Voici un résumé de quelques paragraphes du livre Al-Montaha al-Amâl de Mohaddeth Qommî :
« Sois la première parmi les miens à me rejoindre »
Les « Bakkâ’ûn (1) » sont de grands pleureurs, ils furent au nombre de cinq : A^dam, Ya?qûb, Yûsuf, Fâtima bint Mohammad et ‘Alî ibn al-Hosayn, que les prières de Dieu soient sur eux tous.
A^dam (as) : il a tellement pleuré lorsqu’il fut séparé du paradis que du fait de ses pleurs, il y avait deux ruisseaux sur son visage, sur ses joues.
Ya?qûb (as) : il a tellement pleuré lorsqu’il fut séparé de Yûsuf qu’il lui fut dit : « Par Dieu, te remémorant ainsi Yûsuf continuellement, tu vas tomber malade, tu vas faire fondre ton corps de tristesse ou même en mourir.
Yûsuf (as) : il a tellement pleuré lorsqu’il fut séparé de Ya?qûb que ceux qui l’avaient emprisonné en furent tourmentés et se plaignirent : « Soit tu pleures la nuit et tu te tais le jour afin que nous prenions du repos, sois tu pleures le jour et tu te tais la nuit ! » Il s’entendit avec eux sur le fait de pleurer à l’un de ces deux moments et de se taire le reste du temps.
Fâtima (as) : elle a tellement pleuré à la mort de l’Envoyé de Dieu (s) que les gens de Médine furent tourmentés par ses pleurs et lui dirent : « Tu nous tourmentes tellement tu pleures. » Alors elle allait sur les tombes des martyrs d’Ohod. Elle y pleurait tout ce qu’elle savait et rentrait à Médine.
‘Alî ibn al-Hosayn : il pleura vingt années sur le malheur de son père – quarante années selon un hadith. On ne laissait jamais de nourriture auprès de lui afin qu’il ne pleure pas en la voyant, ni de boisson. L’un de ceux que Son Excellence avait affranchi dit : « Que je sois sacrifié pour toi ô fils de l’Envoyé de Dieu, je crains que tu ne meures de chagrin. » Il dit : « Je me plains auprès de Dieu de mon malheur et de ma tristesse, je ne peux me souvenir du martyr des enfants de Fâtima (as) sans que les sanglots n’étreignent ma gorge. »
Ibn ‘Abbâs dit :
« Lorsque vint le moment de la mort de l’Envoyé (s), il pleura tellement que ses larmes s’écoulaient sur sa barbe bénie. Ils lui demandèrent : « ô Envoyé de Dieu, pourquoi pleures-tu ? »
Il dit : « Je pleure à cause de mes enfants et de ce que ma communauté leur fera après moi. Je vois Fâtima, ma fille, que l’on opprimera après moi, je la vois crier : « ô père ! » sans qu’un seul parmi m’a communauté ne lui vienne en aide. »
‘Aysha dit :
« Lors de la maladie par laquelle il fut affecté, l’Envoyé manda Fâtima et lui parla secrètement : Fâtima pleura. Il lui dit autre chose : Fâtima rit.
Je n’ai jamais vu personne ressemblant davantage à l’Envoyé (s) dans la manière de parler que Fâtima. Lorsqu’elle venait auprès de l’Envoyé (s), il lui prenait la main, l’embrassait et lui désignait sa place. Lorsque l’Envoyé (s) est mort, j’ai demandé à Fâtima : « Quelles sont les paroles qui t’ont faite pleurer et qui t’ont faite rire ? »
Elle répondit : « L’Envoyé (s) m’a dit secrètement : « Je suis en train de partir. » J’ai pleuré. Puis il m’a dit : « Sois la première parmi les miens à rejoindre. » Alors j’ai ri. »
Asmâ’ bent ‘Omays dit :
« Lorsque la mort de Fâtima (as) fut proche, elle me dit : « Apporte-moi de l’eau afin que je fasse mon wudhû (2) . »
Elle fit alors son wudhû – le ghosl (3) selon un hadith, le meilleur des ghosl. Elle demanda du parfum et se parfuma. Elle demanda une tunique neuve et s’en habilla.
Puis elle dit : « ô Asmâ’, Jabra’ïl a apporté un morceau de camphre du paradis lors de la mort de mon père (s). Mon père l'a séparé en trois. Il a mis un morceau de côté pour lui, un pour moi et un pour ‘Alî (as). Maintenant, apporte-moi mon morceau afin que l’on embaume mon corps. »
Lorsque je le lui ai apporté, elle dit : « Pose-le auprès de ma tête. »
Là, elle étendit les pieds vers la qibla et s’allongea. Elle tira son vêtement sur elle et dit : « ô Asmâ’, attends une heure. Ensuite appelle-moi. Si je ne réponds pas, demande ‘Alî, car j’aurais rejoint mon père. »
Moi, Asmâ’, j’ai attendu une heure. Puis j’ai appelé son Excellence. Je n’ai rien entendu.
Alors un soupir vint du plus profond de moi, disant : « ô fille de Mostaphâ ! ô fille du meilleur des fils d’A^dam ! ô fille de la meilleure personne ayant marché sur la terre ! ô fille de celui qui le soir du voyage nocturne atteignit le degré de proximité vis-à-vis de Dieu « inférieur à la portée de deux arcs » ! » N’obtenant pas de réponse, j’ai retiré le vêtement qui recouvrait son visage béni et vu que son âme, mue par la peine, avait pris son envol.
Alors je suis tombée sur elle, l’embrassant et disant : « Maintenant que tu te trouves auprès de l’Envoyé, transmets-lui le salâm de Asmâ’ bent (4) Omays. »
Ses fils Hasan et Hosayn (as), entrèrent. Ils dirent : « ô Asmâ’, pourquoi notre mère dort-elle à cette heure-ci ? »
Je dis : « Votre mère ne dort pas, c’est qu’elle a rejoint la miséricorde du Seigneur des Seigneurs. »
Alors Hasan se jeta sur son Excellence. Il embrassait son visage lumineux et disait : « Mère ! Dis-moi quelque chose sinon mon âme va se séparer de mon corps. »
L’Imâm Hosayn tomba sur ses pieds, il les embrassait et disait : « Mère ! C’est moi, ton fils, Hosayn. Dis-moi quelque chose, sinon mon cœur va se fendre.»
Alors je leur dis : « ô enfants chéris de l’Envoyé, allez avertir votre noble père. »
Là, les deux Hasan (5) partirent. Lorsqu’ils arrivèrent à la mosquée, ils se mirent à crier en pleurant.
Les compagnons coururent les accueillir : « Pourquoi pleurez-vous fils de l’Envoyé ? Que Dieu ne laisse jamais vos yeux en pleurs. Pleurez-vous du fait de voir vide la place de votre grand-père ? »
Ils dirent : « Notre mère ! Notre mère a quitté ce monde ! »
Lorsque l’Emir des croyants entendit cela, il tomba évanoui. Alors ils versèrent de l’eau sur lui afin de le ranimer. Il dit : « Après toi, à qui vais-je faire mes condoléances ? »
Les femmes et les hommes accoururent à la maison de son Excellence. Le bruit de leurs lamentations était près de faire trembler Médine. Les femmes des Banî Hâshem disaient : « ô maîtresse, ô Dame des femmes ! ô fille du Prophète de la fin des temps ! »
Les gens venaient en multitude présenter leurs condoléances à l’Emir des croyants. Son Excellence, ‘Alî (as) était assis, les deux Hasan étaient assis auprès de lui et pleuraient. Les gens pleuraient de les voir pleurer. Omm Kolthûm alla auprès de la tombe de l’Envoyé et se mit à crier : « ô Envoyé de Dieu ! Aujourd’hui, ton deuil ne fait que commencer. C’est aujourd’hui que tu as quitté ce monde ! Tu as emporté ta fille avec toi ! » Les gens s’étaient réunis, ils pleuraient et attendaient que l’on sorte la bière de la maison.
Alors Abû Dharr sortit de la maison pour dire : « La sortie de la bière de la maison est différée. » Aussi les gens se dispersèrent et revinrent ensuite.
Ce n’est que lorsqu’une partie de la nuit s’était écoulée, et que les regards s’étaient absorbés dans le sommeil, qu’ils sortirent la bière.
L’Emir des croyants (as), Hasan, Hosayn (as), ‘Ammâr, Miqdâd, ‘Aqîl, Zobayr, Abû Dharr, Samân, Borayda et quelques-uns parmi les Banî Hâshem et les familiers de son Excellence accomplirent la prière sur Fâtima, que le salâm de Dieu soit sur elle. Ils l’ensevelirent de nuit. L’Emir des croyants (as) creusa sept autres tombes autour de celle de Fâtima afin que l’on ne sache jamais laquelle de ces tombes est la principale.
Selon un autre hadith, il versa de l’eau sur quarante tombes afin que celle de cette opprimée se confonde avec les autres. Selon un autre hadith encore, il aplanit la tombe de son Excellence comme la terre alentour afin que l’on ne réalise pas qu’une tombe se trouve là, que l’on n’accomplisse pas la prière sur elle et que l’on n’ait pas l’idée de l’exhumer.
Lorsque l’Emir des croyants (as) recouvrit la tombe de sa femme de ses propres mains, il laissa libre cours à sa peine et à son affliction. Les larmes se mirent à couler de ses yeux bénis sur son visage lumineux. Il regarda vers la tombe de son Excellence l’Envoyé et gémit : « Le salâm soit sur toi ô Envoyé de Dieu ! Que mon salâm soit sur toi ! Voici que ma patience a diminué, et que ma force s’est affaiblie du fait de la perte de la meilleure des femmes.
Dans mon cœur se trouve une blessure qui l’encrasse, et dans ma poitrine une peine affligeante. Nous fûmes séparés si vite. Je me plains envers Dieu de mon état. Ta bien-aimée te donnera vite des nouvelles du fait que ta communauté a usurpé mon droit et l’a elle-même opprimée. Demande-lui comment elle va. Tant de chagrin s’était amassé dans sa poitrine qu’elle ne pouvait même pas l’exprimer à qui que ce soit. Dieu jugera à son sujet, elle qui est la meilleure des personnes à propos desquelles Il peut juger.
Que le salâm soit sur toi, ô Envoyé de Dieu. Si la nation qui nous a envahis n’avait pas été victorieuse, j’aurais considéré comme nécessaire le fait d’élire domicile auprès de ta tombe, je me serais retiré auprès de ta tombe et j’y aurais crié des lamentations sur ce malheur, des cris tels que ceux que poussent une femme ayant perdu son enfant. »
back to 1 « Les pleureurs ». On nomme également ainsi les sept pauvres qui se mirent à pleurer parce que le Prophète (s) ne pouvait leur fournir de montures afin qu’ils l’accompagnent à l’expédition de Tabûk.
back to 2 Petites ablutions, notamment nécessaires à l’accomplissement de la prière quotidienne.
back to 3 Grandes ablutions, notamment recommandées le vendredi matin.
back to 4 Fille de.
back to 5 Hosayn veut dire « le petit Hasan ».
Références :
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Mohaddeth Qommî, Montahâ al-Amâl.