison de laquelle la révélation était descendue, lui demanda d'être incluse dans le groupe sous le manteau, mais elle essuya un refus poli. Depuis ce jour-là ledit groupe reçut le surnom d'Açhdb al-Kisb.

Ce sont ces personnes que le Prophète (ç) compara au Bateau de Noé, dans lequel ceux qui avaient embarqué furent sauvés, alors que ceux qui avaient cherché secours ailleurs que dans ce Bateau furent noyés.

Ces personnes faisaient partie intégrante de la Lumière Céleste dont fut créé le Prophète (ç).

Ce sont ces personnes pour les actions vertueuses desquelles Mohammad fut félicité par Allah, et en louange desquelles la sourate al-Dahr fut révélée. Rien d'étonnant donc à ce que le Prophète (ç) ait mis dans la même balance ces personnalités dépouillées de fautes et de pêchés et le Livre de Dieu - le Coran - et qu'il ait déclaré les deux Poids aussi lourds l'un que l'autre. Ali (as) était le seul homme qui pouvait prétendre à une connaissance minutieuse du Coran.

Il proclama tout haut qu'il invitait tout un chacun à lui demander quand, où et à quelle occasion chaque verset du Coran avait été révélé au Prophète (ç), et la fameuse déclaration: «Je suis la Cité du Savoir, Ali (as) en est la Porte» ne peut que confirmer cette affirmation de Ali (as).

Il en était de même pour Hassan (as), al- Hussayn et Fatima (as).

Ce sont ces personnes pieuses qui étaient souvent accompagnées par les anges.

Bien que le Prophète (ç) eût informé solennellement les gens que la désignation de Ali (as) comme "Le Gardien de tous les croyants", était faite sur Commandement de Dieu, les gens continuèrent à le soupçonner d'avoir attribué à Ali (as) cette haute position sans avoir reçu un ordre de Dieu dans ce sens.

Un incident survenu quelque temps après que le Prophète (ç) eut fait l'Adjuration mérite d'être mentionné: un homme nommé Hârith B. No'mân Fihrî (ou Nadhr B. Hârith selon un autre hadith) refusa de croire le Prophète (ç) et le soupçonna d'avoir fait la proclamation par affection et amour pour Ali (as). Il alla même jusqu'à invoquer sérieusement la descente de la colère du Ciel sur lui-même, si ces soupçons n'étaient pas fondés, prière qui fut rapidement exaucée, lorsqu'une pierre tomba sur sa tête, le tuant sur-le-champ.

Conclusion en Faveur de Ali (as) Tirée de la Parole du Prophète (ç)


Le lecteur se rappelle sans doute les précédentes occasions lors desquelles le Prophète (ç) déclara Ali (as) son successeur, tout d'abord le jour où il se proclama publiquement Messager de Dieu en disant: «ش fils de 'Abdul-Muttalib! Dieu n'a jamais envoyé un Messager sans qu'IL ait désigné en même temps son frère, son héritier et son successeur parmi ses proches parents»; et ensuite lorsqu'il déclara que Ali (as) «est à lui ce que Harûn fut à Mûsâ».

Ces propos du Prophète (ç) n'étaient pas une simple opinion personnelle qu'il exprimait, comme en témoignent ces versets coraniques: «Il ne parle pas selon son désir; mais exprime les Commandements qui lui sont révélés». (Sourate al-Najm, 53: 3-4).

Cela signifie que lesdits propos étaient conformes aux Commandements de Dieu. Et cette dernière déclaration faite devant des milliers de gens était conforme aux précédentes déclarations, qui n'avaient jamais été retirées ni abrogées pendant une période d'une vingtaine d'années.

Se fondant sur ce qui précède, une grande partie des Musulmans considéra Ali (as) comme étant sans aucun doute le successeur choisi et désigné du Prophète (ç) depuis le début de sa mission prophétique. A cette dernière occasion, il eut la distinction d'être pour les Musulmans ce que le Prophète (ç) était pour eux: à savoir que Ali (as) devait être traité en remplaçant (successeur) du Prophète (ç) après sa mort. Chah Hassan Jaisi, un mystique sunnite a bien expliqué la signification du terme "Mawlâ" dans sa stance qui peut se traduire ainsi:

«Vous courez ça et là pour chercher le sens de "Mawlâ". Eh bien! Ali (as) est "Mawlâ" dans le même sens que le Prophète (ç) est "Mawlâ».

QUELQUES IMPOSTEURS.
LA DERNIERE MALADIE DU PROPHETE , SA DERNIERE PRIERE ET SON DERNIER SERMON DANS SON MASJID.
LA MORT DU PROPHETE ET SES FUNERAILLES.


La Distribution du Yémen


Bazhân, le Gouverneur du Yémen, étant décédé, le Prophète (ç) répartit, en l'an onze (en tenant compte que l'année commence au mois de Moharram) les nombreuses provinces Hamdân, Marab, Najrân - qui étaient jusqu'alors unies sous l'autorité de Bazhân, entre les différents gouverneurs de ce pays. Chahr eut l'autorisation de détenir le gouvernement de اan'â' et du territoire environnant.

Aswad, l'Imposteur


Aswad, un notable riche et influent, rallia à sa cause les nobles qui étaient insatisfaits de la répartition du Prophète (ç) et qui avaient chassé ses fonctionnaires, lesquels fuirent et cherchèrent refuge chez les tribus amies les plus proches. Puis il put soumettre la province de Najrân. S'étant assuré ainsi un grand nombre de partisans, Aswad se proclama prophète (ç) et marcha sur اan'â', où il défit l'armée de Chahr, tuant ce dernier et prenant sa veuve comme épouse.

De vagues nouvelles d'Aswad parvinrent au Prophète (ç), lequel envoya des lettres à ses fonctionnaires pour qu'ils déposent le prétendant. Toutefois Aswad était en train de hâter lui-même sa fin en traitant avec mépris ses officiers à la bravoure desquels il devait pourtant son succès. La veuve de Chahr, devenue sa femme, guettait elle aussi l'occasion de venger son ex-mari. Les fonctionnaires du Prophète (ç) engagèrent des négociations avec les gens mécontents, et il en résulta que l'imposteur Aswad fut tué la veille du décès du Prophète (ç) à Médine.

Musaylamah, l'Imposteur


A peu près à la même époque, Musaylamah, un chef de Banî Hanîfah, se proclama prophète (ç) à Yamâmah, il trompait les gens et leur récitait des versets en affirmant qu'ils lui avaient été révélés par le Ciel. Cependant aucun de ces versets ne mérite d'être cité ici. Mais cela ne l'empêchait pas de prétendre même qu'il était capable de produire des miracles. L'un de ses miracles consistait à transformer un uf en un flacon très étroit. La rumeur de cette imposture parvint à Médine, d'où le Prophète (ç) lui envoya une lettre lui rappelant son serment d'allégeance et lui ordonnant d'adhérer sincèrement à l'Islam. Musaylamah, dans sa réponse à cette lettre, tendait à affirmer que lui aussi était Prophète (ç) comme Mohammad et il lui demandait donc de partager la terre avec lui.

Le Prophète (ç), après réception de cette réponse insolente, lui écrivit: «J'ai reçu ta lettre avec ses mensonges et inventions contre Dieu. En réalité la terre appartient à Dieu. IL en fait hériter qui IL veut parmi Ses serviteurs. Que la paix soit sur celui qui suit le Droit Chemin».

La rébellion de Musaylamah sera étouffée à l'époque du calife Abû Bakr.

Tulayhah l'Imposteur


Un autre imposteur nommé Tulayhah un chef de Bani Asad, se proclama lui aussi prophète (ç), à Najd. C'était un guerrier d'une certaine renommée.

Après la mort du Prophète (ç), il se révolta ouvertement contre l'Islam. Il fut défait et soumis à l'époque du calife 'Omar.

L'Ordre de l'Expédition vers la Syrie


Vers la mi-اafar de l'an 12 (calculé en tenant compte qu'il commence au mois de Moharram) un lundi, le Prophète (ç) ordonna à ses partisans de faire de rapides préparatifs en vue d'une expédition contre les habitants de Mota, sur le territoire romain, pour venger les courageux soldats musulmans qui y étaient tombés en martyrs, dans une récente escarmouche. Le lendemain (mardi), il désigna un homme, nommé Osâmah, pour le commandement de l'armée. Osâmah était le fils de Zayd, l'esclave affranchi du Prophète (ç), tué à Mota, et il n'avait que dix-sept ou dix-huit ans. Le Prophète (ç) demanda à Osâmah de se dépêcher afin qu'aucune information sur cette expédition ne parvienne à l'ennemi et que la surprise fût totale.

«Surprends-le, lui dit-il et si le Seigneur t'accorde la victoire, reviens ici sans délai».

Le mercredi, une violente attaque de mal de tête et de fièvre s'empara du Prophète (ç), mais le lendemain matin (jeudi), il se trouva suffisamment rétabli pour préparer un drapeau de ses propres mains, et il le remit à Osâmah, comme drapeau de l'armée. Le camp fut ensuite installé à Jorf, à cinq kilomètres de Médine, sur la route de la Syrie. Le Prophète (ç) ordonna à tous ses partisans à Médine, sans excepter ni même Abû Bakr, ni 'Omar, de le joindre tout de suite. Seul Ali (as), à qui il avait demandé de rester avec lui, en était excepté.

Prédiction concernant 'aicha


La maladie du Prophète (ç) s'aggravait entre-temps. Malgré cela, pendant quelques jours de sa maladie, il maintint son habitude de se rendre dans les maisons de ses femmes à tour de rôle.

Un jour, alors qu'il franchissait la porte de 'aicha, il entendit un gémissement: «Ma tête! Aïe, ma tête!». Il entra et dit: «'aicha! C'est plutôt à moi de crier: "Ma tête! Ma tête!", et non à toi». Mais elle continua à crier: «Ma tête! Ma tête!». Puis, dans un effort de tendresse, il lui dit: «Ne désirerais-tu pas, ô 'aicha, mourir pendant que je suis encore vivant, afin que je puisse t'envelopper dans un drap, prier sur toi et te déposer dans la tombe?» Là, 'aicha dit malicieusement: «En fait, je peux te comprendre! Tu veux vivre avec une autre femme à ma place, après tout ce que tu viens de dire». Le Prophète (ç) sourit à la plaisanterie de 'aicha, avec la triste compagnie d'une douleur aiguë dans sa tête, et partit pour l'appartement de Maymûnah.

Selon un autre récit; 'aicha dit: «Chaque fois que le Prophète (ç) passait devant ma porte, il avait l'habitude de me dire quelques mots.

Maintenant, il passe depuis deux jours sans prononcer un seul mot. Aussi ai je demandé à ma bonne de mettre mon oreiller à la porte. J'y pose ma tête bandée, et lorsque le Prophète (ç) passe par là, il entend mes gémissements et entre pour me parler comme il le faisait précédemment».

Hélas! 'aicha n'avait pas pu comprendre la situation. Elle aurait dû trembler en pensant à son sort ainsi prédit indirectement par le Prophète (ç).

Elle savait qu'il n'était pas d'assez bonne humeur pour prononcer de tels mots par plaisanterie, et que la situation ne prêtait pas à une telle plaisanterie sinistre avec sa femme bien-aimée qui était encore jeune alors qu'il avait atteint, lui, l'âge avancé de soixante-trois ans, pas du tout inconscient des prémonitions de sa fin, et souffrant gravement de maux de tête et de fièvre. La prédiction se réalisera quelques quarante ans plus tard, lorsque, à l'époque de Mo'âwiyeh, 'aicha sera enterrée vivante. Elle n'aura pour elle ni toilette mortuaire, ni drap pour l'envelopper, ni cercueil, ni prière sur son âme.

Dans son "History of Saracens" (p. 375), Simon Ockley, citant une note de Price, écrit: «Selon un récit, 'aicha fut assassinée sous le gouvernement de Mu'âwiyeh», et de donner ces détails concernant cette affaire:

«'aicha ayant résolument et avec affront refusé de prêter allégeance à Yazîd, Mu'âwiyeh la convoqua pour un entretien. Il avait fait préparer un puits ou un trou très profond dans la partie de la pièce réservée à sa réception, et il en fit couvrir l'orifice avec des branches et des nattes de paille. Une chaise fut placée au-dessus de l'endroit fatal. Lorsque 'aicha fut conduite à son siège, elle s'enfonça dans une nuit éternelle. L'orifice du trou fut immédiatement rebouché avec des pierres et du mortier».

Ainsi, 'aicha fut enterrée sans faste tout comme elle s'était mariée sans faste.

La Dernière Maladie du Prophète (ç)


La fièvre du Prophète (ç) revint à la charge dans la maison de Maymûnah, en s'aggravant et avec des accès occasionnels d'évanouissement. Toutes ses femmes et tous ses parents se rassemblèrent pour le voir. On lui conseilla de ne plus se déranger pour rendre visite à tour de rôle à toutes ses femmes, comme il le désirait, et de rester tranquille dans un même endroit pendant sa maladie. La maison de 'aicha fut proposée et admise à ce propos, d'une façon unanime. Le Prophète (ç), la tête bandée et les vêtements mis hâtivement autour de son corps, fut conduit à la demeure de 'aicha, soutenu par al-Fadhl, le fils d'al-'Abbâs d'un côté, par Ali (as) son cousin et fils adoptif de l'autre. Selon le récit fait par 'aicha, celle-ci affirme que le Prophète (ç) était soutenu d'un côté par al-Fadhl, de l'autre par une autre personne. Elle répugnait à citer le nom de Ali (as), en raison du sentiment d'inimitié qu'elle éprouvait pour lui.

'aicha Espionne les Mouvements du Prophète (ç)


Une nuit, alors qu'il se trouvait dans la maison de 'aicha, le Prophète (ç) se leva doucement de son lit et sortit dehors. 'aicha pensa qu'il allait chez une autre femme et le suivit à pas de loup jusqu'à ce qu'il arrivât au cimetière de Baqî' où il pria pour le pardon de ceux qui y reposaient. Avant qu'il ne retournât, elle se hâta vers sa maison, où tout de suite après le Prophète (ç) arriva. Il devina ce qu'elle avait fait et l'interrogea. 'aicha n'avait d'autre solution que d'avouer. Il lui dit: «Tu m'as soupçonné d'être allé chez une autre femme alors que je me suis rendu au cimetière par obéissance au Commandement d'Allâh».

Selon un autre récit, le Prophète (ç) fut suivi par Borayah, la bonne, envoyée par 'aicha pour surveiller le Prophète (ç). Selon une troisième version de ce fait, c'est Abû Râfi', le serviteur du Prophète (ç) qui l'accompagna. Un quatrième récit affirme que c'est Abû Muwayhebah qui alla avec lui.

Hâter l'Expédition vers la Syrie


Bien que la maladie du Prophète (ç) s'aggravât de jour en jour, elle ne le confina toutefois pas totalement à la maison. Il maintint l'habitude d'aller chaque jour au Masjid par la porte de son appartement donnant sur la cour, pour diriger la prière. Une semaine après avoir appelé ses hommes à préparer l'expédition vers la Syrie, il s'aperçut qu'ils ne s'empressaient pas d'aller au camp de rassemblement à Jorf.

Il était en colère d'entendre les gens dire: «Il choisit un adolescent pour commander le chef des Muhâjirin». Un jour, après la prière, il s'assit sur la chaire, la tête toujours bandée avec une serviette, et s'adressa ainsi à l'assistance: «ش vous les hommes! Qu'est-ce que cela veut dire? On dit que certains d'entre vous grognent contre le fait que j'aie nommé Osâmah pour le commandement de l'expédition vers la Syrie. Si vous me reprochez maintenant cette nomination, désormais vous me blâmerez aussi pour la nomination de son père, Zayd. Je voudrais que vous le traitiez bien, car il est l'un des meilleurs d'entre vous. Maudit soit celui qui s'abstient de rejoindre l'armée». Il demanda ensuite que l'expédition fasse mouvement le plus tôt possible, et quittant la chaire, il rentra chez lui.

Avertissement aux Muhâjirîn et aux Ançâr


Un autre jour, toujours après la prière, il dit à l'assemblée: «Le Seigneur a donné à Son serviteur le choix de continuer dans cette vie, alors qu'elle est pour lui ténèbres. Quant à moi, j'ai choisi l'autre vie. Tous les autres Prophète (ç)s moururent avant moi. Vous ne devriez pas vous attendre à ce que je vive éternellement».

Après un moment de silence, il poursuivit: «Vous les Ançâr! Traitez bien ceux à qui vous avez donné refuge. Et vous les Muhdjirîn! Les Ançàr me sont sûrement chers, car c'est parmi eux que j'ai trouvé refuge. Honorez-les donc et traitez-les bien».

Puis, il récita la Sourate al-'Açr: «Par le temps! Oui, l'homme est en perdition, sauf ceux qui croient; ceux qui accomplissent des uvres bonnes; ceux qui se recommandent mutuellement la Vérité, ceux qui se recommandent mutuellement la patience», et le verset 24 de la Sourate Mohammad: «Que peut-on attendre de vous, si vous déteniez l'autorité, sinon semer la corruption sur la terre et rompre vos liens de parenté». Il mit ainsi en garde ses Compagnons contre leurs desseins malicieux.

De l'Or Destiné à l'Aumône


Un jour, le Prophète (ç) interrogea 'aicha sur l'or qu'il lui avait confié pour qu'elle le gardât. Il s'agissait de sept dinars, le reliquat d'une somme qu'il avait reçue pour la distribuer comme aumône. 'aicha ayant répondu qu'elle l'avait chez elle, il lui demanda de le distribuer parmi les pauvres. Puis il tomba dans un état de semi inconscience. Peu après, lorsqu'il reprit connaissance, il demanda encore à 'aicha d'offrir l'or en charité. Il réitéra sa demande une troisième fois mais vainement. A la fin il lui reprit l'argent et le confia à Ali (as) qui le distribua tout de suite aux familles pauvres.

Le Prophète (ç) Empêché de Transcrire sa Volonté


Le Jeudi précédant sa mort, et alors que beaucoup de ses principaux Compagnons étaient présents dans la chambre, le Prophète (ç), étendu sur son lit, demanda qu'on lui apportât ce qu'il fallait pour écrire quelque chose: «Apportez-moi du papier et de l'encre afin que je puisse consigner pour vous un document qui vous évitera de retomber dans l'erreur».

'Omar s'interposa immédiatement ainsi: «L'homme est en délire. Le Livre de Dieu nous suffit».

Quelques-uns parmi l'assistance dirent qu'il fallait apporter le nécessaire pour écrire; d'autres se rangèrent du côté de 'Omar. La discussion s'anima et des voix s'élevèrent très haut pour contrarier le Prophète (ç). Les dames derrière les rideaux voulurent fournir le matériel de l'écriture mais 'Omar les rabroua: «Silence! dit-il. Vous êtes comme les femmes de l'histoire de Joseph. Lorsque votre maître tombe malade, vous fondez en larmes et dès qu'il va un peu mieux, vous vous mettez à faire des taquineries».

Ayant entendu ces propos, le Prophète (ç) dit: «Ne les grondez pas: elles valent sûrement beaucoup mieux que vous cependant». Maintenant quelques personnes se mirent à demander au Prophète (ç) ce qu'il désirait enregistrer.

Mais le Prophète (ç) récita sur un ton de colère le verset 2 de la sourate al-Hujurât («ش vous les croyants! N'élevez pas la voix au-dessus de celle du Prophète (ç). Ne lui adressez pas la parole d voix haute, comme vous le faites entre vous, de crainte que vos uvres ne soient vaines, sans que vous vous en doutiez»). Et dit: «Allez-vous en! Laissez-moi seul! Car ma condition présente est meilleure que celle à laquelle vous m'appelez».

Après avoir marqué une pause, il poursuivit: «Mais faites attention aux trois injonctions suivantes: un, chassez tout Infidèle de la Péninsule; deux, recevez avec hospitalité les délégations et offrez-leur le repas avec largesse, de la même façon que je le faisais». Quant à la troisième injonction, on dit qu'elle a été oubliée par le narrateur ou que sa mention a été omise.

Ibn 'Abbâs se lamenta sur l'irréparable perte subie par les Musulmans ce Jeudi, par suite de l'empêchement du Prophète (ç) d'écrire ce qu'il voulait pour la guidance de ses adeptes. Se rappelant cet événement, il pleura jusqu'à ce que ses joues et sa barbe fussent mouillées par ses lamies.

La maladie du Prophète (ç) s'aggravait chaque jour un peu plus et il en était très conscient. L'expédition de Syrie le préoccupait cependant sérieusement. Il continua à dire à ceux qui l'entouraient: «Envoyez rapidement l'armée d'Osâmah».

Abû Bakr Conduit la Prière


C'est un fait admis que jusqu'au soir du Jeudi précédant son décès, le Prophète (ç) continua à aller au Masjid pour diriger les prières à toutes les occasions. Mais la nuit de ce Jeudi-là, on dit qu'il ne put présider à la congrégation.

Il y a beaucoup de hadiths qui affirment que c'est Abû Bakr qui conduisit la prière de nuit ce jour-là. On dit qu'à dix-sept reprises, le Prophète (ç) recommençant à faire la prière de la nuit du Jeudi précédant sa mort, et ne pouvant pas présider à la congrégation au Masjid, commanda à Abû Bakr de diriger la prière. Il est admis également que le matin du jour de sa mort, le Prophète (ç) alla au Masjid, s'assit à côté d'Abû Bakr qui présida à l'assemblée et que lorsque les prières prirent fin, le Prophète (ç) fit un sermon du haut de la chaire avec une voix si puissante que sa portée dépassa de très loin les portes extérieures du Masjid.

Voici une tradition concernant ce fait:


«A l'heure de la prière de nuit du Jeudi, le Prophète (ç) donna l'ordre de demander à Abû Bakr de diriger les prières: 'aicha dit alors: "ô Prophète (ç)! Abû Bakr a le cur fragile. Ordonne plutôt que 'Omar dirige les prières". Le Prophète (ç) consentit à cette demande, mais 'Omar en recevant l'ordre du prophète (ç) objecta qu'il ne pouvait pas remplacer Abû Bakr tant qu'il était présent. Finalement ce fut Abû Bakr qui dirigea les prières. Dans l'intervalle, le Prophète (ç) se sentant suffisamment rétabli, vint au Masjid. Abû Bakr ayant vu le Prophète (ç) arriver, s'apprêta à regagner sa place dans l'assemblée, pour laisser le lieu libre pour le Prophète (ç). Mais ce dernier le retint par ses vêtements et lui ordonna de rester là où il était et il prit place à côté de lui, et se mit à réciter alors qu'Abû Bakr dirigeait la prière».

Ibn Khaldûn dit qu'à dix-sept reprises le Prophète (ç) dirigea de la même manière les prières d'Abû Bakr en étant assis à côté de lui alors que la congrégation était dirigée par ce dernier.

Selon une autre tradition, le Prophète (ç) avait ordonné à 'Abdullâh Ibn Zam'ah de demander aux membres de la congrégation de lire eux-mêmes les récitations des prières: Alors que 'Abdullâh se dirigeait vers le Masjid, 'Omar fut le premier à le rencontrer. Aussi lui demanda-t-il de diriger les prières. 'Omar se mit alors debout et de sa voix puissante il commença à réciter la formule préparatoire à la prière, "Allâhu Akbar". Le Prophète (ç) entendant la voix de 'Omar depuis son appartement s'écria: «Non! Non! Ne laissez personne d'autre qu'Abû Bakr diriger les prières». 'Omar se retira et désapprouva la conduite de Zam'ah. Celui-ci reconnut alors que le Prophète (ç) ne lui avait nommé aucune personne en particulier pour conduire les prières.

Une troisième tradition affirme: Lorsque l'heure de la prière en assemblée fut arrivée, le Prophète (ç) demanda de l'eau pour faire ses ablutions.

Mais essayant de se lever, ses forces le trahirent au point qu'il commanda qu'Abû Bakr récite les prières dans la congrégation. Et ayant donné cet ordre, il s'évanouit. Dès qu'il reprit connaissance, il demanda si Abû Bakr avait bien reçu son ordre. 'aicha répondit qu'Abû Bakr avait le cur tendre, qu'il pleurerait et que les gens entendraient difficilement sa voix; bref, que 'Omar conviendrait mieux, s'il recevait l'ordre de diriger les prières. Mais le Prophète (ç) réitéra l'ordre qu'Abû Bakr récite les prières à la congrégation. 'aicha recommanda encore 'Omar pour cette tâche, mais le Prophète (ç) voulait que personne d'autre qu'Abû Bakr ne fasse les récitations. Ensuite, sur l'insistance de 'aicha, on exhorta le Prophète (ç) à autoriser 'Omar à présider à la congrégation. Contrarié et irrité, le Prophète (ç) s'exclama: «Vraiment vous êtes pareils aux femmes stupides de l'histoire de Joseph! Faites exécuter tout de suite l'ordre que j'ai donné». L'ordre fut donné et Abû Bakr se mit à réciter le Takbîr.

Dans l'intervalle, le Prophète (ç) ayant récupéré ses forces, était venu au Masjid, soutenu par Ali (as) et 'Abbâs. Lorsqu'Abû Bakr entendit le bruissement des vêtements du Prophète (ç), il s'apprêta à revenir en arrière pour se ranger parmi la congrégation, mais le Prophète (ç) lui ordonna de rester à sa place et il s'assit à côté de lui. Ainsi, dans la prière, Abû Bakr fut dirigé par le Prophète (ç) et la congrégation par Abû Bakr.

Selon une tradition, Hafçah avait donné l'ordre à Bilâl de faire en sorte que son père ('Omar) dirigeât les prières publiques. A la suite de quoi, Mohammad la réprimanda et dit: «Elle est comme les femmes de l'histoire de Joseph». Et d'ajouter: «Dis à Abû Bakr de diriger les prières, car vraiment, si je n'en fais pas mon député, les gens ne lui obéiront pas». (K. Wâqidî, p. 145, cité par W. Muir, op. cit.,vol. IV, p. 266).

«On dit qu'Abû Bakr dirigea les prières pendant trois jours avant le décès du Prophète (ç). Selon une autre tradition, il dirigea les prières à dix-sept occasions, ce qui équivaudrait à trois jours et une partie du quatrième». (K. Wâqidî, p. 145, cité par W. Muir, vol. IV, p. 264).

Il ressort des différentes traditions précitées que le Prophète (ç) sortit jusqu'au dernier jour de sa vie au Masjid et dirigea lui-même les prières. Il est raisonnable aussi de penser, que le Prophète (ç) ayant déjà donné l'ordre à Abû Bakr de partir avec l'armée de Osâmah et invoqué la malédiction contre qui conque négligerait d'exécuter l'ordre de rejoindre l'armée n'eût pas pu en même temps lui donner l'ordre de présider aux Prières Publiques à Médine - ce qui aurait supposé qu'Abû Bakr se fût trouvé à Médine, contrairement à son ordre précédent qu'il ne retira pas jusqu'à sa mort.

On dit que le droit de présider à une prière publique était toujours reconnu comme le signe manifeste du chef du pouvoir séculier. Si Abû Bakr avait été vraiment désigné pour présider aux Prières Publiques, les Ançâr qu'on prétend s'être rassemblés à Saqîfah pour choisir un Calife alors que le corps du Prophète (ç) n'avait encore été ni lavé ni enseveli, n'auraient pas osé entreprendre si hâtivement cette initiative en infraction avec un si récent ordre du Prophète (ç), négligeant à ce point le fait que la prétendue désignation d'Abû Bakr pour diriger les prières aurait signifié qu'il avait été investi de l'Autorité Suprême.

Une grande partie des Musulmans infèrent donc d'une manière probante que l'imamat d'Abû Bakr fut imaginé après coup afin de justifier son accession au Pouvoir Suprême après la mort du Prophète (ç).

Un autre jour, le Prophète (ç) s'adressa au peuple, après les prières, dans les termes suivants :

«Frères! Si j'ai causé injustement à quiconque d'entre vous un mal, je soumets mes épaules d sa vengeance. Si j'ai calomnié la réputation de quiconque d'entre vous, qu'il vienne relever mes fautes devant l'assemblée. Si je dois quoi que ce soit à quiconque, qu'il s'avance pour me réclamer son dû, le peu que je possède servira d m'acquitter. Je préfère subir un affront dans ce monde plutôt que dans l'autre». Et le Prophète (ç) d'ajouter: «Je n'ai rendu légal que ce que Dieu avait rendu légal, et je n'ai interdit que ce que Dieu avait prohibé».

Un homme sortit des rangs de l'assistance et réclama trois dirhams qui lui furent payés tout de suite. Après quoi, le Prophète (ç) rentra à la maison.

Dans la nuit du Samedi, la maladie du Prophète (ç) prit un tournant sérieux, et la fièvre, dit-on, ne diminua pas jusqu'au Dimanche soir. Dimanche, Osâmah sortit de son camp pour recevoir les bénédictions du Prophète (ç) avant son départ pour la Syrie, mais au moment de sa visite le Prophète (ç) était inconscient et évanoui. Osâmah lui parla, mais le Prophète (ç) ne lui répondit que par un mouvement de la main qu'Osâmah prit entre les siennes. Puis baisant la main et le front du Prophète (ç), Osâmah retourna à son camp.

La Dernière Prière et le Dernier Sermon du Prophète (ç) dans son Masjid


Tôt le lundi matin (le jour de Sa mort), le Prophète (ç), toujours la tête bandée, sortit au Masjid, soutenu par deux hommes. Après les prières, il fit un court sermon, d'une voix qu'on entendait au-delà des portes extérieures du Masjid, lequel était inhabituellement rempli par les gens anxieux qui étaient venus s'enquérir de son état après la crise de la nuit précédente.

Dans son sermon, le Prophète (ç) dit que les esprits malfaisants étaient proches et que la plus noire partie d'une nuit noire et tempétueuse s'approchait. A la fin du sermon, Abû Bakr dit: «ش Prophète (ç)! Par la Grâce de Dieu, tu es mieux aujourd'hui!».

Osâmah était lui aussi présent, pour recevoir les bénédictions du Prophète (ç) qui lui dit: «Dépêche-toi avec ton armée; que la bénédiction de Dieu soit avec toi». Osâmah retourna au camp et donna l'ordre du départ le même jour. Abû Bakr revint chez lui à al-Souh.

La Mort du Prophète (ç)


Le Prophète (ç) regagna sa maison et, exténué, se jeta sur son lit. Ses forces le lâchèrent rapidement. Il appela toutes ses femmes près de lui et leur donna les instructions nécessaires en leur ordonnant de rester tranquilles dans leurs maisons et de ne pas se montrer dans un état de l'Epoque de l'Ignorance (Sourate al-Ahzâb, 33: 33).

Fatima (as), sa fille bien-aimée pleurait. Il l'appela, la fit asseoir à côté de lui et chuchota quelques mots dans son oreille. Elle fondit en larmes. Le Prophète (ç) glissa encore quelques mots dans son oreille et essuya ses larmes avec ses mains. Elle parut alors réconfortée et sourit.

Puis il appela Hassan (as) et Houssein (as), ses deux fils chéris qu'il n'avait cessé de caresser dans son giron depuis des années, voulant les embrasser pour la dernière fois. Hassan (as) posa son visage sur celui du Prophète (ç) et Houssein (as) se jeta sur sa poitrine. Chacun d'eux se mit à sangloter et à crier avec une telle amertume que toute l'assistance vit leurs larmes perler dans leurs yeux. Le Prophète (ç) les étreignit et les embrassa avec beaucoup d'affection et ordonna à toutes les personnes présentes de les traiter, ainsi que leur mère avec grand amour et respect, exactement comme il les traitait lui-même (le Prophète (ç) avait l'habitude de se lever et de faire un ou deux pas en direction de Fatima (as) chaque fois qu'il la voyait venir vers lui. Il l'accueillait toujours avec une joie manifeste. Puis baisant sa main, il la faisait asseoir à sa propre place).

Ensuite, il appela Ali (as) qui prit place près du lit. Le Prophète (ç) lui ordonna de rendre la somme qu'il avait empruntée à un certain Juif pour couvrir les frais de l'expédition d'Osâmah, et lui enjoignit d'endurer avec patience et résignation les troubles auxquels il serait confronté après sa mort. Il lui demanda de rester patiemment sur son droit chemin menant à l'autre monde, lorsqu'il constaterait que les gens se trouveraient sur celui menant vers le monde d'ici-bas.

Le Prophète (ç) prit la tête de Ali (as) sous son manteau qui les couvrit tous deux, et ce jusqu'à ce que Ali (as) ait sorti sa tête pour annoncer la mort du Messager de Dieu.

Ibn Sa'd et al-Hâkim ont noté que le Prophète (ç) avait rendu le dernier soupir, sa tête dans le giron de Ali (as) ("Madârij al-Nubuwwah").

Les derniers mots prononcés par le Prophète (ç), selon Ali (as) furent: «La compagnie bénie dans le Ciel. Les prières», après quoi il s'est étiré doucement, et puis tout a été fini. Que la paix éternelle soit sur lui et sur les membres de sa famille qui se sont sacrifiés pour la cause de l'Islam et qui nous ont dirigés sur le droit chemin.

Fatima (as), se frappant le visage et se lamentant d'amertume rejoignit les autres femmes qui gémissaient bruyamment.

C'était à peine midi passé, le Lundi 2 Rabî' I de l'an onze (calculé en commençant par le mois de Moharram), que le Prophète (ç) rendit l'âme, à l'âge de soixante-trois ans. Les autres dates de la mort du Prophète (ç), signalées par d'autres sources sont le 28 اafar et le 12 Rabî' I.

Le jour de son décès retenu unanimement est cependant un lundi.

Selon une tradition, avant la mort du Prophète (ç), quelqu'un avait demandé la permission de lui rendre visite, alors qu'il se trouvait dans un état d'inconscience. Fatima (as) répondit au visiteur que le moment ne convenait pas à une telle intrusion. Sans prêter attention à la réponse, le visiteur avait demandé encore la permission de se rendre auprès du Prophète (ç), et Fatima (as) lui répondit de la même façon. Il réitéra sa demande une troisième fois sur un ton si horrible que Fatima (as) en fut terrifiée.

Jibrîl (l'Ange Gabriel) qui était descendu en ce moment-là pour visiter le Prophète (ç) dit à ce dernier: «ش Prophète (ç)! C'est l'ange de la Mort. Il te demande la permission d'entrer. Jamais auparavant, il n'a demandé la permission à aucun homme, et jamais par la suite il ne fera preuve d'une telle sollicitude envers aucun autre».

Le Prophète (ç) demanda alors à Fatima (as) de le laisser entrer.

L'ange de la Mort entra et s'arrêtant devant le Prophète (ç), dit: «ش Prophète (ç) du Seigneur! Dieu m'a envoyé à toi et m'a donné l'ordre d'agir selon ton désir. Ordonne-moi d'arracher ton âme, je le ferai; ou bien ordonne-moi de la laisser, et je t'obéirai».

Alors, Jibrîl s'interposa: «ش Ahmad! Le Seigneur te désire (auprès de Lui)». «Vas-y donc, dit le Prophète (ç) à l'ange de la Mort, et fais ton travail». Jibrîl fit ses adieux au Prophète (ç) dans ces termes: «Que la paix soit sur toi, ش Prophète (ç) du Seigneur! Ma descente sur terre se termine avec toi». Le Prophète (ç) en décida ainsi et un gémissement de voix céleste s'éleva du convoi funèbre invisible.

La nouvelle de la mort du Prophète (ç) se répandit vite dans toute la ville de Médine et les gens affluèrent vers le Masjid de toutes parts pour savoir la vérité. Abû Bakr se trouvait dans sa maison, à al-Sonh dans la banlieue de Médine. 'aicha envoya Salim B. Abid pour le chercher tout de suite.

'Omar Joue une Scène Bizarre


Entre-temps une scène bizarre se jouait dans le Masjid. En effet, à peine après la mort du Prophète (ç), 'Omar entra dans l'appartement du Prophète (ç) et enlevant le drap qui couvrait son corps, regarda fixement les traits du Prophète (ç), lequel semblait tombé dans un sommeil paisible.

Remettant doucement la couverture sur le corps, il s'exclama: «Le Prophète (ç) n'est pas mort, il est parti auprès de Son Seigneur, comme l'avait fait avant lui Mûsâ, pour s'absenter pendant quarante jours. Il retournera parmi nous encore». Brandissant son épée, il s'écria: «Je couperai la tête de quiconque oserait dire que le Prophète (ç) est mort».

Alors que 'Omar haranguait les gens de cette façon, Abû Bakr apparut. Il écouta 'Omar pendant un moment, puis emprunta la porte de l'appartement de 'aicha, où il enleva à son tour le drap couvrant le corps du Prophète (ç), se pencha sur lui et l'embrassa sur le front. Puis en posant la tête sur ses mains, il la leva légèrement et scruta les traits du visage minutieusement. Puis, reposant la tête doucement sur l'oreiller, il s'exclama: «Oui, doux tu étais dans la vie et doux tu es dans la mort. Hélas mon maître! Tu es effectivement mort».

Recouvrant le corps, il s'avança et se dirigea tout de suite vers l'endroit où 'Omar brandissait son épée et haranguait les gens. «Calme-toi 'Omar! Assieds-toi!» s'écria-t-il. Mais 'Omar ne l'écouta pas. Il se tourna alors vers l'assistance et dit: «Avez-vous déjà oublié le verset coranique qui avait été révélé au Prophète (ç) après le jour d'Ohod: «Mohammad n'est qu'un Prophète (ç); des prophète (ç)s sont morts avant lui. Retourneriez-vous sur vos pas, s'il mourait ou s'il était tué?» (Sourate آle 'Imrân, 3: 144). Et ignorez-vous l'autre verset coranique révélé au Prophète (ç): «Tu vas sûrement mourir, (ش Mohammad) et eux aussi vont mourir». (Sourate al-Zomar, 39: 30)».

Et Abû Bakr de poursuivre: «Que celui qui adore Mohammad sache que Mohammad est vraiment mort, mais que celui qui adore Dieu sache que Dieu est immortel: IL est vivant et ne meurt pas».

La vérité étant à présent connue, l'assistance se mit à pleurer à chaudes larmes. On eût dit que les gens n'avaient jamais eu connaissance auparavant de ces versets coraniques, puisqu'on dut les leur répéter. 'Omar lui-même, en les entendant fut frappé d'horreur. Plus tard il dira qu'ayant entendu Abû Bakr réciter lesdits versets, il se mit à trembler et s'écroula, et qu'il sut après avec certitude que le Prophète (ç) était vraiment mort.

Om Aymân avait envoyé un messager à son fils Osâmah à Jorf pour l'informer de la condition critique du Prophète (ç). Osâmah avait déjà donné l'ordre à l'armée de se mettre immédiatement en marche et son pied était sur l'étrier lorsque le messager de sa mère arriva. Abasourdi par la nouvelle, Osâmah dispersa l'armée et retourna à Médine précédé par Boraydah B. al-Haçib, son porte-drapeau qui se dirigea directement vers le Masjid où il planta l'étendard à la porte de la maison dans laquelle le Prophète (ç) était étendu mort.

Peu après ces péripéties, dans l'après-midi, un ami vint précipitamment vers Abû Bakr et 'Omar au Masjid pour les informer que plusieurs notables de Médine s'étaient réunis dans Saqîfah Banî Sâ'idah et qu'ils étaient en train d'élire comme dirigeant Sa'd B. 'Obâdah. «Si vous voulez détenir l'Autorité Suprême, vous n'avez pas un moment à perdre, et vous devez arriver là-bas avant que l'affaire soit réglée et que l'opposition devienne dangereuse», leur dit-il. Ayant entendu cette nouvelle, Abû Bakr et 'Omar accoururent à Saqîfah en compagnie d'Abû 'Obaydah et de plusieurs autres personnes.

Le Lavage Rituel et l'Enterrement du Prophète (ç)


Entre-temps, Ali (as), ignorant ce qui se tramait à l'extérieur était occupé, à l'intérieur de la maison, à la préparation du lavage du corps du Prophète (ç), en compagnie de 'Abbâs et de ses deux fils, Fadhl et Qutham, ainsi que d'Osâmah et اâleh ou Charqân.

Ayant fermé la porte de l'appartement et arraché un rideau d'un drap de tissu du Yémen, ils y mirent le corps pour le laver. Ali (as) était la seule personne désignée par le Prophète (ç) pour laver son corps (comme il l'avait d'ailleurs prédit lorsqu'il avait donné le premier bain à Ali (as) au moment de sa naissance) puisqu'il avait dit que tout personne autre que Ali (as) qui regarderait sa nudité serait aveugle sur-le-champ.

Ainsi Ali (as) lava le corps et les autres l'aidèrent. Après le lavage du corps, ils l'amenèrent dehors et ils le revêtirent des vêtements dans lesquels il était mort. Deux draps de beau tissu blanc furent enroulés autour du vêtement et au-dessus de tout cela fut posé un drap de tissu rayé du Yémen. Puis vint le moment de la prière sur le corps. Tout d'abord les proches parents, suivis par les Partisans et les Compagnons du Prophète (ç), entrèrent dans la maison par groupes de dix personnes à la fois, et prièrent sur lui. Le corps resta ainsi jusqu'au moment de l'enterrement.

Les gens tombèrent en désaccord quant au lieu d'enterrement du Prophète (ç). La question fut tranchée par Ali (as) qui affirma avoir entendu le Prophète (ç) dire que là où un Prophète (ç) meurt il doit être enterré.

A Médine, il y avait deux fossoyeurs, Abû 'Obaydah al-Jarrâh qui creusait les tombes des Mecquois et Abû Talhah Zayd B. Sâhel qui creusait les tombes des Médinois. 'Abbâs envoya un homme pour les chercher tous les deux. Abû 'Obaydah n'était pas chez lui, étant donné qu'il se trouvait avec Abû Bakr et 'Omar à Saqîfah, occupé aux questions du Califat (la succession du Prophète (ç)); donc on ne pouvait pas faire appel à ses services. Abû Talhah vint et creusa le tombeau du Prophète (ç).
L'enterrement eut lieu le mardi dans la nuit, ou le mercredi, tôt le matin. Le corps fut descendu dans le tombeau par les mêmes proches parents qui l'avaient lavé et transporté dehors. Ali (as) fut la dernière personne à quitter l'intérieur du tombeau. Le Lahad, ou la voûte, une fois refermé, le tombeau fut rempli de terre arrosée d'un peu d'eau. Les gens quittèrent alors la tombe et se dirigèrent vers la maison de Fatima (as) pour la consoler dans son deuil.

'aicha continua à vivre dans la chambre contiguë à celle qui abritait le tombeau.

MANQUE DE MATURITE DE LA SOCIETE ISLAMIQUE AU MOMENT DU DECES DU PROPHETE


Après l’hégire et son installation à Médine, le prophète profita de la liberté qu’offraient les circonstances pour mettre sur pied une société islamique digne de nom. La communauté islamique put ainsi évoluer politiquement et s’imposa comme une force redoutable dans la péninsule arabique. Le prophète avait accompli sa mission avant sa mort. Il avait transmis à l’humanité l’intégralité du message dont il était porteur. Mais cette communauté était minée par des gangrènes dont les plus graves sont ;

1- Grâce à ses enseignements, le prophète avait pu réunir les tribus arabes auparavant éparpillées sous la bannière de la « foi ». Il avait fait d’eux des frères en religion. Il put former un gouvernement islamique avec ce beau monde dont il mena la destiné jusqu’au dernier souffle. Médine, la capitale de cette nation était gérée tantôt directement sous la direction de la révélation, tantôt par un système de consultation en cas d’absence d’une révélation coranique sur le problème. Chacun était libre de proposer son avis et ses critiques. C’était pour les Arabes une première de vivre sous ce genre de régime. Cette puissance politique avait été acquise grâce à la présence d’un guide capable et divinement assisté. Le système « Communauté et Imamat » que le prophète avait mis en place par décrét divin devait permettre à maintenir ce cap après le prophète (ç).

2- Le culte de l’idolâtrie avait presqu’été effacé dans la péninsule arabique avant la mort du prophète (ç). Qunad bien même aucune percée extérieure n’eut lieu, le prophète avait réussi à porter très loin le message islamique avec les ambassadeurs qu’il avait envoyé partout. Après la conquete de la Mecque presque toute l’Arabie était islamisée. En tout cas, une soumission totale face au gouvernement islamique régnait. La foi ne s’était pas encore encrée dans les cœurs. En effet, le messager de Dieu n’avait pas eu l’occasion d’envoyer des enseignants et des animateurs culturels pour implanter la culture islamique dans les habitudes. Beaucoup d’entre eux n’avait pas vu le prophète ne serait-ce qu’une fois. Seuls leurs chefs avaient des rencontres avec le messager de Dieu. Le risque de revenir aux habitudes obscurantiste d’avant était flagrant. Une raison de plus pour montrer que la nécessité d’un guide puissant et compétent après le prophète s’imposait pour qu’avec l’étendu de ses connaissances et de sa foi, l’islam puisse prendre vraiment place dans les habitudes.

3- En dépit du démantèlement des hypocrites après la mort de leur chef Abdoullah ibn Oubey, certains membres de ce groupe agissaient individuellement dans Médine et ses alentours. Ils étaient toujours à la rechercher d’une opportunité pour frapper l’islam. En plus des hypocrites qu’on peut présenter comme un ennemi interne, des ennemis extérieurs tels que la Rome et la Perse guettaient l’islam d’un œil méfiant. Le prophète avait à l’esprit ce triangle dangereux et méditait profondément comment faire pour les rendre moins nuisibles. Tel est l’autre argument qui exigeait que le prophète nomme à la tête de la communauté quelqu’un qui maintiendra l’unité et accroîtra la puissance de la nation.

4- Le système tribal en vogue dans la péninsule arabique paraissait indestructible. C’est avec beaucoup d’efforts et de persévérance que le prophète parvint à changer les choses dans cette société grâce au « mot de l’unicité » et à « l’unicité du mot ». Les tribus s’unirent, le sang qui culait dans les veines était nourrit par l’unité dans la foi et la fraternité. C’était le fruit des actions du saint Coran. Mais l’histoire montre que le spectre de l’ignorance et de l’obscurantisme régnait encore dans les esprits.

5- Le prophète était à la fois le guide spirituelle et politique de Médine après l’hégire. Il assumait consécutivement ces deux responsabilités. Les musulmans suivaient ses allocutions, priaient derrière lui et s’inspiraient de sans valeur spirituelle qu’ils appréciaient beaucoup.

Ils recueillaient l’eau qui tombait pendant qu’il faisait les ablutions pour en tirer bénédiction. Ces mêmes musulmans se présentaient sur le champ de bataille sous son commandement. Ils tuaient et se faisaient tuer en guise de loyauté pour lui. Ils le représentaient auprès des ennemis pour des négociations. Raison pour laquelle son remplaçant ne devait pas seulement s’occuper des affaires politiques et sociales. Au contraire, il aurait fallu qu’en plus de la direction politique et sociale, le successeur du prophète soit aussi une source de recours pour les problèmes d’ordre religieux. C’est-à-dire qu’il fallait quelqu’un qui avait une large connaissance en matière de religion.